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Les villes à travers les documents anciens

Rennes au 18 et 19ème siècle

Vue générale de Rennes, vers 1830 - gravure reproduite et restaurée numériquement par © Norbert Pousseur
Vue générale de Rennes, vers 1830, gravure de Couché
extraite de La France pittoresque - Abel Hugo - 1835
(collection personnelle).


Voir aussi les cartes du département d'Ille et Vilaine
La page consacrée à la promenade du Thabor à Rennes vers 1840

 


    Rennes en 1624 - gravure conservée et reproduite par la BNF, et restaurée numériquement par © Norbert Pousseur
    Vue de la ville de Rennes,le 24 août 1624,
    Gravure d'Etienne Marterlange numérisée et conservée par la BNF.
    Retravaillée numériquement par l'auteur du site.
    Gallica : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b6937419b?rk=1051507;2
    Le texte ci-dessous et cette vue de Rennes sont plus ou moins de la même époque.
    En effet, si l'édition est bien de 1708, la rédaction du dictionnaire de Thomas Corneille a été commencé en 1694,
    à partir d'autres dictionnaires, selon ses dires, et donc antérieure...

Article extrait du Dictionnaire universel géographique et historique - Thomas Corneille - 1708 -
(collection personnelle
).

RENNES. Ville de France, capitale de la Bretagne ; avec Parlement, et Évêché suffragant de Tours. Elle est à sept lieues de Vitrey, à quatorze de Saint Malo, à vingt et une de Vannes, à vingt-deux de Nantes, et située sur la Vilaine, qui après avoir rempli de ses eaux la plupart de ses fossés, pase par le milieu, et la divise en haute et en basse ville.
A les mesurer sur les remparts, elles n’ont de tour que trois quarts d’heure de chemin, mais elles renferment du Peuple en si grande quantité, dans des maisons de six et de sept étages, qu’elles sont une des grosses villes du Royaume.
Les faubourgs ont plus d’étendue que toute la ville, où en entrant on voit la grande Église Épiscopale de Saint Pierre, avec ses deux hautes Tours. Son Chapitre est composé d’un Trésorier, d’un Chantre, d’un Écolâtre, de deux, Archidiacres, de seize Chanoines Prébendés, et de quatre qui n’ont que demi-Prébende.

Le Palais de Messieurs du Parlement est un édifice très superbe. Ce sont quatre gros pavillons qui renferment une grande cour bordée de galeries et de quelques boutiques, de Marchands. Ses chambres sont si spacieuses, ses salles richement tapissées. Le grand, escalier, qui fait l’entrée de ce magnifique bâtiment, donne sujet d’en admirer l'ouvrier. La grande Place où, est, bâti ce Palais, est environnée de plusieurs belles maisons, et renferme le Couvent des Cordeliers.
Il y a dans Rennes, une Tour qui servait autrefois de Temple aux fausses Divinités qui sort présentement à soutenir la grosse Horloge de la ville, dont la cloche a six pieds dans sa hauteur, huit en sa largeur, de huit pouces dans son épaisseur. Elle ne fait pas en sonnant tant de bruit qu’elle ferait si elle n’était pas fondue, et sciée dans toute sa hauteur. On prétend qu’on a fait cela exprès à cause que son grand bruit faisait accoucher la plupart des femmes grosses, et tourner le vin dans les caves. Cette Tour est proche le Champ jacquier, qui est le grand Marché de la ville, où est la Maison du Présidial C’est un ancien bâtiment, qui autrefois servait de Palais aux Gouverneurs.
Outre la Place appelée la grande Cohue, où l’on exécute les Criminels, il y a encore celle de la Pompe. Les maisons dont cette Place est environnée, sont soutenues d’arcades, et ont vue sur la belle Fontaine qui est au milieu, et qui la fait nommer Pompe ; car la ville a peu de fontaines, à cause qu’il n’y a point de montagnes aux environs. Cela fait que les rues étant fort étroites, et les maisons extrêmement hautes, le soleil n’y saurait entrer pour les sécher, ce qui fait qu’elles sont toujours humides et sales, à quoi contribuent beaucoup les prairies et les bois qui environnent la ville, et où s’élèvent souvent des brouillards épais qui y causent des pluies extraordinaires.

L’Église de S George, Abbaye de Filles, est au plus haut de la haute ville. Proche la Porte Saint George, où sur les remparts, est la belle grande plateforme de la Motte S. George.
L’Abbaye de Saint Mélève a une Église ornée d’une haute Tour, sur laquelle on plaçait du canon pendant les guerres civiles, et cela fut cause que les habitants la rasèrent à demi. Ce qu’il y a de plus beau dans ce Cunvent, c’est le grand Jardin qu'ils nomment Tabor, et l’Église Paroissiale de S. Jean qu’il renferme dans sa grande cour.
Le Couvent de Filles des Baderinettes, est dans le même faubourg. Le bâtiment en est neuf, et ressemble à un Palais. Il est tout proche le Pré-Lautray, lieu public pour le divertissement des habitants.
La belle Église de la Visitation est à l’entrée du faubourg de la Reverdière proche celui de la rue Haute, où est le Couvent des Dominicains, dont l’Église renferme la Chapelle de Notre-Dame de Bonnes Nouvelles, ornée de lampes d’argent, de couronnes, de croix, de chandeliers, de tableaux et autres présents de dévotion. La figure de la Vierge est toute d’argent d’une hauteur extraordinaire.

     

    L'ancien couvent des carmélites à Rennes, vers 1870- gravure reproduite et restaurée numériquement par © Norbert Pousseur
    L'ancien couvent des carmélites à Rennes, vers 1870,
    gravure de Catenacci, extraite du Magasin pittoresque - 1880
    (collection personnelle).

La Vilaine porte de gros bateaux, qui remontent de la mer jusqu’au Port de Saint Yves, où elle fait une grande prairie qui sert de cours, après quoi elle entre dans la ville, passant par dessous trois grands Ponts. Celui du milieu, qui est le plus beau s’appelle le Pont Neuf. On le passe pour entrer dans la basse ville, proche d’une grande Place où est le Collège des Jésuites, fondé par Henry IV. Leur Église, bâtie à l’Italienne, est un édifice somptueux.
L’Église Paroissiale de Toussaints, est à un des bouts de Rennes, où un bras de la rivière fait une petite Ile.

Quant à ce qui regarde la Justice, François II dernier Duc de Bretagne, établit en 1485 une espèce de Parlement dans ses États ; mais après sa mort Charles VIII le supprima, lui substituant une Cour Souveraine, composée d’un même nombre de Présidents et de Conseillers, tirés du Parlement de Paris, la moitié Clercs, et l’autre moitié Laïques. Ils s’y rendaient au temps des Vacations, et ce Conseil était ordinairement nommé les grands Jours. Ce même Roy Ordonna qu’on le tiendrait toutes les années, depuis le dernier jour de Septembre jusqu’au huitième d’Octobre, François I qui succéda à Louis XII créa une seconde Chambre, laquelle était composée d’un pareil nombre de Présidents et de Conseillers. Ces Chambres dont on appelait au Parlement de Paris, ayant été supprimées par Henry II, il en forma un Parlement, qui se tint d’abord alternativement à Rennes et à Nantes, et qui par Édit du 4 Mars 1560 fut rendu sédentaire à Rennes. Ce Parlement est semestre. Ainsi la moitié des Présidents et des conseillers servent seulement six mois, et l’autre moitié six mois. Sa Juridiction ne s'étend que sur la Bretagne, où il n'a que quatre Présidiaux, Rennes, Nantes, Vannes et Quimper. On n’a jamais établi de Chambre de l’Édit en ce Parlement. Dans le temps que les Religionnaires étaient tolérés en France, ceux de Bretagne venaient plaider à la Chambre de l’Édit de Paris.

Rennes, que les Latins nomment Rhedona ou Condate Rhedonum parut fort importante à César, qui y mit une bonne garnison sous le commandement de Grassus. Elle demeura jusqu'au temps de Maxime sous la domination des Empereurs qui l’avaient choisie pour être la Métropole des Armoriques. Conan en ayant fait sa conquête, y établit le Siège de son Royaume. Les Bretons qui passèrent la mer pour venir en Gaule, la saccagèrent sous le règne de Childéric, et elle fut réparée ensuite. Neomène Roy de Bretagne, en fit rebâtir ses murailles en 841. et le Duc Jean, surnommé le Bon, joignit le faubourg à la ville. C’est un des plus anciens Évêché de la Bretagne ; mais on ne sait pas au vrai quel en a été le premier Évêque. Arternius y remplissait le Siège Épiscopal sous le Pape Leon VII et Menalius sous le grand Clovis.
Le Diocèse de Rennes renferme deux cent soixante et trois Paroisses, comprises sous six Doyennés Ruraux, desquels il y en a trois qui dépendent de l’Archidiaconé de Rennes, et les trois autres de celui du Defert.

André du Chêne, Antiquités des Villes de France. - Jouvin de Rochefort, Voyage de France.
Audiffret, Geographie Tome 2.


Article extrait du Grand dictionnaire historique ou mélange curieux ... de Louis Moreri - 1725 - (collection personnelle).
Le dictionnaire Moreri est une référence à l'époque, en tant qu'ouvrage, et Victor Hugo l'utiisait beaucoup, dit-on.
L'article sur Rennes ci-dessous est cependant peu fourni, et apporte plutôt un aspect sur les hiérarchies qui la gouvernait.

RENNES, Redona ou Condate Redonum, ville de France, capitale de la Bretagne, avec parlement établi par Henri II ; évêché suffragant de Tours ; présidial ; bureau des finances ; maîtrise particulière des eaux et forêts, et hôtel des monnaies, est divisée en deux parties par la rivière de Villaine, qui sert à l’enrichir par le moyen du commerce, à cause des gros bateaux qui y remontent de la mer. Cette ville est très ancienne, et a été le séjour ordinaire des ducs de Bretagne. Son plus ancien évêque est saint Moderand. Ses successeurs ont prétendu que le droit de couronner leurs souverains leur appartenait : ils sont conseillers nés du parlement de Bretagne, et seigneurs d’une partie de la ville. Le chapitre de l’église cathédrale, qui est dédiée à saint Pierre, est composé de cinq dignités ; savoir, le trésorier, le chantre, l’écolâtre, et deux archidiacres, et de seize chanoines. Il y a dans la même ville deux abbayes de l’ordre de saint Benoît ; savoir, celle de S. Mélaine, qui est de religieux de la congrégation de S. Maur, et celle de S. Georges, qui est de Bénédictines, fondée en 1052 par Alain, duc de Bretagne, où il est d’usage de ne recevoir que des filles nobles ; un collège de Jésuites, et diverses autres maisons ecclésiastiques et religieuses ; sans oublier le palais du parlement, bâti à la moderne, et son horloge, dont la cloche passe pour être une des plus grosses du royaume, etc.
Le feu ayant pris par accident en cette ville le 22 Décembre 1720, il y eut plus de 850 maisons de consommées, outre les églises et places.  
Argentré et Augustin du Pas, Histoire de Bretagne. - Du Chêne, antiquité des villes. - Sainte Marthe, Gall. Christ.

Conciles de Rennes
Raoul ou Rodolphe, dit le Vénérable, archevêque de Tours, assembla ses suffragants à Rennes vers l’an 1065 pour y régler les droits de l’évêque de Dol, à qui le pape Grégoire VII avait envoyé le pallium. Quelques auteurs confondent ce concile avec un autre qu’Amé d’Oléron, légat du Saint Siege assembla dans la basse Bretagne en 1079. Vincent de Pilenis, aussi archevêque de Tours, célébra un autre concile à Rennes en 1263.

 

Rennes depuis le Champ de Mars, vers 1835 - gravure reproduite et restaurée numériquement par © Norbert Pousseur
Rennes depuis le Champ de Mars, vers 1835, gravure de Rauch
extraite du Guide pittroresque du voyageur en France - 1838
(collection personnelle).

Texte extrait du Dictionnaire de toutes les communes de France - éd. 1851 - Augustin Girault de Saint Fargeau
(collection personnelle).
Ce dictionnaire en 3 tomes est consacré aux villes de France, et qu'à celles-ci.
L'article sur Rennes s'avère donc un des plus complets


RENNES, Condate Rhedonum, grande et très ancienne ville, chef-Iieu du département d'Ille-et-Vilaine (Bretagne), chef-lieu du 6° arrondissement et de 4 cantons. Bonne ville n°20. Cour royale d’où ressortissent les tribunaux des départements des Côtes-du-Nord, du Finistère, d'Ille-et-Vilaine, de la Loire-Inférieure et du Morbihan. Tribunal de lère instance et de commerce. Chef-lieu de la 13°division militaire. Direction d’artillerie et arsenal de construction. Faculté de droit. Académie universitaire. Collège royal. Société et école de peinture. École secondaire de médecine. Évêché. Séminaire diocésain. 6 cures. Relais de poste. Bureau de poste. Population 37,895 habitants.
Terrain de transition moyen.

Autrefois capitale de la Bretagne, duché, évêché, parlement, intendance, présidial, Hôtel des monnaies, Cour des aides, université, table de marbre, maîtrise particulière, juridiction des traites, bureau du domaine, chambre syndicale, justice consulaire, amirauté, prévôté générale de maréchaussée, gouvernement particulier, chapitre, 22 prieurés, abbayes ou couvents.

 

Rennes au bord du canal de la Vilaine, vers 1870 - gravure reproduite et restaurée numériquement par © Norbert Pousseur
Rennes au bord du canal de la Vilaine, vers 1870
extraite de La France illustrée (en 5 volumes) - V.A. Malte-Brun - 1883
(collection personnelle).

Histoire de Rennes
Rennes est une ancienne ville des Gaules, dont les Itinéraires font mention sous le nom de Condate. C’était autrefois la capitale des Rhedones, peuple de l’Armorique. Ptolémée, l’Itinéraire d’Antonin et la Table de Peutinger font mention de Condate, qui fut depuis appelé Rhedones, dont on a fait Rennes. Une route qui part de Juliomagus, Angers, détermine la position de cette ville à Rennes. Sous les Romains elle faisait partie de la troisième Lyonnaise, dont Tours était la capitale. Après la chute de l’empire romain, les Bretons s’en emparèrent et formèrent, par la suite, un Etat indépendant, sous le régime des ducs de Bretagne. Plus tard, les longues discussions des évêques, les prétentions ridicules des rois français de la seconde trace sur ce pays, et les droits de souveraineté que les ducs de Normandie voulurent s’arroger longtemps sur les ducs de Bretagne, occupent l’histoire pendant plusieurs siècles. D’erreurs en erreurs, et souvent de crimes en crimes, ces ducs gouvernèrent depuis 458, à peu près, jusqu’en 1491, où Anne de Bretagne épousa Charles VIII.

Pendant les guerres qui agitèrent la Bretagne avant qu’elle fût devenue province française, Rennes soutint plusieurs sièges : Charles le Chauve tenta, sans succès, de prendre cette ville en 843 ; Pasquiten, compétiteur de Gurvand à la souveraineté de la Bretagne, l’assiégea en 874, et Conan le Petit, assisté de troupes anglaises, en 1155. Au commencement de la guerre qui éclata entre Jean de Montfort et Charles de Blois, Rennes fut successivement pris et repris par ces deux rivaux. Les Anglais se présentèrent vainement devant ses murs en 1342. Le duc de Lancastre, allié de Montfort, ne fut pas plus heureux en 1356 : à la suite de plusieurs actions sanglantes, du Guesclin, qui y commandait, l’obligea d’en lever le siège, neuf mois après l’avoir entrepris. En 1491, Charles VIII assiégea cette cité, mais le mariage de ce monarque avec la duchesse Anne rendit à la Bretagne une partie de sa tranquillité.
Les Bretons, réunis à la France, conservèrent plusieurs formes de leur régime, entre autres les assemblées de leurs états à époques fixes.

Après l’assassinat du duc et du cardinal de Guise, ordonné par Henri III, les principales villes de France, à l’instigation de la Ligue, se soulevèrent contre le roi. La Bretagne imita cet exemple, à l’exception de Rennes, que le parlement retint dans l’obéissance. Le duc de Mercœur se mit à la tête des ligueurs. Après s’être emparé du château de Nantes, qui lui fut livré par trahison, il résolut aussitôt de s’emparer de Rennes, où, malgré les instances du parlement, il fit entrer ses troupes. Il s’imagina dès lors que Rennes était en son pouvoir et partit pour s’emparer de Fougères, qui lui fut livré à prix d’argent. Mais il apprit en même temps qu’une révolution venait de lui enlever la capitale du pays, sa plus précieuse conquête. Gui de Bréguigny, sénéchal de Rennes, avait parcouru la ville aux cris de rive le roi ; les ligueurs effrayés se soumirent, et le parti royaliste reprit son autorité.
Henri IV, voulant pacifier la Bretagne, et pensant qu’un voyage en ce pays était à cet effet indispensable, vint à Rennes en 1598, où sa présence eut bientôt dissipé le vieux levain de la Ligue.

Durant les tranquilles commencements du règne de Louis XVI, la Bretagne fut paisible, les troubles ne commencèrent à l’agiter qu’au moment où les ministres Brienne et Lamoignon essayèrent de renouveler contre le parlement de Paris le coup d’État exécuté quelques années auparavant par Maupeou. On sait comment le conseiller d’Éprémesnil parvint à surprendre et divulguer les édits que le gouvernement préparait à ce sujet dans le mystère le plus profond. Cette manifestation d’un projet qui tendait à la ruine de l’autorité parlementaire, alors si chère à la nation, excita des troubles dans les provinces, et surtout en Bretagne, où ils prirent de suite le caractère le plus alarmant. Le 10 mai 1788, le comte de Thiard, lieutenant général des armées du roi, commandant en chef dans la province de Bretagne, assisté de M. Bertrand de Molleville, intendant de la province, se présenta au parlement, à huit heures du matin, à l’effet d’y faire enregistrer plusieurs édits, au nombre desquels était celui portant rétablissement de la cour plénière. L’entrée du parlement lui ayant été refusée, il pénétra dans le palais à la tête d’une compagnie de chasseurs, et menaça d’employer la force. Pour éviter une scène dangereuse aux citoyens, déjà violemment agités, le président ordonna d’ouvrir les portes. Malgré les protestations du parlement, de la sénéchaussée, de la maîtrise des eaux et forêts, de l’ordre des avocats, de la communauté de la ville, de la faculté de droit, des dignitaires du chapitre de la cathédrale et des officiers de la milice bourgeoise, le commandant, assisté de l’intendant de la province, fit son entrée dans l’assemblée, où, malgré la protestation du président, il força les huissiers à transcrire sur le registre de la compagnie, les édits dont il était porteur.
Après la clôture du parlement, éclatèrent de grands désordres, auxquels toutefois les troupes royales, publiquement provoquées, ne prirent aucune part ; elles semblaient même applaudir aux sentiments de la multitude. Le comte de Thiard essaya en vain de calmer les esprits par la voie de la douceur. La noblesse se montra intraitable ; un grand nombre de ses membres avaient signé le 9 l’écrit suivant :
« Nous, membres de la noblesse de Bretagne, déclarons infâme quiconque accepterait dans l’administration nouvelle de la justice ou dans l’administration de l’État, des places qui ne seraient pas avouées par les lois constitutionnelles de la province. »
Le lendemain de la clôture du parlement, ils nommèrent une députation chargée de faire au roi les plus sévères représentations. Brienne fit arrêter les députés, à peine entrés dans Paris, et le maréchal de Stainville fut envoyé en Bretagne avec seize mille hommes de troupes ; mais le temps des rigueurs était passé Bientôt les projets du ministère s’écroulèrent sous le poids de l’opinion ; on rendit la liberté aux députés de la noblesse bretonne, et les états généraux furent convoqués.

Ici commença dans toute la France la lutte ouverte du Tiers Etat contre les ordres privilégiés. En Bretagne, cette lutte s’envenima par le vœu fortement prononcé de la noblesse pour les formes des états généraux de 1614, et contre la double représentation du Tiers. Le parlement de Rennes, composé de gentilshommes, s’était déclaré pour l’avis émis par la seconde assemblée des notables ; dès ce moment il perdit la popularité qui l’avait jusque-là soutenu contre les entreprises de la cour. La déclaration royale du 27 décembre 1788, qui décida la question en faveur du Tiers Etat, fut une cruelle déception pour le parti que ses intérêts vouaient au maintien des abus ; ce fut pour l’autre parti un sujet de joie et de triomphe. Ces sentiments opposés ne tardèrent point à se manifester avec aigreur dans le public et jusque dans la salle où se tenaient précisément à la même époque les états de la province. La noblesse y affecta vis-à-vis du Tiers Etat l’arrogance qu’un petit nombre de ses membres éclairés eut seul le bon esprit de dépouiller. Elle laissa paraître sa haine pour un parti naguère dédaigné, et désormais appelé à de meilleures destinées. Elle protesta avec violence contre la volonté royale, qu’elle qualifia d’attentat aux privilèges de la Bretagne.

Peu après, les députés des communes éclatent à leur tour contre la protestation : les débats s’animent de plus en plus, et bientôt le désordre est à son comble.
La jeunesse de Rennes et les étudiants eu droit publient une déclaration imprimée, dans laquelle ils expriment avec énergie leur adhésion aux sentiments des députés du Tiers, et leur résolution de soutenir les droits sacrés par la déclaration du 27 décembre. Des scènes déplorables succèdent à ce manifeste ; on se bat dans les rues, et le sang coule des deux côtés. Le 27 janvier 1789, les jeunes gens se portent en foule à la salle des Etats, demandant qu’on leur livre les auteurs des troubles de la ville. Cette demande excite entre les trois ordres une violente discussion. Plusieurs membres de la noblesse se précipitent hors de la salle, et font sur la foule une décharge d’armes à feu. Le combat s’engage de nouveau, et le sang recommence à couler ; cependant le peuple s’émeut, on sonne le tocsin : de moment en moment la foule s’accroît ; bientôt elle pousse des cris de fureur ; on court à un magasin d’armes, on l’enfonce, on s’empare des objets qu’il renferme, le canon est amené sur le théâtre du combat, et de déplorables malheurs paraissent inévitables, lorsqu’enfin les efforts réitérés du comte de Thiard parviennent à ramener le calme, qui ne fut pas toutefois de longue durée.
Lorsqu’on procéda aux élections de la province, le clergé et la noblesse refusèrent de députer aux états généraux. Le Tiers Etat élut pour représentants des hommes entièrement dévoués aux intérêts populaires, à la tête desquels figuraient Chapelier et Lanjuinais.

Après les événements qui précédèrent le 14 juillet, la jeunesse rennaise, effrayée des dispositions militaires de la cour contre l’assemblée, se leva, prit les armes, s’empara de l’arsenal et des postes principaux de la ville. Les soldats envoyés contre elle refusèrent de combattre, et huit cents d’entre eux passèrent dans ses rangs.
De son côté, l’hôtel de ville assemblé prit un arrêté qui ordonnait de suspendre la levée de tous les impôts. Des députés partirent pour porter cet arrêté aux villes de la province, et les inviter à se réunir pour le soutien de la cause commune. Cet appel fut entendu, et en peu de temps quarante mille hommes furent prêts à marcher au secours de l’assemblée nationale.

Aucune ville n’a pris une résolution plus énergique que Rennes lors de l’approche des Vendéens. Il est digne de l’histoire de conserver le souvenir des jours où les habitants d’une grande commune calculèrent de sang-froid tous les moyens possibles de la destruction de leurs asiles, plutôt que de connaître la honte de courber la tête sous le joug des hommes égarés qui préméditaient l’asservissement de leur patrie.
« L’armée de ligne, est-il dit dans le fameux plan de défense de la ville de Rennes, attendra les ennemis hors des murs, et les habitants armés en seconde ligne, lui porteront leurs secours en cas qu’elle soit entamée. Si le sort des batailles en décide ainsi, que la troupe de ligne et les habitants soient repoussés, alors on attendra l’ennemi dans les faubourgs, où les canons placés dans les rues, et les hommes distribués dans les maisons, feront pleuvoir la mort sur les brigands. Enfin si la fortune, opiniâtre dans sa contrariété, accorde encore la victoire aux ennemis de la liberté, alors tous rentreront dans la ville, et là, la torche à la main, livreront aux flammes toute cette vaste cité, mettront entre leur retraite et leurs ennemis un immense rempart de flammes et de débris, et ne leur laisseront, pour fruit de leur victoire, qu’un vaste désert, que la cendre aura recouvert. »
L’antiquité n’offre point d’exemple qui surpasse en héroïsme cette formidable résolution, que l’amour de la patrie et de la liberté peut seul inspirer à des hommes de courage.

Les armes de Rennes sont : palé d’argent et de sable de six pièces, au chef d’argent chargé de trois mouchetures d’hermines de sable.

Rennes est une ville d’un aspect agréable, située sur la croupe et au pied d’une colline, dans une plaine vaste et fertile, sur le canal d’Ille-et-Rance, au confluent de l’Ille et de la Vilaine. Elle se divise naturellement en haute et basse ville, sans néanmoins que la différence du terrain et les légères ondulations du sol puissent légitimer, jusqu’à un certain point, cette distinction. La première, assise sur une hauteur bordant la rive droite de la Vilaine, est la plus considérable ; elle est régulièrement bâtie, les bâtiments en sont superbes, les places publiques vastes et magnifiques, les rues sont larges, spacieuses, propres et tirées au cordeau.

Un incendie terrible consuma une grande partie delà ville de Rennes en 1720. Cet incendie, dont on ne peut indiquer la cause, fut allumé, dit-on, par le régiment d’Auvergne. Huit cent cinquante maisons, devenues la proie des flammes, ne laissèrent d’autres vestiges de leur existence que des cendres, et beaucoup d’autres furent endommagées. Jamais incendie ne s’annonça sous une forme plus épouvantable ; il dura depuis le 22 décembre jusqu’au 29 du même mois. Ce malheur, irréparable pour la génération qui en fut victime, produisit un bien pour les générations suivantes. La ville détruite renaquit de ses cendres ; en la rebâtissant on s’astreignit à des plans réguliers ; les rues furent tracées plus larges, les maisons plus solidement et plus élégamment construites, et sur les immenses débris de cette ville, détruite jusqu’en ses fondements, s’éleva la ville neuve dont on admire aujourd’hui la majesté.

Industrie
Manufactures de toiles à voiles supérieures, pour la marine royale et le commerce. — Fabriques de fils retors que l’on teint en toute sorte de couleurs, de filets de pêche, pipes de terre, colle forte, faïence façon de Rouen, amidon, cartes à jouer, images communes. Filatures de lin. Blanchisseries de cire. Tanneries. Brasseries. Papeteries. — Commerce de fils retors, toiles de toute espèce, beurre, grains, vins, cidre, miel, cire, lin, bois de construction, bestiaux. — Foires le 1er jour de chaque mois.

À 102 km Nord de Nantes, 332 km O.-S.-O. de Paris. Longueur occidentale 4° 1' 2", latitude 48° 6' 50".

L’arrondissement de Rennes est composé de 10 cantons : Château-Giron, Hédé, Janzé, Liffré, Mordelles, St-Aubin-d’Aubigné, Rennes N.-E.,S.-E., S.-O., N.-O.

 

Rennes depuis le Mail, vers 1835 - gravure reproduite et restaurée numériquement par © Norbert Pousseur
Rennes depuis le Mail, vers 1835, gravure de Touboulie
extraite du Guide pittroresque du voyageur en France - 1838
(collection personnelle).

Les monuments et édifices remarquables sont en petit nombre à Rennes ; les principaux sont :

La cathédrale, métropole des églises bretonnes, fondée, bâtie et augmentée par les anciens rois, comtes et ducs de Bretagne. C’était là qu’après avoir veillé toute une nuit devant l’autel et prêté le serment d’usage, ils recevaient des mains de l’évêque la couronne et l’épée, et prenaient possession de leur souveraineté. — Charles de Blois fit bâtir en 1345 une grande partie de la cathédrale, qui a été entièrement démolie en 1756.

Le portail de la nouvelle cathédrale, surmonté de deux tours régulières et décoré de cinq rangs de colonnes exécutées sans goût et sans aucun fini, est lourd et sans majesté. Les colonnes du rez-de-chaussée sont d’ordre toscan ; celles du premier étage sont d’ordre ionique : celles du deuxième, d’ordre corinthien, et enfin celles des troisième et quatrième étages sont d’ordre composite. Entre les deux tours existe au rez-de-chaussée la porte d’entrée, dont le sommet se termine par une voûte plate qui fait l’admiration des hommes de l’art. Au-dessus, et dans la hauteur des premier et deuxième étages, est une vaste fenêtre terminée en rond, qui répond à la voûte hardie construite en ogive qui, dans le projet primitif, devait régner dans toute la longueur de l’église, et qui est coupée vers le milieu par la voûte actuelle, construite eu charpente recouverte de plâtre, décorée de caissons dans toutes ses parties. Le chœur, de forme demi-circulaire, est aussi décoré de caissons d’un bel effet.

L’intérieur, construit dans la forme d’une croix grecque, se termine par une rotonde que soutiennent trente-trois colonnes d’ordre ionique, de 3 m. de circonférence, séparées du mur par une distance de 4 à 5 m. Cette colonnade se prolonge dans toute la partie basse de l’église ; les bas-côtés sont remplis par dix petites chapelles, Deux plus grandes, avec quatre colonnes pareilles à celles de la nef, existent à chaque extrémité latérale de la croix.

L’église St-Pierre, autrefois abbaye de St-Mélaine, remonte à une haute antiquité ; la tour seule, refaite dans sa façade, ainsi que la partie gauche du cloître, sont d’une construction plus moderne.
Les anciens cloîtres sont affectés à un hospice pour les vieillards, infirmes ; le palais abbatial sert aujourd’hui d’évêché.

L’église St-Sauveur est une des plus jolies de Rennes.

     

    Hôtel de ville deRennes, vers 1870 - gravure reproduite et restaurée numériquement par © Norbert Pousseur
    Hôtel de ville de Rennes, vers 1870
    extraite de la Géographie générale - physique, politique et économique - Louis Grégoire - 1877
    (collection personnelle).

L’hôtel de ville est une construction moderne qui date de l’incendie de 1720. La façade de cet édifice, bâti sur une jolie place séparée seulement par une rue de la belle place de la Carrière, est d’un style pur et gracieux ; il a été bâti sur les dessins de Gabriel. Le milieu forme un fer à cheval, dont les deux extrémités ressortent en larges pavillons. Celui du midi, où l’on s’introduit par un vestibule décoré de quatre belles colonnes de marbre de St-Berthevin, est occupé par les diverses salles de la mairie, au nombre desquelles il en est une très vaste et très belle, destinée aux fêles publiques. Le pavillon du nord est consacré aux diverses facultés. Au-dessus a été placée la bibliothèque publique de la ville. Dans les salles basses de ce côté, l’école de dessin et d’architecture occupe un local exigu.

Au milieu de l’édifice s’élève avec grâce l’élégante Tour de l’horloge, dont la partie inférieure l'enferme une niche au fond de laquelle on voyait, autrefois une statue pédestre en bronze, de Louis XV.


    Porte Mordelaise à Rennes, vers 1850 - gravure reproduite et restaurée numériquement par © Norbert Pousseur
    Porte Mordelaise à Rennes, vers 1850, gravure de Rouargue frères
    extraite de l'Histoire des villes de France - Aristide Guilbert - 1859
    (collection personnelle).

Le palais. Cet édifice, situé sur une belle place quadrangulaire, offre, avec le style sévère de l’ordre toscan, la solidité qui le caractérise. On peut lui reprocher un défaut de proportion entre la hauteur insuffisante de la façade, qui n’a qu’un étage, et la prodigieuse hauteur du comble, dont l’arête ne s’élève pas moins au-dessus de la corniche que la corniche au-dessus du sol. Cette façade a 48m de long et se compose de onze croisées, savoir : une seule dans le pavillon du milieu, trois dans chacun des deux pavillons latéraux, et deux dans chaque intervalle.
Dans l’intérieur est une cour avec un puits au milieu ; une galerie voûtée règne autour de cette cour. Cette galerie est répétée au premier étage, où sont les salles de ce vaste palais, qui est consacré en même temps à l’étude et à l’application des lois : l'école de droit s’y trouve réunie à la cour royale, ainsi que le tribunal de commerce, le tribunal de première instance et le parquet du procureur du roi.

Promenades. La ville de Rennes se glorifie a bon droit de ses promenades. Les principales sont le Thabor,
le Mail et le Champ-de-Mars.

Porte Mordelaise à Rennes, vers 1850 - gravure reproduite et restaurée numériquement par © Norbert Pousseur
La promenade du Thabor à Rennes vers 1840,
gravure de Jérôme Jean Potel
Voir la page qui lui est consacré, sur ce site

Le Thabor est formé d’une partie de l'ancien jardin des bénédictins de St-Mélaine. La position de celte promenade, son grand développement, en font une des choses les plus remarquables de Rennes. Une vaste esplanade qui domine la ville, et de laquelle la vue s’étend à une distance de plusieurs kilomètres, se présente dès l’entrée ; une grande pelouse de verdure est au milieu, et au centre s’élève, sur un bloc de granit, la statue de du Guesclin ; à l’extérieur de cette esplanade se développe une rampe par laquelle on monte à la partie supérieure du Thabor. De ces vastes allées, formées d’arbres dont quelques-uns comptent des siècles d’existence, l’œil se repose avec plaisir dans la vallée que baigne la Vilaine.

le Mail : A l’extrémité opposée de la ville, une longue jetée s’avance entre deux canaux jusqu’au confluent de l’Ille et de la Vilaine : c’est le Mail. Quatre rangs d’arbres le couvrent dans toute sa longueur, qui est d’environ 5 à 600m ; des deux côtés sont de vertes prairies, et à l’extrémité l’on découvre sur l’autre bord de l’Ille le monument de St-Cyr.

Le Champ-de-Mars est une vaste esplanade qui, dans sa partie inférieure, présente une surface d’environ 50,000m carrés. Une allée, élevée d’environ 2m au-dessus du sol, s’étend dans toute la partie latérale ouest et conduit à l’éminence couverte d’arbres qui règne dans toute la longueur du Champ-de-Mars.

Ou remarque encore à Rennes la nouvelle église Toussaint ; l’église St-Germain ; l’église St-Etienne ; l’église St-Aubin ; la caserne d’artillerie, qui occupe les bâtiments de l’ancienne abbaye St-Georges la caserne de Kergus ; l’arsenal ; le jardin des plantes ; la bibliothèque publique ; le musée ; les hôpitaux, etc., etc.

 

Monument druidique à Essé, près de Rennes - gravure reproduite et restaurée numériquement par © Norbert Pousseur
Monument druidique à Essé, près de Rennes vers 1840, gravure de Thiénon
extraite du L'Univers - France - dictionnaire encyclopédique - M. Lemaitre - 1845
(collection personnelle).

Biographie.
Rennes est le lieu de naissance d’un grand nombre de personnages célèbres, parmi lesquels on cite principalement :

  • Ch.-B. Toullier, célèbre jurisconsulte.
  • G.-L.-J. Carré, savant professeur de droit.
  • P. Hevin, jurisconsulte.
  • P.-J.-B. Gerbier, célèbre avocat.
  • René de Caradeuc de la Chalotais, célèbre procureur général au parlement de Bretagne.
  • D’Argentré, historien et célèbre jurisconsulte.
  • Poulain Durarc, jurisconsulte.
  • Legraverend, jurisconsulte.
  • René J. de Tournemine, savant philologue.
  • Dom Lobineau, historien de la Bretagne et de la ville de Paris.
  • La Bletterie, historien et traducteur, membre de l’académie des inscriptions.
  • Q. Poullain de St-Foix, auteur des Essais historiques sur Paris.
  • Amaury Duval, savant archéologue.
  • J.-M. Quérard, savant bibliographe, auteur de la France littéraire, bibliographie la plus instructive et la plus utile qu’on ait encore entrepris de publier.
  • Ginguéné, savant littérateur, membre de l’Institut.
  • Geoffroy, célèbre critique, mort en 1814.
  • J.-B. Robinet, littérateur, auteur inconnu du Système de la nature, attribué au baron d’Holbach.
  • H.-P. Duval, littérateur.
  • Noual de la Houssate, littératteur.
  • L.-F. Kéralio (le chevalier Guenement de), littérateur.
  • Ed. Turquety, littérateur.
  • Alex. Duval, célèbre auteur dramatique.
  • Lemierre de Corvey, compositeur de musique.
  • H. Dorvo, auteur dramatique et romancier.
  • Elleviou, acteur inimitable de l’Opéra-Comique.
  • J.-R. de Boisgelin de Cucé, cardinal-archevêque d’Aix.
  • Champion de Cicé, archevêque de Bordeaux.
  • L’abbé Carron, un des hommes qui ont le plus honoré l’état ecclésiastique.
  • M. Kératry, littérateur, publiciste et romancier, membre de la Chambre des pairs.
  • P.-F. Dubois, inspecteur général des études.
  • M.-A.-B. de Mangourit, diplomate.
  • Le philanthrope et bienfaisant Cl.-T. de la Garaye.
  • Alex.-J. Bertrand, physicien.
  • Le comte Denis de Lanjuinais, député aux états généraux, membre de la convention nationale et du conseil des anciens, sénateur, pair de France en 1814, président de la chambre des représentants et membre de la nouvelle Cchambre des pairs.
  • Le Chapelier, député du tiers à l’Assemblée nationale, mort sur l’échafaud révolutionnaire le 2 floréal an III.
  • De Fermon Deschapelières, député aux états généraux, ministre d’État sous l’empire.
  • Duplessis de Grénedan, ex-conseiller au parlement, membre de la chambre des députés.
  • Gilles de Retz, maréchal de France, brûlé vif à Nantes en 1440.
  • Du Guesclin, connétable de France.
  • Le général baron de Piré, etc., etc., etc.

 

Bibliographie.

  • Manet (l’abbé). Essai historique sur la ville de Rennes, in-8.
  • Album breton, souvenirs de Rennes, in-4.
  • Remarques sur l’inscription trouvée en démolissant la tour de l’ancienne église abbatiale de St-Mélaine, près de Rennes, en 1672, in-4.
  • Précis historique de ce qui s’est passé à Rennes depuis l’arrivée de M. le comte de Thiard /commandant en Bretagne, in-8, 1788.

Plan de Rennes vers 1870 - gravure reproduite et restaurée numériquement par © Norbert Pousseur
Plan de Rennes vers 1870
Détail de la carte du département d'Ille et Vilaine par Dufour - 1855 / 1870
(collection personnelle).

 

Article extrait du Dictionnaire universel de Commerce, de Jacques Savary des Bruslons - 1723 - (collection personnelle).

Commerce de la Ville de Rennes

Il y a quelques Manufactures dans la Ville de Rennes et aux environs, qui lui donnent quelque relation avec les Étrangers, et qui y attirent un commerce assez avantageux ; l’une est la Manufacture des toiles noyalles, et l’autre celle des fils retors.
À l’égard de la première, ces toiles sont de trois sortes ; savoir, celles de six fils, celles de quatre, et celles de simple fil. Ces dernières qui sont les moindres de toutes s’appellent communément Simples fils de la première sorte.
Le nom de Noyalles leur vient de la Paroisse de Noyalles située à deux lieues de Rennes, où d’abord cette Fabrique a été établie. Présentement il s’en fait à Rennes même et dans huit ou dix Paroisses des environs. Leur usage est pour faire des voiles de navires.
Ce commerce était autrefois très considérable, et il en sortait, année commune, pour plus de trois à quatre cent mille francs. Présentement les meilleures années ne vont pas à cent mille livres.

Deux raisons ont contribué à la diminution de ce négoce. Une qui vient des Étrangers, et l’autre de la France même. La première est que les Anglais et les Hollandais ont établi chez eux plusieurs Manufactures de toiles, en sorte qu’ils en ont suffisamment et pour eux et pour leurs voisins ; outre qu’ils les estiment mieux travaillées et meilleures que les Noyalles Bretonnes, ce qui pourtant n’est pas l’opinion de tout le monde.
La seconde raison est que le Roi, pour la commodité de ses armements de mer, a fait faire des établissements de ces Manufactures auprès de ses Ports principaux, comme Rochefort et Brest, pour lesquelles même on enlève les chanvres qui croissent dans les Paroisses de Rennes ; ce qui fait qu’on ne tire que rarement de véritables Noyalles pour les Ports de Sa Majesté, et seulement au défaut de celles des Manufactures Royales.
Les Malouins sont présentement ceux qui en font le plus de consommation, soit pour eux, soit pour les envoyer à l’Étranger, particulièrement en Espagne.

La seconde Manufacture qui soutient le commerce de la Ville de Rennes, n’a pas eu le sort de la première, et ses fils retors ont du débit autant que jamais, soit au dedans, soit au dehors du Royaume.
Ces fils servent à la couture. Ils se retordent et se teignent en toutes couleurs à Rennes, mais ils sont ordinairement filés dans quelques Villages de l’Évêché, particulièrement aux environs de la petite Ville de Bécherel ; on en tire aussi de Dinan.
Les Marchands qui en font commerce ont soin de ramasser ces fils dans les lieux où s’en fait le filage, et les donnent aux Teinturiers de Rennes qui les apprêtent et les retordent par le moyen d’un moulin fait à peu près comme ceux dont on se sert pour le moulinage de la soie, après quoi ils leur donnent toutes les sortes de couleurs qu’on leur demande.
Les Marchands de Paris, de Rouen, et des autres principales Villes du Royaume, tirent beaucoup de ces fils, et il s’en envoie aussi quantité dans les Pays étrangers particulièrement en Espagne et en Angleterre.
Ce Commerce peut aller, année commune, à près de trois cents mille livres.


Zoom sur Vue générale de Rennes, vers 1830 - gravure reproduite et restaurée numériquement par © Norbert Pousseur   Zoom sur Rennes depuis le Mail, vers 1835 - gravure reproduite et restaurée numériquement par © Norbert Pousseur   Zoom sur Rennes au bord du canal de la Vilaine, vers 1870 - gravure reproduite et restaurée numériquement par © Norbert Pousseur    Zoom sur Monument druidique à Essé, près de Rennes - gravure reproduite et restaurée numériquement par © Norbert Pousseur

Zoom sur L'ancien couvent des carmélites à Rennes, vers 1870- gravure reproduite et restaurée numériquement par © Norbert Pousseur   Zoom sur Rennes en 1624 - gravure conservée et reproduite par la BNF, et restaurée numériquement par © Norbert Pousseur   Zoom sur Place du palais de Rennes, en 1790 - gravure conservée et reproduite par la BNF, et restaurée numériquement par © Norbert Pousseur   Zoom sur Porte Mordelaise à Rennes, vers 1850 - gravure reproduite et restaurée numériquement par © Norbert Pousseur

    Zoom sur Plan de Rennes vers 1870 - gravure reproduite et restaurée numériquement par © Norbert Pousseur
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