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L'ensemble de ces gravures proviennent d'un ouvrage 'L'histoire de L'Algérie d'Honoré Fisquet, biographe et historien français, commandeur de l’ordre pontifical de Saint-Grégoire le Grand. Le texte est assez peu intéressant en lui-même, très chargé du regard du colonisateur de l'époque. Je ne l'ai donc pas transcrit en ces pages, ne retenant que la vingtaine de gravure lithographiées par un certain Villain, à partir d'oeuvre de A. Genet (mais peut-être aussi à partir de peintures de Morel Patio, cité deux fois...). Par contre, à la place, je publie ici une longue description écrite par Malte-Brun, géographe, extrait de sa Géographie universelle, édition de 1855.
DESCRIPTION PHYSIQUE ET GéOGRAPHIQUE Situation. limite. — L’Algérie s’étend sur les côtes de la Méditerranée, au sud de la France, à 658 kilomètres de Port-Vendres et à 760 de Marseille, entre la régence de Tunis et l’empire de Maroc, sur une longueur d’environ 1,000 kilomètres. A l’est, elle est séparée de la régence de Tunis par le cours de l’Ouad-Helal, qui tombe dans le Sebka-Melr’ir, et par celui de l’Ouâd-Zena, qui se jette dans la Méditerranée en face de l’île de Tabarka. A l’ouest, la frontière longe l’oasis marocaine de Figuig, traverse le Chott-el-Gharbi, et rejoint la côte à la petite rivière de Kis, qui tombe dans la mer entre Nemours et la rivière marocaine de M’louia. Telles sont à l’est et à l’ouest les limites politiques de l’Algérie ; au nord et au sud, c’est à la nature qu’il les faut demander. Nous avons dit que la Méditerranée baignait ses côtes au nord ; le grand désert de Sahara ou la mer de sables, ainsi que le nomment les Arabes, la limite au sud : de ce côté les bornes de l’Algérie peuvent être indiquées par une ligne de six oasis unies entre elles par des relations journalières : l’Ouâd-Souf (méridien de Skikda), l’Ouâd-R’ir et Temacin (méridien de Djigelli), l’Ouargla (méridien de Béjaïa ), l’Ouâd-M’zab (méridien d’Alger), et enfin les Oulâd-Sidi-Cheikh (méridien d’Oran).
Superficie, aspect et nature du sol, montagnes. — Comprise entre le 32e et le 37e degré de latitude septentrionale, le 6e degré de longitude orientale et le 4e de longitude occidentale, l’Algérie embrasse ainsi une superficie d’environ 24,375 lieues géographiques carrées, ou 390,000 kilomètres carrés ou 39,000,000 d’hectares, c’est-à-dire les 3/4 de celle de la France, ou la superficie de 68 de nos départements. Le sol algérien présente un aspect tout particulier ; lorsque l’on y aborde, on rencontre d’abord une côte élevée, abrupte, offrant rarement un abri aux navires. Après avoir remonté avec peine à travers un pays de difficile accès, coupé de massifs montagneux (le petit Atlas) entre lesquels on voit de riches vallées, des rivières torrentueuses et des gorges profondes, on arrive dans de vastes plaines arides où l’eau douce ne se trouve plus que dans les puits ou des mares fort éloignées ; les parties boisées de ces vastes plaines sont coupées par des marais salés nommés Chott ou Sebkhas, que le soleil couvre en été d’une couche de sel éblouissante. Cette contrée est désignée par les indigènes sous les noms suivants ; les Sbak, le Hodna, le Zarez, le Sersou et les Chott. A l’horizon de ces plaines, au sud, se dessine une ligne bleuâtre que dominent ça et là quelques pics décharnés, mais qui n’offre cependant sur tout son développement que des ondulations presque insensibles ; ce sont d’autres montagnes (le grand Atlas) très-élevées vers l’orient, où elles forment un groupe énorme, le Djebel-Aurès, mais qui s’abaissent, ainsi que les premières, à mesure qu’elles se dirigent vers l’occident. Des défilés longs, sinueux, où la marche est embarrassée et lente, permettent de s’y engager ; ils s’ouvrent quelquefois entre deux murailles de rocs perpendiculaires, qui leur ont fait donner le nom arabe de bâb, porte. A leur sortie, l’œil étonné du voyageur va se perdre au loin dans une immense plaine jaunâtre, raboteuse, couverte de cailloux et de sable, coupée de ravins et de bas-fonds entre lesquels courent des bourrelets semblables à des vagues immobilisées ; cette plaine de 400 lieues, c’est le grand désert ou Sahara. Cependant le désert ne commence pas immédiatement à la sortie des montagnes ; il ne mérite ce nom qu’au delà de la ligne des six oasis qui, ainsi que nous l’avons dit, limitent l’Algérie au sud. La première zone montagneuse du littoral, la première zone plate des landes et la seconde zone montagneuse constituent dans leur ensemble un plateau qui domine la Méditerranée et le Sahara ; il atteint dans les plaines une altitude de 500 à 800 mètres, et dans les montagnes il s’élève jusqu’à 1,300 mètres. Parmi les massifs qui forment la zone montagneuse maritime, à laquelle on a donné improprement le nom de petit Atlas, il en est de remarquables par leur élévation ou par leur masse, tels sont : l'Edough, qui domine la ville de Annaba, il atteint 972 mètres ; le Goufi, en arrière de Kollo, 1,090 mètres ; le Babour, au sud-est de Béjaïa, 1,890 mètres ; l'Afroun, au sud-ouest, 1,900 mètres ; le Djerjera (Jurjura, le mont Ferralus ancien), au sud-est d’Alger, 2,126 mètres ; l’Ouenseris, au midi d’Chlef, 1,800 mètres ; enfin le Chettaba et le Djebel-Ouache, entre lesquels s’élève Constantine, et qui atteignent près de 1,300 mètres. C’est au milieu de ces pâtés montagneux, souvent isolés et ne formant aucune chaîne continue, que se trouvent les grandes plaines d’Alger (la Mitidja), d’Oran, de Tlélât, de Cirât, d’Eghris, cette dernière au sud de Mascara ; enfin, la large vallée du Chélif.
La seconde zone montagneuse, celle que l’on désignait sous le nom de grand Atlas, est bien moins connue que la première ; cependant nous signalerons le massif du Djebel-Aurès, auquel appartient le Djebel-Chellua, la plus haute montagne de l’Algérie, qui atteint 2,812 mètres, et est située au sud de Constantine. Le Tell est la terre cultivable, c’est l'alma tellus nutrix hominum, c’est la région des céréales ; il occupe une place beaucoup plus étendue dans l’est que dans l’ouest, et comprend non-seulement le versant méditerranéen, mais encore dans l’est une partie de la zone des landes et du plateau central ; sa superficie est évaluée à 13,790,000 hectares. Le Sahara ou région des palmiers n’est susceptible que de produire des pâturages. Il comprend la zone des oasis et toute la partie occidentale du plateau central ; sa superficie est évaluée à 25,300,000 hectares. Au delà des oasis commence le désert dont les sables baignent au sud le pied de la zone saharienne, comme les eaux de la mer baignent au nord le pied de la zone du Tell.
Hydrographie — L’Algérie est partagée par les montagnes qui la couvrent en trois versants : le versant méditerranéen, qui regarde l’Europe et s’étend de la mer aux cimes de la chaîne atlantique la plus rapprochée du littoral ; le versant du plateau central, versant intérieur ou du Sahara, qui s’étend en travers de toute l’Algérie de l’est à l’ouest, entre les deux chaînes de l’Atlas, et s’affaisse de loin en loin en immenses cuvettes, qui sont le fond des lacs ; enfin, le versant saharien subdivisé en deux pentes, l’une à droite, l’autre à gauche, dirigées par ondulations irrégulières vers le désert. Les eaux qui en découlent vont ou se perdre dans les sables, ou former des lacs dont l’étendue est variable avec les saisons.
Au versant méditerranéen appartiennent, en allant de l’est à l’ouest, la Mafrag (le Muthul de Salluste), qui a son embouchure à 5 lieues à l’est de Annaba ; la Seybouse (le Bubricatus de Ptolémée), formée par l’Ouâd-Zenati et l’Ouâd-Cherf ; elle passe à Guelma, traverse les ruines d'Hippone, et se jette à la mer près de Annaba après un cours d’environ 40 lieues ; à son embouchure elle a environ 100 mètres de largeur, de légères embarcations peuvent la remonter l’espace de 2 lieues ; l'Ouâd-el-Kebir ou Rummel (l’ancien Ampsaga) ; il prend sa source dans les montagnes qui bordent la plaine des Aid-el-Nour, reçoit le Bou-Merzoug, passe à Constantine, traverse les montagnes de la Kabylie, et se jette dans la Méditerranée après un cours de 30 lieues. La rivière de Béjaïa, autrement Ouâd-bou-Messaoud, qui prend sa source dans les montagnes qui séparent la province de Constantine de celle d’Alger, au-dessus du célèbre passage des Bibans, reçoit plusieurs affluents, dont le principal est l'Ouâd-Attif, et après avoir traversé pendant l’espace d’environ 20 lieues une vallée d’une admirable fertilité, va se jeter dans la mer près de Béjaïa . Visser, l'Hamise, l'Harrach sont peu considérables, la dernière arrose la Mitidja orientale. Le Maa-el-Zafran ou Mazafran est formé par la réunion de la Chiffa, du Bou-Roumi et de l'Ouâd-Jer ; il arrose la Mitidja occidentale, et entre dans la mer un peu au-dessus de la fameuse baie de Sidi-Ferruch, où les Français débarquèrent en 1830. Le Chélif est la seule rivière de l’Algérie digne de ce nom ; ses sources, que l’on appelle Sebaoun-Aïoun, ou les soixante-dix sources, sont situées au pied du Ouenseris, un peu à l’est de Tiaret ; de ce point, le Chélif, qui porte alors le nom de Na’har-Ouassel (le fleuve naissant), coule de l’ouest à l’est pendant l’espace d’environ 45 lieues ; là, il tourne brusquement la montagne, se dirige du sud au nord sur une étendue de 16 lieues ; mais comme les montagnes qui s’élèvent entre Médéah et Milianah lui font obstacle, il change encore une fois de direction, et coule de l’est à l’ouest l’espace de 40 lieues parallèlement à la côte, traverse Chlef et une plaine très-fertile, pour tomber dans la mer entre le cap Ivi et Mostaganem après un cours d’environ 100 lieues. Ses principaux affluents sont : l'Ouâd-Bouina, l'Ouâd-Mina et l'Ouâd-el-Ourek. Nous terminerons cette énumération des cours d’eau algériens tributaires de la Méditerranée en citant la Macta, formée par l'Habra et le Sig ; et la Tafna, dont le cours sinueux et irrégulier présente un développement de plus de 75 lieues ; elle se jette dans la mer en face de l’île de Rachgoun ; elle a pour affluent l'Ouâd-Mouilha, qui reçoit elle-même la petite rivière d’Isly, illustrée par nos armes.
Outre ces fleuves, dont chacun forme un bassin principal, il en est plusieurs autres de peu d’importance qui forment des petits bassins côtiers. Tous ces bassins méditerranéens constituent le territoire de culture proprement dite, par conséquent celui où s’est établie la colonisation agricole. Au plateau central appartiennent les fleuves ou plutôt les cours d’eau qui vont se perdre dans les cinq lacs intérieurs des Sbagh, de Chott-Seida, de Zahrez, de Chott-Chergui et de Chott-Gharbi, dont les noms peuvent servir à désigner les bassins. Ces cinq bassins constituent les hauts plateaux, que couvrent de beaux pâturages que visitent périodiquement les tribus nomades.
Climat. — Le climat de l’Algérie est généralement chaud, mais il est modifié par la constitution physique du pays ; ainsi, dans les plaines basses et sablonneuses du midi, la température est élevée ; dans les montagnes et les plateaux, elle l’est beaucoup moins. Il arrive même que l’Européen, qui attache à l’Afrique l’idée d’une chaleur torride, rencontre dans ces montagnes, comme cela arriva lors de la première expédition de Constantine par les Français, la neige et un froid intense. Dans la région découverte du Sahara, où rien ne s’oppose à l’action des vents, le froid de l’hiver est assez intense pour que les habitants soient obligés de revêtir deux burnous, tandis qu’au même instant à Alger et sur la côte un seul suffirait. Mais aussi la chaleur de l’été y atteint une intensité dont nous pouvons difficilement nous faire une idée. Dans le Tell la chaleur est rarement aussi forte, excepté au fond des vallées profondes et des lieux encaissés. Sur la côte elle est mitigée par des brises de terre et de mer. La température moyenne de l’année à Alger est de 17 à 18 degrés centigrades. Le tableau suivant donnera une idée de la température dans les localités élevées :
Le thermomètre descend rarement au point de congélation ; l’hiver n’est, à proprement parler, en Algérie, que le temps des pluies ; elles tombent de septembre à avril par ondées toujours fortes durant plusieurs jours avec une intermittence de belles journées. Enfin, l’Algérie est aussi exposée trois ou quatre fois dans l’année au phénomène redoutable du vent du désert que les Arabes nomment avec raison, à cause de ses eifets meurtrier, le simoun ou l’empoisonné. Les maladies les plus communes en Algérie sont les fièvres intermittentes ; elles tiennent à des causes d’insalubrité locales que la colonisation fait disparaître de jour en jour en assainissant les terres submergées par obstruction du lit des cours d’eau, en construisant des canaux d’irrigation et d’écoulement. La mortalité moyenne varie entre 4 et 5 pour 100 par an.
Productions naturelles. — On rencontre en Algérie à peu près toutes les formations géologiques ; cependant les terrains calcaires dominent, et composent la presque totalité du sol et du sous-sol.
On rencontre auprès du Mouzaïa de riches mines de cuivre. Aux environs de Ténès il y a des filons de cuivre pyriteux. Un autre gisement, dans la province de Constantine, présente un bel affleurement de cuivre carbonaté vert et bleu, à Aïn-Barbar, près du cap Toukouch. On a encore signalé l’existence du cuivre au Djebel-Sidi-Beghéïs, à 90 kilomètres au sud-est de Constantine. Les mines de plomb du mont Bou-Thaleb, au sud de Sétif, sont tellement riches, que dans les mains inexpérimentées des Kabyles elles donnent plus de 80 pour 100 ; les Arabes viennent de distances considérables s’y approvisionner de balles. Le gîte du Kel-oum-Theboul, au sud-est de la Calle, est assez riche en argent. La chaîne du Boudjaréah, au-dessus d’Alger, le cap Caxine, les environs de Ténès, présentent encore d’autres gisements de plomb argentifère. Des scories, restes d’anciennes exploitations de l’Ouenseris, ont donné 40 pour 100 de plomb. On signale aux environs d’Oran des masses assez considérables de plomb sulfuré. Le manganèse se montre sur quelques points des environs d’Alger ; l’antimoine au mont M’taïa et à la source d’Aïn-Bebbouch, chez les Harakta, dans la province de Constantine. La Numidie avait un marbre célèbre que l’on croit avoir retrouvé près de Sétif, et le massif de rochers du cap de Garde renferme des couches puissantes d’un marbre anciennement exploité par les Romains ; le Djebel- Filfila, près de Constantine, présente de très beaux bancs de marbre blanc à gros grains cristallins. Sur une foule de points on rencontre des carrières antiques dans lesquelles il est facile d'observer la forme, le nombre, la disposition des entailles que les Romains creusaient pour détacher les énormes blocs qui caractérisent leurs constructions. On exploite près de Ténès des Carrières de grès qui fournissent de magnifiques pierres de taille. La pierre à plâtre abonde en Algérie ; on en signale jusqu’à quinze gisements différents dans la seule province d’Alger. Les pierres à chaux hydraulique, les pierres à ciment naturel, se trouvent aussi sur un grand nombre de points. Les argiles abondent, et parmi celles qui sont employées à la fabrication de poteries grossières, nous devons citer l’argile rouge à grains très fins de Milah, province de Constantine. A trois heures de marche à l’ouest de cette même ville, les Kabyles exploitent un de ces gisements de sel gemme que l’on regarde comme inépuisables. Plusieurs montagnes et des sources ont reçu des Arabes les noms de Djebel-Melh et d’Aïn-Melh, la montagne de Sel, la Source de Sel. La tribu des Beni-Melah (les fils du sel), à 38 kilomètres au sud-ouest de Béjaïa, possède une source dont l’eau fournit le cinquième de son poids en sel. Dans la province d’Oran, les salines d’Arzew, à 9 kilomètres de la mer, qui ont une superficie de 352 hectares, fournissent, par l’évaporation, une quantité de sel dont l’exploitation n’est limitée que par la belle saison et la fréquence des transports. On en prend autant que l’on peut en emporter. Les Kabyles de différentes tribus situées à 75 ou 100 kilomètres au sud de Sétif exploitent avec profit certaines terres dont ils extraient le salpêtre. Il existe de grandes masses de sulfate de baryte au col de Mouzaïa (province d’Alger). A Ténès, au Fondouk (province d’Alger), au camp de Smendou (province de Constantine), on a signalé quelques faibles couches de lignite, mais on n’a pas encore découvert de mines de houille en Algérie. Parmi les céréales que l’on cultive en Algérie, nous devons signaler le blé et l’orge, qui tiennent le premier rang ; presque sans aucune culture le sol rend de 12 à 20 hectolitres à l’hectare. L’Arabe, après les avoir coupés, demande encore à la terre de les lui conserver, car aussitôt la récolte faite, il les jette dans les silos, sortes de celliers creusés dans la roche en forme de poire, et où le grain se conserve intact durant des années lorsque l’entrée en a été hermétiquement bouchée. La plupart de nos légumes d’Europe réussissent parfaitement en Algérie ; quelques-uns réclament seulement les soins les plus intelligents du cultivateur. Comme plantes de spéculation plus lucrative, la colonisation française a introduit ou adopté le tabac, le coton, la garance, le pavot, et le succès a couronné ces tentatives intelligentes, prélude de bien d’autres. La flore arabe étale avec orgueil dans les jardins les corolles brillantes des fleurs jaunes, rouge ponceau, ou blanches et roses du catalpa, du balisier, du lantana, des grappes blanches du poirier, de la longue cloche du datura, nommée poétiquement trompette du jugement dernier ; les plantes bulbeuses, les tubéreuses, les narcisses, les lis, couvrent les prés humides ; les ruisseaux sont ombragés par des bosquets de lauriers-roses. Tandis que dans les vergers les grenadiers, les orangers, les citronniers, les pêchers, les jujubiers, les abricotiers, les amandiers, les figuiers, les poiriers, les pruniers, les vignes grimpantes, les mûriers, tous les arbres de l’Italie, de l’Espagne, groupés sans art, élèvent leur berceau de feuillage, de fleurs et de fruits à côté des palmiers, des bananiers, des goyaviers, élégante et gracieuse décoration d’une zone plus chaude.
L’un des végétaux qui paraît avoir le plus de prédilection pour la terre d’Afrique est l’olivier. Il en est sur le territoire de Tlemcen qui rappellent involontairement les colosses de nos parcs, et l’huile est la principale production de la Kabylie, des montagnes qui s’étendent entre Béjaïa, Skikda, Constantine et Sétif. Le palmier est le roi des arbres du Sahara, et pour peu qu’un peu d’eau humecte ses racines, il n’est pas de sol où il se plaise autant qu’au milieu des sables. Du haut des dernières montagnes de l’Atlas, si la vue pouvait s’étendre assez loin, on verrait les palmiers tantôt suivant le cours des eaux hautes, tantôt et le plus souvent groupés par milliers dans les oasis, tantôt suivant le cours des eaux souterraines qui surgissent au dehors par des puits artésiens, en décrivant une ligne sinueuse que les Arabes ont pittoresquement nommée la longue rivière des palmiers. Les meilleures dattes de l’Algérie sont celles de l’Ouâd-Souf, la récolte s’en fait vers le 20 octobre. Leur principale ligne d’écoulement passe par Tunis, d’où une grande partie est exportée en Europe.
Les forêts de l’Algérie, abandonnées depuis plusieurs siècles aux ravages des Arabes, sont presque toutes dans l’état le plus déplorable ; les seules qui aient conservé le caractère de nos bois sont celles que leur position, d’un difficile accès, ont mises à l’abri des charbonniers et de la dent des chèvres. On peut évaluer à un peu plus de 800,000 hectares la surface de celles dont l’existence et la nature ont été bien constatées. Les principales masses sont les bois de Mazafran, superficie 1,400 hectares ; du Boudouaou, 2,000 ; des Karezas, 9,000 ; et d’Aïn-Télezid, 5,200, toutes situées aux environs d’Alger, de Koléah et de Blidah. La forêt de Ténès, 2,000 ; les forêts des Beni-Menacer, des Soumata, 18,000 ; de l’Ouad-Derder, 9,000, et de Teniet-el-Had, 3,000 ; les forêts de l’Ouarsenis, du Sebaou, de Djebel-Dira, dans la province d’Alger ; les forêts de la Galle, 10,000 ; de l’Edough, 30,000, au-dessus de Annaba ; celle du Zeramuaet, du Filfila, 5,200 hectares près de Skikda ; des Hannencha, 40,000 ; de la chaîne du Bou-Taleb, au-dessus de Sétif ; du Belezma, 8,000 hectares, à 12 kilomètres au nord-ouest de Batna, dans la province de Constantine ; la forêt de Muley-Ismaël, à 32 kilomètres au sud-est d’Oran et limitrophe des colonies agricoles de 1848 ; les bois d’Ensila et de la Makta, près d’Oran et d’Arzew ; celui de la Habra, à 32 kilomètres au nord de Mascara ; les forêts qui s’élèvent entre Saïda et Tekdemt, entre Saïda et Daya, entre Daya et Tlemcen, jusqu’à la frontière du Maroc ; ces dernières, dans la province d’Oran, sont immenses et vierges sur beaucoup de points. Sur les 800,000 hectares de forêts, il y en a près de la moitié d’exploitées, savoir : 75,000 dans la province d’Alger, 400,000 dans la province d’Oran, et 200,000 dans la province de Constantine.
Les essences principales sont : le chêne-liège, le chêne- vert, le chêne zéen, le chêne à glands doux, le cèdre, le pin d’Alep, le pistachier de l’Atlas, le genévrier, le lentisque, le thuya articulé, l’olivier, le tamarin, l’orme, le frêne. Outre le bétail que l’on élève dans les villes et les villages, les Arabes ont des troupeaux considérables de bœufs, de moutons, de chèvres et de chameaux. Le gros bétail est d’une plus petite espèce que le nôtre ; les vaches n’ont que peu de lait, mais les brebis et les chèvres y suppléent, et c’est principalement de leur lait que se font tous les fromages consommés dans le pays. Le cheval, qui faisait autrefois la gloire de la Numidie, est beaucoup dégénéré, bien qu’il ait encore conservé quelques-unes des qualités qui le distinguent si éminemment, la vitesse et la sûreté de la marche dans les terrains les plus difficiles. La guerre et le régime turc en ont singulièrement diminué le nombre. Le cheval barbe est une variété un peu dégénérée du cheval arabe ; rien n’égale sa douceur, sa sobriété, sa vitesse, la sûreté de sa marche, sa résistance à la fatigue. Il existe en Algérie deux espèces de moutons inconnues à l’Europe, l’une qui ressemble au daim, l’autre dite mouton à grosse queue, dont la queue est formée d’une masse de graisse pesant de 4 à 2 kilogrammes, et qui fait la base des couscous et des pilaus. Les Arabes possèdent des troupeaux de chameaux dont ils utilisent les services pour la course, pour le transport, pour le laitage, qui nourrit la famille, pour le poil dont on fabrique des tentes. Outre le chameau ordinaire, les tribus de la lisière australe du Sahara élèvent le méhari, ou chameau de course, le vrai dromadaire, mais en petit nombre, car sa véritable patrie est le Grand Désert. Le Saharien lui-même a donc rarement occasion de voir à l’œuvre le méhari, dont il exalte la vitesse comme il exalte la force de son maître le Touareg. Ainsi, d’après eux, il y a des méhari qui font depuis 2 jusqu’à 10 étapes par jour, de 80 à 445 kilomètres, mais il est de fait qu’il ne parcourt jamais plus de 4 étapes ou 160 kilomètres dans un jour ; on n’en exige 5 que pour sauver sa vie, et il est rare que l’animal résiste à une si rude épreuve. Le lion et la panthère tiennent le premier rang parmi les animaux sauvages ; le lion n’attaque pas l’homme, à moins qu’il ne soit attaqué le premier, et il ne doit pas y en avoir plus d’une vingtaine de couples dans la partie abordée par la civilisation. Les lieux déserts et les forêts servent encore de refuge à des hyènes, des onces, des lynx, des caracals, des servals, des chacals aux glapissements funèbres, des ichneumons, des porcs-épics, des renards, des furets, des belettes, des gerboises, des taupes. Les sangliers, les lièvres, les lapins, le gibier de toute espèce sont excessivement abondants. L’ours paraît être très rare, et Cuvier a même nié son existence en Afrique. Les singes pithèques envahissent quelquefois les jardins des environs de Béjaïa, de Stora et de Kollo, où ils sont nombreux. Le bekr-el-ouahche, espèce de bœuf sauvage, le bubale des anciens, se rencontre fréquemment dans le désert avec l’autruche. Parmi les reptiles ovipares se trouvent la tortue de mer et celle de terre. Dans les décombres habitent plusieurs especes de lézards, et sur toutes les haies on aperçoit le caméléon. Le serpent le plus remarquable est le thaïbane, qui a 3 à 4 métrés de long, mais le plus dangereux est le leffah, qui habite, il est vrai, plus particulièrement le désert, ainsi que le zourréïke, dont les mouvements sont également d’une vitesse surprenante. La punaise et surtout la puce sont le fléau de toutes les campagnes et de toutes les habitations. De temps à autre la sauterelle se montre en troupes innombrables, devant lesquelles disparaît toute végétation. Dans le Zâb, oasis de la province de Constantine, dont le chef-lieu est Biskra, on a à craindre la morsure des scorpions et des tarentules. Toutes les eaux stagnantes sont infestées d’un nombre de sangsues si petites qu’on les aperçoit à peine, ce qui oblige à toujours passer l’eau avant de la boire. Parmi les oiseaux de l’Algérie nous citerons l’aigle, le karaborno, espèce d’épervier couleur cendrée ; le chagarâg, espèce de geai ; le corbeau du désert ; la kitaouiah, sorte de colombe ; la perdrix, la caille, une espèce de grive dont le plumage est fort beau ; l’alouette, le pélican, le canard, la grise-queue, la sarcelle, le vanneau, la poule d’eau, le francolin, l’ensisy, de la grosseur du courlieu ; le bouonk, espèce de butor ; la pintade ou poule de Numidie est originaire de ces régions. Entre autres oiseaux de passage, on distingue la perdrix et la caille. Excepté le barbeau d’eau douce, il n’y a guère de poissons de cette partie des côtes d’Afrique qu’on ne trouve en Provence, sur les rivages opposés de la Méditerranée. Il y a peu de homards, mais on pêche une grande quantité de langoustes, de crevettes, d’une espèce de crabes et d’écrevisses. L’oursin esculent est très commun dans ces parages, où les coquillages ne sont pas en grande abondance. Le corail des environs de la Calle est célèbre depuis longtemps, et on pêche sur ces mêmes côtes l’éponge.
Population. — L’Algérie n’est pas peuplée en proportion de son étendue ; elle compte au plus 7 habitants par 67 kilomètres carrés, tandis qu’en France, pour la même étendue, on en compte 65. Elle est donc huit ou neuf fois moins peuplée que la France, et seize fois moins que la Belgique, et si elle était peuplée proportionnellement à la France, elle devrait compter au moins 22 millions d’habitants. La population de l’Algérie se composait, à la fin de l’année 1851, de 2,554,121 habitants, savoir : 124,401 Européens, 105,865 habitants musulmans et Israélites des territoires européens, et 2,323,855 habitants des tribus. La population de l’Algérie se compose d’éléments très divers : on y rencontre des Européens de toutes les nations de l’Europe, des Juifs, des Maures, des Arabes sédentaires, enfin des Nègres venus du Soudan, les Kouloughlis, descendants des anciens conquérants ; tous y sont en minorité ; tous habitent les villes, les bourgs et les centres de population fixe. Mais les races qui dominent en Algérie sont celles des Kabyles et des Arabes.
L’invasion arabe changea complètement la face du pays. Ce fut vers l’an 670 de l’ère chrétienne que les Arabes, sous la conduite d’Okba-ben-Nafe, lieutenant du khalife Othman, se répandirent dans le nord de l’Afrique, après avoir envahi la haute égypte et les contrées qui formant aujourd’hui les régences de Tripoli et de Tunis. Les Berbères adoptèrent très promptement, et sans doute facilement, l’islamisme ; toute difficulté cessa donc de ce côté avec les Arabes ; mais les deux races ne se confondirent pas. Les habitants des montagnes conservèrent leur position et leur antique indépendance, qui devint plus farouche et plus absolue ; dans les plaines, la race arabe dut prévaloir et s’assimiler les anciennes populations qui les occupaient. La langue arabe, propagée à l’aide du Coran, devint le lien commun de tous ces peuples. Les Turcs s’établirent au milieu des Arabes par la ruse ; et par la violence, ils parvinrent, tant bien que mal, à dominer par tous ces moyens familiers à la politique orientale ; ils exploitèrent les Arabes, mais ils respectèrent les Kabyles. L’organisation politique intérieure de ces derniers n’est pas bien connue ; on sait seulement que c’est une démocratie poussée à ses dernières limites, ou plutôt le principe de l’individualisme poussé à ses dernières conséquences ; ils ont des demeures fixes, se livrent volontiers aux arts mécaniques, à divers procédés de fabrication qu’ils ont su perfectionner. Les populations arabes que l’on désigne aussi sous le nom de Maures, lorsqu’elles sont mélangées aux anciennes races du pays, présentent des dispositions toutes contraires : le fanatisme religieux est, chez elles, développé au plus haut degré : la noblesse de race, d’origine, est tout pour elles. Les Arabes forment une aristocratie religieuse fortement constituée. Loin d’être sédentaires et industrieux comme les Kabyles, ils sont nomades, laboureurs et surtout guerriers. Leur nombre peut aller à 1,800,000 individus.
Voies de communication. — Les voies de communication en Algérie sont exécutées communément par le génie qui les trace, les ouvre et y exécute les premiers travaux, et par le service des ponts et chaussées, auquel il les livre et qui les entretient, tout en prenant aussi de son côté l’initiative de certaines voies de communication. A ces voies de communication, dont plusieurs sont déjà parcourues par un service régulier de voitures publiques, nous devons ajouter la voie de mer, le long du littoral, qui est desservie une fois par semaine par les bateaux de l’Etat, qui font le service des dépêches et des transports, tandis qu’une ligne télégraphique s’étendant le long de la côte d’une frontière à l’autre assure la rapide communication de la pensée à travers les trois provinces. Un chemin de fer déjà à l’étude dans la province d’Oran est le commencement d’un immense réseau qui naîtra peut-être un jour fin à l’isolement des principales villes do l’Algérie en les reliant à la capitale de cette belle colonie.
Industrie agricole, manufacturière et commerciale — L’industrie agricole, cette vraie pierre de touche de toute colonisation, est en progrès dans l’Algérie ; les encouragements du gouvernement, les soins entendus d’agriculteurs habiles et d’éminents agronomes ne lui font pas défaut.
Les exploitations minérales, quoique toutes récentes, ont déjà pris un essor remarquable. Les mines de cuivre de Mouzaïa donnent des produits abondants, celles de l’Ouâd-Allelah, de l’Ouâd-Taffilet et du cap Tenez sont livrées aux travailleurs ; les forges de l’Alélik ne rendent pas autant qu’elles pourraient fournir, faute de bois et de charbon ; à Kef-Oum-Theboul on exploite une mine de cuivre qui contient de la galène très riche en argent, et d’ici à quelques années les nouvelles concessions de mines viendront doter la colonie et la mère patrie d’un nouvel élément de richesse, car de nombreuses permissions de recherches ont constaté la présence des minéraux les plus divers. L’industrie manufacturière n’a pas encore pris de grands développements parmi les Européens, car l’agriculture doit avant toute autre chose absorber exclusivement leur attention, et c’est à la métropole à mettre en œuvre les matières premières que lui envoie l’Algérie. Cependant quelques filatures de laine et de coton, des usines de diverses natures, des raffineries de sucre, des distilleries, des huileries, des mégisseries, des papeteries, etc., etc., ont été établies dans la plupart des villes les plus importantes. La pêche du corail occupe plus de 150 bateaux corailleurs presque tous étrangers, et produit annuellement près de 1,500,000 francs. Les Kabyles, comparativement bien plus tranquilles que les Arabes du Tell, à l’abri de leurs montagnes, ont conservé leur vieille industrie tout individuelle. Dans les moments de repos que lui laissent les occupations des champs, le Kabyle coupe le bois, fait du charbon, confectionne des nattes, des tapis, des chapeaux de paille, des haïks, des burnous noirs et blancs, d’autres tissus de laine, des toiles, des objets en cuir. Il en est qui exploitent des minerais de fer et donnent à ce métal différentes formes. Les uns en font des instruments aratoires, les autres des canons de fusil et des platines, tels que les Zouà-Zouâ et les Béni-Abbès, ou des sabres, tels que les Fliça, qui ont donné leur nom à cette arme parmi les Kabyles. Il y a sur plusieurs points des fabriques de poudre. Les Beni-Halla travaillent le noyer et en font des bois de fusil ; quelques autres tribus fabriquent de la poterie grossière, du savon et du sel. Presque toutes ont des moulins ou des pressoirs à huile. Le commerce extérieur prend chaque jour un grand accroissement, et la preuve en est dans les chiffres des importations et des exportations. En 1831 l’exportation atteignait 1,479,600 francs et l’importation 6,504,000 francs ; en 1840 l’augmentation était de 3,788,834 pour l’une et 57,334,737 pour l’autre ; en 1850, 6,695,506 et 87,898,349 ; en 1851, 16,614,760 et 99,424,283. En 1854 les importations ont dépassé 100 millions et les exportations plus de 20 millions de francs ; il y a loin de ces chiffres à ceux des premières années de la conquête. Ce résultat est donc fort encourageant pour la colonisation ; car du jour où la France pourra diminuer son effectif militaire, du jour où l’Algérie pourra se garder elle-même, les grands sacrifices cesseront pour la mère patrie et elle n’aura plus qu’à jouir de son œuvre. Le mouvement général du commerce, importations et exportations réunies, place l’Algérie au septième rang des puissances avec qui la France fait le plus d’échange. Le commerce de l’Algérie avec l’étranger est loin d’égaler celui qui se fait avec la métropole ; néanmoins il est aussi en voie de prospérité et atteint 5 ou 6 millions de francs. Les principaux articles d’importation consistent en tissus de coton, de laine, de soie et de chanvre, céréales en grains, farines, vins de toutes sortes, bois de construction, sucre raffiné, eau-de-vie de toutes sortes, matériaux, peaux préparées ou ouvrées, viandes salées, ouvrages en fer et en cuivre, mercerie commune, fromages, houille, tabacs en feuilles, fer, fonte et acier, café, sucre brut et raffiné, riz, verres et cristaux, chevaux et mulets, huile d’olive, savon ordinaire, tabac fabriqué ou préparé, soies, fruits de table frais, bougies, légumes secs et leurs farines, faïence, porcelaine en grès commun, papiers et cartons, cordages et filets, meubles, produits chimiques, etc., etc., etc.
Division politique et administrative.— L’Algérie est aujourd’hui une terre entièrement française régie par des lois particulières. Elle est divisée en trois provinces qui prennent le nom de leur capitale : Alger au centre, Constantine à l’est, Oran à l’ouest. Ces deux dernières sont à peu près les mêmes que sous les Turcs ; mais celle du centre comprend, outre le beylik d’Alger, l’ancien beylik de Tittery, qui avait pour capitale Médéah. Chacune d’elles forme une bande perpendiculaire au littoral, qui s’étend jusqu’au désert, comprenant ainsi une fraction du Tell et une fraction du Sahara. Les territoires arabes sont administrés militairement. Les Européens ne sont admis à s’y établir qu’en vertu d’autorisations spéciales. Nous renvoyons aux tableaux que nous donnons plus loin les détails de ces divisions. Le gouverneur général, dont la résidence est à Alger, réunit en ses mains tous les pouvoirs civils et militaires ; il est assisté par un conseil supérieur. Après lui viennent : le préfet de la province d’Alger, qui exerce la haute direction des services administratifs civils ; le procureur général, qui a sous ses ordres la direction du service judiciaire ; l’évêque d'Alger, duquel relèvent toutes les affaires religieuses ; enfin, les muftis des deux principales mosquées d’Alger. Le préfet de chaque province réunit toutes les attributions du directeur des affaires civiles ; il a sous ses ordres tous les chefs des différents services civils et financiers, il est assisté d’un conseil de préfecture ; chaque arrondissement a un sous-préfet ; puis viennent les commissaires civils dans les cercles, les maires dans les communes, les kaïds ou cheiks par tribu ou fraction de tribu. Le directeur central des affaires arabes exerce, sous les ordres immédiats du gouverneur général, tous les pouvoirs relatifs à l’administration des populations arabes ; il est secondé par un directeur dans chaque province assisté par des sous-directeurs, qui ont sous leur dépendance les bureaux arabes des différentes localités. Les bureaux arabes ont à leur tête des officiers français. Ces bureaux surveillent les chefs indigènes, visitent les tribus, les marchés, écoutent sur les lieux mêmes toutes les réclamations et y font droit dans les limites de leurs attributions, veillent à la transmission de tous les ordres et à leur traduction, et en expliquent le sens aux intéressés, facilitent les travaux des commissions administratives, en ce qui concerne la rentrée des contributions, pourvoient au payement régulier des cavaliers du Makhzen, des Kiala et des Askar ; dressent la statistique complète de tous les éléments de la population indigène ; préparent l’appropriation du sol pour les colonisations européennes faites sur les divers points du territoire algérien, etc., etc., etc. Au point de vue militaire, chacune des trois provinces est commandée par un général de division, et les subdivisions par des généraux de brigade. L’effectif de l’armée employée en Algérie varie suivant les circonstances politiques ; elle était en 1832 de 21,511 hommes, en 1846 elle fut portée à 105,000 hommes, aujourd’hui elle n’est plus que de 75 à 80,000 hommes. Cette armée se compose de deux éléments distincts : 1° des régiments venus de France ; 2° des troupes indigènes. Celles-ci se composent de trois régiments de zouaves, de trois bataillons de tirailleurs indigènes, de trois bataillons d’infanterie légère, de deux régiments de la légion étrangère, de quatre régiments de chasseurs d’Afrique, enfin de trois régiments de spahis. On a, en outre, organisé dans les territoires civils et les territoires mixtes une milice qui présente un effectif d’environ 20,000 hommes. Les revenus de l’Algérie ne sont pas encore assez forts pour dispenser la mère patrie des lourds sacrifices qu’elle s’est imposés jusqu’à ce jour, mais leur marche ascendante nous fait espérer que ces immenses sacrifices doivent un jour porter leur fruit ; les revenus, qui, en 1831, ne dépassaient pas 950,000 francs, sont aujourd’hui (en 1854) de plus de 20 millions, sur lesquels l’impôt arabe forme un total de près de 6,500,000 ; somme suffisante pour couvrir l’entretien des corps indigènes.
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Nota : les propos ci-dessus reflètent les idées de l'époque sur les colonies et leurs habitants. Il s'agit bien de notices historiques à replacer dans leur contexte. Ces textes ne correspondent en aucun cas à la position de l'auteur de ce site, qui a, par ailleurs, un grand respect pour la nation algérienne et son peuple |
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