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Extrait de l'Histoire des villes de France d'Aristide Guilbert -1859 Très long texte sur l'histoire de Tours : Les divisions proposées, sont du rédacteur du site :
TOURS : La première illustration historique de la ville de Tours, dont l’origine nous est inconnue, date seulement de Jules César : le conquérant romain marcha sur cette cité, après s’être emparé de Bourges (58 ans avant Jésus-Christ). Instruits de son approche et trop faibles pour lui résister, les habitants renversèrent en partie leur ville et allèrent se réfugier sur les collines qui bordent la rive gauche de la Loire. Mais César ne se découragea pas, et posant son camp à l’endroit même qu’ils avaient abandonné, il le fortifia par des retranchements et un fossé profond. Cette première colonie ne subsista pas longtemps : les Turons la détruisirent quand Vercingétorix eut soulevé la Gaule contre la domination romaine. César, une fois vainqueur, s’empressa de la rétablir ; il y envoya deux légions en quartier d’hiver, sous les ordres de Q. Pedius, et lui-même y vint surveiller l’approvisionnement de son armée, avant de commencer sa campagne contre les Belges. Ce fut alors que la métropole des Turons prit le nom de Cœsarodunum. Sous les Empereurs, elle jouit du titre de ville libre, titre qui lui fut confirmé par Adrien lors de son voyage dans les Gaules. La cité gallo-romaine s’accrut, du reste, et s’embellit considérablement, durant toute la période impériale : elle eut un temple, un palais, une bourse de commerce, des écoles publiques, une académie, un amphithéâtre et des thermes. Ses principaux citoyens composaient un sénat, dont les membres, appelés Decuriones, étaient présidés par un chef nommé Princeps senatus. Un officier, dont la qualification même (Defensor) indique les fonctions, avait été chargé de veiller aux intérêts et à la liberté des habitants contre le comte ou gouverneur.
Entre l'an 200 et 1200 Sous Honorius, la Touraine ayant été comprise dans la troisième Lyonnaise, Tours, le chef-lieu, prit le rang de métropole ; il eut sous sa dépendance les capitales des Cénomans, des Andécaves, des Namnètes, des Rhedons, des Vénètes, des Corisopites, des Osismiens et des Diablintes. L’Église adopta, plus tard, une division si bien appropriée à la configuration générale du pays. Seulement, dans la nouvelle province ecclésiastique, dont le siège métropolitain fut installé à Tours, un évêché correspondit à chacune des anciennes peuplades gauloises. Lorsque, vers le milieu du Ve siècle, les Wisigoths envahirent la Touraine, Majorien accourut au secours de la ville que ces barbares tenaient étroitement bloquée, et il réussit à leur en faire le siège (428). Seize ans plus tard, les Turons ayant essayé de se soustraire au pouvoir des Empereurs, les Armoricains, leurs alliés, vinrent chercher les troupes impériales jusque dans les murs de Tours ; mais l'habile tactique des généraux romains sauva la place et contraignit les assiégeants à se retirer (444). Childéric fut le premier prince frank qui parut sur les bords de la Loire ; il traversa Tours, dont il empêcha le pillage en considération de saint Martin. Chlodwig, son fils, ne se montra pas moins respectueux pour la mémoire du pieux évêque. Forcé de passer sur le territoire de Tours, pour marcher à la rencontre d’Alaric, il ordonna expressément à ses soldats de ne prendre dans le pays que de l’herbe et de l’eau ; il envoya trois de ses officiers visiter le tombeau du saint, et ceux-ci étant entrés dans la basilique, au moment où le primicier entonnait l’antienne Seigneur, vous avez abattu sous moi ceux qui s'élevaient contre moi, lui rapportèrent ces paroles comme un présage de victoire. Aussi, après la bataille de Voclade, le peuple de Tours, que les Wisigoths ariens avaient constamment persécutés, regarda-t-il Chlodwig non-seulement comme son roi par droit de conquête, mais encore comme son libérateur et comme le soutien et le vengeur de sa foi religieuse. Ce prince victorieux étant revenu au milieu d’eux, il rendit grâces à Dieu de ses succès, dans l’église de Saint-Martin. Ce fut à Tours même qu’il reçut les ambassadeurs d’Anastase, empereur d’Orient. Leur réception eut lieu avec une grande solennité. Chlodwig, revêtu de la pourpre des empereurs et le front ceint du bandeau royal, parut à cheval sur la place publique, jetant au peuple pressé autour de lui des pièces de monnaie d’or et d’argent ; il se dirigea de là vers la cathédrale, où il donna audience aux ambassadeurs et accepta de leurs mains les insignes du consulat romain. A la mort de Chlodwig (511), la reine Clotilde se retira à Tours où elle mena une vie paisible, consacrant tout son temps aux pratiques de dévotion et au maintien de la bonne intelligence entre les rois ses fils. Elle y conduisit plus tard les trois jeunes enfants de Chlodomir, tué, en 524, dans une bataille contre les Bur-gondes ; et lorsque deux d’entre eux, Théodbald et Gunther, eurent été massacrés à Paris, sous ses propres yeux, par le farouche Chlotaire, elle revint désespérée à Tours, afin d’expier par la prière un crime aussi détestable : elle y mourut, le 5 juin 545, et fut mise au rang des saintes. Ce fut de Tours que Chlotaire partit à la tête de son armée, pour aller châtier la rébellion de son fils Chramn (561) : « le duc d’Aquitaine, Willeher, complice et beau-père de Chramn, se sauva dans la basilique de Saint-Martin, et la basilique et la ville même furent incendiées au milieu de ces troubles. » L’église, cependant, ne périt point tout entière dans les flammes ; la toiture seulement fut détruite : Chlotaire, après la défaite et le meurtre du prince rebelle, étant rentré dans la capitale de la Touraine, la remplaça par une couverture en étain Grégoire de Tours nous a conservé la mémoire d’un fait extrêmement important, en ce qu’il constate que la ville jouissait, dès cette époque reculée, de libertés et de droits que le roi s’engageait à respecter. Ainsi, à l’avènement de Charibert au royaume de Paris, dans lequel avait été annexée la Touraine, des députés partirent de Tours pour lui prêter serment de fidélité ; et en échange de ce serment, Charibert jura de ne jamais toucher aux lois et aux coutumes des habitants, reconnues et confirmées par le roi son père, et à ne leur imposer jamais de nouveaux subsides. Charibert tint fidèlement sa promesse : en effet, le comte Gaïso, successeur d’Alpinus, ayant voulu lever sur eux une taxe de sa création, le roi, sur les réclamations de l’évêque Euphrone, fit brûler devant lui les rôles de l’impôt, et déclara que désormais, en l’honneur de saint Martin, la ville serait exempte de toutes les charges auxquelles étaient soumises les autres villes de son royaume. Pour que la réparation fût complète, il dépouilla Gaïso du comté de Touraine. En 567, il y eut un concile à Tours. Les évêques de Rouen, de Paris, de Rennes, de Nantes, de Chartres, d’Angers, du Mans et de Sées, prirent part aux délibérations. Parmi les vingt-neuf canons rédigés dans cette réunion de prélats, on en remarque un fort curieux qui défend de célébrer comme une fête le jour des Calendes de janvier, et de faire, le 18 du même mois, des offrandes de viandes aux morts. A l’évêque Euphrone, décédé le 4 août 573, succéda Grégoire, issu d’une illustre famille d’Auvergne. Les instances de Sigebert l’avaient forcé d’accepter les honneurs de l’épiscopat, et afin de lui ôter toute possibilité de revenir sur ses scrupules, il avait été immédiatement sacré à Reims par l’ordre du roi. Quand il arriva dans la métropole, il était revêtu depuis deux mois du caractère épiscopal. « Grégoire doit être compté, sans contredit, au nombre des plus illustres prélats qu’ait eus l’Église de Tours, » dit Chalmel ; mais, selon nous, sa plus grande gloire est d’avoir mérité par ses travaux littéraires le titre de Père de l'histoire de France. Grégoire de Tours joua un rôle fort actif dans les événements politiques dont il nous a transmis si fidèlement la mémoire. A la mort de Charibert (572), Chlodwig, fils de Chilpéric, roi de Soissons, ayant, par l’ordre de son père, envahi la Touraine qui était échue en partage à Sigebert, roi de Metz, la ville de Tours fut obligée d’ouvrir ses portes au jeune prince. Sigebert s’empressa de se réconcilier avec Gunthchramn, roi de Bourgogne, afin d’arracher sa conquête à l’ambitieux Chilpéric. Le patrice Mummole, général de Gunthchramn, eut la conduite de l’expédition, et en peu de temps, Tours fut replacée sous la domination du roi de Metz. Après l’assassinat de Sigebert par les sicaires de Frédégonde (575), Chilpéric fit de nouveau entrer ses troupes en Touraine, sous les ordres de son fils Mérowig. Ce prince y passa les fêtes de Pâques de l’année 576, et ce fut à cette époque même que, sous un faux prétexte, il se rendit en toute hâte à Rouen pour y épouser la reine Brunehilde, veuve de Sigebert. Tout le monde sait quelles funestes conséquences eut ce mariage. Condamné à subir la tonsure, Mérowig réussit à se soustraire à la vigilance de ses gardes, comme on le menait dans un couvent du Maine, et se réfugia à Tours dans l’église de Saint-Martin, où, depuis la mort de Sigebert, Gunthchramn Boso, son plus fidèle serviteur, s’était retiré aussi pour éviter la colère de Chilpéric. Le fugitif entra dans l’église, à l’instant où Grégoire célébrait la grand’messe ; mais le prélat ne voulut point l’admettre au partage du pain bénit. Mérowig insista avec hauteur, menaçant de punir cet affront sur tous les assistants. Grégoire dut céder à la violence et informa Chilpéric de ce qui se passait. Pour toute réponse il reçut l’ordre de chasser Mérowig de la basilique. Grégoire refusa d’obéir, et son refus fut suivi de l’envahissement de la province. Dégoûtés de leur retraite, Mérowig et Gunthchramn-Boso réussirent à s’évader. Le premier gagna Metz qu’il fut bientôt contraint d’abandonner : sans cesse en butte au ressentiment de son père et à la haine de sa belle-mère, Frédégonde, il finit par périr, à Thérouanne, de la main de l’un de ses serviteurs, qui, sur sa prière, lui donna la mort pour qu’il ne tombât point entre les mains de Chilpéric. En 580, Grégoire, dans un concile tenu à Paris, éleva seul la voix en faveur de l’évêque de Rouen, Prétextat, qui avait béni l’union de Mérowig avec sa tante Brunehilde. Prétextat n’en fut pas moins déposé et condamné à la prison. Une autre fois encore, l’évêque de Tours osa heurter de front la volonté de Chilpéric, dont la manie était de se croire l’homme le plus savant et le plus lettré de son royaume. Le roi frank s’avisa d’écrire une thèse sur le dogme de la Sainte-Trinité ; puis il la soumit au jugement de Grégoire. Celui-ci lui rendit le manuscrit en disant « qu’il n’appartenait pas aux princes de dogmatiser, et qu’ils devaient se contenter de suivre la doctrine professée par les apôtres et confessée par tout chrétien à son baptême. » Piqué au vif dans son amour-propre d’auteur, Chilpéric appela de ce jugement à l’évêque d’Alby. Mais ayant rencontré cette fois une critique beaucoup moins modérée et moins respectueuse, il se le tint pour dit et renonça à la gloire d’écrivain qu’il avait tant ambitionnée. Grégoire eut un ennemi puissant, dont les machinations faillirent le perdre : il s’agit de Leudaste, comte de Tours, que ses déprédations et ses vices avaient fait déposer deux fois, et que le roi, cédant aux plaintes unanimes du peuple et du clergé, dépouilla enfin sans retour de son poste éminent. C’est lui qui, profitant de l’inimitié de deux prêtres du diocèse contre leur chef spirituel, les excita à accuser devant Chilpérik l’évêque de Tours d’être entré en correspondance avec les rois d’Austrasie et de Bourgogne, afin de leur livrer la Touraine, et d’avoir dit publiquement que Frédégonde entretenait un commerce adultère avec Bertrand, évêque de Bordeaux. Sommé de comparaître devant un concile assemblé à Braisne, près de Soissons, Grégoire s’empressa de se présenter devant ses juges. Il ne lui fut pas difficile de prouver son innocence et de confondre les calomniateurs. On fit grâce aux deux prêtres ; quant à Leudaste, pourchassé d’asile en asile, il fut enfin arrêté, par les ordres de Frédégonde ; on l’enterra jusqu’au cou et on l’assomma à coups de bâton. A la mort de Chilpéric (584), le roi de Bourgogne, Gunthchramn, fit prendre possession de Tours par Villacaire, comte d’Orléans, au nom de Chlotaire II, alors âgé de trois mois, et le seul fils survivant du roi de Soissons. L’évêque Grégoire se rendit à Orléans pour y offrir aux deux princes les hommages du peuple et du clergé. Trois ans après, ce fut en qualité d’ambassadeur de Childebert, fils de Sighebert, réintégré dans tous les états de son père par le même Gunthchramn, son oncle, que le digne prélat vint à la cour de Bourgogne. Nous ne saurions donner une preuve plus éclatante de la confiance illimitée qu’inspirait sa droiture. Childebert ayant réclamé les impôts qui lui étaient dus, depuis un certain nombre d’années, par les villes replacées sous son obéissance, les habitants de Tours refusèrent de les payer, en alléguant les exemptions que Chlodwig, Chlotaire et Charibert leur avaient concédées et garanties à perpétuité. Cette fois encore ce fut l’évêque Grégoire qui présenta au roi la supplique des Tourangeaux ; Childebert l’accueillit avec faveur, et confirma solennellement toutes les franchises et tous les privilèges que la ville tenait de ses prédécesseurs. Grégoire mourut, une année avant ce prince (17 novembre 595) ; il était âgé d’environ cinquante-deux ans, et avait occupé son siège l’espace de vingt-un an et quelques mois. Il fut enterré dans l’église de Saint-Martin, à côté du patron des Gaules. Par ses soins, l’église cathédrale de la ville, alors placée sous l’invocation de saint Maurice, avait été restaurée et considérablement augmentée. Dagobert Ier, petit-fils de Childebert, fut peut-être de tous les rois mérovingiens celui qui montra la plus grande vénération pour saint Martin. Sa magnifique dévotion chargea saint Éloi de tous les ouvrages destinés à orner le tombeau et la châsse du saint. Après avoir confirmé de nouveau, et de son plein gré, les privilèges des habitants, il concéda à l’Église de Tours la jouissance de tous les revenus municipaux et aux évêques le droit de nommer les comtes ou gouverneurs de la cité ; droit contre lequel le peuple protesta plus tard. En 838, date de la première invasion des Normands en Touraine, les habitants de Tours ayant appris que ces pirates se dirigeaient vers la ville, transportèrent dans l’enceinte murée tout ce que la basilique contenait de précieux, et s’apprêtèrent à faire une vigoureuse résistance. L’ennemi parut dès le commencement du mois de mai : le siège dura douze jours, pendant lesquels se succédèrent les assauts les plus meurtriers. Fatigués alors de la lutte, les assaillants abandonnèrent leur entreprise, et les Tourangeaux s’étant mis à leur poursuite, leur tuèrent, dit-on, six mille hommes. En commémoration de cette victoire, ils élevèrent sur le lieu même du combat une église qui fut placée sous l’invocation de Sanctus-Marlinus-de-Bello, nom dont on fit d’abord, par corruption, Saint-Martin-le-Bel, et plus tard Saint-Martin-le-Beau. Revenus en 853, les Normands échouèrent de nouveau devant Tours, que protégeait une subite inondation de la Loire et du Cher ; ils se dédommagèrent sur la fameuse abbaye de Marmoutier, fondée par saint Martin, et la détruisirent de fond en comble, après avoir massacré les moines au pied des autels.. Les Tourangeaux, dans la prévision d’un prochain retour de ces pirates, se hâtèrent de transférer les reliques et le trésor de Saint-Martin d’abord à Orléans, puis à Auxerre. Cette même année, en effet (le 10 ou le 12 décembre), les Normands se dirigèrent encore une fois vers la capitale de la Touraine, plus nombreux que dans leurs expéditions précédentes. Ils en trouvèrent les portes ouvertes, soit que les habitants n’eussent plus l’espoir de la défendre, soit qu’ils voulussent ainsi lui ménager un traitement plus doux ; mais à peine introduits dans la place, ces Barbares agirent comme s’ils l’eussent emportée d’assaut. Tours fut saccagée, et l’église de Saint-Martin, ainsi que tous les édifices religieux, périrent dans les flammes. Charles-le-Chauve, pour mettre fin aux ravages des Normands en Touraine, donna le gouvernement de cette province à Robert-le-Fort, duc de France et comte de Blois, qui en peu d’années les refoula hors de son gouvernement. A sa mort, ils reparurent sur les bords de la Loire. Le roi Louis-le-Bègue marcha aussitôt à leur rencontre (878) ; mais à peine arrivé dans le pays, où les troupes d’Alain, comte de Vannes, devaient le rejoindre, il fut pris de la maladie qui le conduisit au tombeau. Le 10 avril de l’année suivante, les Normands, défaits par l’armée franco-bretonne, aux environs de Candes et de Montsoreau, abandonnèrent la Touraine. Le pays n’était pourtant pas encore délivré de toute inquiétude, car en 882 le roi Louis III s’y rendit en personne pour les combattre ; tombé dangereusement malade à Tours, il se fit, à l’exemple de son aïeul Pépin, transporter à Saint-Denis, où il mourut le 5 août. Depuis 853, comme nous l’avons déjà dit, les reliques de saint Martin reposaient à Auxerre. Les Tourangeaux ayant vainement réclamé de l’évêque de cette ville le dépôt confié à sa garde, équipèrent en 887 une petite armée d’environ six mille hommes, qui se mit en marche vers le mois d’octobre, et se présenta sous les murs d’Auxerre avant qu’on y soupçonnât même son départ. Pris au dépourvu, le dépositaire infidèle demanda vingt-quatre heures pour se décider ; à l’expiration de ce délai, il restitua le corps de saint Martin, et les précieuses reliques reprirent aussitôt la route de la Touraine. Les Normands, en 903, s’emparèrent de Tours pour la seconde fois et y démolirent ou livrèrent aux flammes vingt-huit églises ou monastères. En 909, fut commencée la construction de la nouvelle enceinte projetée par le comte Robert, et dans laquelle on enferma le bourg qui s’était formé peu à peu autour de la basilique de Saint-Martin. En 930, le roi Raoul visita le tombeau du saint, et y célébra des actions de grâces pour une éclatante victoire remportée par lui sur les Normands. Lorsque Hugues Capet, à son avènement au trône (987), eut sanctionné toutes les usurpations féodales, les domaines dont il se réserva particulièrement la suzeraineté directe sur les états de Thibaut-le-Tricheur, comte de Tours, furent Saint-Maurice, Saint-Martin, et l’abbaye de Marmoutier, ainsi que toutes les églises de fondation royale. En 988, Foulques Néra, comte d’Anjou, en guerre avec Eudes Ier, fils de Thibaut, attaqua sa capitale et s’en rendit maître après quelques jours de siège. Les habitants de Tours réussirent, toutefois, à expulser les Angevins de leurs murs. Foulques établit alors un vaste système de blocus autour de la cité qu’il enferma dans une ceinture de forteresses, en faisant bâtir des châteaux à Langeais, à Montbazon, à Semblançay, à Sainte-Maure et à Montrésor. Un phare, qu’on appela la Tour des Brandons, permit aux commandants de ces places de communiquer entre eux, à l’aide de signaux. Bientôt une nouvelle victoire que le comte d’Anjou remporta sur Eudes, près de Châteaudun, lui permit de recommencer le siège de Tours ; le bourg de Châteauneuf fut incendié et la ville ne tarda pas à rouvrir ses portes aux Angevins (991-994). Le comte Eudes II recouvra la capitale de son comté, mais il la perdit presque aussitôt par le sort des armes. Foulques, battu d’abord et fait prisonnier dans une rencontre avec lui, puis délivré de ses mains par Herbert, comte du Maine (1016), profita de la position que lui assuraient les forteresses dont il avait environné Tours, pour resserrer le blocus de la place en faisant construire, sur une hauteur au-dessous de la ville, un fort destiné à intercepter la navigation de la Loire. En 1026, Eudes II, qui s’était dédommagé de la perte de la moitié de son comté par la conquête de la Champagne, essaya vainement de dégager Tours. Il ne réussit pas mieux, l’année suivante, quoique le roi de France, Robert, l’eût accompagné en Touraine. Six ans après, le comte ayant été tué sous les murs de Bar, à la suite d’une guerre qu’il s’était attirée en voulant se saisir du royaume d’Arles, son corps dont on avait détaché la tête pour l’envoyer en Allemagne, fut recueilli par Boyer, évêque de Châlons, et transporté à Tours où on l’inhuma dans l’église de Marmoutier à côté de son père (1037). Au commencement de l’année 1043, pendant que Thibaut III, fils de Eudes II, était engagé dans une guerre impolitique contre Henri Ier, roi de France, Tours fut investi par Geoffroy-Martel, comte d’Anjou, Les habitants se défendirent vaillamment, et malgré la famine qui avait enlevé une partie de la population, la place tenait encore, au bout d’un siège de dix-huit mois, lorsque Thibaut, et son frère Étienne, comte de Troyes, s’approchèrent afin de la délivrer. Les assiégeants levant aussitôt leurs tentes, se portèrent au-devant d’eux. Ce fut près du bourg de Saint-Martin-le-Beau, où les Tourangeaux avaient, au IXe siècle, fait un si grand carnage des Normands, que la bataille s’engagea. La victoire, bravement disputée de part et d’autre, se déclara enfin pour les Angevins. Étienne trouva son salut dans les détours de la forêt d’Amboise ; Thibault, tombé au pouvoir de l’ennemi, auprès de Coursay, dans le bois du Fau, ne recouvra sa liberté qu’en abandonnant à Geoffroy-Martel Tours et les autres villes de la Touraine, que celui-ci consentit à tenir à titre de fief. En 1166, la guerre ayant éclaté entre le roi de France, Louis-le-Jeune, et Henri II, roi d’Angleterre, qui possédait la Touraine, en qualité de comte d’Anjou, la cathédrale de Tours, où étaient gardées en dépôt les sommes envoyées par toutes les paroisses pour venir en aide aux croisés, fut complètement détruite par les flammes. Une conférence eut lieu, en 1174, aux environs de Tours, dans le but de rétablir la paix entre Henri II et ses deux fils, Richard et Jean, dont Louis-le-Jeune avait appuyé la révolte. Quelques années après, Richard qui avait encore une fois pris les armes contre son père, entra en Touraine, avec Philippe-Auguste. Une crue subite de la Loire ne put arrêter le roi de France ; il prit Tours d’assaut, le 3 juillet 1189. La paix fut conclue, le mardi 4 de ce mois, au château de Colombiers sur le Cher, à trois lieues de Tours, et cette ville fut donnée comme gage au roi de France et à Richard, jusqu’à l’accomplissement du traité. C’est dans la cathédrale de Tours, que Philippe-Auguste et Richard, devenu roi d’Angleterre, s’engagèrent en, 1190, sous la bannière de la croix. Tous les deux, après avoir accompli leurs dévotions au tombeau de saint Martin, quittèrent la capitale de la Touraine vers la fin de juillet, afin d’aller s’embarquer, l’un à Marseille, l’autre à Gênes. Philippe-Auguste, à son retour, traita avec le prince Jean, qui ambitionnait le trône d’Angleterre, pour la cession de Tours, de Montrichard, d’Amboise, de Montbazon, de Loches et de Châtillon-sur-Indre. Richard-Cœur-de-Lion, rendu enfin à ses états, pardonna généreusement à son frère ; mais il déclara la guerre au roi de France, s’avança jusque sur les rives de la Loire, prit Châteauneuf et Tours, et s’empara des biens des chanoines de Saint-Martin, qui, disait-il, étaient trop dévoués à Philippe-Auguste. Le jeune Arthur de Bretagne visita Tours, en 1199, et y fut accueilli avec empressement par ses vassaux. En 1202, Jean-sans-Terre, après s’être assuré de la personne de son neveu, entra sans coup férir dans la capitale de la province. Philippe-Auguste accourut presque aussitôt devant cette place, et la força de lui ouvrir ses portes ; mais à peine s’en était-il éloigné, que Jean reparut sous les murs de Tours avec des forces considérables et des machines de guerre. Châteauneuf fut pris par escalade et livré aux flammes et au pillage ; le feu gagna les faubourgs, où il fit de grands ravages. Au milieu de ce désordre affreux, les soldats de Jean prirent la ville et la traitèrent comme Châteauneuf (1202). La félonie du roi d’Angleterre lui fit, au bout de deux années, perdre toutes ses possessions françaises : à la première sommation, le gouverneur de cette place, Guillaume de Baillé la rendit à Philippe-Auguste (1204). La réunion de la Touraine à la France, après une séparation de deux cent soixante ans, fut ainsi définitivement accomplie.
La vie à Tours au 12ème siècle Tours était une des villes du royaume où les lettres avaient commencé à renaître avec le plus d’éclat. Charlemagne lui avait assuré ce glorieux avantage, en nommant l’anglo-saxon Alkuin abbé de Saint-Martin. L’illustre savant, fatigué de la vie toujours guerrière et toujours agitée de la cour du roi frank, était venu chercher une douce existence sous le ciel tempéré de la Touraine (796). Ce n'est pas qu’il n’eût le choix d’une autre retraite ; outre l’abbaye de Saint-Martin, il possédait celles de Ferrières, de Saint-Loup-de-Troyes et de Saint-Josse-sur-Mer. Il avait sur ses terres vingt mille serfs et colons. Karl-le-Grand s’était montré magnifique envers celui qu’il appelait son maître (magistrum}. Alkuin, par son génie et sa science, était encore supérieur à sa fortune. A Tours comme à Paris, il travailla avec un noble zèle à la restauration des lettres ; il fonda des écoles publiques dans l’église de Saint-Martin, où il enseigna la grammaire, la rhétorique, la versification, la dialectique, l’histoire, les mathématiques et l’astronomie. Parmi les disciples célèbres qu’il y forma, nous citerons Raban-Maur, archevêque de Mayence ; Siméon, évêque de Worms ; et Sigulfe, abbé de Ferrières. Tout en se livrant à l’enseignement, Alkuin trouvait encore le temps de s’occuper de la réforme de son abbaye, et d’entretenir une correspondance très active avec son royal disciple. Il mourut, le 19 mai 804, jour de la Pentecôte, dans la ville de Tours, dont, malgré les vives instances de Charlemagne, il n’avait pas voulu quitter les toits enfumés pour les palais dorés des Romains. Mais aux yeux des peuples rien alors ne contribuait plus à entourer la capitale de la Touraine d’une espèce de prestige, que la possession du tombeau de saint Martin. La ville de Tours, comme l’a fort bien dit un historien, était devenue la Jérusalem de l’Occident. Les peuples, les rois, les princes, les seigneurs, les papes, les patriarches, les évêques, les abbés, s’y rendaient en foule. On jurait l’observation des traités par le corps de saint Martin, on en invoquait l’intervention en toutes circonstances ; on éprouvait les hommes sur son tombeau, au moyen du serment. L’histoire nous a pourtant conservé le souvenir d’une circonstance où la dévotion au grand apôtre couvrit une intrigue amoureuse. La belle comtesse Bertrade, femme de Foulques-Réchin, ambitionnait l’amour et le trône du roi de France, Philippe Ier. Les deux amants se donnèrent rendez-vous à Tours. Philippe y alla sous le prétexte de visiter le tombeau de saint Martin ; Bertrade engagea son mari à entreprendre le même voyage. Le roi et la comtesse se virent et se jurèrent une foi mutuelle dans une chapelle de la basilique (1092). Philippe partit pour Orléans, où Bertrade, qui parvint à se soustraire à la surveillance de son mari, le rejoignit bientôt ; et l’évêque de cette ville unit la comtesse au roi, comme si elle eût été libre. De si scandaleuses amours ne pouvaient manquer d’attirer sur le couple royal les foudres de l’Église. Philippe ne s’en alarma, toutefois, que lorsque la satiété eut fait place, dans son cœur, à la passion : d’accord avec Bertrade, il demanda, au bout de deux années, la rupture de leur union. Ce furent les archevêques de Tours, de Sens et de Bourges qui, en qualité de commissaires du Saint-Siège, levèrent l’excommunication et reçurent les soumissions des deux pénitents (2 décembre 1104). Pendant une longue suite dé siècles, la dévotion et la reconnaissance des peuples pour saint Martin ne se ralentirent pas. L’affluence, le séjour des pèlerins dans le saint lieu donnèrent naissance à la ville de Châteauneuf, à peu de distance de l’ancien Tours. La même croyance, la même ferveur religieuse relevèrent de ses ruines la basilique de Saint-Martin, chaque fois que le fer ou la flamme en amenèrent la destruction. De 469 à 1203, elle fut, en totalité ou en partie, huit fois détruite par le feu. Son trésorier Hervé, après l’incendie de 994, la reconstruisit à ses frais avec une magnificence princière : le nouvel édifice surpassa en beauté et en grandeur les trois églises qui avaient successivement reçu la châsse du saint. La plus grande partie de ce monument, dont le chœur, les deux nefs et la façade appartenaient au style gothique, a subsisté jusqu’à nos jours. L’abbaye de Saint-Martin jouissait des privilèges les plus précieux. Originairement elle avait été desservie par deux cents moines, qui, d’heure en heure, se relayaient au nombre de vingt, pour chanter l’office. De cette manière, ils ne laissaient jamais le chœur vide et célébraient perpétuellement les louanges du saint. L’influence, le crédit et la fortune de ces religieux s’accrurent avec une rapidité qui tenait véritablement du miracle. On compta jusqu’à vingt-deux églises sous leur dépendance. Ils obtinrent le privilège d’être régis par un évêque spécial, dont la nomination leur fut réservée. Exemptés de la juridiction des archevêques de Tours, ils ne leur devaient aucun compte de l’emploi de leurs revenus, lis avaient pour trésorier un homme d’une naissance illustre, et pour porte-bannière les comtes d’Anjou. Ceux-ci pouvaient se servir dans toutes leurs guerres, hormis contre les rois de France, de cet étendard sacré, qui ne manquait jamais de leur donner la victoire. Mais tant de prospérité et de richesse enflèrent les cœurs des religieux de Saint-Martin ; ils prirent des habitudes de luxe et d’indolence, que leurs abbés s’efforcèrent en vain de détruire. La crédulité populaire accueillait, à ce sujet, les bruits les plus sinistres. Tantôt c’était un ange qui, envoyé de Dieu, était descendu l’épée nue sur l’abbaye et en avait exterminé tous les moines, à l’exception d’un seul qui, retiré dans sa cellule, y lisait les épîtres de saint Paul ; tantôt c’était la peste que la colère céleste répandait subitement dans le monastère, et qui, en une seule nuit, faisait tant de ravages que le lendemain on trouvait tous les religieux morts dans leurs lits et horriblement défigurés. Pour mettre un terme à de si grands désordres, on sécularisa les moines de Saint-Martin (813-845). Le nombre des chanoines, d’abord illimité, fut fixé par Charles-le-Chauve à deux cents ; mais il descendit bientôt à cent cinquante, par suite des pertes que les ravages des Normands firent éprouver à la collégiale. Une bulle de Grégoire IX nous apprend qu’on ne comptait plus que cinquante chanoines, en 1237. Enfin, lorsque la révolution amena la suppression du chapitre, il comptait plus de cinquante et un canonical, vingt-huit chanoines honoraires, quatorze ecclésiastiques et quatorze laïques, onze dignitaires et quinze prévôts. Le séjour des pèlerins dans la ville de Châteauneuf y avait répandu une grande aisance ; ses habitants n’avaient pas moins le goût du luxe que les religieux de Saint-Martin. Le moine anonyme de Marmoutier faisait, dans le XIIe siècle, un curieux portrait de ce peuple. « Ils sont, » disait-il, « habillés de robes de pourpre doublées de fourrures de vair et de petit-gris (fourure d'écureil) ; leurs meubles sont enrichis d’or et d’argent. Des tours s’élèvent du haut de leurs maisons. Leurs tables sont couvertes des mets les plus exquis ; ils passent leur temps à jouer aux dés et aux cartes. Ils sont affables aux étrangers, bienfaisants envers tout le monde, libéraux envers les églises, charitables envers les pauvres, fermes dans leurs résolutions et fidèles dans leurs promesses. » Les habitants de Châteauneuf prouvèrent, en effet, qu’ils étaient fermes dans leurs résolutions, en luttant avec une courageuse persistance pour doter la Touraine de ses premières franchises communales. A la vérité nous trouvons, antérieurement à leurs généreux efforts, quelques indices d’une révolte de la bourgeoisie de Tours contre l’autorité du comte : la chronique de saint Aubin d’Angers parle, sous la date de l’année 1114, d’une rébellion de la ville, d’une guerre des bourgeois, à laquelle s’associèrent les barons de l’Anjou et de la Touraine, et qui fut appuyée par le roi d’Angleterre ; mais on ne peut considérer cette prise d’armes comme une tentative d’affranchissement communal. Les bourgeois de Châteauneuf étaient las de l’espèce de servitude féodale dans laquelle le chapitre de Saint-Martin les avait toujours maintenus. Ce fut dans une chapelle de l’église de Saint-Martin, et sous le nom de Confrérie de Saint-Éloi, qu’ils s’assemblèrent d’abord pour délibérer sur les moyens d’assurer leur émancipation et qu’ils résolurent de s’ériger en commune indépendante et de confier à des magistrats, nommés par voie d’élection, l’administration de leurs affaires (1120-1129). Le chapitre annula ces actes, la bourgeoisie en maintint la validité ; l’autorité était d’un côté, le nombre de l’autre. Bref, on en vint à une guerre ouverte, pendant laquelle un incendie consuma une partie de la ville et de la basilique de Saint-Martin. Ces malheurs ralentirent les efforts de la bourgeoisie sans la décourager. Les chanoines, voyant qu’elle continuait de méconnaître leur autorité et de se régir en commune, déférèrent cette affaire au Saint-Siège. Deux commissaires, l’archevêque de Reims, ancien trésorier de Saint-Martin, et l’abbé de Marmoutier, jugeant le différend au nom du pape Luce III, prononcèrent la dissolution de la confrérie de Saint-Éloi, anéantirent ses statuts, et menacèrent de l’excommunication quiconque oserait contrevenir à ce jugement, lequel fut d’ailleurs ratifié par Philippe-Auguste. Force fut aux bourgeois de courber momentanément la tête (1133). Mais vers la fin de ce même siècle, ils se firent concéder, par une nouvelle transaction, le droit de s’imposer, de se clore et de se garder (1194) ; enfin, trente-six ans plus tard, ils ressaisirent par un hardi coup de main le droit de commune : le chapitre dont ils avaient enlevé le trésor, en racheta la restitution à ce prix (1230). La commune subsista jusqu’en 1305. De graves excès, provoqués peut-être par les chanoines, la firent alors supprimer par Philippe-le-Bel, qui, en outre, condamna les habitants de Châteauneuf à payer une amende de mille livres dont un tiers de la somme fut accordé au chapitre, et le reste à la couronne.
Les annales ecclésiastiques Treize conciles ont été tenus dans la capitale de la Touraine, depuis l’année 482 jusqu’à l’année 1583. Le pape Urbain II, lorsqu’il la visita (1096), y en convoqua un, auquel assistèrent cinquante-quatre évêques. Toutefois, à Tours comme à Clermont, il s’appliqua particulièrement à prêcher la croisade contre les infidèles : monté sur un échafaud qu’il avait fait dresser devant la principale entrée de l’abbaye de Marmoutier, en face de la Loire, il exhortait les peuples à se croiser pour secourir les chrétiens de la Terre-Sainte. Urbain II fit la clôture du concile par une procession générale, qui, de l’église de Saint-Maurice, se rendit à la basilique de Saint-Martin, où il chanta la messe pontificale. Les papes Pascal II et Calixte II visitèrent aussi Tours et le tombeau de saint Martin (1107-1119). Il y eut une si grande affluence de hauts dignitaires de l’Église au concile que le pape Alexandre III tint dans la capitale de la Touraine, qu’elle en reçut le nom de seconde Rome (1163) ; on y compta dix-sept cardinaux, cent vingt-quatre évêques et quatre cent quatorze abbés : parmi les prélats figurait le fameux Thomas Becket, évêque de Cantorbéry. Cette illustre assemblée fit plusieurs canons pour le rétablissement de la discipline ecclésiastique. Le concile de 1055 n’eut pas d’autre objet que la condamnation des doctrines de l’archidiacre Bérenger. Ce savant, dont l’esprit investigateur devança de quatre siècles la réforme religieuse, mais qui, à la fois téméraire et faible, eut la volonté du martyre sans en avoir le courage, naquit à Tours, en 1008. Après avoir fait ses premières études dans les écoles de Saint-Martin, il se rendit à Chartres afin de recueillir les leçons de Fulbert. Il devint bientôt lui-même un des maîtres les plus fameux de ce siècle. Chambrier de l’abbaye de Saint-Martin, il y professa les humanités et la dialectique : « Son savoir, son éloquence, » dit un historien, « attiraient un nombre prodigieux d’auditeurs. » Mais cet esprit hardi et spéculatif ne pouvait rester longtemps emprisonné dans les formules de la science. Il interrogea les saintes Écritures ; il soumit à l’examen le dogme de la présence réelle ; et, comme Scott Erigène, il arriva à une négative absolue. Dès lors, il s’appliqua à répandre sa conviction « que le sacrement de l’autel n’était que la figure du corps et non le corps de Jésus-Christ. » Ces quelques paroles remuèrent le monde. La doctrine de Bérenger provoqua la réunion de neuf conciles à Rome, à Verceil, à Paris, à Angers, à Tours, à Poitiers, à Bordeaux (1050-1080) ; on songea sérieusement, s’il ne se désistait point de ses erreurs, à faire marcher une armée contre lui et contre ses adhérents : une idée mise dans la balance commençait donc à peser autant que le glaive. Mais il n’était pas besoin d’employer la force. Bérenger, après avoir longtemps défendu son opinion, finissait toujours par céder. Il rétractait ses paroles, il jetait au feu ses écrits ; seulement, le danger passé, il revenait à ses premières idées. Quand on le lui reprochait, il imputait ses désaveux à la violence. Affaibli par l’âge, il se rétracta une dernière fois, en 1080, et ne protesta plus. On lui permit alors de reprendre ses bénéfices et sa dignité d’écolâtre dans l’église de Saint-Martin. Il mourut, le 1er janvier 1088, dans l'île de Saint-Côme, où il s’était retiré. Avant de se séparer entièrement du monde, il avait fait l’abandon de ses bénéfices et distribué tout son bien aux pauvres.
Du 13ème au 16ème siècle Nous n’avons pas besoin de rappeler les tristes commencements du règne de Charles VII Partageant sa vie entre les trois résidences royales de Tours, de Loches et de Chinon, il s’y entourait de plaisirs et de fêtes, tandis que les Anglais envahissaient ses dernières provinces. Quoique le duc de Bedfort eût résolu de s’emparer des rives de la Loire, l’imminence du danger ne pouvait arracher le roi à ses habitudes d’indolence. Le connétable Artus de Richemond venait enlever jusque sous ses yeux les de Giac et les Le Camus, ses indignes favoris, pour en faire prompte justice ; mais à peine avait-il détruit la dangereuse influence de ces misérables intrigants, que La Trémouille les remplaçait dans la faveur du roi. Les Anglais, maitres de Château-Regnault, de Saint-Christophe, de Langeais et de Roche-Corbon, poussaient leurs excursions jusque sous les murs de Tours. Les bourgeois prièrent Charles VII de leur envoyer des soldats ; il les engagea à acheter, à prix d’argent, la retraite des garnisons ennemies. La ville suivit ce conseil : il lui en coûta trois mille écus d’or pour éloigner les Anglais. Enfin le faible Charles VII songeait à abandonner la Touraine au duc de Bedford, lorsque la Providence conduisit Jeanne d’Arc au château de Chinon (1427). La belle Agnès Sorel contribua aussi, par de généreuses paroles, à le rappeler au sentiment de ses devoirs. L’âme affaissée de Charles VII reprit enfin quelque ressort. Il quitta la Touraine pour reconquérir son royaume sur les Anglais ; mais sa prédilection pour cette province le ramena toujours aux rives de la Loire, de la Vienne et de l’Indre. En 1435, le roi et les trois États de la France, réunis dans la cathédrale de Tours, y ratifièrent le traité d’Arras et y entendirent chanter le Te Deum en actions de grâces. En 1444, les députés de la nation s’assemblèrent encore pour donner leur avis sur les offres de paix faites par le comte de Suffolk, au nom de l’Angleterre. Après de longs débats, ces conférences n’aboutirent qu’à une trêve de vingt-deux mois ; mais on y arrêta les bases du mariage de Henri VI avec Marguerite d’Anjou. L’année 1451 fut marquée par la disgrâce, l’arrestation et le jugement de Jacques Cœur ; on l’enferma successivement aux Montils, à Maillé et dans le château de Tours. En 1454, Charles VII reçut à Tours le duc et la duchesse de Savoie, et, en 1456, les ambassadeurs de Ladislas, roi de Hongrie et de Bohême. Le souvenir de Louis XI sera toujours inséparable de l’histoire de la ville de Tours. Nulle part la supériorité de son génie, la petitesse de son caractère, la fausseté de son âme, la profondeur de sa politique et l'égoïsme de sa dévotion ne se montrèrent plus ouvertement. Il avait épousé dans cette ville, en 1435, la princesse Marguerite, fille de Jacques Ier, roi d’Écosse. Après la mort de son père, il fixa aussi sa demeure à Tours, non qu’il l’eût prise en affection, mais parce que le peuple de Paris lui faisait ombrage (1461). Son esprit naturellement taciturne et sa politique ténébreuse avaient besoin de s’entourer de mystère, et redoutaient le grand jour. Comme il y avait habituellement quelque perfidie au fond de son âme, il craignait toujours de rencontrer la trahison chez les autres ; il prenait ses précautions contre les siens, contre ses serviteurs, contre ses amis, contre son peuple, comme s’ils en eussent voulu à sa couronne, à son autorité ou à sa vie. En 1463, il acheta de son chambellan, Hardouin de Maillé, la terre des Montils, pour la somme de cinq mille cinq cents écus d’or ; il y fit bâtir un château, auquel il donna le nom de Plessis-lez-Tours, et qui devint sa demeure ordinaire. C’était une retraite, nous dirions presque une tanière, telle qu’il convenait à cette nature plus fauve qu’humaine. L’apparence extérieure du donjon de Plessis-lez-Tours n’avait rien de remarquable ; mais il était entouré d’un sinistre appareil, qui inspirait la terreur. Ses murs crénelés étaient garnis de guérites, où quarante arbalétriers veillaient nuit et jour ; ils avaient l’ordre de tirer sur quiconque approcherait du donjon après le coucher du soleil. Le laboureur, le passant, le voyageur, devenaient suspects du moment où ils regardaient trop curieusement la demeure du roi, et une mort prompte était réservée à tout homme qui était assez malheureux pour encourir un soupçon. Les murailles étaient garnies d’une ceinture de broches de fer, et les fossés semés de chausses-trappes. La justice de Tristan l’Hermite, que Louis XI appelait complaisamment son compère, inspirait peut-être encore plus de terreur que ce sombre manoir. Autour du château on ne voyait aux arbres « que gens pendus sans grands indices ni preuves. Les malheureux qui ne périssaient pas par la corde, étoient secrètement jetés dans la rivière ». Tristan l’Hermite avait multiplié les geôles dans les environs, et quand elles étaient pleines, il convertissait les maisons particulières en prisons d’état : « bien souvent on voyoit les prisonniers crier de jour et de nuit pour les tourments qu’on leur faisoit endurer. » Comme le prévôt avait rarement des preuves de culpabilité pour motiver ses jugements, il y suppléait par la torture. Mais Louis XI était lui-même le premier des prisonniers de Plessis-lez-Tours. S’il en sortait, c’était à de rares intervalles et avec un sentiment d’inquiétude. En multipliant les grilles et les verrous dans l’intérieur du château, il était parvenu à s’isoler, pour ainsi dire, au milieu même de son isolement. En 1464, Louis XI réunit les États-Généraux à Tours, et six ans plus tard, une assemblée des notables (1470). En 1476, il reçut dans cette ville la visite du roi de Portugal, Alphonse V. Vers le même temps, il y fit fondre douze canons en bronze auxquels il donna le nom des douze pairs. Parmi les arts utiles qu’il introduisit en France, il ne faut pas oublier l’imprimerie. Dès 1463, Nicolas Jenson, maître de la monnaie de Tours, fut envoyé à Mayence pour y découvrir à tout prix le secret des Faust et des Gutenberg. Jenson réussit, après un séjour de quatre ans en Allemagne, à se faire initier à cet art encore mystérieux ; mais, à son retour, il trouva le roi trop sérieusement occupé de nouer des intrigues et de déjouer celles de ses ennemis, pour en être favorablement accueilli. Jenson, n’espérant plus rien de ce côté, quitta la France et alla doter l’Italie du fruit de ses patients travaux. Ainsi fut enlevé à Tours l’honneur d’être le berceau de la typographie française. Les principales circonstances des dernières années du règne de Louis XI sont bien connues : au milieu des tristes préoccupations de sa politique, ce roi avait un cruel souci ; il craignait de voir la mort franchir les portes massives de sa retraite de Plessis-lez-Tours. Aucun sacrifice ne lui coûtait pour obtenir les secours de l’art ou les prières du clergé. L’église de Saint-Martin eut une large part dans ses libéralités : il lui fit don de « sa figure au naturel, à genoux, avec son coussin, ses ornements royaux et son bonnet enrichi de pierreries. » Cette statue était en argent et pesait cent vingt-six marcs deux onces. Il déposa aussi sur le tombeau du saint le modèle en vermeil du château de la Guerche, et le profil en relief de son manoir de Plessis-lez-Tours. Ces deux objets pesaient plus de soixante-dix-huit marcs. Enfin, il substitua au treillis en fer du tombeau de saint Martin, une grille en argent pesant six mille sept cent soixante-seize marcs. En 1482, recourant à l’intervention d’un saint qui était encore de ce monde, il fit venir à Tours un ermite calabrais, François de Paule, fameux par l’austérité de son caractère et la sainteté de sa vie. Le bon homme, comme on l’appelait, fut logé dans une dépendance du château, où il fonda un couvent de minimes. Ses prières ne purent prolonger les jours de Louis XI, qui mourut au Plessis, le samedi 30 août 1483. Charles VIII eut pour la Touraine l’affection d’un fils. Presque tous ses enfants, comme ceux de Louis XI son père, et comme ceux de son successeur Louis XII, naquirent ou moururent dans cette province. A son avènement au trône, on réunit à Tours, dans la grande salle de l’archevêché, les États-Généraux de 1483 ; les traditions des libertés nationales y reparurent toutes puissantes dans Philippe Pot et Jean Masselin, les deux plus éloquents interprètes de la noblesse et du tiers-état. Louis XII visita Tours, en 1500, et y revint en 1506, pour l’ouverture des États-Généraux. Cette assemblée se réunit dans la grande salle du château du Plessis : elle décerna au roi, assure un historien, le titre de père du peuple. Louis XII autorisa la ville à prélever un droit d’octroi, afin de subvenir aux frais que lui occasionna l’établissement de ses premières fontaines publiques (1508). François Ier eut de grands projets pour l’agrandissement et les fortifications de Tours. « La cour résidant habituellement en Touraine, il voulait, dit Chalmel, faire de cette ville, située au centre du royaume, une place plus forte et plus importante qu’elle n’avait été jusque-là. Il en fit dresser les plans et donna, en 1520, des lettres-patentes pour l’exécution de ces travaux ; mais l’embarras des affaires extérieures, et peut-être plus encore la pénurie des finances, ne permirent point d’exécuter ce projet. »
Avant de passer aux guerres de religion, Tours était devenue l’une des villes les plus industrieuses et les plus florissantes du royaume ; elle devait principalement cette prospérité matérielle à Charles VII et à Louis XI. En 1460, par lettres patentes du 6 mai, Charles, pour favoriser l’établissement des fabriques de draperies à Tours, avait accordé plusieurs privilèges aux tisserands. Il les exempta, pendant dix ans, des droits d’aide, de taille, de guet et de garde. La ville, s’associant aux efforts du roi, fit venir alors à ses frais deux maîtres drapiers, et leur accorda à chacun une avance de cinquante mille livres. L’esprit pénétrant de Louis XI comprit surtout le genre d’industrie qui convenait le mieux à Tours. En 1470, il y établit des fabriques d’étoffes de soie, de drap d’or et d’argent : aucun sacrifice ne lui coûta pour attirer les meilleurs ouvriers de Gênes et de Florence ; il les affranchit de la taille et de toute espèce d’imposition. Charles VIII confirma ces privilèges, au mois de mai 1497. Le préambule des lettres-patentes par lesquelles François Ier autorisa l’établissement de plusieurs foires dans la ville, est un important témoignage des rapides progrès de ces diverses industries. « Les habitants de Tours, » y lit-on, « sont occupés à divers métiers, arts et manufactures, tant de drap de soie, d’or et d’argent, que de plusieurs autres, et à cela tellement accoutumés et adressés avec un tel continuel soin, vigilance et travail, que ce qui se tirait à grands frais et difficultés des pays étrangers est aujourd’hui fait, tissu et composé en ladite ville en si grande abondance, que le demeurant de notre royaume s’en trouve grandement fourni, et en demeure à nous et à nos sujets un profit grand et incroyable ; d’autant plus, que la plupart de l’argent qui se délivrait aux étrangers pour le recouvrement desdites marchandises, et se portait hors notre royaume, demeure présent dans le corps d’icelui, etc. » Ne dirait-on pas qu’il s’agit ici de la ville de Lyon ? La population avait augmenté à Tours, aussi rapidement que la richesse publique : vers la fin du XVIe siècle on n’y comptait pas moins de quatre-vingt mille âmes. Aussi le gouvernement lui avait-il accordé, en 1563, une juridiction consulaire. Les guerres de religion arrêtèrent l’essor de l’industrie et du commerce de Tours. Gerbault et de l’Épine, l’un ancien prieur, l’autre ancien moine de l’ordre de Saint-Augustin, répandirent les doctrines de Luther et de Calvin dans cette ville, vers 1552. Elles y firent de si grands progrès, en quelques années, que presque tous les Tourangeaux professaient les nouvelles idées lorsque François II visita leur capitale, en 1560. Les magistrats et les principaux de la ville, à quelques exceptions près, favorisaient le parti protestant. Telle était la situation de Tours quand le prince de Condé s’en empara, le 2 avril 1561. Ce fut le signal de tous les désordres et de tous les excès. Les couvents, les églises furent envahis et dépouillés ; le trésor de la basilique de Saint-Martin perdit toutes ses richesses (Les richesses réelles du trésor de Saint-Martin consistaient, sans les pierreries, en 1092 marcs d’argent, et en 777 marcs d’or. Dans cette évaluation la grille donnée par Louis XI n’était point comprise, François Ier l’ayant fait enlever pour subvenir aux frais de la guerre d’Italie. ) : les perles, les diamants, toutes les pierreries enfin, qu’on en tira, produisirent mille quatre-vingt douze marcs d’argent et cent treize marcs d’or. Quand il n’y eut plus rien à prendre, on dévasta pour le plaisir de détruire, on brûla, on jeta au vent les reliques des saints. Dans le pillage de l’abbaye de Saint-Martin, les profanateurs ne respectèrent ni le tombeau ni la châsse du saint. Le corps de François de Paule, tiré de la tombe où il reposait, fut livré aux flammes. Tous les ecclésiastiques reçurent l’ordre de quitter la ville, dans les vingt-quatre heures ; ceux qui restèrent furent exposés aux plus cruels traitements. Ces affreux désordres allumèrent dans l’âme des catholiques un sentiment de vengeance qui trouva bientôt l’occasion de se satisfaire. Le roi de Navarre ayant ordonné au prince de Condé de retirer ses troupes de la ville, les catholiques y firent pendant plusieurs jours un horrible massacre des protestants. Des hommes d’un rang élevé périrent dans cette sanglante réaction. Quand on n’égorgeait pas les religionnaires, on les conduisait aux bords de la Loire pour les noyer ; liés dos à dos par couples, ou attachés par dizaine à des perches, ils étaient précipités dans la rivière (1562). La capitale de la Touraine eut ainsi ses noyades religieuses, longtemps avant les noyades révolutionnaires de Nantes.
Du 16ème au 19ème siècle Sous le règne de Henri IV, on reprit le projet de fortifier Tours : on ne comprenait pas que le rôle militaire de cette ville était fini et que le gouvernement royal s’en éloignait pour toujours. D’après des lettres patentes du mois d’avril 1591, et un arrêt du conseil du 10 mars 1616, de grands travaux furent exécutés pour mettre la ville en état de soutenir un siège. Il ne reste aujourd’hui aucune trace de ces fortifications. La régente, Marie de Médicis, et Louis XIII, visitèrent les rives de la Loire ; mais ils ne s’y arrêtèrent pas longtemps. La royauté ne pouvait plus sans péril s’éloigner ni s’isoler de Paris. Toute la force du gouvernement de la France devait être désormais dans l’unité du pouvoir et dans le principe de la centralisation. Depuis le retour de la paix, l'industrie locale s’était heureusement remise des coups terribles que lui avaient portés les guerres de religion. Les manufactures atteignirent un tel degré de perfection que, sous le ministère du cardinal de Richelieu, on préférait, non-seulement en France, mais dans tous les pays de l’Europe, les soieries de cette province à celles de l’Angleterre et de Gênes. On comptait, dans la seule ville de Tours, vingt mille ouvriers en soie ; plus de quarante mille personnes y étaient employées au dévidage, à l’apprêt et au tissage. Le nombre des métiers servant à la fabrication des étoffes s’élevait à huit mille, et celui des moulins à dix-sept cents. Tours était à la fois ce que sont aujourd’hui Lyon et Saint-Étienne : à ses manufactures de soie elle avait ajouté des fabriques de rubans ; dans son enceinte et dans ses environs, la rubanerie employait trois mille métiers. On n’estimait pas à moins de dix millions, monnaie du temps, la valeur des étoffes et des rubans que produisait annuellement la population industrieuse de la province ; et Tours, dans cette évaluation générale, figurait au moins pour les deux tiers. Mais le moment approchait où plusieurs causes devaient amener la ruine de l’industrie manufacturière des Tourangeaux. La première fut l’obligation qu’on imposa aux fabricants de Tours d’acheter sur les marchés de Lyon les soies dont ils avaient besoin ; il en résulta une surcharge qui ne leur permit plus de lutter avec avantage contre les produits des autres fabriques, françaises ou étrangères. Enfin, la révocation de l’édit de Nantes, en forçant les maîtres et les ouvriers à déserter la ville, vint jeter la désorganisation et la ruine dans ses nombreux ateliers. On estime à plus de trois mille le nombre des familles protestantes qui portèrent leur industrie et leurs capitaux en Hollande, en Allemagne, en Angleterre. Quinze années après, Tours n’était plus reconnaissable. La population générale était descendue de 80,000 âmes à 33,000. Sur quarante mille ouvriers en tous genres, il en restait à peine quatre mille ; au lieu de huit mille métiers, il y en avait tout au plus douze cents. Ce résultat parut effrayant aux successeurs de Louis XIV. Le XVIIIe siècle se passa en efforts impuissants pour reconstituer l’industrie de la capitale de la Touraine. On y encouragea, par tous les moyens, la culture du mûrier ; on y attira des fabricants de damas et de velours : mais toutes ces tentatives échouèrent ou eurent peu de succès. Grâce à la modération et à la réserve qui sont les caractères distinctifs de ses habitants, la révolution de 1789 s’accomplit à Tours sans violences comme sans entraînement. L’accord et la sagesse des esprits préserva la province des luttes des partis et des réactions sanglantes ; elle n’eut à s’affliger ni des excès des pouvoirs politiques, ni de l’effusion du sang. Sous l’Empire, aucun événement remarquable ne se passa dans le chef-lieu du département d’Indre-et-Loire. En 1815, après le désastre de Mont-Saint-Jean, l’armée française, dans son mouvement de retraite, se replia sur cette cité ; ce fut là que s’accomplit le licenciement d’une partie de nos braves soldats.
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