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Les villes à travers les documents anciens

Page de garde de La Bretagne de JJ Potel - gravure reproduite et restaurée numériquement par © Norbert Pousseur

La ville de Fougères et la nation bretonne

 

Une rue de Fougères - gravure reproduite et restaurée numériquement par © Norbert Pousseur
L'église St Sulpice de Fougères au pied du château vers 1840, gravure de Jérôme Jean Potel

 

Texte et gravure
extraits de l'ouvrage "La Bretagne de Jérôme Jean Potel - édition 1844

La ville de Fougères, chef-lieu de l’un des arrondissements du département d'Ille-et-Vilaine, est située dans une position très-pittoresque. On y remarque, à l’entrée de la route de Rennes, les ruines d’un château fort.

Dans l’église de Saint-Sulpice, que représente notre dessin, se trouve la chapelle de Notre-Dame-des-Marais, objet de la vénération des fidèles ; elle est placée au pied du château. Celle de Saint-Léonard, au contraire, construite sur le point le plus élevé de Fougères, domine toute la ville, au centre de laquelle on remarque la tour de l’horloge ; cette tour ressemble beaucoup à celle de Dinan, et s’harmonise parfaitement avec les autres édifices. Au pied de Saint-Léonard est une promenade qui domine un de ces délicieux vallons si communs en Bretagne.
Nous croyons devoir mentionner ici l’excellente qualité des eaux de Fougères et la fontaine du faubourg Roger, sur la route de Caen, qui fournit l’alimentation de la majeure partie de la ville.

M. de Pommereul, auquel on doit l’article du Dictionnaire d’Ogée, qui parle de Fougères, cite comme gens illustres, sortis de cette ville, deux évêques qui ont occupé le siège épiscopal de Rennes. L’un Etienne, en 1168, et l’autre Pierre de Fougères, en 1208. Ses recherches le portaient à croire que ces prélats n’appartenaient pas à la famille des barons de Fougères, que c’étaient de simples particuliers parvenus, par leurs talents et leurs vertus, aux éminentes fonctions dont ils avaient été revêtus. Le même écrivain cite encore Etienne Cœuret, Etienne, abbé de Daoulas, et Le Pays. Le premier, docteur en droit, remplissait les fonctions de secrétaire auprès du duc de Bretagne. Successivement évêque de Saint-Brieuc, puis de Dol, il assista, par procureur, au concile de Pise, et, de sa personne, à celui de Constance. — Le second jouissait d’un grand crédit auprès du pape. — Quant à René Le Pays, le département de la Loire-Inférieure prétend aussi lui avoir donné le jour, sans oser trop se glorifier de ses œuvres.

A l’époque où les armées ne pénétraient dans une contrée qu’après avoir enlevé les places fortes qui défendaient la frontière, la ville de Fougères, qui couvrait la Bretagne du côté de la Normandie, avait naturellement une grande importance ; aussi Clisson, le connétable de France, s’était-il occupé de ses fortifications avec le plus grand soin : c’était lui qui avait fait construire le donjon que le duc de Rohan fit démolir en 1630. Sous le règne de François ler, duc de Bretagne, Surienne, alors au service des Anglais, s’empara de Fougères en pleine paix et par surprise; il y fit un butin estimé 160 mille écus d’or. François, indigné de cette trahison, s’allia au roi de France pour faire la guerre aux Anglais, qui perdirent dans la première campagne un bon nombre de leurs meilleures places de Normandie, et la ville de Fougères que Surienne fut obligé de rendre, après un siège de deux mois. Ainsi commença cette guerre d’heureuse mémoire, qui rendit la France à son ancienne nationalité.
Sous le duc François II, la ville de Fougères fut assiégée et prise par le prince de la Trémoille, qui commandait une armée française. La place était défendue par une vaillante garnison, qui s’y serait lon-temps soutenue, si l’artillerie des Français n’avait été de beaucoup supérieure à celle des Bretons. Trois jours après la capitulation, se livra, près de Saint-Aubin-du-Cormier, la bataille qui décida du sort de la Bretagne. L’issue de cette lutte ayant amené la réunion de la Bretagne à la France, on trouvera naturel que nous lui accordions quelques lignes, résumé de nos chroniques.

La nouvelle de la prise de Fougères consterna les Bretons, mais leurs chefs persistèrent dans la résolution de combattre les Français. La jalousie qui éclatait à chaque instant entre le sire d’Albret et le duc d'Orléans (depuis Louis XII), à cause de leur prétention mutuelle à la main d’Anne de Bretagne, mettait le désordre dans les conseils et dans l'host de Bretagne. Cependant, l'armée se mit en marche pour faire le siège de Saint-Aubin-du-Cormier. Les Français n'étaient pas éloignés : ils ne connurent que très-tard l'approche des Bretons, et le maréchal de Rieux qui s'en était aperçu, voulait commencer immédiatement l’attaque ; peut- être la victoire se fût-elle décidée en faveur de la Bretagne ; mais l'avis du maréchal fut écarté, et la Trémoille eut le temps de ranger son armée en bataille.
Le dimanche 27 juillet 1488, les soldats bretons se confessèrent et communièrent pour se préparer au combat. Le lendemain, tout étant prêt de part et d'autre, les Français attaquèrent l’avant-garde des Bretons commandée par de Rieux. Le maréchal soutînt le choc avec intrépidité, et repoussa les Français. L'infanterie se battit au centre avec la même bravoure ; mais la cavalerie bretonne lâcha pied dès la première charge, et prit honteusement la fuite. La Trémoille, qui vit ce désordre, en profita en faisant avancer 400 gendarmes sur la ligne d'infanterie qui était découverte et qui fut sabrée. Pendant ce temps, une charge de 200 chevaux bardés attaqua l’arrière-garde, après avoir rompu les retranchements qui la couvraient. Cette infanterie n'étant point soutenue de cavalerie, fut bientôt rompue : ce ne fut plus qu’un affreux carnage ; la cavalerie française, qui marchait fort serrée, passait sur le ventre des Bretons, qui perdirent 4000 hommes et un grand nombre de prisonniers.
Le prince d'Orange et le duc d Orléans, qui combattirent à pied avec la plus grande valeur, furent laits prisonniers. Beaucoup d’officiers de marque furent tués du côté des Bretons, entre autres le sire de Léon, fils aîné du comte de Rohan, qui, à l’âge de 18 ans, combattait pour le duc, son souverain, tandis que son père se trouvait dans l’armée française.
Dès ce jour, c’en fut fait de la nationalité bretonne. Le duc François II survécut peu au traité de paix qui fut bientôt conclu au château du Verger, et ce prince, accablé de chagrin, de vieillesse et d'infirmités, mourut le 9 septembre 1488, avec la douleur de laisser ses Etats dans la confusion, et le sort de ses filles, Anne et Isabeau de Bretagne, fort incertain.

Autre article sur l'église St Léonard à Fougères, du même ouvrage

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