Extrait de "La Suisse pittoresque"
ouvrage édité vers 1830, d'Alexandre Martin,
extrait d'un des très rare exemplaire (hélas incomplet) illustré en couleur
Des 15 descriptions de canton qui composent l'ouvrage, sont actuellement publiées sur ce site :
ESQUISSE HISTORIQUE.
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Dès les temps les plus reculés, les Suisses (Helvétiens) formaient une nation indépendante, libre et se gouvernant elle-même. L’histoire des Helvétiens sous la république romaine est peu connue. Sauvages et guerriers comme les Gaulois et les Germains, leurs voisins ils se joignirent aux uns pour envahir l’Italie, sous le règne de Tarquin l’Ancien aux autres, dans leurs marches dévastatrices à travers l’Italie et la Gaule, du temps de Marius. Un demi-siècle plus tard, César les défait. Ce peuple passe sous le joug romain, et sa servitude est le résultat de son ignorance dans l’art militaire. La nation, qui se composait alors de plus de 350,000 âmes, en y comprenant les vieillards et les enfants, s’avança jusqu’à Genève pour pénétrer dans le pays des Allobroges. Malheureusement César avait fait garder les ponts et tous les passages du Rhône. Cette population héroïque, forcée de déboucher sur la Bresse par les trois chemins de la Cluse, arriva sur les bords de la Saône où César la battit et la défit complètement. Cent mille Helvétiens obtinrent seuls de revoir leur patrie tous les autres arrosèrent de leur sang le champ de bataille. Dès-lors, l’Helvétie fut incorporée dans le grand empire et ses habitants, jadis indépendants perdirent sous la domination romaine jusqu’au nom qu’ils portaient.
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Rome alors, comme c’était sa coutume, fit occuper la contrée conquise par de nombreuses légions. On trouve des traces du long séjour des Romains dans beaucoup de villes de la Suisse à Genève, à Nyon à Avenche, à Zürich, à Windisch.
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Les Romains embellirent quelques-unes de ces cités. Avenche vit s’élever dans ses murs des naumachies, des obélisques, des colonnes des temples, des autels, des thermes, dont les débris épars sur le sol font encore aujourd’hui l’admiration des artistes et des archéologues. Windisch devint le quartier d’hiver des troupes romaines. Vespasien et Titus, des généraux renommés résidèrent quelque temps dans la colonie mais le colosse romain se brisait de toutes parts.
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A la fin du troisième siècle, les Bourguignons et les Allemands envahissent l’Helvétie incendient ou détruisent Winterthur, Windisch, Avenche : tour à tour vainqueurs et vaincus, ils se reforment aussitôt qu’ils sont détruits, ils n’ont plus affaire aux vieilles légions de César, le luxe, la mollesse ont affaibli leurs ennemis. Cependant Constance Chlore parvient à chasser ces Barbares de l’Helvétie, une grande bataille est livrée auprès de Windisch, les Romains sont vainqueurs. Constance pour préserver ses frontières, fait construire la ville qui porte son nom, sur les bords du lac qu’on a nommé la Mer de Souabe. Le fils de Constance, Constantin le Grand transporte le siège de l’empire dans l’Orient. L’Occident échoit à d’imbéciles lieutenants dont la lâcheté ouvre une seconde fois les portes de l’Helvétie aux Barbares. Julien un moment les refoule au-delà du Rhin mais après sa mort paraît sur la scène un peuple terrible, les Huns, qui couvrent l’Helvétie de cendres et de ruines. Déchiré ainsi de tous côtés ce malheureux pays tombe enfin sous la domination des Bourguignons, grande nation dont les lois, les mœurs, étaient dignes d’un siècle plus éclairé. Toute la partie de la Suisse située à l’orient de la Reuss reste dans les mains des Huns et des Allemands.
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Genève devint la résidence des rois de Bourgogne. Sous ces monarques, la Suisse jouit d’une grande liberté elle était heureuse elle ne payait que peu d’impôts. Bientôt les victoires des Francs vinrent l’arracher à cette douce tranquillité. Après la bataille de Tolbiac, le royaume de Bourgogne, enveloppé de toutes parts par la puissante monarchie des Francs, fut obligé de commencer une lutte, où, plus faible, il dut succomber. Gondemar, le dernier des rois bourguignons, défait, en 534, par les fils de Clovis, mourut captif. Les vainqueurs se jetèrent sur ses états comme sur une proie, et la Suisse perdit de nouveau son indépendance : la Suisse occidentale releva des rois d’Orléans, et la Suisse orientale des rois d’Austrasie.
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L’histoire de ce pays n'offre plus pendant quelque temps qu’un spectacle sans grandeur et sans intérêt. Traversée de toutes parts par des bandes armées qui pillaient et rançonnaient les habitants, et ne formant plus un état complet, la Suisse ne pouvait plus se défendre : il fallait subir le joug de chaque aventurier assez fort pour le lui imposer. C’est alors que s’élèvent ces monastères si long-temps l’asile protecteur du faible ou du pauvre contre l’insolence du riche ou le despotisme du soldat ; c'est alors que le clergé prend une belle place dans l'histoire helvétique, en essayant de civiliser les Barbares et d’adoucir les mœurs de la contrée. Saint-Gall et saint Colomban viennent de la Grande-Bretagne prêcher le christianisme dans la Suisse orientale, où ils fondent l’église célèbre de Saint-Gall. L’abbaye de Pfeffers, au huitième siècle, conserve quelques étincelles du feu sacré des lettres qui menaçait partout de s’éteindre. Zürich prend un grand accroissement et devient la résidence d’un comte qui gouvernait les provinces voisines au nom de Charlemagne. Les petits-fils de cet empereur ne purent long-temps conserver la conquête de leur père : leur faiblesse leurs rivalités, amenèrent, en 879, la fondation du royaume d’Arles. Boson, fils d’un comte des Ardennes, est choisi par les grands et par les évêques pour régner sur les Alpes sur les provinces du Rhône et sur la Suisse occidentale. L’empire d’Occident se démembre de nouveau.
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En 888, Rodolphe Ier, de la famille des comtes de Stratlingen sur les bords du lac de Thun soumet la Bourgogne Transjurane, fonde le second royaume de Bourgogne et va établir le siège de son empire à Payerne. Sous ce roi et sous quelques-uns de ses successeurs le pays respire et se relève de ses ruines. Rodolphe II épouse Berthe, fille d’un des ducs de Souabe. Les Suisses conservent encore le souvenir de cette reine, qui fut l’amie des pauvres, qui fit de grands dons au clergé, fonda des églises, et qui filait elle-même ses vêtements. Vufflens, près de Morges, ce beau château qu’habita si long-temps madame de Montolieu Champvent, près d’Yverdon furent bâtis par la reine Berthe, dont les restes ont été, dit-on, naguère trouvés à Payerne.
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Rodolphe III fut un prince sans courage. En mourant, il laissa ses états à l’empereur Conrad, son neveu. Alors éclata une guerre cruelle entre ce prince et Eudes, comte de Champagne, qui avait des droits sur le royaume de Bourgogne. La mort d’Eudes tué sur le champ de bataille mit fin à cette longue contestation, et Conrad, couronné à Genève par l’archevêque de Milan, fut maître d’un royaume qui s’étendait au nord jusqu’en Allemagne et au centre de la France, et au midi, jusqu’à la Méditerranée, en Provence.
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Bientôt ce grand empire se démembra. Il eût fallu une main de fer pour contenir une foule de princes, de grands vassaux, qui cherchaient à se rendre indépendants. Les ducs de Zæringen y réussirent les premiers : nous les voyons, en 1081 obtenir le Brisgau, la Forêt-Noire, une partie du canton de Zürich, et plus tard, tous les pays qui s’étendent à l’est, le long de la chaîne du Jura, et la plus grande partie de l’ancienne Helvétie.
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L’histoire n’a que des éloges à donner à ces princes hommes de cœur, protecteurs des lettres et à qui l’on doit la fondation des villes de Fribourg et de Berne.
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Zürich , Bâle, Genève, Soleure, Schaffhouse, prennent, rang, parmi les, villes importantes de l’Helvétie leur commerce est prospère, leurs relations étendues. Mais divisée morcelée en plusieurs états, la Suisse est alors à chaque instant le théâtre de contestations sanglantes une foule de petits souverains s’y disputent le pouvoir. L’illustre maison de Zæringen s’éteint en 1218 ; les maisons de Souabe et de Kybourg disparaissent bientôt aussi. C’est alors qu’on vit s’élever sur les ruines de ces deux maisons puissantes la famille de Habsbourg.
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Rodolphe fut un maître dont le joug fut doux et léger. Illustre dans la guerre d’une expérience consommée dans l’administration de ses domaines, ce prince peut être regardé comme un des plus grands hommes de son époque. Si ses successeurs eussent comme lui respecté les privilèges de la nation, donné, l’exemple des bonnes mœurs, traité leurs sujets en pères plutôt qu’en maîtres, la maison de Habsbourg régnerait encore sur la Suisse. Malheureusement le fils de Rodolphe, Albert d’Autriche, voulut joindre l’Helvétie à ses états et obliger les habitants à le reconnaître comme leur souverain immédiat et héréditaire. Berne et Zürich refusèrent de courber sous le joug, Saint-Gall et Glaris furent contraints de s’y soumettre, Schwytz, Uri et Unterwald attendirent le moment favorable pour le briser à jamais. Ces derniers faisaient partie des cantons forestiers, que leurs montagnes et leurs épaisses forêts avaient jusqu’alors mis à l’abri de la convoitise de l’étranger. C’était un peuple de pasteurs retirés dans leurs solitudes, soumis aux lois, vassaux obéissants des empereurs, mais attachés de cœur et d’âme à leurs privilèges, aussi anciens que leurs montagnes. Ils élisaient eux-mêmes leurs juges ; ils nommaient leurs landammanns et avaient des assemblées annuelles où s’exerçaient leurs droits de peuple libre. Cette liberté l’empereur Frédéric II l'avait reconnue dans un diplôme solennel en 1240.
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Albert d’Autriche voulut faire fléchir ce peuple indomptable ; il envoya pour les soumettre quelques-uns de ses lieutenants : Landenberg dans l’Unterwald, et Gessler dans le canton d’Uri. Retirés l’un et l’autre dans des châteaux-forts ils tyrannisaient les habitants de ces contrées et bravaient leur haine et leurs plaintes. Ce joug était devenu insupportable. On murmurait hautement. Walter Fürst, d’Uri ; Werner Stauffacher, de Schwytz ; et Arnold de Melchthal, d’Unterwald résolurent de délivrer leur patrie. Vers la fin de 1307 ils traversèrent le lac des Quatre-Cantons, gravirent le Grütli, accompagnés chacun de dix amis dont la fidélité était à toute épreuve. Là ces trente-trois grands citoyens firent serment de défendre leurs privilèges, et arrêtèrent le plan de leur délivrance future. Nul d’entre eux ne songeait encore à affranchir entièrement son pays : leur désir était de s’assurer à eux-mêmes et de transmettre à leur postérité la liberté qu’ils avaient héritée de leurs pères. Le Grütli devint le berceau de l’indépendance helvétique.
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Gessler avait fait placer au sommet d’une pique un chapeau autrichien que chaque habitant était obligé de saluer en passant, comme le gouverneur lui-même, ou l’empereur dont il tenait la place. Un des patriotes du Grütli, Guillaume Tell, le gendre de Walter Fürst, refusa énergiquement de se soumettre à cet acte d’humiliation et de tyrannie. On connaît son histoire... Arrêté par ordre de Gessler, condamné à abattre d’un coup de flèche une pomme placée sur la tête de son fils, il obéit et enleva la pomme. Il tenait cachée sous ses vêtements une seconde flèche : Gessler l’aperçoit et lui demande ce qu’il prétendait en faire. « T’en percer le cœur, répond Tell, si j’avais eu le malheur de tuer mon enfant. " Il est arrêté de nouveau, chargé de fers jeté dans une barque pour être conduit au château de Küssnacht mais un orage violent s’élève et va submerger l’embarcation. Tell était un batelier habile on lui ôte ses chaînes il saisit la rame et, malgré la tempête, il guide heureusement le bateau sur une pointe de rocher qui porte depuis le nom de Tell's-Platte. Il s’élance sur ce bord libérateur, en repoussant du pied l’esquif au milieu des flots il traverse le canton de Schwytz, va se cacher dans un chemin creux guettant Gessler qui ne tarde pas à passer, le perce d’une flèche, le tue, et échappe aux satellites de l’infâme gouverneur.
Guillaume Telle bravant l'ordre de Gessler
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Ce fut le signal de l’insurrection. Il fallait prévenir les Autrichiens... Le premier jour de l’année 1308 les conjurés s’introduisent par ruse dans le château de Wolfenchiess, dont une jeune fille leur a ouvert Les portes, Le même jour le château de Landenberg tombe en leur pouvoir, et le dimanche suivant tous les hommes libres des trois cantons se lèvent en masse, jurant de mourir pour la défense de leurs droits, qu’ils regardent comme, plus précieux que la vie. Aucune goutte de sang ne souille les vainqueurs. Les Autrichiens désarmés sont reconduits à la frontière sans nul mauvais traitement. Si l’Autriche eût écouté la voix de la sagesse elle eût maintenu les privilèges de ces braves paysans mais elle préféra en appeler à la force brutale, et au lieu d’une insurrection ce fut une révolution complète qui s’opéra.
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Peut-être les confédérés eussent-ils payé bien cher leur noble audace si l’empereur Albert, qui avait jure de les châtier, ne fût mort dans le même temps, assassiné par son neveu Jean d’Autriche. Plus sage, Henri VII de Luxembourg, son successeur sur le trône impérial, essaya les voies de douceur et respecta les privilèges des trois cantons. Mais son règne fut trop court, et sa mort, qui eut lieu en 1313, laissa une libre carrière aux projets oppresseurs des enfants d’Albert. Léopold, l’un d’eux, jura de venger la mémoire de son père et d’écraser ces paysans orgueilleux qui avaient osé braver la puissance de sa maison. Il ne s’en tint pas aux menaces : il leva une armée nombreuse, et, suivi de l’élite de sa noblesse il vint pour enchaîner les cantons révoltés mais tout son orgueil expira à Morgarten, où 2,500 cadavres autrichiens jonchèrent le champ de bataille, et où 11 de ses bannières tombèrent aux mains des vainqueurs.
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Après ce grand triomphe obtenu par moins de 1,300 paysans, sur une armée de 15,000 hommes, les confédérés se rassemblèrent à Brünnen dans le pays de Schwytz, pour y renouveler leur pacte d’union, et des fêtes patriotiques furent instituées pour célébrer la délivrance de la patrie.
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La bataille de Morgarten avait porté un coup funeste à la puissance autrichienne. Son sang le plus pur y avait coulé ; elle était trop affaiblie par cette funeste journée pour tenter de nouvelles attaques ; d’ailleurs l’Allemagne l’occupait elle-même assez. Une trêve fut accordée aux Waldstettes, et à cette trêve succéda un long repos que les confédérés employèrent à établir les bases d’une sage constitution.
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En 1330, Schwytz Uri et Unterwald se réunissent à Zürich et s’emparent de la vallée Léventine qui relevait du chapitre de la cathédrale de Milan. En 1332, Lucerne demande à entrer dans la confédération. C’était une ville puissante et dont la conquête était avantageuse à des cantons qui n’étaient formés que de villages et de hameaux. Aussi les ducs d’Autriche s'opposèrent-ils de toutes leurs forces à cette adoption. Un demi-siècle ils luttèrent contre Lucernois, employant la ruse la force ouverte, la trahison ; efforts inutiles ! Une seconde fois la cause de la liberté triompha. Las d'une guerre ruineuse ils consentirent à en appeler à l’arbitrage de Zürich, de Berne et de Bâle qui se prononcèrent contre la maison d’Autriche. L’indépendance : de Lucerne fut reconnue.
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Une fois en possession de la liberté, voyons comment les Waldstettes en étendirent la conquête.
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Il leur fallait pour alliées des villes puissantes qui présentassent à leurs ennemis autant de boulevards impénétrables. Zürich alors était renommée en Suisse pour son industrie ses richesses et sa population. On lui fit des propositions mais elle ne put les écouter, car elle était dans le même temps travaillée par des dissensions intestines.
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Un homme du peuple, Rodolphe Brun habile et intrépide, excita ses concitoyens à la révolte, chassa les magistrats et établit une espèce de gouvernement démocratique divisé en quatorze tribus. Cet état de choses dura jusqu’en 1351, qu’une contre-révolution s’opéra ; alors Zürich calme, consentit à entrer dans l’alliance qu’on lui proposait : elle stipula seulement qu’elle tiendrait le premier rang. On convint que si quelque différend s’élevait, des commissaires se réuniraient à Einsiedeln et les termineraient à l’amiable.
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A la tête des villes qui dès leur fondation s’étaient fait remarquer par leur ardent amour pour la liberté, leur courage à maintenir leurs droits et leurs privilèges, Berne tenait sans contredit le premier rang. Avant toutes les autres elle s’était érigée en république, et ses habitants, composés on partie de familles nobles, bravaient la colère et les efforts des princes autrichiens qui voulaient l’asservir ou la détruire. En 1339, seule on la vit, sous la conduite d’un de ses plus vaillants généraux Rodolphe d’Erlach et à l’aide d’une poignée de braves que lui avaient envoyés les Waldstettes résister à une armée formidable formée d’Autrichiens et de troupes suisses qui n’avaient point encore accédé à la confédération. Laupen la délivra... Quatre-vingt-quatre casques couronnés, vingt-sept bannières de seigneurs et de villes, furent le fruit de cette brillante journée qui assura sa tranquillité.
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Au malheur de la guerre civile se joignit bientôt pour la Suisse un fléau plus redoutable encore. La peste qui désola l’Europe en 1348 exerça de cruels ravages dans les montagnes helvétiques. On ne trouvait pas assez de prêtres pour secourir les mourants, de fossoyeurs pour enterrer les morts, de cimetières pour recevoir les cadavres. On accusait les Juifs et on les brûlait publiquement.
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Mais l’Autriche n’avait pas renoncé à ses prétentions. Elle mit en campagne de nouvelles armées et porta la guerre dans le canton de Zürich. Glaris et Zoug, attaqués séparément, sollicitèrent l’appui des confédérés ; ils l’obtinrent et firent dès-lors partie de la ligue helvétique. En 1352, une armée de 30,000 fantassins et de 4,000 cavaliers menaçait Zürich ; son héroïque résistance, le patriotisme de ses voisins qui s’étaient hâtés de voler à son secours, décidèrent l’électeur de Brandebourg à proposer une trêve qui fut acceptée.
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Il est malheureux pour l’honneur de Berne qu’elle se soit liguée en cette circonstance avec les ennemis du nom helvétique, et qu’elle ait marché dans leurs rangs. Elle ne tarda pas à se repentir, et sollicita d’entrer dans l’alliance. Sa demande fut longtemps discutée à Lucerne. Néanmoins le 6 mars 1353 Berne fit partie de ces huit petits états connus sous le nom d’anciens cantons de la ligue helvétique.
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Chaque fois que la Suisse obtenait la paix, elle savait mettre à profit le repos qui lui était accordé, et s’agrandissait par quelques acquisitions importantes. Fribourg et Bâle devinrent aussi les nouveaux alliés de la confédération.
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Nous allons voir reparaître l’Autriche et cette fois avec des bataillons plus nombreux. En 1386, Léopold, arrière-petit-fils de Rodolphe de Habsbourg pénètre en Suisse traînant à sa suite une armée formidable. Bonstetten un des meilleurs capitaines du siècle, a été choisi pour diriger l'attaque. L’armée ennemie s’avance jusqu’à Sempach. C’est là que se livre, le 9 juillet 1386, l’un des plus glorieux combats que puissent citer les annales helvétiques. Les confédérés étaient trois fois moins nombreux que leurs ennemis : ils n’hésitèrent pas pourtant à les attaquer et se précipitèrent avec la furie du lion sur les phalanges autrichiennes, qui reçurent le choc avec intrépidité... Tout le courage de ces braves vint expirer devant une muraille de piques. Ils chancelaient déjà quand un nouveau Décius, Arnold Winkelried, sort des rangs et s’écrie : « Compagnons ! je vais vous ouvrir un passage... Ayez soin de ma femme et de mes enfants. » Aussitôt il s’élance, saisit de ses bras longs et nerveux autant de piques ennemies qu’il peut en embrasser, et les abaissant sur sa poitrine, il les entraîne dans sa chute et ouvre ainsi à ses concitoyens une large brèche à travers les rangs ennemis. Les Suisses y pénètrent de toutes parts, et la victoire couronne leur courage. Léopold fut trouvé parmi les morts. Les vainqueurs rentrèrent dans leurs villages en chantant des cantiques de réjouissance.
Dévouement d'Arnold Winkelried à Sempach
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Une victoire plus merveilleuse peut-être, et non moins importante, est celle qu’une poignée de Glaronais remporta, près du village de Naefels, sur Jean de Verdenberg, général autrichien qui commandait un corps de 6,000 hommes, et auquel la trahison venait de livrer Wesen, au bord du lac de Wallenstadt. Chaque année les principaux habitants des diverses parties du canton se rendent encore sur le champ de bataille pour remercier l’éternel de cette victoire inespérée.
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L’Autriche avait éprouvé à ses dépens ce que peut enfanter de courage et de patriotisme l’amour de la liberté. Ici cessèrent ses tyranniques agressions. Les Suisses s’occupèrent de consolider leur alliance par de sages lois, et sans se reposer sur la crainte ou le respect de leurs ennemis, cherchèrent à se prémunir à l’avenir contre l’ambition de conquérants, par des acquisitions de territoire ou par l’amitié de peuples dont les intérêts étaient liés aux leurs.
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Les confédérés étendirent leurs conquêtes sur la ville et l’abbaye de Saint-Gall, Bienne, les Grisons, le Valais, Genève, Neuchâtel, une partie de l’évêché de Bâle, Mulhouse et ses dépendances et pendant quelque temps le pays d’Appenzell. Malheureusement le refus peu généreux de faire entrer ces nouveaux alliés dans la confédération avec des droits égaux annonçait déjà l’oubli de ces principes généreux qui leur avaient valu de si beaux triomphes et l’admiration du monde entier.
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La prospérité corrompit malheureusement la ligue helvétique. Des divisions intestines, à défaut d’ennemis, vinrent déchirer la Suisse. De 1436 à 1446, nous voyons Schwytz, Glaris, Zürich, se disputer la possession de quelques coins de terre , et ne déposer ni les armes ni leur haine pendant la peste cruelle qui ravage leur malheureux pays et décime en moins de quelques mois la malheureuse population de Zürich, qui, trop faible pour résister aux cantons ligués contre elle, se jette dans les mains de l’empereur d’Autriche, traite avec lui et achète sa protection par la cession honteuse du canton de Kybourg. Les Suisses sont indignés : ils veulent tirer vengeance d’une pareille conduite ; Zürich et ses faubourgs sont pris et livrés au pillage. En ce moment l’Autriche, pour détourner le coup qui menaçait son alliée, armait contre les cantons 20,000 Français, qui se jettent en Suisse, pillent, brûlent, dévastent tout ce qui s’offre devant eux. Ce sont ces soldats terribles connus sous le nom d'Armagnacs, et que le Dauphin de France commandait en personne. Quelques centaines de Bâlois arrêtèrent cette armée puissante près du lazaret de Saint-Jacques, où 700 Suisses trouvèrent la mort ; les vainqueurs eurent à regretter la perte de plus de 6,000 soldats. Frappé d’un si noble courage, le Dauphin traita avec les vaincus. C’est le premier pacte qui unit les deux peuples.
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Zürich, éclairée trop tard abandonna le patronage de l’Autriche, qui, de son côté, renonça à toutes ses prétentions sur ce canton.
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Un ennemi nouveau se présenta alors. C’était Charles le Téméraire, duc de Bourgogne. Il ne cacha pas ses projets, et annonça publiquement le dessein qu’il avait conçu de conquérir la Suisse. C’était un prince puissant qui régnait sur les deux Bourgognes et sur les Pays-Bas, et qui voulait ajouter à ces vastes et fertiles provinces les pauvres vallées helvétiques. Son orgueil était flatté d’humilier le peuple le plus généreux le plus valeureux des temps modernes. A la tête de 60,000 combattants, il pénètre d’abord dans le pays de Vaud, met le siège devant le château de Grandson qui capitule, et dont il fait livrer indignement la garnison au supplice. Cependant les confédérés s’avançaient à marches forcées par Neuchâtel pour venger le supplice de leurs frères. Les deux armées se rencontrèrent à une demi-lieue de Grandson. Charles fut battu. Les vainqueurs firent un butin immense. Quatre cents tentes de soie, six cents bannières et drapeaux, quatre quintaux de vaisselle d’argent, beaucoup de pierres précieuses, entre autres ce diamant célèbre par sa grosseur qui échut depuis à la couronne d’Espagne par le mariage de Marie d’Angleterre avec Philippe II, tombèrent en leur pouvoir.
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Charles reparut bientôt avec une armée formée des débris de la première , de nouvelles recrues et de soldats que lui envoyait le comte de Romont, et vint mettre le siège devant Morat. 1,500 hommes de Berne défendaient la ville. L’armée assiégeante comptait plus de 50,000 combattants. Le 22 juin eut lieu cette grande mêlée d’hommes à laquelle on a donné depuis le nom de bataille de Morat. L’armée de Charles fut anéantie : 15,000 des siens périrent sur le champ de bataille ou furent engloutis dans les eaux du lac. Les vainqueurs, pour éterniser leur victoire, élevèrent un monument sur la place même où avait été livré le combat. De la journée de Morat date l’indépendance de Fribourg. Berne se fit céder à cette époque les seigneuries de Cerlier, d’Aigle, des Ormonts et de Bex. Charles le Téméraire, après sa défaite, s’était retiré dans la Lorraine pour défendre ses états menacés par René, duc de Lorraine, allié des Suisses, et qui reçut dans cette occasion 8,000 hommes de la confédération. A la mort de Charles, s’éteignit une des plus puissantes maisons de la chrétienté.
Avant la bataille de Morat
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Soleure et Fribourg avaient rendu de grands services dans la guerre de Bourgogne. Berne, Zürich et Lucerne demandèrent leur accession à la confédération. Les petits cantons jaloux des accroissements de territoire de leurs voisins, refusèrent formellement d’accueillir cette demande.
Berne revint à la charge : nouveaux refus. On allait se séparer, car la diète s’était réunie extraordinairement à Stanz, et la guerre civile allait déchirer le sein de la patrie commune, lorsqu’un pieux ermite de l’Unterwald, Nicolas de Flüe, paraît tout à coup au milieu de l’assemblée : on se tait, on l’écoute ; sa sainte éloquence triomphe des cœurs et Soleure et Fribourg sont admis à faire partie de la ligue helvétique. C’est l’origine du Convenant de Stanz. La paix ne dura pas long-temps. Des dissensions intestines déchirèrent les cantons, et l’on vit un des plus purs patriotes, Jean Waldmann, bourgmestre de Zürich, accusé par le peuple de trahison, monter à l’échafaud en présence des députés qui n’avaient pu le sauver des mains de ses ennemis.
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Les guerres de Charles VIII, roi de France, en Italie firent une heureuse diversion. Dans cette grande expédition guerrière du monarque français les Suisses aidèrent puissamment, par leur valeur, aux succès de leur royal allié. Malheureusement ces fréquents combats la gloire qu’elle acquérait sur les champs de bataille la réputation militaire dont elle jouissait dans toute l’Europe donnèrent à cette nation la passion des armes. Ce besoin était si vif, que les Suisses offraient leurs services à celui qui voulait les payer, peu inquiets des motifs qui faisaient rechercher leur alliance. Une solde régulièrement comptée, l’espoir du butin, suffisaient pour qu’ils sacrifiassent joyeusement leur vie.
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Bâle et Schaffhouse sont admis en 1501, et forment les onzième et douzième cantons ; Appenzell, en 1513, obtient la même faveur et devient le treizième. Le corps helvétique est complet.
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En montant sur le trône François 1er forme le projet de conquérir l’Italie. Les Suisses au nombre de 40,000hommes auraient pu lui fermer le passage de cette contrée mais par suite de la désunion qui régnait entre eux, ils refusèrent de combattre ; quelques-uns même conclurent avec le roi de France un traité par lequel ils s’engageaient à abandonner la cause de Maximilien Sforce, moyennant une forte somme d'argent. Un grand nombre de confédérés, justement indignés, résistèrent aux offres du monarque et restèrent fidèles à Maximilien. On se battit à Marignan, où 20,000 Suisses, animés par le cardinal Schinner, firent des prodiges de valeur. L’action fut longue et sanglante. Le champ de bataille resta au monarque français. Devenu maître de la Lombardie, François Ier signe avec les députés de la confédération helvétique, une alliance solennelle. Les Suisses se montrèrent alliés fidèles, et dans la bonne comme dans la mauvaise fortune leur sang coula généreusement pour ce monarque. A la bataille de Pavie 3,000 furent tués et 4,000 faits prisonniers. La paix conclue à Cambray en 1629, qui dépouilla François Ier de tous ses droits sur la Lombardie et sur Naples assura à la Suisse un long avenir de repos.
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Si les Suisses ne combattirent plus sur des terres étrangères , si leur sang ne coula pas dans des divisions populaires, d’autres luttes vinrent encore les arracher à ce repos qu’ils avaient acheté par tant de combats c’était l’époque de la réformation. Ulrich Zwingle adopta le premier les dogmes de Luther. Bientôt sa doctrine se répandit : Œcolampade à Bâle, Vadianus à Saint-Gall, Wittenbach et Haller à Bienne et à Berne Henri Loritz à Glaris, secondèrent les efforts du curé d’Einsiedeln. Zürich la première entra dans les voies de la réformation son exemple fut bientôt suivi par Saint-Gall, Mulhouse, Bâle, Schaffhouse. On abolit le célibat, le culte des images, les processions la messe on détruisit les reliques, on ouvrit les portes des cloîtres. De graves désordres accompagnèrent ces changements. Schwytz, Uri, Unterwald Zoug, Lucerne Fribourg et Soleure refusèrent de rien changer au culte de leurs pères ; Berne en 1521, Glaris et Appenzell à peu près au même temps, adoptèrent la réforme. Une révolution qui ébranlait aussi vivement les croyances religieuses amena de nouveaux troubles et de nouvelles querelles. On prit les armes, et la guerre civile avec toutes ses horreurs, allait désoler la Suisse, épuisée au dedans et au dehors par tant de combats, lorsqu’un traité d’accommodement conclu à Aarau, mit heureusement fin à ces démêlés religieux.
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Avec la réforme naquirent une foule de sectes qui accrurent encore les maux de la patrie. Telle était cette secte des anabaptistes, qui affectaient une science sans borne et prêchaient des dogmes destructeurs de tout ordre social. Cette paix que s’étaient promise les dissidents fut troublée à l’occasion d’une querelle que les réformés firent à l’abbé de Saint-Gall. Les cantons catholiques prirent les armes et remportèrent deux victoires sur leurs antagonistes : l’une à Capel, où Zwingle fut tué ; l'autre près de Zug, où les reformés perdirent deux mille hommes.
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Cependant la réforme grandissait, Genève l’avait proclamée. Dès le Quinzième siècle, cette ville s’était distinguée par son amour pour les lettres. En 1478, l’imprimerie s’y était établie. En 1536 Calvin s’y fixa : c’est à lui qu'on doit la fondation du collège, de la bibliothèque et de l’académie, qui existent encore de nos jours.
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Les succès de Charles-Quint contre les réformes ne troublèrent pas la paix de la Suisse. Henri II renouvela, vers 1555, le traité d’alliance qui unissait ce pays à la France, et la Suisse paya encore d’une longue fidélité et de nombreuses preuves de dévouement la bienveillance des monarques français. Pendant les guerres de religion les cantons refusèrent des secours aux deux partis et gardèrent une stricte neutralité. Ils gémirent du sang versé à la Saint-Barthélemy, et s’empressèrent d’offrir un asile à leurs coreligionnaires français.
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La Valteline fut, en 1620, le théâtre d’une guerre cruelle. Les habitants de cette contrée massacrèrent les protestants l’Espagne et la maison d’Autriche soutinrent les révoltés : de là une lutte longue et sanglante mais enfin les paysans du Prettigau se levèrent, et, armés de massues secouèrent l’oppression. Cette journée est celle appelée la journée des massues du désespoir. L’indépendance des Grisons fut assurée, et bientôt la Suisse entra parmi les états européens, et fut reconnue par les puissances contemporaines, la maison de Habsbourg ayant renoncé définitivement par le traité de paix de Westphalie, à toutes ses prétentions sur elle.
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La guerre de Trente ans n’eut qu’un faible retentissement dans les vallées helvétiques. Quelques querelles religieuses qui s’élevèrent entre les cantons protestants et catholiques en 1665 allumèrent encore les flambeaux de la haine mais cette crise fut de courte durée.
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Louis XIV envahit la Franche-Comté et soumit cette province avant que la Suisse pût seulement songer à la défendre tant l’attaque fut prompte. Cette conquête donna à la France une grande prépondérance dans les affaires européennes. La construction de la forteresse de Huningue en face de Bâle la prise de Strasbourg, l’une des plus anciennes alliées de la Suisse, étaient de graves sujets d’inquiétude pour les cantons ; mais ils n’osèrent s’insurger.
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Neuchâtel changea de maître en 1707. Les aspirants à la succession de Marie de Nemours étaient nombreux. Le roi de Prusse se mit sur les rangs et fut préféré.
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Pendant tout le cours du dix-huitième siècle, la Suisse cultiva la bonne amitié qui l’unissait à la France. En 1777, une alliance fut signée entre les deux pays à Soleure. Le traité portait qu’elle était conclue « pour entretenir entre les parties contractantes la plus parfaite correspondance, une véritable amitié, et une sincère alliance, et pour la faire servir au bien des peuples des deux dominations.»
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La durée de ce traité était fixée à cinquante ans.
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Bientôt éclata en France une révolution inouïe dans l’histoire. La Suisse avait, comme on sait, des régiments à la solde de Louis XVI. Le régiment suisse d’Ernesti fut assailli et désarmé à Aix. En vain les, cantons réclamèrent-ils contre cet attentat aux droits des nations, l’Assemblée Nationale passa à l’ordre du jour sur leur réclamation. Qui ne se rappelle l’héroïque conduite des Suisses aux journées du 10 août, des 2 et 3 septembre, leur fidélité envers le malheureux Louis XVI, leur courage et leur dévouement. Dans d’autres temps les cantons n’eussent pas souffert patiemment que le sang de leurs enfants coulât sans vengeance ; mais la Diète s'assembla à Aarau et résolut, dans ces circonstances difficiles, de garder une stricte neutralité. Bientôt en France fut proclamée la république. L’heure du danger était venue. Bâle fut envahi par les armées françaises. Avec elles se répandirent les principes révolutionnaires qui germèrent bientôt et se développèrent sous des formes menaçantes. Le gouvernement espérait conjurer l’orage il prit des mesures, mais tout fut inutile. Genève vit ses magistrats insultés, destitués et poursuivis par des factions populaires : des comices s’organisèrent de toutes parts. L’abbé de Saint-Gall fut contraint d’accorder de nouvelles franchises à ses vassaux. Appenzell demanda et obtint la révision de sa constitution. Les Grisons furent livrés à l’élément démocratique ; Zürich, Berne, réclamèrent de vive force et obtinrent de nouveaux privilèges. L’antique pacte de Brünnen fut déchiré... Sans doute la confédération recelait de nombreux germes de dissolution mais elle ne méritait pas d’être aussi ignominieusement traitée par les vainqueurs. La Suisse, plus que tout autre état de l’Europe, avait conservé au milieu d’une foule d’abus un patriotisme véritable. Si l’Helvétie avait reçu une autre constitution ce pays serait sorti plus fort des cendres de l’ancienne fédération ; mais l’oppression de la France, sa protection intéressée, la nouveauté des formes du gouvernement qu’on lui imposait l’esprit de parti, les dissensions intestines, tout vint se réunir pour empêcher que la nouvelle république helvétique se consolidât.
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Les victoires de Bonaparte en Italie l'ascendant que prit à cette époque la France, la gloire du vainqueur, contribuèrent peut-être plus que la force réelle à faciliter l’envahissement du territoire helvétique. La Valteline, le pays des Grisons, furent réunis sans coup férir à la république Cisalpine et milanaise. Genève et Mulhouse virent flotter L’étendard tricolore et prirent le nom de deux départements français. Les armées françaises s’avançaient appelées par les vœux de quelques cantons ;
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A leur approche, Lucerne, Bâle, Zürich, Schaffhouse Soleure, Fribourg et Berne opérèrent leurs révolutions. On croyait ainsi arrêter la marche des Français on se trompait. La Suisse fut envahie de tous côtes. Le 28 janvier 1798, Brune s’empara de Lausanne à la tête de dix mille hommes. Berne aurait voulu résister : mais, abandonnée de ses confédérés, elle fut aussi obligée de courber la tête. Toutefois ce ne fut pas sans combattre et la Singine et Fraubrünn furent témoins des efforts désintéressés des Bernois pour sauver leur indépendance. Battus à la dernière affaire, Berne ouvrit ses portes au général français ; les riches trésors qu’elle conservait depuis plusieurs siècles les caisses des établissements publics l’arsenal de la ville, tout fut envahi. Le Directoire exécutif français donna en revanche à ce pays désolé une constitution formulée sur la constitution française.
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Sous les auspices de Brune, une république fut improvisée la république Rhodanique, qui comprenait cinq cantons dont les deux principaux étaient celui du Léman, chef-lieu Lausanne ; et celui de Sarine-et-Broye, chef-lieu Payerne.
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La Suisse accueillit en partie la nouvelle constitution les petits cantons refusèrent d’y accéder. Les troupes françaises envahirent alors leurs sauvages vallées, qui devinrent le théâtre de luttes acharnées. Bientôt la Suisse septentrionale fut convertie en un champ de bataille où les Russes et les Autrichiens, d’un côté, les Français, de l’autre se livrèrent d’affreux combats. Alors tous les fléaux fondirent à la fois sur cette malheureuse contrée : la dévastation la famine le pillage, l’incendie près de trois mille maisons devinrent la proie des flammes.
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En 1801 une nouvelle constitution amena de nouveaux troubles, et finit bientôt comme les deux premières.
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Napoléon , vainqueur des Russes et des Autrichiens eut la sage idée de renoncer à cette république unitaire qu’on avait voulu imposer aux cantons. Pour prix de la paix que le héros lui avait donnée, la Suisse stipula avec la France un nouveau traité par lequel elle s’engageait à lui fournir un contingent de seize mille hommes.
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Neuchâtel, après les grandes victoires de Napoléon sur la Prusse, fut donnée en toute souveraineté à Alexandre Berthier, et le Valais, réuni à la France, vit s’élever une route magnifique et reçut le nom de département du Simplon. En Suisse même on reconnaît que Napoléon administra sa conquête avec autant de sagesse que de modération, qu’il ménagea les cantons et leur laissa leur indépendance et leur liberté.
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Après la bataille de Leipsick, en 1813, les armées alliées franchirent le Rhin et pénétrèrent en Suisse en violant la neutralité de ce pays.
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Genève, qui soupirait après son ancienne indépendance ouvrit ses portes aux Autrichiens, et le lendemain proclama la restauration de la république.
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Un congrès de rois assemblés à Vienne en 1814 et 1815 assura la neutralité de la Suisse, maintint les limites des cantons donna à Berne, pour la dédommager de ses pertes, Bienne et une partie de l’évêché de Bâle. Le Valais, Neuchâtel et Genève devinrent partie intégrante de la république Helvétique, qui forma 22 cantons. Un nouveau pacte fédéral fut rédigé, qui imprima plus d’unité à la confédération. Lors du retour de Bonaparte en France en 1815, la Suisse s’arma, garnit ses frontières, et s’unit aux alliés pour rétablir le trône de Louis XVIII.
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Une longue paix a succédé à ces révolutions successives. Pendant quinze ans rien ne vint la troubler. La révolution opérée en France en 1830 créa en Suisse de nouveaux besoins, de nouvelles espérances. Depuis cette époque presque tous les cantons ont amélioré, amendé ou changé leurs constitutions. Aux vieilles familles patriciennes qui régnaient depuis si long-temps à Berne a succédé une magistrature dont les membres ont été pris dans la classe agricole. Vaud est devenu plus démocratique que les petits cantons. Dans le canton de Bâle une scission complète s’est opérée entre la ville et la campagne : Liestall demandait un démembrement : Bâle fut un moment sur le point de tomber dans les mains des paysans insurgés, et peut-être que la voix des hommes de la campagne eût été étouffée si l’insurrection de Sarnen, que soutenaient Schwytz Uri et Unterwald n’était venue pour renouveler des vœux tant de fois repoussés. La Diète assemblée extraordinairement à Zürich, en décidant l’occupation de Bâle par les troupes fédérales, a formé deux états de ce canton sous le nom de Bâle-Ville et de Bâle-Campagne. Le Valais et les petits cantons ont jusqu’à ce jour énergiquement protesté contre tout changement dans le vieux pacte helvétique.
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Telle est l’esquisse de l’histoire de la Suisse dans les temps anciens et dans les temps modernes. Nous n’avons pu ici en donner qu’un aperçu général.
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