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Auxerre le long de l'Yonne vers 1830, gravure de Rauch
extraite du Guide pratique du voyageur en France - 1838
(collection personnelle).
Texte extrait du Dictionnaire de toutes les communes de France - éd. 1851 - Augustin Girault de Saint Fargeau Autrefois évêché, capitale de l’Auxerrois, parlement de Paris, intendance de Dijon, gouvernement particulier, bailliage, présidial, prévôté royale et mairie, 12 paroisses, 15 couvents ou abbayes.
Histoire L’origine d’Auxerre remonte à une époque très reculée. Sous la domination romaine, cette ville était déjà célèbre sous le nom d'Autissiodurum. Ammien Marcellin, est le premier auteur qui fasse mention d'Autissiodurum, dont la position à Auxerre se trouve prouvée non-seulement par l’histoire, mais encore par les mesures d’une route romaine détaillée dans l’Itinéraire d’Antonin et dans la Table de Peutinger, et qui se rattache à Agendicum, Sens, et Augustodunum, Autun, route dont les vestiges existent encore Les Sarrasins s’emparèrent d’Auxerre en 732. Les Normands pillèrent cette ville et la brûlèrent en partie en 887. Plusieurs incendies la détruisirent presque entièrement en 1035, 1075, 1209 et en 1216. Les Anglais la prirent d’assaut le 10 mars 1359, et y commirent de grands ravages. En 1567, les calvinistes s’en rendirent maîtres et détruisirent les églises, les monastères, les images, les autels, les châsses, et jetèrent les reliques dans la boue. Auxerre embrassa le parti de la Ligue, et fut une des dernières cités qui se rendit à Henri IV. Les habitants embrassèrent avec passion le parti catholique, et se livrèrent à toutes les fureurs du fanatisme religieux. Amyot était alors évêque d’Auxerre, et l’on peut lire dans ses lettres ce qu’il souffrit alors, quoiqu’il eût fait plus peut-être que tous ses devanciers pour embellir Auxerre, et particulièrement ses églises. Le nom de cette ville a subi de nombreuses altérations, surtout dans les manuscrits étrangers, où l’ignorance des copistes l’a singulièrement défigurée. Il est écrit Altissiodor, sur les monnaies des évêques ; AVTIZIODERO CI, sur l'exergue d’une pièce d’argent très ancienne ; AVTISIODRO CIVITAS, AVTI- SIODIRO, AUTISSIODERUM, AVTISSIO- DVRVM, sur des deniers frappés sous la seconde dynastie ; et dans la Table de Peutinger AVTESSIODVRVM. Sous le règne de Louis IX, le comte Guillaume avait, avec l’agrément du roi, accordé le privilège de commune à la ville d’Auxerre. L’évêque, s’opposant à cette nouvelle constitution, se plaignit du tort qu’elle lui faisait, et vint plaider à la cour du roi. L’historien qui nous instruit de ces circonstances ajoute : « Ce n’est ni sans péril, ni sans grandes dépenses ; car l’évêque encourut presque l’inimitié du très-pieux Louis, qui lui adressa ce reproche : « Vous voulez donc me ravir, à moi et à mes héritiers la cité d’Auxerre ? » Car il regardoit comme siennes les villes où les communes étoient établies. » L’évêché d’Auxerre, érigé au IIIe siècle, reconnaissait pour son premier évêque saint Peregrin ; il y avait été envoyé, en 261, par le pape Sixte II, et fut martyrisé sous Aurélien, en 263. Cet évêché jouissait avant la révolution de plus de 33,000 livres de revenu ; taxe, 4,400 florins. Paroisses, 238. Abbayes, 6 : revenu, 40,000 livres ; taxe, 1,900 florins. L’évêque entrait aux assemblées des états de la province, et prenait la qualité de comte d’Auxerre. Lacurne de Sainte-Palaye rapporte qu’en 1531 un certain d’Inteville, évêque d’Auxerre, fut condamné (on ne dit pas à quelle peine) pour avoir fait crucifier un de ses gardes, qui avait vendu à son insu quelques oiseaux de fauconnerie. Il s’est tenu à Auxerre trois conciles, en 578, 697 et 841. Les armes d’Auxerre sont : d’azur semé de billettes d’or, au lion d’or brochant sur le tout.
La ville d’Auxerre est dans une situation agréable, au milieu d’un riche vignoble dont les produits jouissent d’une réputation méritée, et dont les plus estimés sont ceux des coteaux de Migraine et de la Chaînette. Elle est bâtie I au sommet et sur le penchant d’une colline qui s’abaisse jusqu’au bord de l’Yonne, qui y forme un port commode et très fréquenté, vis-à-vis duquel se trouve une île, ombragée de bouquets d’arbres et occupée par des moulins dont l’aspect est on ne peut plus pittoresque. Dans l'intérieur, ou trouve plusieurs beaux quartiers, des rues larges et bien percées, et quelques constructions modernes qui ne sont pas dépourvues d’élégance. Le quai qui borde l’Yonne est bordé de maisons en général assez bien bâties : une promenade en forme de boulevards enceint la ville jusqu’au quai. Dans le quartier le plus élevé se trouve une fort belle fontaine publique, dont les eaux, provenant de sources situées sur les coteaux voisins, sont amenées par des conduits souterrains.
La cathédrale, dédiée à saint Etienne, est un des plus beaux édifices gothiques qui existent en France. Cette grande cathédrale a 100 m de long sur 40 m de large ; les voûtes ont 33 m d’élévation sous clef, et la tour 61 m au-dessus du sol. On ne peut se lasser d’observer la grandeur et la régularité des masses, la perfection des détails, la légèreté, l’élévation et le grand nombre des colonnes ; les moulures qui accompagnent les piliers, les roses, les ogives ; enfin cette variété étonnante d’ornements, de figures, de plantes et de bas-reliefs qui décorent les murs. Les vitraux sont principalement l’objet de l’admiration des étrangers ; on en trouve peu aussi bien conservés.
L’église St-Eusèbe, fondée en 640, fut consacrée en 1384. Le sanctuaire est d’une construction hardie : il a été commencé en 1530 ; c’est un mélange d’architecture arabesque et romaine. Le clocher, construit en pierres de taille, présente un aspect agréable et pittoresque,
L’église St-Pierre fut commencée vers la fin du XVIe siècle et achevée en 1672 ; elle est remarquable par son étendue et par sa régularité. C’est un heureux assemblage des architectures arabesque et romane. Les voûtes en ogive sont portées par dix-sept colonnes et trente-trois pilastres d’ordre corinthien. La tour est beaucoup plus ancienne : on lisait naguère une inscription indiquant que les fondements en avaient été jetés le 6 juin 1536. Cette tour est couverte de statues et d’arabesques : on y remarque les figures des apôtres prêchant au peuple l’Évangile écrit sur des rouleaux. L’église St-Germain dépendait de l’ancienne abbaye royale de St-Germain, dont la fondation remonte avant l’année 623. L’architecture de celle église est très belle ; les piliers et les voûtes ont un air de grandiose qui frappe au premier aspect. L’église souterraine est extrêmement curieuse ; elle renferme les tombeaux de soixante saints, d’un grand nombre d’évêques et de martyrs du premier siècle du christianisme : un énorme tombeau, placé au centre de cette vaste et sombre demeure de la mort, est principalement en grande vénération : c’est celui de saint Germain, à qui les Parisiens ont dédié l’église de St-Germain-l’Auxerrois. A gauche de la porte d’entrée de cette crypte, un escalier conduit à une seconde église souterraine construite sous la première ; on y voit les tombes en grès de trois comtes d’Auxerre. Les bâtiments de l’ancienne abbaye sont occupés aujourd’hui par l’Hôtel-Dieu, l’un des plus beaux établissements en ce genre que possède la France. L’hôtel de la préfecture est l’ancien palais épiscopal. La façade sur la rue est remarquable par des ornements d’architecture d’un très bon goût. Cet édifice, ainsi que la cathédrale, a été classé par le ministre de l’intérieur au nombre des monuments historiques.
L’horloge d’Auxerre mérite une attention particulière. Elle est établie sur la porte de la cité, contiguë aux bâtiments de l’ancien château des ducs de Bourgogne, et la sonnerie est placée dans la tour de cette porte, nommée la Tour gaillarde.
La bibliothèque publique est placée dans les bâtiments de l’ancienne abbaye de St-Marien. Elle contient environ 25,000 volumes, et près de 200 manuscrits, dont quelques-uns sont du IXe siècle ; un cabinet d’antiques et d’histoire naturelle ; des momies d’enfants et d’ibis, des armes et d’autres objets curieux, rapportés du Levant par M. le baron Grand-d’Enon, qui les a donnés à la ville avec une collection de médailles grecques, trouvées dans sa terre d’Enon, près de Brinon. On remarque encore à Auxerre : le collège ; une jolie salle de spéciale ; les promenades qui entourent une partie de la ville ; le jardin de botanique, formé en 1827 ; les casernes ; le haras, etc. Industrie. Sous le règne de Louis XIV, plusieurs manufactures royales furent établies à Auxerre par Colbert. Le commerce actuel consiste en bois flotté, dont plus de cent mille cordes passent par ou devant cette ville pour l'approvisionnement de la capitale ; en charbons très estimés, merrain, briques dites de Bourgogne, et surtout en vins du territoire, assez estimés dès le VIe siècle. Après les vendanges, 120,000 tonneaux environ sont embarqués, sur le port, pour Paris et la Normandie. Le tonneau du pays qu’on nomme communément feuillette, contient 148 litres. On fabrique à Auxerre des futailles, de la bonneterie, de la chapellerie, des cordes à violon, des gros draps, des couvertures de laine, de la faïence. Cette ville possède une manufacture d’ocre jaune et rouge, de rouge dit de Prusse, de blanc dit de Meudon et de craie blanche, des brasseries et des tanneries renommées. Auxerre est à 168 km S.-E. de Paris pour les relais de poste et la taxe des lettres. Longitude orientale 1’14' 30", latitude 47° 47' 54". L’arrondissement d’Auxerre est composé de 11 cantons : Auxerre E., Auxerre O., Chablis, Coulange- la-Vineuse, Coulange-sur-Yonne, Courson, Ligny-le-Château, St-Florentin, St- Sauveur, Seignelay, Toucy et Vernianton.
Biographie.
Bibliographie.
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