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Morale et politique ne vont guère de compagnie,
J’ai entendu faire l’éloge du code pénal de la Chine; j’abandonne aux jurisconsultes le soin de l’apprécier, et me contenterai d’en parler d’une manière très-sommaire. Dans ce pays le sang est puni par le sang : la peine du talion existe dans toute sa plénitude ; et si un homme a été tué, le meurtrier paye de sa tête. A Wampoa, un matelot américain puisant de l’eau à bord de son navire, laissa tomber un seau sur la tête d’un Chinois qui était dans un petit bateau, et le tua. Bientôt le navire fut entouré d’une multitude de bateaux chinois où l’on faisait un vacarme épouvantable ; l’officier qui commandait, craignant un coup de main, tira le canon et mit son pavillon en berne; tous les navires envoyèrent aussitôt une embarcation armée, ce qui, peu à peu, éloigna la plupart de ces barques. Des mandarins vinrent à bord demander le coupable, qui leur fut refusé; et, de crainte de surprise, chaque navire laissa quelques hommes de garde sûr le navire américain. La nouvelle en parvint bientôt à Canton, où toutes les transactions cessèrent aussitôt, le vice-roi exigeant absolument qu’on livrât le meurtrier involontaire.
L’instrument le plus ordinairement employé dans les châtiments est le bambou. On en frappe le coupable d’un certain nombre de coups, nombre déterminé par la loi, qui à ce sujet descend dans les détails les plus minutieux. Une amende, également graduée par la loi, peut soustraire le coupable à ce supplice. Lorsqu’il s’agit d’un Tartare, on emploie le fouet au lieu du bambou. Vient ensuite le kia ou la cangue, instrument formé de deux pièces de bois, ayant chacune une échancrure semi-circulaire. On engage le cou du condamné dans ces deux échancrures, en réunissant les deux pièces de bois, puis le sceau du mandarin est apposé sur la jointure, ainsi que sur une large bande de papier où est écrite la sentence, ce qui met le surveillant dans l’impossibilité de se laisser séduire pour adoucir le sort du coupable. Dans les angles de cette machine sont deux autres trous par lesquels passent les poignets. Le poids de ces pièces de bois varie de cinquante à deux cents livres, suivant la gravité du crime. Un préposé de la police, armé d’un fouet, mène en laisse le malheureux condamné, lorsque celui-ci peut porter l’instrument de son supplice. La sentence indique la durée du châtiment : c’est un, deux ou trois mois, plus ou moins, selon la gravité du délit. Quelquefois, cependant, le conducteur permet au patient, qui paye cette faveur, car en Chine l’humanité a son tarif, de s’appuyer contre une muraille ou de s’asseoir par terre. Ce malheureux étant privé de l’usage de ses mains, on est forcé de lui donner à manger.
Il existe des peines moins rigoureuses pour des délits moins graves, c’est le bannissement à une distance qui ne peut excéder cinquante lieues, ou l’exil temporaire ou à perpétuité au-delà des frontières de l’empire. Lorsqu’il s’agit d’une de ces actions que la loi flétrit dans tous les pays du nom de crime, les Chinois la punissent de la peine capitale, qui s’applique de trois manières, suivant l’énormité du fait: la strangulation, la décollation ou la mort lente. Cette dernière, réservée pour les crimes de haute trahison, le parricide ou le sacrilège, est accompagnée de souffrances atroces, ce qui semble confirmer ce que j’ai dit des mŒurs cruelles de ce peuple, et cependant il est en général d’un naturel assez doux ; mais, dans les pays despotiques, les châtiments ne sont plus une dette que le coupable paye à la société, c’est une vengeance qu’elle exerce.
Le système pénitentiaire est des plus rigoureux. Il est à remarquer que la question de l’isolement est depuis longtemps résolue en Chine, où on l’applique à tous les cas d’emprisonnement. Un peu moins sévère pour les femmes, la loi ne les condamne à la réclusion que pour les délits graves, et ne punit des fautes légères qu’en donnant les coupables en garde à leurs plus proches parents, qui en répondent sur leurs têtes.
Quelque atroces que paraissent certains supplices, il ne faut pas perdre de vue que la loi est toujours présente, et que c’est juridiquement qu’ils sont infligés. Je dois ajouter qu’ils sont extrêmement rares, et je terminerai en citant cette maxime populaire qui se trouve dans la bouche de tous les Chinois : « l’Empereur et le sujet qui violent la loi sont également coupables » maxime à l’aide de laquelle ils ne trouvent pas trop rigoureux un régime qui pèse également sur tous, et des châtiments dont le rang et la richesse ne mettent pas à l’abri.
A noter qu'il s'agit là d'un texte et d'illustration datant autour de 1800, époque où la Chine était régie par des mŒurs, sans doute peu changés depuis plusieurs centaines d'années. Cet aspect de la société chinoise peut être mis en parallèle aux condamnés aux galères ou aux travaux forcés à la même époque en Europe, et un peu plus en arrière aux tortures qui étaient un pratique courante notamment dans les affaires religieuses.
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La page de présentation de l'ouvrage de G Lafond
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