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Les villes à travers les documents anciens

Saint Brieuc et son histoire

 

St Brieuc vers 1830 - gravure reproduite et restaurée numériquement par © Norbert Pousseur
Saint Brieuc, vers 1840, du dessinateur Buttura
gravure de La France pittoresque - Abel Hugo - 1835
Voir la mêrme vue (avec les personnages légèrement différents) sur la page de description de St Brieuc
collection personnelle

Voir aussi la page sur la présentation de St Brieuc vers 1840

Voir aussi la page sur le département des Côtes du Nord vers 1880

Histoire détaillée et anecdotique de St Brieuc, texte de M. Auguste Billiard,
extrait de Histoire des villes de France d'Aristide Guilbert - 1859, Collection personnelle

St Brieuc, Chatelaudren, Quintin, Moncontour, Lamballe

On ne peut séparer Saint-Brieuc des villes voisines sans affaiblir l’intérêt qui s’attache à leur histoire. De temps immémorial, unies par les mêmes liens politiques et religieux, elles vivent encore sous l’empire de souvenirs et d’idées que la révolution n’a pu détruire. Elles ne forment d’ailleurs qu’un cercle peu étendu dont Saint-Brieuc est le centre ; aussi se trouvent-elles comprises presque toutes dans le même arrondissement administratif.

Le pays de Saint-Brieuc se compose d’une partie de celui des Lexobiens et d’une partie de celui des Curiosolites. Les partages qui se firent entre les princes bretons établis en Armorique changèrent quelque peu les divisions introduites ou conservées par les Romains. Un des petits-fils d’Audren, descendant de Conan Mériadec, eut pour sa part le territoire compris entre l’Arguenon et le Trieu, en breton Treff et Tréo. On appela ce pays Gwetlod, par euphonie Gwellod, lot du Gwed, ou de la rivière du Sang, qui le traversait par le milieu. Les Français écrivent aujourd’hui Gouet et Gouello.

Au nord, le pays de Gouello était borné par la mer, dont les eaux s’avancent en demi-cercle dans les terres ; au sud, par la forêt de Brecilien ou Brocéliande. La côte se nommait le pays d’Armor ou de la mer, la partie du sud le pays d’Arcoat ou des bois. Les limites d’aucune autre partie de la Bretagne n’étaient mieux marquées par la nature que celles du pays de Gouello.

Les princes d’alors n’habitaient point les villes. Le roi Audren avait coupé par une large digue la profonde vallée du Leff ou de la rivière des Pleurs, et construit un château sur cette digue, qui retient les eaux d’un étang considérable, entouré de bois et de riantes collines. Au-dessous du château s’était élevée la petite ville de Chatelaudren (Castellum Audroëni) ; elle s’enorgueillit d’avoir été la capitale d’un royaume. Avant la révolution, elle était encore le chef-lieu du pays de Gouello, dont le territoire, il est vrai, se trouvait réduit des trois quarts. La fondation de Chatelaudren eut lieu entre les années 445 et 464.

La population de cette contrée s’était recrutée, au temps de Conan Mériadec, des jeunes gens venus avec lui de la Grande-Bretagne. Audren fournit des renforts aux Bretons de l'île qui choisirent son fils Constantin pour roi ; mais ils eurent aussi l’imprudence d’appeler à leur secours les Saxons contre les invasions des Pictes. Ni la valeur de Constantin, ni celle d’Ambroise Aurèle, ni celle d’Arthur, ne purent tenir contre les innombrables enfants de la Germanie. Repoussés vers la mer, ceux des Bretons qui n’avaient pu se réfugier dans le pays de Galles eurent à peine le temps de gagner la mer et de s’embarquer en masse (maxima navigio), en poussant des cris de vengeance et de désespoir. Les vents et la marée les portèrent presque tous dans les rivières du littoral auquel nous avons donné le nom de Côtes-du-Nord ; l’entrée de ces rivières leur était parfaitement connue. D’autres émigrations, moins nombreuses, s’étaient succédé depuis 383, époque de l’arrivée de Conan Mériadec. Fragan, neveu de Conan, s’était établi avec sa famille sur la rive du Gouet, au lieu nommé depuis Ploufragan (le peuple de Fragad). Il fut le père de plusieurs saints, notamment de Gwenolé, fondateur de la célèbre abbaye de Landevenec. La vallée de Trécor ou de Landréguer et le pays de Gouello reçurent la plupart des émigrants. L’évéque Brioc, appelé Brieuc par les Français, était de ce nombre ; il vint en Armorique avec cent soixante-dix de ses compagnons ; il en laissa la moitié dans la vallée de Trécor et débarqua avec les autres à l’embouchure du Gouet, au lieu qui s’appelait la Vallée-double, formé par l’encaissement profond de cette rivière et par celui du Goqédic (le Petit-Gouet). Un des serviteurs du comte Rigwal, seigneur de la contrée, les avait pris, à leur costume étrange, pour des ennemis ; mais il se trouva que Brioc et Rigwal étaient parents. Les légendes rapportent que le prince breton donna des terres et sa propre maison à son cousin pour y fonder un monastère. En peu de temps ce monastère s’entoura d’habitations. Telle est l’origine de la ville de Saint-Brieuc. L’époque où Brieuc s’établit sur le point culminant de la Vallée-double paraît au moins incertaine : Dom Lobineau se prononce pour 480, Albert-Ie-Grand pour 556 ; cette dernière date correspond mieux avec celle où eut lieu la plus nombreuse émigration des Bretons en Armorique. La ville de Saint-Brieuc ne fut érigée en évêché qu’en 848 ou 849, par le roi Nominoë. Son successeur, Erispoë, porta les reliques de Saint-Brieuc à Angers pour les soustraire aux invasions des Normands.

Quant aux chefs de ce pays, les légendes et les romans nous les représentent comme des princes puissants qui partagent la gloire d’Arthur et de Hoël-le-Grand, son cousin. Ils prenaient quelquefois le titre de roi ; les prétendants à la couronne de Bretagne étaient obligés de transiger avec eux. Ils opposèrent une vigoureuse résistance aux Normands ; un comte de Gouello contribua puissamment au succès de la bataille que le duc Alain Barbetorte leur livra près de Saint-Brieuc (939).

A la mort du duc Geoffroy, survenue en 1008, Alain, son successeur, assigna pour part à son jeune frère Eudon le pays de Domnonée, dans lequel l’évêché de Saint-Brieuc était compris, mais à la condition qu’il le reconnaîtrait pour son suzerain et qu’il n’aurait aucune autorité dans les villes. Tout alla bien tant que vécut Havoise de Normandie, leur mère ; mais à peine eut-elle fermé les yeux, qu’Eudon, non content de s’affranchir de l’autorité de son frère, voulut encore lui ravir la couronne. Ce dernier étant mort, Eudon, tuteur de son neveu Conan, le retint prisonnier. Les droits que cet Eudon exerçait dans la partie du duché soumise à son commandement ne suffisaient pas à son ambition ; il maria son troisième fils et successeur, Étienne, avec Havoise, comtesse de Guingamp ; celle-ci lui apporta en dot le pays de Gouello tout entier.

Eudon et ses enfants prenaient tous le titre de comtes de Bretagne, parce qu’alors les frères avaient les mêmes droits : il en était de même parmi les anciens princes de Gouello. À l’époque du mariage d’Étienne de Bretagne avec Havoise, le pays de Gouello se divisait en plusieurs comtés, qui étaient ceux de Guingamp, de Pentreff ou Penthièvre, de Gouello proprement dit, et de Lamballe. Les comtes de Bretagne, Eudon et son fils Étienne, habitaient Saint-Brieuc, point central de leurs domaines ; c’est dans la cathédrale de cette ville qu’ils furent inhumés.

Comme on vient de le voir, le nom Pentreff ou Penthièvre n’était d’abord que celui d’un comté ; il devint par la suite celui de tout l’évéché de Saint-Brieuc et d’une partie du diocèse de Tréguier. Placé entre le Leff et le Treff ou Trieu, ce comté s’appelait ainsi parce que son château principal était bâti sur le cap ou tête du Treff qui s’élève à la jonction de ces deux rivières. Au bas de ce cap se trouvait la petite ville de Pontreff ou Pontreo (Pontrieu), ainsi nommée du pont construit sur le Trieu : voilà pourquoi les Penthièvre sont quelquefois appelés Ponthièvre ; le pays se nommait la Penthevrie ou Ponthevrie. Si nous insistons sur ces détails, c’est qu’ils se rattachent à l’origine d’une famille qui a joué un si grand rôle dans l’histoire, et dont la puissance provenait du mariage d’Étienne de Bretagne avec l’héritière de Gouello. Elle descendait en ligne droite de Conan Mériadec.

Au commencement du XIIIe siècle, la maison de Penthièvre se composait d’Alain, chef de la famille, et d’Henry comte de Gouello et d’Avaugour ; à la même époque, leur cousine, Alix de Bretagne, enfant de quatre ans, était la seule héritière du duché. Le parti le plus sage était de la marier avec le jeune d’Avaugour, pour que la branche ducale et la branche seigneuriale n’en formassent plus qu’une seule. On fiança ces deux enfants ; mais, à raison de la puissance des Penthièvre qui avaient déjà donné plusieurs souverains à la Bretagne, le roi de France crut qu’il était de son intérêt de ne pas laisser former cette alliance, à laquelle il avait d’abord été favorable. Au mépris d’engagements sacrés, la main d’Alix fut donnée à un prince français, Pierre de Dreux : de là les premiers ressentiments des Penthièvre, trop fiers et trop ambitieux pour accepter cet affront. Ils avaient formé des alliances avec les familles les plus considérables du pays : il n’était personne qui ne tînt à honneur d’être cousin des Penthièvre. Leurs villes et leurs châteaux de granit formaient une haie de forteresses, sur le bord de rivières qui elles-mêmes eussent suffi pour défendre les frontières de leur comté. Toutes ces citadelles s’élevèrent du XIe au XIIIe siècle. Les tours de Châteaulin, résidence ordinaire du chef de la famille, celles de Frénaudour et de Coetmen, se dressaient sur les escarpements du Leff et du Trieu.

Dérien, fils d’Eudon, établi en Tréguier, avait fait de la Roche-Jaudy une des plus fortes places de la Bretagne. Guingamp n’avait encore que des palissades ; ce n’était, à ce qu’il paraît, qu’un lieu de réunion pour les marchands ; mais tout près se trouvaient Châtelaudren et Avaugour qui se donnaient la main. Un juveigneur de Penthièvre avait bâti le château de Quintin. Moncontour, située sur le penchant d’une colline, et défendue par une enceinte de tours et de murailles, était presque aussi forte que la Roche-Dérien. Construit à l’extrémité d’une montagne à pic, le château de Lamballe entourait de ses créneaux l’église si pittoresque de Notre-Dame ; les murs de la ville, qui descendait dans le vallon, opposaient une première barrière à l’ennemi. Non loin de là sont deux vastes étangs, dont l’un, formé par l’Arguenon, a près d’une lieue de longueur ; ils sont séparés par une arête de rochers, appelée Jugum par les Romains. Les Penthièvre y élevèrent de nouveaux remparts. On disait alors, en parlant de cette position formidable : « Qui a la Bretagne sans Jugon n’a qu’une chape sans chaperon » Ce n’est pas tout ; du même côté, on voyait encore le château de la Hunaudaye, bâti par les Tournemine, alliés des Penthièvre ; il était au milieu d’une forêt. Au bord de la mer, sur une roche détachée du rivage, les Goyon de Matignon avaient opposé aux Normands le fort de la Roche-Goyon, qui défend aujourd’hui la même côte contre les Anglais. Les Goyon, dont l’origine est si ancienne, étaient les premiers bannerets de Bretagne, les plus sûrs amis des Penthièvre. Nous ne parlons pas du château de Tonquédec, que les Coetmen possédaient dans le pays de Tréguier.

Entouré comme il l’était d’un cordon de citadelles, Saint-Brieuc n’avait pas besoin de remparts. Sous Charles de Blois, une seule tour fut plantée sur le bord de la mer, dont la rive escarpée a deux cents pieds de hauteur dans cet endroit. On l’appelait la tour de Cesson ; elle avait elle-même plus de cent pieds. On ne la construisit, sans doute, que pour empêcher les Anglais, amis de Montfort, d’entrer dans la rivière du Gouet, dont elle gardait l’embouchure.

Saint-Brieuc était la ville sainte du comté. Comme ceux de Gouello, les comtes de Penthièvre étaient des princes soumis à l’Église ; il n’était pas dans cette partie de la Bretagne une fondation pieuse à laquelle le nom de Penthièvre ne se rattachât. La grande abbaye de Bégar, que l’on nommait le Petit-Citeaux, fut fondée en 1130 par Étienne et Havoise, également fondateurs de Sainte-Croix-de-Guingamp. En 1137, Olivier de Lamballe faisait construire Saint-Aubin-des-Bois, dans la forêt de la Hunaudaye, et Bosquien, dans la forêt du même nom. En 1162, le comte Alain bâtissait Coatmaloen, aux sources du Trieu ; ces deux abbayes étaient du même ordre que Bégar. En 1144, c’était encore un Penthièvre qui élevait Lantenac, de l’ordre de Saint-Benoît. Alain, deuxième du nom, consacra les dernières années de sa vie à embellir Beauport, de l’ordre des Prémontrés, et dont les magnifiques ruines attestent la générosité de ses bienfaiteurs.

Saint-Brieuc n’était pas négligé : les Penthièvre ne se montrèrent pas moins généreux pour ses évêques que les anciens comtes de Gouello ; ils leur avaient fait l’abandon de tous leurs droits de souveraineté sur la ville et les environs dont ces prélats étaient les seigneurs spirituels et temporels. Dans le nombre de ces droits, il y en avait un fort singulier ; le jour de la Saint-Jean, à l’heure des vêpres, un des propriétaires de la rue nommée l’Allée Menault était tenu de sortir de sa maison, un bâton à la main et de dire trois fois : « Renouessenelles (grenouilles) taisez-vous ; Monsieur dort, laissez dormir Monsieur. » Les principaux gentilshommes du diocèse se disputaient l’honneur de servir d’écuyers à Monsieur, le jour de son entrée dans sa ville épiscopale. Le siège de Saint-Brieuc était toujours occupé par une créature des Penthièvre, s’il ne se trouvait pas quelqu’un de la famille qui voulût s’y placer. Parmi les dignitaires du chapitre, on distinguait l’archidiacre de Penthièvre et l’archidiacre de Gouello. Lorsque, en 1210, l’évêque Pierre rapporta d’Angers les reliques de saint Brieuc, le comte Alain voulut lui-même se charger de ce précieux fardeau, depuis l’entrée de la ville jusqu’au chœur de la cathédrale.

On voit, d’après ces détails qui se rattachent tous à la ville de Saint-Brieuc, quelle était la puissance de cette maison des Penthièvre, renfermée dans un petit espace, mais ayant les meilleures terres de la province, une population fidèle, une noblesse dévouée, l’assistance de l’Eglise, et ces nombreuses citadelles qui fermaient toutes les issues du comté. Ne pouvant les ramener à sa cause, Pierre de Dreux conçut le projet d’abaisser d’aussi redoutables vassaux. La lutte s’engagea d’abord entre le duc et l'évêque de Saint-Brieuc, Guillaume Pinchon ou Pichon, au sujet des droits de tierçage et de past nuptial (pastus nuptialis). Esprit étroit et obstiné, comme le sont les hommes disgraciés par la nature, Guillaume Pichon ne consentit jamais à renoncer à ce qu’il appelait les prérogatives de son Eglise. Quelle que fût la piété des Briochins, les exigences du clergé étaient devenues intolérables. La plupart des historiens cherchent à les excuser ; ils disent que l’évêque Pichon fut exilé par Pierre de Dreux ; d’Argentré, plus hardi, rapporte qu’il fut chassé par les habitants de son diocèse. Toutefois le duc y avait aidé en envoyant des commissaires pour reprendre l’autorité temporelle, si longtemps exercée par les évêques (1226 ). Mais le mauclerc avait affaire à trop forte partie ; Guillaume Pichon, qui s’était retiré à Poitiers, revint à Saint-Brieuc quelques années après ; les prêtres de son diocèse lui avaient préparé une entrée triomphale. Quand il mourut, en 1237, ils en firent un saint, renommé surtout par une continence dont la cause semblait une faveur divine.

Rentré dans Saint-Brieuc, Guillaume Pichon ne s’y occupa plus que de la construction d’une nouvelle cathédrale, entreprise au-dessus de ses forces, qu’acheva son successeur. Il est difficile de trouver dans toute la Bretagne une masse de pierres qui soit de plus mauvais goût.

Quoiqu’ils ne cessassent de les soutenir, les évêques de Saint-Brieuc ne voulaient pas toujours reconnaître la suzeraineté des Penthièvre ; seigneurs et prélats se disputaient souvent sur la question de savoir à qui appartenait le droit de régate, c’est-à-dire le produit des biens de l’évêché pendant les vacances du siège. Avec le temps, la question se décida en faveur de l’évêque, qui ne fut plus considéré comme membre de Penthièvre ou de Gouello : à lui seul les profits de la justice ; à lui seul toute espèce de droits seigneuriaux, productifs ou improductifs. Au XIVe siècle, le siège épiscopal fut constamment occupé par des cadets d’Avaugour, de Rohan et de Malestroit, parents ou amis des Penthièvre, et qui étaient de trop bonne famille pour avoir moins de prérogatives que leurs aînés.

Démembré sous Pierre de Dreux et ses successeurs, le comté de Penthièvre se retrouva plus fortement constitué que jamais par le mariage de Guy de Bretagne, arrière-petit-fils du mauclerc, avec l’héritière d’Avaugour et de Gouello. Le duc Jean III était mort sans enfants ; Guy, son frère, n’eut qu’une fille, Jeanne de Bretagne, dite la Boiteuse, à qui le duché revenait de plein droit : mais Jean de Montfort l’emporta sur elle. Ce grand drame de Montfort et de Penthièvre appartient à l’histoire générale de la province. Charles de Blois, mari de Jeanne la Boiteuse, avait à l’appui de son droit la noblesse et l’Église ; Montfort avait pour lui les Anglais et les communes. On ne savait pas ce que c’était qu’une commune en Penthièvre. Tant que dura la guerre entre Charles de Blois et Montfort, ni ce dernier ni ses auxiliaires ne purent pénétrer dans le pays de Saint-Brieuc. Jean de Beaumanoir, maréchal de Bretagne, leur reprit Jugon, qu’on regardait comme imprenable, et qui se trouvait alors séparé du comté. Charles fit fortifier Guingamp, l’une de ses villes de prédilection ; il faisait battre monnaie à Moncontour ; il aimait aussi beaucoup Lamballe, le chef-lieu de ses domaines. Ses plus chauds promoteurs étaient les évêques de Tréguier et de Saint-Brieuc. Ce dernier, Hugues de Montrelaix, s’était « passionné » pour lui.

D’après le traité de Guérande, Jeanne la Boiteuse, alors veuve de Charles de Blois, fut réduite au comté de Penthièvre ; ses enfants étaient captifs en Angleterre. Elle se soumit à cette convention que la force lui avait imposée ; mais Clisson et Jean IV se détestaient. Le connétable obtint la liberté des Penthièvre, pour marier sa fille Marguerite avec Jean de Blois ; le mariage fut célébré à Moncontour, en présence des sires de Laval, de Léon, de Derval, de Rochefort, de Beaumanoir et de Rostrenen ; en un mot, de tout ce qu’il y avait de plus illustre en Bretagne à cette époque. Jean IV contint son ressentiment jusqu’au jour du guet-apens du château de l’Hermine. Plus vindicative encore que Jean IV, aussi belle qu’ambitieuse, Marguerite de Clisson, sous prétexte de venger son père, n’aspirait qu’au titre de duchesse de Bretagne. Sans attendre que Montfort eût fermé les yeux, tout Penthièvre se souleva pour elle. Après un siège de quinze jours, le connétable s’était rendu maître de Saint-Brieuc ou plutôt de la cathédrale, véritable château fort, où il se retrancha, tandis que le duc l’appelait au combat sur les grèves d’Hillion, où il ne voulut pas descendre.

La paix se fit entre eux, paix que le connétable observa religieusement, mais que Marguerite chercha constamment à troubler. Les habitants de Saint-Brieuc, qu’elle avait excités, se révoltèrent contre les ordonnances du duc, qui fut obligé d’y envoyer son frère, Arthur, comte de Richemond, avec mille hommes d’armes, pour faire respecter son autorité (1406).

Nous avons raconté dans notre notice sur Josselin comment le connétable accueillit les propositions de meurtre de sa fille Marguerite. A peine fut-il mort qu’elle agit en souveraine, ordonnant et faisant lever des impôts dans son comté, malgré les défenses que le duc et les états lui signifiaient. On ne put lui faire accepter l’arrangement négocié par son fils Olivier avec Montfort. Celui-ci envoya à Moncontour douze sergents, pour l’ajourner à comparaître devant lui. Quelques-uns eurent l’insolence de porter la main sut elle ; Marguerite leur fit payer chèrement cette audace : la plupart furent tués à l’instant. Le duc n’eut d’autre moyen, pour réduire cette femme indomptable, que de faire venir des forces d’Angleterre. À l’aide de ces alliés, il prit Châteaulin-sur-Trieu, Guingamp et la Roche, dont les murs commençaient à se relever. Les Anglais avaient commencé par dévaster l’île de Bréhat, dont ils détruisirent les maisons et chassèrent tous les habitants.

Encore une fois forcée de capituler, Marguerite ne se montra que plus implacable ; elle sut tromper les enfants de Jean IV par des marques de déférence, d’amitié même. Au fond de l’âme, elle ne songeait qu’au moyen de les faire tomber dans un piège. Le guet-apens de Chanteauceaux souleva toute la Bretagne contre les Penthièvre. Jean V délivré fit raser les châteaux de Jugon, de Lamballe, de Chatelaudren, d’Avaugour, de Chateaulin-sur-Trieu. Jamais ordre ne fut mieux exécuté (1520) ; tous les biens des Penthièvre furent confisqués. Le nom de Marguerite, que les vieux historiens appellent la méchante Margot, est resté dans la mémoire des Bretons comme celui de Morgane ou Mourgue la fée, ce génie malfaisant et perfide de leurs anciens romans.

Margot cependant était bonne pour les Briochins : indépendamment d’une chapelle et d'un couvent dont elle dota leur ville, ils lui doivent ce joli monument orné de dentelles gothiques qui recouvre la fontaine Notre-Dame, et que les personnes pieuses se plaisent à orner de couronnes de fleurs.

Bannis et ruinés, les Penthièvre cherchèrent un asile en France ; un siècle s’écoula sans qu’il leur fût permis de former un établissement solide en Bretagne. Vainement ils voulurent profiter de la guerre que le duc d’Orléans, depuis Louis XII, excita dans la province : le comté de Penthièvre ne fut rétabli qu’en 1525, en faveur de Jean de Brosse, héritier, sinon des biens, du moins des titres de cette famille. L’ambition de ces vassaux n’était plus à craindre ; la Bretagne appartenait à la France. II n’était point alors de sujets plus fidèles que les Penthièvre ; Charles IX érigea leur comté en duché-pairie. Les évêques de Saint-Brieuc avaient profité de l’interrègne pour faire confirmer leurs privilèges ; mais l’héritière du nouveau duché devint la femme du duc de Mercœur. L’évéque de Saint-Brieuc, Nicolas Langelier, remarquable d’ailleurs par son mérite, ne se « passionna » pas moins pour le prince lorrain que Hugues de Montrelaix ne s’était « passionné » pour Charles de Blois. Lamballe avait encore une forte enceinte de murailles ; Moncontour et Quintin n’avaient pas été démolies.

Saint-Laurent, l’un des capitaines du duc, fit le siège de la tour de Cesson, occupée par les partisans du roi. Il fut pris et enfermé dans la place qu’il assiégeait ; mais Mercœur vint à son secours et le délivra. On ne saurait se faire une idée de la résistance des assiégés : il fallut quatre cents volées de canon pour les réduire (1591). Quintin, où Du Liscouet commandait, donna encore plus de peine à Mercœur ; cependant il parvint à s’en rendre maître (1592). Lamballe était occupé par les ligueurs. C’est au siège de cette ville que le brave Lanoue, dit Bras-de-Fer, fut tué en montant à l’assaut. Le désordre que causa sa mort obligea les assiégeants à se retirer (1591). Henri IV ne se consolait pas de ce que cette bicoque lui eût causé une si grande perte. Moncontour fut tour à tour pris et repris par les royalistes et les ligueurs.

Penthièvre avait encore de la force ; les remparts qui restaient furent successivement démolis. Commençant par la tour de Cesson, on tenta de la faire sauter avec une mine : la moitié seulement s’écroula ; l’autre moitié, qui reste encore debout, n’est plus qu’un point de reconnaissance pour les navigateurs. Du côté de la terre, ce débris s’élève assez fièrement au-dessus de Saint-Brieuc. Il n’est plus question de Quintin comme place forte ; les murs de Lamballe et de Moncontour ne furent renversés qu’en 1623 et 1624, à l’occasion des troubles que le Penthièvre d’alors voulut exciter en Bretagne. Enfin, le duc de Vendôme, qui était le chef de cette maison et qui mourut sans enfants, vendit ses droits au prince de Conti, d’où ils passèrent aux bâtards de Toulouse. Les nouveaux Penthièvre n’occupèrent plus que le premier rang dans la noblesse ; il ne leur restait pas un seul château dans la Bretagne. La mémoire du dernier duc est vénérée dans cette province ; on s’y rappelle aussi cette infortunée princesse de Lamballe, pour qui la révolution aurait dû se montrer moins impitoyable.

Revenons aux villes dont nous écrivons l’histoire : la destruction de leurs bastilles leur donna plus de liberté. En 1628, on commença cependant à revêtir Saint-Brieuc d’une enceinte dont il ne reste plus de traces aujourd’hui ; elle n’avait pour objet que de mettre cette ville à l’abri d’un coup de main. On y envoya même un gouverneur, et on y organisa des milices pour la défense de la côte. Celles-ci se distinguèrent en plusieurs occasions, notamment à la prise d’une frégate hollandaise qui s’était trop avancée dans les grèves, et dont le feu bien nourri n’arrêta par les Briochins ; ce fut un combat naval à pied sec. En récompense de cette action le roi leur donna six des canons de la frégate. Les milices de Saint-Brieuc ne manquèrent pas à la bataille de Saint-Cast, et y firent encore preuve de courage.

Quoique avec peine, l’instruction commençait à se répandre dans le pays ; en 1601, Saint-Brieuc eut un collège placé sous la direction du chapitre. Le clergé ne prodiguait pas la lumière ; il se montrait fort intolérant. La marquise de la Moussaye, nièce du grand Turenne, réunissait les protestants en conférences dans son château de Quintin qu’elle faisait bâtir ; Louis XIV fit cesser ces conférences et défendit même à la marquise de continuer la construction de son château. L’évêque, Denis de la Barde, mit trop de zèle dans cette affaire ; la marquise, furieuse, tenta de lui donner un soufflet, mouvement que l’évêque lui pardonna avec beaucoup de noblesse et de générosité. Ce prélat avait entrepris une tâche plus difficile que la conversion des protestants ; il voulait corriger les ecclésiastiques de son diocèse d’un vice alors fort commun en Bretagne. Un jour de procession, au moment où il passait devant un cabaret, un prêtre en sortit, un verre à la main, s’écriant d’une voix forte : « A la santé de l’évêque qui défend de boire au cabaret. »

Le successeur de Denis de la Barde, Marcel de Coëtlogon, montra moins de rigueur envers les protestants ; il n’employa que la persuasion pour les convertir.

Quant aux droits et franchises de la ville, nous ne saurions préciser l’époque où Saint-Brieuc eut une communauté, que représentaient quatre échevins, quatre assesseurs, les sept capitaines des compagnies de milice et quatre habitants notables. Ces privilèges n’étaient pas antérieurs au règne de Henri II. Lamballe et Moncontour avaient aussi leurs communautés. Ces trois villes députaient aux états, qui se réunirent treize fois à Saint-Brieuc de 1602 à 1768, Cette dernière en retira quelques avantages, notamment la construction des quais, qui ont rendu son port, nommé le Légué, un des meilleurs et des plus commodes de la côte.

Quintin vivait sous l’empire de ses seigneurs ; ils s’étaient détachés des Penthièvre, leurs cousins, dont ils n’avaient point partagé la rébellion. Leur collégiale possédait la ceinture de la Vierge, qu’un aïeul des comtes de Laval ou de la Tremouille, devenus barons de Quintin, avait apportée de Jérusalem. Dans un incendie où les ornements de cette église furent entièrement consumés, la ceinture de la Vierge se trouva miraculeusement préservée (1600). N’oublions pas de dire, en l’honneur de Quintin, que le père Ange Le Proust fonda, en 1697, la Société des Filles de Saint-Thomas de Villeneuve, qui desservent encore aujourd’hui la plupart des hôpitaux de la Bretagne, et qui comprennent si bien le caractère et le but de leur mission.

Le pays de Saint-Brieuc, où la noblesse et le clergé s’étaient constamment appuyés l’un sur l’autre, ne devait qu’imparfaitement comprendre les idées qui amenèrent la révolution de 1789. L’ordonnance par laquelle le roi avait convoqué une assemblée nationale, avait établi que la noblesse, le clergé et le tiers-état nommeraient séparément leurs députés. D’après la constitution de Bretagne, aucune représentation ou délégation de la province auprès du trône ne pouvait être élue que par les trois ordres réunis : les choix dépendaient toujours des deux ordres qui étaient d’accord. La noblesse et le clergé, que l’on convoqua à Saint-Brieuc pour procéder à l’élection de leurs députés, se trouvaient précisément dans un pays où l’harmonie n’avait jamais cessé d’exister entre ces deux ordres. Sous le prétexte spécieux que l’on attentait aux droits de la province, l’un et l’autre protestèrent avec une égale énergie contre la manière de former l’assemblée nationale, dans laquelle ils n’eurent point de représentants. La bourgeoisie de Saint-Brieuc montra elle-même quelque hésitation sur le parti qu’elle avait à prendre ; toutefois elle suivit le mouvement que les autres villes de la province ne tardèrent pas à lui imprimer.

Le caractère de la nouvelle administration fut équivoque, son autorité précaire. La presque totalité des communes de cette partie du département n’avaient de foi qu’en leurs prêtres, dont la plupart refusèrent le serment à la nouvelle constitution. Singulier rapprochement ! c’est sur les bords de cette partie de l’Armorique que, douze siècles auparavant, les prêtres exilés de la Grande-Bretagne vinrent chercher un asile ; c’est du même rivage que partirent en foule les prêtres français qui passèrent à l’étranger. Parmi les plus chauds partisans du nouvel ordre de choses, beaucoup se trouvèrent heureux de leur fournir le moyen de s’embarquer. Le canton de Pontrieu s’était seul nettement prononcé pour la révolution. La chouannerie ne tarda pas à s’organiser entre Lamballe et Moncontour.

Ce fut un gentilhomme de Bréhand, nommé Boishardy, qui souleva les campagnes de ces cantons ; il était jeune, brave, aventureux, bien fait de sa personne, aimé de tous ceux qui le connaissaient. Nul, dans cette triste guerre, ne montra plus de désintéressement et de loyauté. Une jeune femme, qui fut sans contredit une des plus charmantes de la province, l’accompagnait ou venait le joindre dans ses expéditions. Habillée comme lui en paysan, elle était son émissaire le plus sûr. Que de fois (c’est d’elle que nous tenons ces détails) s’est-elle trouvée avec son Boishardy cachée dans une cabane ou dans le plus épais d’un taillis, tandis que les balles des bleus sifflaient autour d’eux ! Trahi par un des siens, Boishardy fut frappé dans un champ entouré de talus élevés, comme il y en a tant dans la Bretagne, et dont il s’était fait une espèce de fort. Il y avait passé la nuit auprès de sa maîtresse. L’ayant quittée au bruit qu’il avait entendu, il fut atteint de plusieurs balles au moment où il retournait sur ses pas pour la revoir encore. L’homme qui l’avait trahi lui trancha la tête, qu’on porta en triomphe à Moncontour ; elle fut jetée dans un étang près de cette ville. Le général Hoche ne put s’empêcher de donner des regrets à la mort de ce chef de paysans et de soldats réfractaires (1795).

La guerre civile n’avait nulle part en Bretagne, ni même aux environs de Saint-Brieuc, le caractère généreux que Boishardy avait voulu lui donner. Quoiqu’on petit nombre, les patriotes briochins n’abandonnèrent point la cause de la révolution. Les chouans des Côtes-du-Nord se joignirent à ceux du Morbihan par la forêt de Lorges ; d’un autre côté, les communications étaient faciles avec l’Angleterre. Dans la nuit du 4 au 5 brumaire an VIII, les insurgés tombèrent sur Saint-Brieuc pour rendre à la liberté leurs camarades détenus dans les prisons de la ville ; ils réussirent dans cette entreprise ; toutefois, les patriotes se conduisirent si bien, que le général Brune, commandant à Rennes, remit cette place sous l’empire de la constitution qu’on s’était vu forcé d’y suspendre.

Depuis cette époque, la ville sainte des Penthiévre, devenue le chef-lieu d’un département dont la population s’élève à 607,572 habitants, a pris un nouveau caractère et étendu la sphère de ses idées et de ses intérêts. Parmi les centres de grandes administrations, il en est peu où l’on s’occupe avec plus de zèle des améliorations sociales. Un respectable prélat, Caffarelli, évêque de Saint-Brieuc sous l’Empire, a puissamment contribué à donner au clergé un esprit plus conforme à celui de notre époque.

La ville, qui n’était ni grande ni belle, s’est, depuis 1800, considérablement accrue ; elle a aujourd’hui 11,266 habitants ; elle n’en comptait que 6 à 7,000 avant la révolution. Des constructions de meilleur goût s’élèvent autour des anciennes dans une campagne dont les aspects sont riants et variés. L’instruction surtout a fait de grands progrès à Saint-Brieuc ; son collège est fort suivi. Au moyen des livres et des manuscrits précieux recueillis dans les anciens couvents, la ville s’est formé une des plus riches bibliothèques de la province. D’un autre côté, le commerce des produits du pays, dont les principaux sont le lin et le chanvre, l’huile de lin, la cire, le suif, le beurre et le cuir, prend de jour en jour un plus grand développement. Saint-Brieuc a de très beau granit qu’on expédie jusqu’à Paris. Le port du Légué rivalise avec ceux de Saint-Malo et de Granville pour la pêche de la morue ; il envoie cinquante et quelques bâtiments à Terre-Neuve. Ces navires, qui conduisent leurs cargaisons dans les différentes parties de l’Océan et de la Méditerranée, rapportent, en échange, du vin, de l’huile, du savon et des denrées coloniales.

Le port de Paimpol, jolie petite ville où l’on compte 2,000 habitants, celui de Binic, qui devient aussi une ville, et celui de Pontrieu, concourent aux mêmes entreprises ; ce pays est d’ailleurs fort riche. L’agriculture est parvenue au plus haut degré de perfection dans les environs de Saint-Brieuc. L’ile de Bréhat, dont l’aspect est si animé, est une pépinière de marins ; c’est aussi la retraite de ceux pour qui le jour du repos est arrivé. Pontrieu pourrait devenir plus considérable : il n’a que 1,800 habitants. Chatelaudren, dont la population ne dépasse pas 1354 âmes, n’a pas changé depuis la révolution. On s'y rappelle toujours le désastre de 1773, où la ville fut ensevelie sous les eaux de l'étang ; un orage qui dura trente heures en avait rompu la digue. Beaucoup de maisons furent détruites ; le nombre des victimes que cette avalaison surprit pendant la nuit fut également considérable. La manufacture de toiles de Quintin, la plus importante et la plus renommée de la Bretagne, s’est soutenue malgré la concurrence que lui font les tissus de coton. Nous n’avons pas parlé du dernier rassemblement de royalistes dans cette ville ; ce ne fut qu’une vaine démonstration qui suivit plutôt qu’elle ne précéda le désastre de Waterloo. La population de Quintin est de 4,500 habitants ; celle de Moncontour est moins forte qu’autrefois ; elle ne s’élève qu’à 1,700 habitants. Quant à Lamballe, la fertilité du pays où elle est placée y entretient l’aisance ; l’industrie y a fait peu de progrès ; cette ville compte 4,400 habitants. Lamballe était autrefois renommée par sa fabrique de parchemins, entièrement tombée aujourd’hui.

Les armes de Saint-Brieuc sont d'azur au griffon d'or, armé, becqué, et lampassé de gueules ; celles de Lamballe d'azur à trois gerbes d'or, avec bordure de gueules, comme Penthièvre ; et celles de Moncontour de gueules au lion d'argent, couronné et lampassé d'or, au chef d’argent semé d'hermines.

Un grand nombre d’hommes distingués ont vu le jour dans les différentes villes de cette contrée.

  • Nommons d’abord le savant le Brigant, qui fut l’ami de la Tour d’Auvergne, et pour le fils duquel ce dernier partit à l’époque de la première réquisition ; il naquit à Pontrieu.
  • L’abbé Ruffelet, auteur des Annales Briochines ; Joannin, graveur distingué ;
  • MM. Charles Lucas, de l’Académie des sciences morales et politiques ;
  • Achille du Clésieux, homme de lettres, sont nés à Saint-Brieuc.
  • L’abbé Gallet, auquel on doit des mémoires d’une érudition profonde sur l’histoire de la Bretagne, était de Lamballe.
  • Le père Toussaint de Saint-Luc, auteur d’un grand nombre d’ouvrages d’histoire et de piété,
  • et l’abbé Grégoire Desaunay, garde de la Bibliothèque Royale, qui, dans les temps les plus difficiles de la révolution, préserva ce bel établissement des dévastations dont il était menacé, étaient l’un et l’autre de Quintin.
  • C’est au château de Crenan, près de cette ville, qu’a dû naître le marquis de Crenan, un des généraux les plus distingués du siècle de Louis XIV.
  • Le trop fameux Éder de Beaumanoir, connu sous le nom de Fontenelle, était du vieux bourg de Quintin.
  • Beaudoin de Maisonblanche, auteur d’un ouvrage estimé sur les institutions convenancières,
  • et Rupérou, conseiller à la cour de Cassation, qui fut pendant trente ans un des plus dignes représentants des Côtes-du-Nord dans nos assemblées législatives, sont nés tous les deux à Chatelaudren.
  • Le savant jurisconsulte Douaren était de Moncontour.
  • C’est dans le même canton, à Saint-Carreuc, que naquit Budes de Guébriant, maréchal de France.
  • La famille de Coet-logon, qui a fourni Marcel, évêque de Saint-Brieuc,
  • et le maréchal de Coetlogon, célèbre marin, avait son château dans Plemieux.

Tel est ce pays si riche en souvenirs, où l’on ne peut faire un pas sans trouver une ruine à interroger, ou les débris de puissances que l’on ne comprend plus aujourd’hui. La plupart des châteaux si redoutables qu’on y voyait autrefois sont maintenant des tertres de verdure où paissent tranquillement les moutons ; mais les fées et les revenants y apparaissent vers le soir. Si vous allez à Beauport, vous n’y trouverez plus ces riches prémontrés, offrant une hospitalité de prince aux voyageurs, mais les tombes vides des Penthièvre et leurs statues, la face contre terre, ou jetées en morceaux parmi les voûtes et les piliers écroulés.

 



 

 

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