Chef-lieu : RENNES, à 346 k. O. -S. -O. de Paris.
DIVISION ADMINISTRATIVE
Avant 1790, ce dép. faisait partie de la Bretagne. — Cour d'appel et Académie de Rennes. — 10e Corps d'armée (Rennes) ; 3 pl. fortes. — 2e arrond. maritime (Brest) ; 7ports de mer. — 25e arrond. forestier. — Diocèse de l'archevêché de Rennes.
Le territoire de l'Ille-et-Vilaine était occupé autrefois par les Rhedones, qui avaient pour capitale Condate (Rennes), et au N. par les Diablintes et les Curiosolites, dont les deux cités, Cariffe et Corseult, ont entièrement disparu du sol. Rangée dans la 3e Lyonnaise, reprise de bonne heure par les rois bretons, Gradlon et Hoël, la Bretagne fut bien souvent conquise et perdue par les successeur de Clovis ; enfin, le succès de la bataille de Ballon (845), remportée sous Charles-le-Chauve par Nominoé, la rendit pour longtemps indépendante. Après lui, les comtes de Rennes, de Nantes et de Vannes se livrèrent d'interminables combats, au milieu desquels apparaissent les Normands, faisant irruption par les deux mers, et définitivement chasses par Alain IV (936). La conquête de l'Angleterre, vivement appuyée par les seigneurs bretons, plaça la Péninsule sous la haute main des rois anglais ; ils y entretinrent habilement les guerres intestines, et réussirent à la mettre dans leur domaine, grâce à la faiblesse du dernier duc, Conan IV, qui choisit pour successeur un Plantagenet, Geoffroy (1166). Jamais la Bretagne ne fut si puissante : elle avait pour vassales les provinces de Normandie, du Maine, du Poitou, d'Anjou et de Touraine. Mais cette grande fortune reposait sur la tète d'un enfant, Arthur, alors âgé de 16 ans ; elle tenta l'ambition de Jean sans Terre, qui le lit amener secrètement à Rouen, en 1203, l'enferma dans une tour située au bord de la Seine, puis le fit monter, la nuit, dans une barque et, à environ trois milles de la ville, le poignarda et le jeta dans le fleuve avec une pierre au cou ; ce qui fit croire à la disparition du jeune prince. Ce crime souleva eu Bretagne une vive indignation ; la Péninsule se soumit à Philippe-Auguste, qui lui donna pour duc un prince de la maison de Franco, Pierre de Dreux, dit Mauclerc (1212). Pierre devint, par son génie entreprenant et par l'énergie de sa conduite, digne d'une si haute fortune. Sa vie ne fut qu'une longue lutte contre l'Anglais ou contre ses barons, qu'il tailla en pièces à Châteaubriant (1221) : il dépouilla les Penthièvre, étendit les franchises communales, fonda Saint-Aubin-du-Cormier, et mourut en quittant la Palestine (1250). Ses successeurs entretinrent de bons rapports avec la France, qu'ils défendirent contre les envahissements de l'Angleterre, « par pure courtoisie et libéralité». Ainsi agit Jean III, qui combattit à Cassel et à la bataille navale de l'écluse. La mort de ce prince (1341) ouvrit le champ aux prétentions rivales de Jean de Montfort et de Charles de Blois ; tous deux appelèrent les étrangers à leur aide et ensanglantèrent le soi de la Bretagne pendant 23 ans. Rennes et St-Malo soutinrent le parti français dans cette guerre de succession ; et, entre Josselin et Ploërmel, eut lieu ce fameux Combat des Trente, d'où les chevaliers bretons sortirent vainqueurs (1351). Le XVe s. vit se renouveler la haine des ducs contre la France. Jean V rechercha l'alliance de Bedfort ; François II, instigateur de la Ligue du bien public, fut battu par La Trémouille à St-Aubin-du-Cormier (1488). Quelques années plus tard, la jeune duchesse Anne épousait Charles VIII, puis Louis XII. Grâce à l'habile politique de François Ier, les états de Vannes demandèrent eux-mêmes la réunion complète à la couronne (1532). La dernière phase politique de la Bretagne fut signalée par l'ambitieuse tentative de deux de ses gouverneurs, les ducs de Mercœur et de Vendôme, qui essayèrent vainement de la reconstituer en principauté indépendante (1590-1614). Pendant la Révolution, le pays rennois devint le centre d'opérations de Hoche, de Kléber, de Marceau, de Marigny, de Wostermann, contre les bandes de l'Ouest. Quant à Saint-Malo, cette république de marchands qui n'avaient jamais reconnu de maîtres, la haine des Anglais y suscita une race nouvelle de hardis marins qui, comme leurs devanciers La Barbinais et Duguay-Trouin, devinrent à cette époque la terreur des mers.
Les jurisconsultes Noël Dufait, Hévin, d'Argentré, Poulin-Duparc ; les avocats Germer et La Chalotais, les deux gloires du barreau de Rennes ; les historiens Alain Bouchart, Lobineau, du Paz, de La Bletterie ; Saint-Foix, l'auteur des Essais sur Paris ; les médecins La Mettrie et Broussais, le vovageur Savary ; les marins Duguay-Trouin, La Barbinais, La Motte-Piquet, Dufresne-Marion, La Bourdonnais, Cartier, qui découvrit le Canada ; les corsaires Surcoup, Blaise, Fontan ; — l'astronome Maupertuis, qui reconnut que notre globe était aplati vers les pôles ; enfin, le fameux critique Geoffroy ; le convenu Lanjuinais ; le juriscons. Toullier ; les poêtes dramat. Ginguené, Alex. Duval et H. Lucas ; le chanteur Elleviou ; le poète Turquety ; de Kératry ; — les romanciers P. Féval, H. Violeau ; le philosophe La Mennais, et le plus grand génie littéraire de ce temps, Chateaubriand.
Topographie. — Le dép. d'Ille-et-Vilaine est maritime ; il est situé au N.-O. entre 47° 30' et 48° 40' de lat. N. Bornes : Manche, Mayenne, Loire-Infér., Morbihan, Côtes-du-Nord ; et mer de la Manche. Il tire son nom de la jonction des riv. d'Ille et de Vilaine, qui a lieu sur son territoire. — Pays peu élevé. Côtes sinueuses, basses sur la baie de St-Michel, où elles forment une vaste grève. Quelques îles inhabitées : Harbourg, Cesembre, etc. — Bassin de la Vilaine. Riv. princip. : Vilaine, Meu, Cher, Aff. Couesnon (navig.) ; Ille, Oust, Sèche, Samnon, Rance, Cuzon. Beaucoup d'étangs. — Climat généralem. humide ; hivers pluvieux. — Canaux : d'Ille et Rance, de Nantes à Brest. 11 Routes nation., 12 départ., 4 stratégiques ; 1,200 ch. vicinaux. Productions. — Sols domin. : argileux, riche, terreau, pierreux, sablonneux, gravier, calcaire ; beauc. de landes. Culture par des chevaux. — Pays agricole. Céréales suffis. ; quelques vins blancs communs au S., chanvre excel., lin, colza, tabac. Bons pâturages. Elèv. consid. de chevaux très-estimés, de gros bétail, de volailles et d'abeilles. Pêche très-active sur les côtes ; huîtres de Cancale. — Bois, 42,519 h. ; vignes, 119 h. — Exploit. minérale : fer, plomb argentifère, tripoli, marbre, beaux granits, grès, ardoise, argile commune, pierre à chaux ; marais salants. Sources minérales à Dol, St-Servan, etc. Industrie et commerce. — l'Industrie a, pour branches princip., le filage du lin et du chanvre, la fabricat. des toiles à voiles et toiles fortes, et les cuirs ; viennent ensuite les cordes et cordages, des lainages, le verre, la faïence et la poterie. — Le Commerce consiste en toiles et fils, excell. beurres de table des environs de Rennes, dits « de la Prévalais », gros bétail, chevaux, volailles, bois, cire, miel et denrées. Expédit. pour les poches de la morue et de la baleine. — 820 Foires. Instruction publique. — 1 Faculté de droit. 1 Faculté des sciences. 1 Faculté des lettres. 1 école préparatoire de médecine et de pharmacie. 1 Lycée. 3 Coll. 5 établ. secondaires libres. I Ecole normale d'instit. 4 Pens. prim. écoles prim. : 281 de garçons, 239 de filles, 88 mixtes. 2 Séminaires. 3 Bibl. publ. 3 Sociétés savantes. école d'hydrographie à Saint-Malo.
Rennes, ch.-l., gr. v. d'un aspect agréable, sur l'Ille et la Vilaine, se divise en Haute et Basse ; la première est la plus considér., la plus régulièrem. bâtie : les rues y sont larges, les construct. élégantes, les places bien ouvertes. Ces quartiers neufs furent élevés après l'incendie de 1720, qui dura huit jours, et dévora 850 maisons. Rennes se glorifie à bon droit de ses belles promenades : le Thabor, le Mail, le jard. des Plantes, le Champ-de-Mars. Parmi les édifices : la Cathédrale, entièrem. rebâtie au dern. siècle ; St-Pierre, d'une haute antiquité ; la jolie église de St-Sauveur ; l'Hôtel-de-Ville, qui forme un fer à cheval dont les extrêm. ressort. en larges et élégants pavillons; le Palais, vaste monument dans le style sévère de l'ordre toscan ; St-Germain, St-Etienne, St-Aubin ; la caserne d'artillerie dans l'anc. abbaye St-Georges ; le Lycée, style Louis XIII ; la Biblioth., etc. — Anc. capit. du duché de Bretagne.
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Rennes en 1883
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