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Angers champêtre au coucher du soleil, gravure de Rouargue frères,
publiée dans 'La Loire historique, pittoresque et biographique' - Touchard-Lafosse - 1851
Angers est présenté sur ce site en 5 pages :
Puis 3 autres pages d'Angers en 2006 : |
Description extraite du 'Guide pittoresque du voyageur en France' - 1838 ANGERS. Grande et très ancienne ville chef-lieu du département. Cour royale d’où ressortissent les départements de la Mayenne, de la Sarthe et de Maine-et-Loire. Tribunaux de première instance et de commerce. Bourse de commerce. Chambre des manufactures. école des arts et métiers. Académie universitaire. Institution des sourds-muets. Collège royal. Cours d’enseignement médical. évêché. Population 32,743 habitants. L’origine d’Angers se perd dans la nuit des temps. C’était autrefois la capitale des Andecaves. Sous les Romains elle fut embellie par de nombreux édifices dont il reste à peine quelques vestiges. Childéric l’assiégea dans le Ve siècle ; les Normands la saccagèrent dans le IXe. Elle a été plusieurs fois attaquée, prise et reprise par les Bretons, les Anglais et les Français. Le château fut surpris par les huguenots en 1585, et la ville attaquée en 1793 par une armée de 90,000 Vendéens. Il s’y est tenu six conciles, en 455, 1055, 1279, 1366, 1448 et 1583, et les célèbres conférences, connues sous le nom de Conférences d’Angers, en 1713 et 1714.
Cette ville est dans une magnifique situation sur la Mayenne, un peu au-dessous de son confluent avec la Sarthe. Elle est bâtie en amphithéâtre, sur le penchant d’un coteau qui s’abaisse jusqu’au bord de la rivière, qui a dans cet endroit la largeur d’un grand fleuve et forme un port commode et très fréquenté. La plupart des rues sont étroites, sombres, escarpées, d’un accès difficile (quelques-unes même impraticables pour les voitures) et bordées de vieilles maisons construites, les unes en pans de bois plaqués d’ardoises sur les façades, les autres en pierres d’ardoise, ce qui leur donne un aspect triste et désagréable à l’œil. On y trouve cependant quelques beaux quartiers, notamment celui qui avoisine la préfecture, et il règne autour de la vieille ville une ceinture de nouveaux édifices construits avec goût, alignés avec soin, de boulevards aérés et bien plantés. Parmi les édifices et établissements remarquables, on cite principalement :
La Cathédrale, dédiée à saint Maurice. Cette belle église n’a qu’une nef ; sa forme est celle d’une croix latine ; sa longueur, depuis la porte principale jusqu’au fond du chœur, est de 280 pieds, et sa largeur de 50 pieds 6 pouces. Cette nef est une des plus larges qu’il y ait en France ; les deux ailes ont chacune 46 pieds 1/2 de longueur sur autant de largeur ; elles sont éclairées par de grandes roses d’une élégante construction et vitrées en verres de couleur. Des faisceaux de colonnes adossés aux murs supportent de belles voûtes de forme ogive, avec des nervures sur les arêtes ; leur hauteur est de 80 pieds. On doit remarquer que ces voûtes n’ont pour appui que les murs ; il n’y a au dehors, malgré la grande largeur de la nef, aucun de ces arcs boutants qu’on voit à presque toutes les anciennes églises, et qui ressemblent à des étais soutenant un bâtiment près de tomber en ruine. L’église de la Trinité, une des plus belles d’Angers ; elle a été bâtie en 1062. On y remarque l’emploi simultané du style plein cintre et de l’ogive ; les voûtes sont bien exécutées et les nervures d’assez bon goût ; toutes les ouvertures extérieures sont à plein cintre.
Voici la description qu'en fait Georges Touchard-Lafosse dans son ouvrage de 1851 Le château, dont la masse est encore imposante malgré les mutilations qu’il a subies, s’étend sur le point le plus éminent de la ville : il n’existait pas sous les premiers comtes d’Anjou ; sur son emplacement s'élevait le palais épiscopal, dont il reste, du côté de la rivière, un fragment de murailles percé de sept fenêtres en plein-cintre. Les comtes habitaient le capitole, auquel ils avaient ajouté des parties de construction. Ce fut sous le gouvernement d’Ingelger que l’évêque Dodon, voulant se rapprocher de l’église cathédrale, échangea sa demeure contre celle du comte, à la satisfaction de celui-ci, parce que, de l’éminence sur laquelle il allait s'établir, il pourrait, mieux que du centre de la ville, surveiller les courses des Normands et des Bretons. Selon Chopin, auteur des Commentaires sur l'Anjou, le château actuel fut bâti par Bertrade, veuve de Foulques-le-Rechin et de Philippe Ier, roi de France ; mais l’opinion la plus commune, appuyée sur celle de Ménard, attribue le commencement de cette construction à Philippe-Auguste, et sa terminaison à Saint-Louis. Quoi qu’il en soit, ce dernier monarque ayant trouvé dans le château une chapelle dite de Sainte-Geneviève, que Geoffroi Martel avait, érigée en collégiale, sous le vocable de saint Laud, transféra ce chapitre en 1234 dans l’église du prieuré des Bénédictins, établi hors les murs et dédié à saint Germain. Dès lors ce prieuré prit le nom de Saint-Laud. La sévère réalité, en effaçant ce tableau séduisant, reproduit l’état actuel de l’ancienne demeure des comtes d’Anjou : le pont, avec l’ouvrage avancé qui le défendait, est détruit ; le couronnement des tours est enlevé. à l’intérieur de celles-ci, nuls détails d’ornementation n’assignent une date précise à leur construction, à laquelle des réparations multipliées ont d’ailleurs ajouté les caractères de leurs époques. Ici l’on découvre des traces de toutes les architectures depuis le XIIIe siècle jusqu’au XVIIe : ce dernier se révèle surtout par un bâtiment ayant servi d’arsenal. à l’extérieur, et particulièrement le long de la montée du sud, le château d’Angers, avec ses tours multipliées et ses courtines construites en schiste noir alternant avec de la pierre blanche, produit un effet grandiose, qui ennoblit singulièrement le coup d’œil général de la ville. Nous pensons que l’administration locale comprendra toujours un si noble effet de perspective ; en faisant réparer ce grand débris, elle entretiendra les souvenirs de l’individualité angevine, qui n’existe plus que dans les monuments. Le coup d’œil de l’artiste qui visite le château d’Angers s’attache volontiers à la porte dite des Champs, dont la physionomie est très pittoresque : nous l’avons fait graver.
La colonne de la belle Agnès : Un des plus singuliers monuments historiques d’Angers est une colonne fort simple, placée à l’extrémité de la rue du faubourg Saint-Laud, et à laquelle se rapporte la tradition suivante. Un riche bénéficier, chanoine de Saint-Laud, nommé Pierre Frétaud, entretenait publiquement, comme sa maitresse, une des plus jolies femmes d’Angers, nommée Agnès de Beaupréau, qu’on appelait, à cause de sa rare beauté, la belle Agnès. Cette dame avait le malheur d’être très jalouse, et malheureusement aussi son amant joignait, à beaucoup d’ardeur et de passion, une égale inconstance. Les dames qui, au XVe siècle, n’étaient ni moins faibles ni moins vaines que celles d’un temps plus rapproché, virent d’un œil favorable le conquérant de la belle Angevine. Agnès s’aperçut du changement qui avait lieu dans le cœur de celui qu’elle aimait. Son amour avait pris des forces dans la solitude, et son imagination dévote, mélancolique et véhémente, exagéra les torts du volage : ne pouvant le fixer à son gré, elle résolut de se venger de ses perfidies. Un soir, ou plutôt une nuit, elle se saisit d’un rasoir, et à peine le chanoine de Saint-Laud a-t-il fermé les paupières, qu’il s’éveille, baigné dans son sang, incapable de commettre de nouvelles infidélités ; mais cette violente correction coûta la vie au bénéficier. Agnès fut arrêtée, mise en jugement et condamnée à être brûlée vive ; ce qui fut exécuté sur la place qui est au-devant de l’académie d’équitation et qu’on nommait alors la place des Lisses. La maison du chanoine fut rasée ; et pour perpétuer le souvenir du crime et de la punition, on éleva sur le lieu même où était le bûcher, une colonne de dix-huit à vingt pieds de hauteur sur laquelle fut placée la statue d’Agnès. Elle était représentée ayant une bride de cheval à la main droite, un rouleau de papier dans la gauche, et une boule sous le pied gauche. Les auteurs contemporains expliquent d’une manière assez bizarre cette allégorie mystérieuse. Le rouleau de papier fermé signifiait, disent-ils, l’impénétrable destinée qui nous attend ; la houle, l’instabilité des choses humaines ; et la bride, emblème plus moral et plus facile à comprendre, indiquait la nécessité de réprimer ses passions. Dans la suite, la colonne et la statue furent transportées au coin de la même place, à l’angle formé par le clos des Récollets et la rue du faubourg Saint-Laud. Mais le peuple, ayant oublié peu à peu l’origine de ce monument, lui rendit en passant les mêmes honneurs qu’aux images des saints ; ce qui obligea d’enlever la statue et de la remplacer sur la colonne par une croix que l’on y voyait encore en 1790.
Autres lieux remarquables : On remarque encore à Angers les bâtiments de l’ancienne abbaye de Saint-Nicolas, située à l’extrémité du faubourg Saint-Jacques, dont la magnifique façade ressemble à celle d’un vaste palais. — L’ancienne école d’équitation, d’une construction noble et élégante. — La salle de spectacle. — La jolie maison gothique connue sous le nom d’Hôtel d’Anjou, située au coin des deux rues Haute et Basse du Figuier. — La bibliothèque publique, contenant 26,000 volumes et plusieurs manuscrits précieux. — La galerie de tableaux, où l’on voit beaucoup de tableaux originaux des plus grands maîtres de l’école française et des meilleurs artistes de nos jours. — Le cabinet d’histoire naturelle. — Le beau jardin de botanique. Il renferme un grand nombre d’arbres exotiques, qui, groupés sur un terrain inégal, avec l’aimable désordre d’un jardin anglais, forment une heureuse diversité de promenades. De toutes les parties élevées de ce jardin on jouit d’une belle perspective sur la façade de Saint-Sergue. Le Champ-de-Mars, terre-plein carré auquel aboutit le Mail, la principale promenade de la ville ; il est, après celui de Paris, le plus vaste et le plus régulier que l’on connaisse. Le Mail consiste en trois allées parallèles, longues d’un quart de lieue et terminées par une espèce de portique. — La promenade du Bout-du-Monde, terminée par un parapet, d’où l’on domine la ville et une partie de la campagne ; celle de la Lice, et celle de la Turcie, longue allée située dans le quartier de la Doutre, partie de la ville bâtie sur la rive droite de la Mayenne, où se trouve l’école des arts et métiers. — Le dépôt national d’étalons, un des plus beaux et des mieux tenus du royaume. — Les carrières d’ardoises exploitées à ciel ouvert, à 200 pieds de profondeur, près de l’un des faubourgs.
Célébrités : Angers est la patrie du voyageur Bernier ; de Gilles Ménage, savant et célèbre écrivain du XVIIe siècle ; de La Réveillère-Lepeaux, ex-directeur de la république française ; de M. Félix Bodin, historien et député, auteur d’un excellent ouvrage sur le Haut et le Bas-Anjou, où nous avons puisé la plupart des détails de notre Guide du voyageur en France. Industrie. Manufacture royale de toiles à voiles. Fabriques de toiles, mouchoirs, bas de fil, étamines. Filatures de coton ; raffineries de sucre ; blanchisseries de cire. Tanneries. Situation : à 22 lieues de Nantes, 23 lieues de Tours, 23 lieues du Mans, 73,5 lieues de Paris. Hôtel du Faisan, du Cheval-Blanc, de la Boule-d’Or.
Texte et gravure publiée dans le Magasin-pittoresque, 1846 PROCESSIONS DE LA FêTE-DIEU A ANGERS Ce fut à Angers que Bérenger ouvrit ses prédications contre la présence réelle du Christ dans l’hostie, et cette hérésie, qui semblait ouvrir de loin la voie à Calvin et à Luther, agita profondément la dernière moitié du onzième siècle. La cérémonie commençait à six heures du matin et durait jusqu’à quatre heures du soir. Toutes les autorités de la ville suivaient la procession. Pendant la nuit qui précédait la fête, des crieurs publics parcouraient les rues pour l’annoncer, tenant à la main une torche de cire jaune à laquelle pendait une clochette. Par extension, l’usage fit donner le nom de torches à des théâtres portatifs, autour desquels s’avançaient les corps d’état. On groupait sur ces échafauds ambulants des mannequins à masques de cire, revêtus de papiers dorés, de paillettes, et figurant des scènes de l’Ancien et du Nouveau-Testament.
Les douze torches existaient encore en 1790, car à cette époque les corporations demandèrent que leur entretien fût payé par la ville, ce qui fut accordé, mais amena peu après leur destruction. Il ne reste plus de trace de ces torches que dans le cierge des pêcheurs qui se porte encore aux processions de la Fête- Dieu. Il est d’une hauteur et d’une grosseur remarquables, orné de madones peintes et de petits cercles auxquels pendent des poissons. Texte extrait de 'La Loire historique, pittoresque et biographique' - Touchard-Lafosse - 1851 L'université d'Angers
Ce fut à Ulger, évêque d’Angers dans la première moitié du XIIe siècle, que l’académie angevine dut son plus prompt accroissement. Il n’épargnait ni soins ni sacrifices pour attirer de toutes les parties de l'Europe les maîtres les plus renommés ; afin d’exciter leur zèle, il leur procurait les premières dignités de l’église, et, sous ce prélat, on commença à conférer des dignités académiques dans l’université. Ce fut surtout par l’étude des lois que, sous la direction d’Ulger, l'académie d’Angers devint florissante.
L'université d’Angers, comme toutes les institutions anciennes, se fondit en 1789 au vaste creuset de la Révolution. Nous allons essayer d’esquisser la physionomie de cette antique institution, et les mœurs turbulentes des étudiants qui s’y trouvaient réunis. Les professeurs étaient payés par leurs disciples, avec cette distinction que les nobles donnaient ce qu’ils voulaient, tandis que les vilains étaient taxés à vingt sous par an. D'après ce système de rétribution des maîtres, il devait arriver souvent que le succès de leur enseignement dépendît du caprice des élèves : on voit en effet, par les écrits d’Abeilard, que, de son temps, les régents étaient à la discrétion des écoliers, qui les prenaient et les quittaient selon qu’ils avaient plus ou moins de vogue. Les mœurs dissolues des écoliers de l'université n’excluaient point les pratiques dévotes : on les trouvait parmi les plus empressés pénitents de couleurs variées ; ils assistaient aux processions nocturnes, s’associaient à toutes les confréries ; dans certaines fêtes, réminiscences des saturnales antiques, on les voyait déguisés en anges, en saints, en diables ; et souvent au sein des solennités religieuses où de semblables mascarades figuraient, personnages célestes ou infernaux se livraient aux plus scandaleux excès. Ainsi pendant la procession des pèlerins de Saint-Jacques, les démons s’élancèrent un jour du char sur lequel ils étaient entassés avec les archanges et les chérubins, et enlevèrent du milieu de la foule une jeune personne qu’ils fouettèrent en vue de toute l'assistance sacerdotale.
SUITE ; Décors d'Angers en 2006
Pour voir les détails de ces gravures d'Angers,
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