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Les villes à travers les documents anciens

 

Au 19ème, les habitants des Landes sur leurs échasses


Habitants des Landes sur leurs échasses - gravure reproduite et restaurée par © Norbert Pousseur
Habitants des Landes sur leurs échasses vers 1830,
gravure extraite du Guide pittoresque du voyageur en France - 1838
Collection personnelle

Voir aussi sur ce site :

 

Texte de Charles Rotival.
extrait deL'illustrateur des Dames - 1862

Collection personnelle

 

LES HABITANTS DES LANDES.

. — Facteur de la poste. — Les Txangues ou échasses des Landais. — Louis XIV à Saint-Jean-de-Luz. — L’aubergiste et les Mousquetaires. — Energie d’un paysan landais. — Il devient sergent. — Il se venge des outrages faits à sa jeune femme. —Duel. —Turenne lui pardonne. — Il devient officier et gouverneur de place forte. — Avenir des Landes. — Pourquoi Henri IV ne voulut pas y établir les Maures chassés d’Espagne.

Berger et facteur landais sur leurs échasses - gravure reproduite et restaurée par © Norbert Pousseur
Berger et facteur landais sur leurs échasses vers 1840,
gravure extraite de Moeurs, usages et costumes de tous les peuples du Monde
Auguste Warlen - 1844
Collection personnelle


Berger Landais
En voyant une gravure qui représente le Berger Landais au repos et le facteur de la poste qui parcourt la plaine sablonneuse, monté sur ses longues échasses, on se demande si ces deux types n’ont pas quelque ressemblance avec les oiseaux aquatiques qui se tiennent stupidement immobiles aux bords des étangs ou des mares solitaires.

Le principal vêtement du Landais est un gilet à manches, boutonné sur la poitrine et orné dans le bas d’une ceinture rouge ; ce gilet est recouvert d’un petit manteau en peau de mouton. De grandes guêtres en peau protègent ses jambes contre le froid et l’humidité.
Les Landais de la partie méridionale portent pour coiffure le béret des Basques leurs voisins.

Les échasses ou Txangues, en langage du pays, leur sont pour ainsi dire indispensables pour traverser les landes sablonneuses et souvent inondées ; elles décuplent la rapidité de la marche et on est étonné de voir avec quelle promptitude des hommes ainsi huchés sur deux morceaux de bois font de très longs trajets. De plus, les bergers placés en quelque sorte dans un observatoire aérien, veillent plus facilement sur la lande, et sur leurs troupeaux.
Les échasses sont attachées aux côtés extérieurs des cuisses qu’elles emboîtent en partie ; du côté intérieur, elles sont garnie d’une planchette, sorte d’étrier sur lequel les bergers peuvent solidement appuyer leurs pieds.. Ils ont de plus un grand bâton qui leur sert de balancier quand ils marchent et sur lequel ils s’appuient quand ils veulent s’arrêter ; ils portent presque tous un fusil en bandoulière et s’en servent très adroitement contre les loups forts communs dans les forêts de pins ;

Les habitants des Landes forment une population qui n’a presque rien de commun avec celle des villes. A Bordeaux on les désigne sous le nom de pareutt, à Mont-de-Marsan, à Pau, à Bayonne sous les noms de conziott, marensires et cocozaty. Ils se font surtout remarquer par leur constitution physique, leur caractère et leurs mœurs. Petits, maigres, chétifs, les Landais on le teint hâve, décoloré comme les Italiens qui habitent les marais pontins ; ils ont les cheveux lisses, leur physionomie est empreinte d’une tristesse maladive ; on devine facilement qu’ils vivent dans une contrée où la fièvre exerce de cruels ravages. D’ailleurs la solitude sablonneuse, les mares stagnantes, la sombre verdure des pins répandent sur le paysage une mélancolie qui doit se communiquer aux bergers isolés avec leurs troupeaux.

Landais et landaises en échasses au quotidien  - gravure reproduite et restaurée par © Norbert Pousseur
Landais en échasses au quotidien vers 1830, gravure de Sacauchie
extraite de La France pittoresque - Abel Hugo - 1835
(collection personnelle).


Les habitants des Landes sont moitié voyageurs et moitié sédentaires ; les premiers vont vendre dans les villes les produits du sol ; les autres cultivent la terre, les piquadas, et récoltent la résine, une des plus grandes ressources du pays
Dans leurs voyages, les Landais ont des stations fixes, comme les caravansérails de l’Orient ; mais on n’y trouve pas de vestige de toits pour abriter les hommes et les animaux. Pendant l’hiver, les voyageurs couchent dans leurs charrettes sous des bottes de paille ; pendant l’été, ils étendent à terre une peau de mouton et y dorment du sommeil le plus profond.
Chaque bourrelier fait avant de partir sa provision de vivres pour lui et de nourriture pour ses vaches. Il porte dans un sac un pain de seigle, des galettes de maïs et n’y ajoute pour tout régal que des sardines.
La vie des ouvriers sédentaires est toute aussi rude que celle des voyageurs ; leurs maisons ou plutôt leurs cabanes sont basses et mal construites ; une grande table, quelques tables grossièrement travaillées, de vieux coffres forment tout l’ameublement ; ils couchent sur des peaux de mouton, les plus aisés couchent sur des lits de plume.

L’art culinaire est tout à fait inconnu dans ces contrées isolées de la civilisation ; le paysan landais déjeûne à six heures du matin, dîne à midi et soupe à la nuit ; du pain de seigle, de la soupe avec du lard rance, de la bouillie de maïs, du poivre, du piment, forment l’invariable menu de ses maigres repas.
Parcimonieux, même très avares chez eux, les habitants des Landes sont prodigues hors de leurs ménages. Ils vont régulièrement à l’église ; mais la dévotion n’est pas pour eux le motif dominant ; ils saisissent avec empressement l’occasion d’aller s’enivrer au cabaret où les réunions dégénèrent très souvent en orgies. Le soir on danse une espèce de farandole au son de la musette et du fifre et les ménagères ne revoient que le lendemain leurs volages époux.

M. Thoré, dans son Voyage aux Landes de Gascogne, dit que les Landais sont inaccessibles aux émotions de l’âme et par conséquent aux atteintes de l’amour. M. Thoré se trompe ; les Landais sont probes, bons, hospitaliers ; ils ont une grande originalité d’esprit, une éloquence naturelle ; marins aussi intrépides que les Basques dont ils ont toujours partagé les glorieuses aventures, ils fournissent à nos vaisseaux de guerre et à nos bâtiments de commerce de précieuses recrues. Ils sont bons soldats et le département a donné à la France plusieurs capitaines illustres, entre autres, le général Lamarque.

Les habitants des Landes forment trois catégories distinctes.
1° Le colon, c’est-à-dire le paysan qui ne possède rien et cultive pour le compte d’un autre  ;
c’est le prolétaire des champs.
2° Le colon-propriétaire.
3° Le propriétaire réel, le paysan opulent qui vit du produit de ses terres, de ses forêts, de ses troupeaux.

Les femmes landaises portent des vêtements d’étoffe grossièrement fabriquée, sans goût et sans grâce  ; pendant la semaine, leur coiffure se compose d’une espèce de capuche formée de plusieurs mouchoirs ; les dimanches et jours de fête elles ajoutent un chapeau à larges bords, et orné très souvent d’une tige fleurie d’immortelle de mer. Cette coiffure, dont la flore hollandaise fait les principaux frais, est originale, presque gracieuse, surtout lorsqu’un frais minois de jeune fille s’abrite sous les larges ailes du feutre national.
Des voyageurs qui ont visité dernièrement les Landes de Gascogne nous apprennent que la crinoline, cette superfétation de notre temps, a envahi les villages les plus reculés de ces contrées méridionales. Les paysannes sont ballonnées comme les élégantes des grandes villes. Encore quelques années et tous les costumes dits nationaux auront disparu de toute la France. Nous tombons dans l’uniformité qui doit être forcément la conséquence de l’égalité. Les amateurs du pittoresque perdront beaucoup à cette transformation, mais il vaut mille fois mieux que le bien-être arrive à tous les coins de la patrie. Sous Louis XIV, les paysans étaient presque assimilés aux bêtes de somme et mouraient de faim, surtout en Bretagne ; les lettres de madame de Sévigné contiennent à ce sujet des détails navrants.



Intérieur d'une maison des Landes avec échasses - gravure reproduite et restaurée par © Norbert Pousseur
Intérieur d'une maison des Landes, un homme en échasses assis sur la cheminée
détail de la gravure en tête de page
Collection personnelle


Habitants des Landes en échasses de retour dans leur maison - gravure reproduite et restaurée par © Norbert Pousseur
Retour à leur domicile des habitants des Landes en échasses vers 1830,
détail de la gravure en tête de page
Collection personnelle

 

 

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