Le Palais de Justice de Rouen au 19ème siècle

Texte de William Duckett en 1866, extrait de "La Normandie"

Palais de Justice vers 1850

Palais de Justice (rue aux juifs). C’est un monument de l’architecture gothique et le plus beau de tous ceux qui sont affectés en France au service des tribunaux. Il fut construit en 1499 pour l’Echiquier de Normandie. Sa façade, de 65 mètres de développement, exposée au Midi, offre tout ce qu’on, peut imaginer de plus riche et de plus délicat dans l’ornementation. L’élégante tourelle octogone qui en occupe le milieu, les piliers angulaires que couvrent de la base au sommet des dais et des statues, les fines sculptures dont sont entourées les fenêtres, la série d’arcades qui forment galerie sur toute la longueur de l’entablement, les belles lucarnes percées à la base du toit, tout est d’un excellent goût. Des statues, sculptées par M. Brun, représentent Louis XII, Anne de Bretagne, le cardinal d’Amboise, François 1er, la Justice, un laboureur, une villageoise, une dame, un seigneur, un moine, un artiste, c’est-à-dire les personnages qui concoururent à l’érection de l’édifice et les différentes classes de la société d’alors.

Détail du Palais de Justice, extrait du "Magasin pittoresque" de 1845

A l’intérieur, l’ancienne Grande Chambre du Parlement, où siège aujourd’hui la Cour d’Assises, est une merveille dans son genre ; le plafond, à compartiments en caissons, décoré de rosaces et d’ornements en bronze doré, est d’un bois de chêne que le temps a rendu couleur d’ébène ; un Christ en croix, qu’accompagnent les statues de la Justice et de la Force, est placé à l’extrémité de la salle, au-dessus des sièges de la cour. Dans la chambre du conseil, on remarque plusieurs portraits de présidents et de conseillers au Parlement de Normandie, et un Christ en croix, aux pieds duquel sont deux saintes femmes ; précieux tableau sur fond d’or, donné par Louis XII.

Le Palais de Justice a deux ailes en saillie vers le Midi, à ses extrémités. Toutes deux sont flanquées à leurs angles de tourelles octogones qui contiennent des escaliers.
L’aile de l’Ouest, antérieure au corps principal, fut construite en 1493 pour servir de lieu de réunion aux marchands. Le rez-de-chaussée est occupé par la Conciergerie et les prisons. Un vaste escalier extérieur conduit au premier étage, formé en grande partie par la Salle des Procureurs, ou des Pas perdus. Cette salle, qui fait l’admiration des architectes, est longue de 48 mètres 72 centimètres, large de 16,24 ; et sa voûte immense de charpente, en forme de carène de navire renversé, n’est soutenue par aucun pilier. D’élégantes niches, vides de statues, se détachent, en relief, des murailles. A l’une des extrémités de la salle, on a relégué le modèle en plâtre de la statue de Pierre Corneille par David d’Angers, érigée en 1836 au centre du terre-plein du pont de pierre. A l’autre extrémité par où l’on entre, sont les tombeaux d’un premier président et de sa femme.
L’aile de l’Est, qui avait été bâtie au commencement du XVIIIe siècle en style moderne, jurait avec le reste du monument. Une partie s’étant écroulée en 1812, on a élevé l’aile actuelle, semblable extérieurement à celle qui lui fait face. La Cour Impériale y siège.

Palais de Justice par Rouargue vers 1860

Grande salle du Palais de Justice in "Le Magasin pittoresque"

Palais-de-Justice. — Ce bâtiment, d’un gothique délicat et d’une exécution hardie, fut achevé en 1499. On y remarque la salle des Procureurs, qui a 170 pieds de long sur 50 de large ; la charpente qui lui sert de voûte représente parfaitement la carcasse d’un vaisseau renversé. L’ancienne grand’chambre, où se tiennent aujourd’hui les assises, peut être regardée comme une des plus belles du royaume.
Extrait de "La France pittoresque" d'Abel Hugo (1835)

  

   

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