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Les villes à travers les documents anciens

Blois, du 17ème au 19ème siècle

 

Plan de Blois en 1645 - gravure reproduite par la © BNF,  restaurée numériquemnt par Norbert Pousseur
Plan de Blois vers 1630 (date d'édition 1645), établi par Frans Hogenberg
provenant de la BNF
Zoomable, en fin de page, avec les légendes intégrées dans l'illustration.


Voir aussi
L'Histoire détaillée de Blois
La carte du département du Loir et Cher en 1883


 

Selon les époques, la description de Blois change - Sont citées, ici 4 sources principales:

 

Blois sur la Loire vers 1660 - gravure reproduite et restaurée numériquement par © Norbert Pousseur
Blois sur la Loire vers 1660,
gravure et texte ci-dessous extrait de "Les délices de la France" par François Salvinien d'Alquié, 1670,
collection personnelle

B L O I S.
Cette aimable ville est située sur le bord de la même rivière qui arrose les murailles d'Orléans. Son terroir est si fertile et son Pays si beau, qu’on l’appelle communément le grenier de la France, comme la Sicile l'était anciennement de Rome, et la terre en est si grasse, que s’il plut un moment, il est presque impossible de pouvoir marcher ; voilà pourquoi on a mis ce Proverbe en usage : En Beauce bonne terre et mauvais chemin.
L’Air y est si pur et si doux que les Rois y ont fait souvent leur séjour, et y ont fait élever leurs enfants, comme étant le lieu le plus propre du Royaume.
Quoique tout y soit considérable, il y a pourtant certains édifices qui méritent une particulière admiration comme les belles églises Collégiales de S. Jaques et de S. Sauveur qui sont très superbes, le château qui est à une extrémité de la ville, bâti sur un rocher, capable d’une bonne défense. On dit que Louis XII a fait bâtir la porte ancienne qui regarde l’église et la ville, et qu’il y fît mettre, une statue de pierre blanche représentant un homme monté sur un beau cheval. On voit encore dans cette maison la  devise de ce Monarque qui représentait un porc épic couronné avec certains mots pour marquer que comme il est impossible de toucher cet animal sans se blesser, il est aussi tout à fait impossible de pouvoir irriter un Roi, et s’approcher par trop de la couronne, c’est à dire de sa majesté, sans courir risque se porter la peine de son attentat.
On y voit encore celle que François Ier a fait mettre, savoir une Salamandre qui rit dans les flammes, pour dire que la prise ni la défaite de son armée devant Pavie n’avaient pas été capables d’abattre son courage. Les beaux jardins qui y sont remplis de tout ce qu’il y a de curieux, et mille autres raretés qui sont dans ce château méritent justement qu’on les voie et qu’on les admire.
Il y a encore de très belles promenades au dehors pour la commodité des habitants, un pont extrêmement long bâti sur le Loir, au-dessus duquel il y a une pyramide élevée en l’honneur de Henri le Grand, des aqueducs qui ne sont pas fort hauts, mais qui sont extraordinairement larges, lesquels marquent la magnificence des Romains, et l’antiquité de la ville.
Enfin il y a une infinité de belles choses à voir qui peuvent contenter les plus curieux ; mais ce qui est de plus aimable dans cette ville, c’est que le peuple y est le plus civil et le plus doux de France. La charité, et l’hospitalité sont si naturelles â ses habitants que les étrangers y sont traités comme les enfants de la maison. La bonne chère n'y coûte presque rien, et la conversation des hommes et des femmes y est si belle, qu’on ne saurait rien souhaiter davantage : ce qui me fait dire que c’est le lieu de plus charmant du monde, et le séjour le plus délicieux pour les personnes d’esprit et de joie qu’on puisse trouver.


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Les bains de Catherine de Médecis à Blois, par Thomas Allom, - gravure reproduite etrestaurée numériquement par © Norbert Pousseur
Le Pavillon des Bains de Catherine de Médecis, au château de Blois, par Thomas Allom,
gravure extraite de La France au XIX siècle, édition de 1841,
collection personnelle

Article extrait du Dictionnaire universel géographique et historique - Thomas Corneille - 1708
(collection personnelle
).

BLOIS. Ville de France, capitale du Blaisois, avec titre de Comté, à neuf lieues de Celles, à douze de Valençay, et à seize d’Orléans, d’Amboise et de Tours. On la met d'ordinaire dans la Beauce, à cause que son Comté s’étend en deçà et de la rivière de Loire, vers la Sologne d’un côté, et jusqu’à Châteaudun de l’autre. Elle est située au bord de cette rivière sur le penchant d’une colline, environnée d’une campagne si remplie de tous les biens qu’on peut souhaiter pour vivre commodément, que plusieurs Rois y ont établi leur Cour.

Il y a un très beau Château, dont une partie parait avoir été achevée depuis peu, avec une grande cour au milieu, et quatre pavillons qui s’entretiennent par quatre grandes ailes, où les chambres et autres appartements sont ornés de quelques tableaux et de fort belles peintures, qui y sont du temps que Henri II y demeurait. Pour arriver aux jardins, on passe de ce Château par un pont qui est sur ses fossés, et par une rue qui l’en sépare. Ce qui parait le plus beau, c’est une longue galerie pleine de pièces rares et curieuses, qui est au milieu de deux jardins, dont l'un est rempli d’arbres fruitiers, et l’autre de parterres, de fontaines, de jets d’eau, et de plusieurs statues de marbre venues d’Italie. On trouve ensuite un grand parc, dont l'entrée est de plusieurs allées à perte de vue pour aller dans un lieu de chasse où le gibier est en abondance. Il y a encore quelques antiquités, comme plusieurs arcades qui servaient à un aqueduc, dont les eaux étaient portées à un Palais qui était au lieu où est présentement le Château. Ces voûtes sont si larges, que trois hommes à cheval passeraient de tous de front sans aucune peine.

La figure de Henri II est au-dessus de la grande porte du Château, qui fait face à une belle place où est l’église Canoniale de Saint Sauveur de Fondation Royale. L'Abbaye de S. Laumer bâtie l’an 917, par Raoul Duc de Bourgogne, et successeur de Charles le Simple à la Couronne de France, est une des plus belles Églises de Blois. Elle est ornée de deux hautes tours, et a été fort endommagée du temps des guerres avec les Anglais. Un de ses Abbé l’a raccommodée, comme on le lit sur une table d’airain, attachée à un des piliers dans le milieu de la nef de la même église. Le Convent des Jacobins est proche l’Hôtel-Dieu, ainsi que l’Abbaye de Notre-Dame des Bois, dite Brumoy. On voit là dans un Marché la grande fontaine, avec cinq ou six gros tuyaux qui jettent de l’eau dans un bassin en si grande quantité, qu’elle en peut fournir à toute la ville, quoi qu’il y ait d’autres fontaines dans la plupart des carrefours. L’église Cathédrale est Sainte Soulerne dans l’endroit le plus élevé de toute la ville. La grande rue où elle est, est le lieu où se tient la Foire de Blois à la Saint Barthélemy. On y vend de toutes sortes de marchandises fort rares.

Blois était du Diocèse de Chartres ; mais le Pape Innocent XII l’érigea en évêché l’an 1694 à la sollicitation de Louis le Grand. M. Bertier en fut sacré le premier évêque au mois de Novembre de la même année. On a doté cet évêché des Menses Abbatiales des Abbayes de S. Laumer, de Blois et de Pont-Levois de l’Ordre de Saint Benoît, et de celle de Bourg-Moyen de l’Ordre de S. Augustin. On a pris aussi les Prieurés de S. Laumer pour l’entretien des Chanoines. Le Chapitre de l’église Cathédrale de Blois est composé d’un Doyen Chanoine Régulier de Sainte Geneviève, de deux Archidiacres et de vingt-quatre Chanoines.

Il y a Chambre des Comptes et Présidial. La Maison de Ville y est assez bien bâtie. On la voit dans une rue qui aboutit sur le quai, où l’on va se promener pour avoir la vue de la rivière de Loire, sur laquelle est un grand pont de pierre. Il sert pour passer au faubourg de Vienne. Il y a quelques maisons dessus, avec deux tours qui en défendent l’entrée. De ce pont on trouve une rue qui traverse Blois. On y voit le Palais, bâtiment fort ancien, et le Marché des Halles, proche le Couvent des Cordeliers, qui finit à la porte Chartrine, où est un faubourg de même nom. Il faut sortir par une autre porte pour aller voir le Collège des Jésuites, et leur église bâtie à l’Italienne, et couverte d’un beau dôme.

Les États Généraux du Royaume ont été assemblés deux fois en cette ville par Henri III, l’une en 1577 où la guerre fut résolue contre les prétendus Réformés, et l’autre en 1588, où le Duc de Guise fut tué, avec le Cardinal de Lorraine son frère. La ville de Blois, appelée par les Latins Blesum, Blesa et Casirum Blesense, a donné son nom au petit Pays Blaisois. Le village d’Orchese n’en est éloigné que de deux lieues, et est remarquable par ses antiquités. On fait beaucoup d’estime à Blois du vin des Grouëres. Il sort d’une côte qui est le long de la rivière de Loire, et où il y a un grand vignoble qui fournit quantité de pièces de vin qu’on porte aux Pays du Nord ; ainsi que de l’eau de vie, qui est d’un grand revenu pour le Pays. L’air y est fort pur, et c’est ce qui avait fait choisir Blois pour y élever les Enfants de France, d’où vient que cette ville a été nommée la Ville des Rois. C’est peut-être aussi à cause que ses premiers Comtes étaient de la Famille de Hugues Capet, tige de nos Rois de la troisième Race. Théobald le Vieux fut le premier qui posséda ce Comté. Eudes son fils mourut sans enfants en 865 et eut Robert le Fort Duc de France pour successeur. Ce dernier fut père d’Eudes et de Robert, et après eux le Comté de Blois passa à Thibaud, surnommé le Tricheur, fils de Gerlou le Normand père d’Eudes I à qui la succession de la mère apporta les Comtés de Beauvais, de Troyes et de Meaux. Thibaud III fils d’Eudes II laissa Henri Etienne, auquel succéda Thibaud IV dit le Grand ; sa Branche s’étant éteinte en Thibaud le Jeune, Marguerite sa tante lui succéda, et eut de Gautier d’Avene, Marie qui épousa Hugues de Châtillon, Comte de Chartres et de Dunois. Hugues de Châtillon, Comte de Saint Paul, hérita de Jeanne de Châtillon sa cousine, qui n’eut point d’enfants de Pierre de France, fils de S. Louis. Guy de Châtillon II du nom, ayant vendu le Comté de Blois à Louis Duc d’Orléans, frère du Roi Charles VI. Louis XII son petit-fils l'unit à la Couronne. Ce Prince naquit à Blois le 27 de Juin 1461 et plusieurs Personnes Royales y ont trouvé leurs tombeaux ; savoir la Reine Anne de Bretagne en 1514, la Reine Claude sa fille en 1524, la Reine Catherine de Médicis en 1589 et Gaston de France Duc d’Orléans oncle du Roy en 1660.
* Jouvin de Rochefort, Voyage d'Espagne et de Portugal. André du Chêne, Antiquités, des Villes de France. Audifiret, Geographie ancienne et moderne Tome 2.

 

Entre les grands personnages que la même ville de Blois a produits, on doit distinguer Jean Morin et Jerôme Vigniet, tous deux Prêtres de l’Oratoire. Le premier naquit en 1591 et fut fils de Luc Morin Marchand et de Jacquette Gaussand, qui l'élevèrent dans la Religion Prétendue Ré formée. Après avoir acquis une parfaite connaissance de la Langue Grecque et de la Latine à la Rochelle, où il acheva ses études qu’il avait commencées à Blois, il passa à Leyden, et il y apprit la Philosophie, le Droit et les Mathématiques. Ensuite il s’appliqua à l’étude de la Théologie et des Langues Orientales. S’étant ainsi rendu habile par des veilles assidues dans les Sciences et dans les Langues, il se donna tout entier à la lecture de l’Écriture, des Pères et des Conciles, ce qui lui fit connaitre la fausseté de la Religion où il était né. Il devint bientôt l’admiration de tous les savants, et eut grande part à l'estime et à la familiarité du Cardinal du Perron, qui par la force de ses raisons acheva de le convaincre sur ses doutes, et l’obligea de se rendre à la vérité par l’abjuration de ses erreurs. Il passa dans la Congrégation de l’Oratoire, que le Cardinal de Bérulle venait d’établir en France, et il y reçut tous les Ordres sacrés. Ce fut alors qu’il fit sa principale occupation de réfuter de vive voix ou par écrit l’hérésie dont il avait été infesté pendant sa jeunesse, et de chercher à retirer les Juifs de leur funeste aveuglement. Il se servit pour cela de la Vulgate et des Septante qu’il fit réimprimer a Paris en 1618. et qu’il soutint contre ceux qui entreprirent de les attaquer, par un Ouvrage admirable qu’il donna au Public l’année suivante sous le titre d’Exercitatiiones Biblia. Son érudition, quoique très profonde, égalait à peine son humilité. Le Cardinal Barberin, sur la haute réputation qu’il s’était acquise, l'ayant obligé de venir à Rome, il y fut reçu du Pape Urbain VIII avec de grandes marques d’estime, et il pouvait prétendre à de hautes Dignités quand le Cardinal de Richelieu l’appela auprès de luy 9 comme un homme qui lui était nécessaire dans ses grandes vues. Sa mort arriva le 28 de Février 1659.
Jerôme Vignier né l’an 1606 de parents qui étaient aussi de la Religion Prétendue Réformée, fit des progrès si surprenants dans l’Étude de ses premières années que ses Maîtres ne lui pouvaient donner assez de louanges. Il se rendit très habile dans les Langues, savoir, la Grecque, la Chaldaïque, l’Hébraïque et la Syriaque. La fréquente lecture de l’Écriture-Sainte et des Pères, fit une si heureuse impression sur son esprit, qu’étant convaincu de la vérité, il abjura l’hérésie, et tint sa conversion cachée jusqu’à ce que son père l’ayant voulu marier à une Demoiselle Calviniste, il déclara non seulement qu’il avait embrassé la Religion Catholique ; mais que son dessin était d'aller passer sa vie parmi les Chartreux. Il prit en effet l’habit dans ce saint Ordre, et la délicatesse de sa complexion l’ayant rendu incapable de résister aux austérités de la Règle de Saint Bruno, il se retira chez les Peres de l’Oratoire. Son mérite le fit choisir pour Supérieur successivement des Maisons de Tours, de la Rochelle, de Lyon et de Saint Magloire de Paris. Il fit un voyage en Lorraine, et comme il s’était appliqué à la connaissance de l’origine de toutes les Maisons Souveraines de l’Europe qui le faisaient consulter souvent sur leurs doutes, il y découvrit des antiquités si curieuses touchant celles de Lorraine, d’Autriche, de Luxembourg, de Bade, d’Alsace, et de quelques autres, qu’il en fit un Ouvrage merveilleux qui fut traduit en Latin par le docte Chifflet. Dieu l’éprouva par les piquantes douleurs de la pierre, et il en souffrit l’opération avec une patience digne d’un véritable Chrétien. Il fut attaqué peu d’années après d’une manière d’hydropisie, et d’une fièvre quarte, qui s’étant changée en continue causa sa mort le 14 de Décembre 1661. * Perrault* de l'Académie Françoise. Hommes lllustres.

Artcle extrait du Dictionnaire universel du commerce, par Jacques Savary des Bruslons, édition de 1748
(collection personnelle)

Blois. On y fait des serges trémières, des serges drapées, des étamines, et des crêpons ; toutes ces étoffes se font de laine du pays. Le produit de la Fabrique est de six à sept cents pièces, année commune. On y apporte de dehors environ quatre cents pièces qui y sont marquées comme foraines : les unes et les autres se débitent pour la Ville et pour les lieux voisins.

Vingt Sergers, trente métiers, deux Teinturiers du grand teint, cinq du petit teint, et quatre Tondeurs sont employés pour cette Fabrique.
Il s’y fait aussi quantité de cuirs gros et menus, de chapeaux, et des ouvrages de Bonneterie.
Les cuirs occupent dix Tanneurs et autant de Corroyeurs ; les chapeaux, seize Maîtres Chapeliers ; et la Bonneterie, sept à huit Maîtres Bonnetiers.
Il s’y fait aussi quelque Ganterie qui s’envoie à Paris.

 


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Artcle extrait du Dictionnaire universel de la France, par Robert de Hesseln, édition de 1771
(collection personnelle)

BLOIS, ville ancienne et belle, avec titre de comté, capitale du Blésois, au gouvernement général de l’Orléanais, avec un château magnifique, où fut tué Henri duc de Guise ; un évêché suffragant de Paris, une chambre des comptes, un bailliage, une élection, une lieutenance de la rnaréchaussée, un grenier à sel, une maîtrise particulière des eaux de forêts, dépendante de la grande maîtrise de Berri, Blois et Vendôme, et un bureau de commerce pour la vente des vins et eaux-de-vie qu’on récolte dans plus de 50 arpents de vignes que renferme le territoire de cette ville. Elle est située à mi-côte, dans une position des plus agréables qu’il y ait en France, sur la rive droite de la Loire que l’on passe en cet endroit sur un très beau pont de pierres, à 7 lieues entre le levant et le midi de Vendôme.

 La route de Paris à cette ville, est par le Bourg-la-Reine, Châtres, Etampes, Orléans, Beaugency, et de là à Blois, à 12 lieues au midi de Châteaudun, à une égale distance au couchant d’hiver d'Orléans, et à 50 de Paris, au 18e. degré 17 minutes de long. et au 47e degré 35 minutes de latitude.

 

Château de Blois en 1645 - détail du plan reproduit par la © BNF,  restaurée numériquement par Norbert Pousseur

Le château de cette ville fait son principal ornement. Il semble au coup-d’œil en être séparé ; cependant il y est joint par un chemin pratiqué dans le roc. Cette maison royale est l’ouvrage de plusieurs seigneurs et de plusieurs princes.

Château de Blois vers 1840 dessiné par Thomas Allom - gravure reproduite puis  restaurée numériquement par Norbert Pousseur
Château de Blois par Thoma Allom,
gravure extraite de La France au XIX siècle, édition de 1841,
collection personnelle

Château de Blois, par Williem Turner, vers 1850 - gravure reproduite etrestaurée numériquement par © Norbert Pousseur
Château de Blois, par Williem Turner, vers 1850
gravure et texte ci-dessous extraits de River scenery of France - Williem Turner - 1853
collection personnelle

L’image de la Vierge est placée sur chacune des portes de la ville ; c’est en mémoire de ce que cette ville étant affligée d’une cruelle peste en 1631, elle en fut miraculeusement délivrée, dès que ses habitants eurent fait un vœu à cette reine du Ciel.

Les prisons  de Blois en 1645 - détail du plan reproduit par la © BNF,  restaurée numériquement par Norbert Pousseur

Parmi les bâtiments publics de la ville de Blois, on remarque, d’après la tradition, que les prisons de cette ville sont le plus ancien de ses bâtiments.

L’hôtel-de-ville est un assez grand corps-de-logis accompagné d’une belle cour.

Le Palais et les Halles  de Blois en 1645 - détail du plan reproduit par la © BNF,  restaurée numériquement par Norbert Pousseur

Le palais où l’on rend la justice, a été bâti par les comtes de Blois, ducs d’Orléans, et par les rois Louis XII, Henri II et Henri III. En bas sont les Halles, et en haut la grande salle et les chambres du présidial, de l’élection, des eaux et forêts et des comptes.

 

Le pont de Blois en 1645 - détail du plan reproduit par la © BNF,  restaurée numériquement par Norbert Pousseur

Le pont qui joint le faubourg de Vienne à la ville, est beau et fort solide : il est composé de onze arches. On a élevé au milieu une pyramide qui fait l’admiration des étrangers par la délicatesse de l’ouvrage, et par la hauteur qui est de près de cent pieds.

Vue de Blois et de son pont vers 1820 - dessiné par Chapuy - gravure reproduite puis  restaurée numériquement par Norbert Pousseur
Blois et son pont vers 1820, dessiné par Chapuy,
extrait du Nouveau voyage pittiresque de France - 1827
Collection personnelle

 

Les fontaines de Blois doivent être mises au nombre des principales beautés de la ville. Leurs eaux viennent d’un lieu souterrain qui est à un petit quart de lieu de la ville. Elles coulent des fentes de certains rochers dans un large aqueduc, que l’on croit être un ouvrage des Romains. Cet aqueduc est fait en forme de grotte, pris et taillé dans le roc si artistement, que plusieurs personnes y pourraient marcher de front en plusieurs endroits. Les eaux en question se ramassent, et elles tombent toutes dans un réservoir qui est près des murs de la ville, qu’on appelle la fontaine des Arcis : de là elles sont distribuées par plusieurs canaux de plomb, en divers quartiers de la ville. La plus considérable de ces fontaines est appelée la grand-fontaine ; c’est celle que le roi Louis XII fit décorer de plusieurs ornements.

La grande fontaine de Blois en 1645 - détail du plan reproduit par la © BNF,  restaurée numériquement par Norbert Pousseur

L’évêché de Blois est le moins ancien du royaume, si l’on en excepte les évêchés de Dijon et de S. Claude. Il fut érigé après bien des difficultés, par le pape Innocent XII en 1697. David Nicolas. Berthier en fut le premier évêque, et fit sa première entrée dans la ville de Blois, le jeudi 16 juin 1698. Tout ce qui compose ce nouvel évêché, a été distrait de celui de Chartres, et il renferme presqu’entièrement les élections de Blois, de Vendôme.et de Châteaudun. Il est borné au septentrion par celui de Chartres, au midi par ceux de Tours et de Bourges, au levant par ceux d’Orléans et de Bourges, et au couchant par ceux du Mans et de Tours. Il comprend 200 paroisses et 104 annexes, 4 chapitres, 4 abbayes d’hommes et une de filles. Le prélat qui est à la tête de ce diocèse, jouit au moins de 36 000 livres de rente.

 

Eglise St Solenne de Blois en 1645 - détail du plan reproduit par la © BNF,  restaurée numériquement par Norbert Pousseur
Eglise St Solène ou Soulaine (anciènement Saint-Solenne, à présent cathédrale St Louis)

Les chapitres des églises collégiales de S. Sauveur et de S. Jacques de Blois, furent unis pour former le chapitre de la cathédrale, établie dans l'église de S. Soulaine (St Solène sur le plan), laquelle était une église paroissiale de la ville de Blois. Cette église est aujourd’hui sous le titre de S. Louis, Comme les deux chapitres que nous venons de nommer ont été unis sans être confondus, nous devons remarquer que le chapitre de S. Sauveur est composé de 8 dignités et de 12 canonicats. Les dignités sont, le doyenné, la chantrerie, le sous-doyenné, la trésorerie, la prévôté, les deux archidiaconés et le prieuré-cure. La dernière de ces dignités n’est qu’honoraire en faveur du curé, qui est toujours un chanoine régulier de l’ordre de S. Augustin. Quant aux canonicats, c’est le roi et le chapitre qui y nomment alternativement. Ces canonicats valent actuellement 16 ou 1800 livres de revenu. Le bas chœur consistait autrefois en 30 chapelains qui avaient leur mense à part ; mais aujourd'hui ils sont réduits à 14, outre six enfants-de-chœur. Ce chapitre a un privilège fameux, nommé la Comté, à cause qu’il lui a été accordé par Thibaud V. comte de Blois, lequel se dépouilla de toute son autorité, ainsi que de la perception de tous ses droits sur la ville de Blois, pour en revêtir le chapitre de S. Sauveur pendant trois jours, à commencer le soir du jour de l’Ascension jusqu’au soir du Dimanche suivant. Pour prendre possession de ce privilège, les chanoines en robes de palais sortent de la cathédrale, après Compiles, au son de la grosse cloche,  et  marchant deux à deux ; ils vont au palais où ils nomment un juge qui, pendant les trois jours de concession, rend la justice en leur nom, tant au civil, qu’au criminel ; mais pour les cas seulement qui surviennent pendant cet intervalle ; car pour ce qui concerne les causes qui sont déjà pendantes au bailliage ou au présidial, ils n’en prennent point connaissance.  Ils exercent la police, mettent le taux aux denrées, et perçoivent aussi tous les droits d’entrée et de péages, mais non pas les autres droits royaux.

Le chapitre de S. Jacques, réuni à celui de S. Sauveur, a été réduit à 4 chanoines, à cause de la modicité de ses revenus ; et malgré cette réduction, ces canonicats ne valent actuellement que 600 livres. A l’exception du service divin que les chanoines de S. Jacques font dans la même église, et conjointement avec ceux de S, Sauveur, ils n’ont rien de commun avec ces derniers, qui néanmoins les précèdent toujours. C’est le roi qui nomme aux 4 canonicats de S. Jacques. Quand on érigea l'évêché de Blois, les menses abbatiales des abbayes de S. Laumer de Blois, de Pont-Levoi, et de Bourg-Moyen de Blois, furent unies à l'évêché qui venait d’être créé.

L’abbaye de S. Laumer de Blois, est de l’ordre de S. Benoît. Le cardinal de Sourdis y introduire en 1624 la réforme de la congrégation de S. Maur.

Eglise St Laumer de Blois en 1645 - détail du plan reproduit par la © BNF,  restaurée numériquement par Norbert Pousseur
Eglise St Laumer ou Lomer

L’abbaye de Bourg-Moyen est de l’ordre de S. Augustin. Elle a pris le nom qu’elle porte, de ce qu’au temps de sa fondation, la ville de Blois ne consistant qu’en trois petites parties appelées Bourgs, cette abbaye était située dans celui qui était au milieu, entre le bourg S. Jean et le bourg du Foix.

Les chanoines réguliers de l’ordre de S. Augustin, y furent introduits en la place des séculiers, dès le temps du pape Calixte II, et réformés l’an 1210 par Manassé, évêque d'Orléans, troisième du nom. En 1647 la réforme de la congrégation de France y fut établie.

Les prisons  de Blois en 1645 - détail du plan reproduit par la © BNF,  restaurée numériquement par Norbert Pousseur

Outre les maisons régulières dont nous venons de faire mention, il y a à Blois une maison de chanoines réguliers de S. Lazare, des Cordeliers, des Capucins, des Jacobins ou Dominicains, des Minimes, des Carmélites, des filles de la Visitation, chanoinesses, dites Véroniques ; un magnifique collège, dirigé par des séculiers ; un Hôtel-Dieu desservi par des religieuses Hospitalières, et administré par les échevins qui y nomment un receveur tous les trois ans ; un hôpital général où les pauvres sont renfermés ; un séminaire dirigé par les Eudistes.

Charles IX, après avoir supprimé la chambre des comptes de Blois, la rétablit par un autre édit, deux années après, au mois d’août de l’an 1568 ; et les lettres-patentes qui furent depuis accordées à ce sujet, furent confirmées par un édit de Louis le grand, 1715. L’exécution en fut ordonnée par un arrêt du conseil qui intervint en 1716 Cette chambre est actuellement composée d'un premier président, de deux chevaliers d’honneur, de quatre maîtres des comptes, de deux honoraires, d’un trésorier de France, de deux correcteurs, de quatre auditeurs, d’un procureur général et de deux avocats généraux. Son ressort comprend les élections de Blois, de Romorantin, d’Amboise et de Châteaudun. Mais outre cela, cette chambre conserve par rapport à sa juridiction des prétentions sur tous les domaines qui ont appartenu autrefois au comte de Blois de la maison d’Orléans, même sur ceux dont ces princes ont été privés par force majeure ; tels, par exemple, que le Milanais et autres terres en Italie, qui dévaient appartenir à la maison d’Orléans, dont était le roi Louis XII. C’est à cause de cette prétention que la Chambre des comptes de Blois envoie tous les vingt-huit ans faire des protestations sur la frontière de France du côté de l’Italie.
Le bailliage de Blois a les mêmes bornes que le comté de ce nom. Mais les appellations des châtellenies royales de Romorantin et de Millançay, sont portées au parlement, excepté les cas présidiaux ; car alors elles sont relevées aux présidiaux de Blois, siège principal du bailliage du même nom.

Le commerce de cette ville et des environs, consiste en eaux-de-vie et en vins pour Paris, en serges trémières et drapées ; étamines, crépons, gants, chapeaux et cuirs.

Il y a une foire le 19 août, qui dure dix jours.

C’est la patrie de Jean Morin célèbre père de l’Oratoire, et l’un des plus savants hommes du dix-septième siècle ; d’Isaac Papin, auteur d’un traité contre le Tolérantisme en matières de religion, et d’autres ouvrages, et mort au commencement de ce siècle (1709) ; de Jérôme Vignier, savant dans les langues, dans l’antiquité sacrée et profane, et dans l’histoire, et particulièrement instruit de l’origine des maisons souveraines de l’Europe ; de Jean Bernier, médecin, à qui le public est redevable d’une histoire de Blois ; de Florimond de Beaune, habile mathématicien. C’est dans cette ville que l'on a trouvé en 1632 l'art de peindre en émail.

Les prairies des environs, situées entre les rivières de Casson, et du Beuvron, sont charmantes : l’on vante comme très excellent le lait des vaches que l’on y nourrit, et particulièrement la bonté de la crème que l’on en fait. Il y a une bonne coutellerie à Blois, et l’on y fabrique des dés à coudre qui sont recherchés.

Il y a une belle forêt vers le couchant, que l’on nomme la forêt de Blois : elle contient cent mille trois cents arpents ; c’est pourquoi il y a une capitainerie des chasses à Blois, et une maîtrise particulière. Les promenades de la ville sont charmantes. Elle a un château royal dans le voisinage, et la proximité de celui de Chambord, et plus de 150 terres et maisons de plaisance à 10 lieues à la ronde ; ce pays est le plus beau de la France.

Il y a dans Blois quantité d’étrangers, que la beauté du climat, la température et la salubrité de l’air, l’agréable aspect des côteaux et des bords de la Loire attirent.

Le sieur Laire, maître de pension de cette ville, qui depuis quelques années y a fait bâtir une belle et vaste maison, avec un jardin pour loger les étrangers, a fait construire en 1761 dans son voisinage une salle de spectacle, agrément dont manquait cette ville. Cette salle par sa situation, et par la décoration dont elle est ornée, forme seule un très beau coup-d’œil. Elle renferme un joli théâtre, des loges, un orchestre, un amphithéâtre, un parquet, un parterre, etc., le tout commode, bien entendu, et distribué de façon qu’elle sert à toutes sortes de spectacles, même pour les bals.

C’est le séjour que la cour a fait souvent à Blois, qui a donné lieu de dire que les habitants de cette ville sont ceux du royaume qui parlent le mieux la langue française : ce qu’il y a de certain, c’est que ce sont ceux qui ont la meilleure prononciation et le moins d’accent.

L’élection de Blois s’étend à la droite et à la gauche de la Loire : elle est très fertile et très agréable. On y compte 74 paroisses.

On y pêche une si grande quantité de saumons, qu’il est à très bas prix. (La Martinière et M. P abbé Expilly).

 



Blois le long de la Loire vers 1830 - dessiné par Rauych - gravure reproduite puis  restaurée numériquemnt par Norbert Pousseur
Blois au bord de la Loire vers 1835,
gravure publiée dans le "Guide pittoresque du voyageur en France",
dessin de Rauch, édition de 1838 - collection personnelle

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Texte extrait du Dictionnaire de toutes les communes de France - éd. 1851 - Augustin Girault de Saint Fargeau - (collection personnelle).

BLOIS, Blesœ, Blesia, Blesum, grande et très ancienne ville, chef-lieu du département de Loir-et-Cher (Blaisois), et de 2 cantons. Tribunal de 1ère ins tance et de commerce. Bourse de commerce. Société d'agriculture. Collège communal. Evêché. 3 cures. Grand et petit séminaire. Gîte d’étape. Relais de poste. Bureau de poste. Population 16,156 habitants. Autrefois évêché, comté, château royal, capitale du Blaisois, parlement de Paris, chef-lieu d'élection, chambre des comptes, bailliage, présidial, chapitre, collège, 9 abbayes ou couvents.
L’évêché de Blois fut fondé en 1697 : revenu, 14,000 livres ; taxe, 150 florins. Paroisses, 900. Abbayes, 5 : revenu, 35,500 livres ; taxe, 2,650 florins.

Fabriques de gants de peau estimés ; vinaigreries, faïenceries, tanneries et corroieries.— Commerce de vins, eaux-de-vie, excellent vinaigre, draps, papier, cuirs, faïence, bois à brûler, merrain, etc. ; centre du commerce des eaux-de-vie dites d’Orléans ; pépinière départementale ; dépôt royal d’étalons. — Foires les 1ers samedis de janvier, avril et octobre. 24 juin et 6 décembre.
L’arrondissement de Blois est composé de 10 cantons : Blois E., Blois O., Bracieux, Contres, Herbault, Marchenoir, Mer, Montrichard, Ouzouer-le-Marché et St-Aignan. — A 167 km de Paris. Longitude 0° 59' 59", latitude O. 47° 35' 19".

Terrain tertiaire moyen, voisin du terrain crétacé inférieur, grès vert.


L'origine de Blois remonte probablement' à la plus haute antiquité, quoique son nom ne se trouve ni sur la Table de Peutinger, ni dans les Itinéraires anciens. Les débris de constructions antiques qu’on y a découverts, une route romaine qui la traverse, en allant d'Avaricum, Bourges, à Autricum, Chartres, tout porte à croire que Blois existait sous la domination romaine. Quoi qu’il en soit, son nom est prononcé pour la première fois par Grégoire de Tours, qui la nomme deux fois du temps de Gontran et de Chilpéric. C’était à cette époque un castrum, ou lieu fortifié, gouverné par un comte. Sous Charles le Chauve, c’était déjà une ville considérable, dont il est fait mention dans un des capitulaires de ce prince. Pendant les guerres de la féodalité, Thibaud, comte de Chartres, en fit la conquête ainsi que de tout son territoire, et la transmit ensuite à la maison de Châtillon. Les comtes de Blois la possédèrent jusqu’en 1391, où Guy II de Châtillon la vendit avec tout le comté au duc d’Orléans, qui fut depuis Louis XII. — Sous les rois de la troisième race, Blois devint le chef-lieu d’un comté considérable ; ces rois y avaient un palais, où plusieurs d’entre eux établirent leur résidence, du Xe au XVIe siècle. Blois fut à cette dernière époque deux fois le siège des Etats généraux, en 1577 et 1588. En 1814, lorsque les armées ennemies menacèrent Paris, l’impératrice Marie-Louise s’y retira momentanément, et y transporta le siège du gouvernement impérial et de la régence, dont les derniers actes furent datés et expédiés de celte ville.

Blois sur la Loire vers 1830 - gravure reproduite etrestaurée numériquement par © Norbert Pousseur
Blois sur la Loire vers 1830,
gravure extraite de La France pittoresque", d'Abel Hugo, édition 1835
collection personnelle


Les armes de Blois sont : d’azur chargé d'une fleur de lis d’or. Dans un manuscrit de 1669 elles sont figurées ainsi : d'or au porc épic contourné de sable, arme, collier et œil de gueules, portant un écusson d'azur chargé d’une fleur de lis d’or, et affrontant un renard de sable, arme et œil de gueules supportant ledit écusson.

Le château de Blois fut pendant plusieurs siècles la demeure des comtes de ce nom, et ensuite le séjour favori des rois de France. Il a été habité par plus de cent princes ou têtes couronnées. Louis XII y est né ; François Ier, Henri II, Charles IX, Henri III y ont tenu leurs cours. Les princes dont la légèreté, la superstition ou la cruauté ont été le plus funestes à leur royaume, ont porté dans cette belle contrée les passions de leur ambition malade, de leur haine souvent impuissante, et de leurs honteuses amours.
Du fond des voûtes obscures de Ce château sortent en foule d’effrayants souvenirs, comme ces fantômes qui nous apparaissent et nous troublent dans un rêve sombre et mélancolique. Dans le nombre considérable d’événements remarquables dont les murs de ce château furent les témoins, figure la mort de cette intéressante et vertueuse Valentine de Milan, qui demanda à la France entière justice du sang si indignement versé de son époux, Louis d’Orléans, et, n’ayant pu l’obtenir, vint déplorer dans le silence de ces paisibles murs la plus cruelle des pertes. Après avoir servi de retraite à la vertu, ce château sert de prison au crime. Isabeau de Bavière y pleure, non son époux, mais le chevalier Bourdon, son amant. C’est peu de ces scènes d’une douleur tour à tour vertueuse ou criminelle ; ces lieux ont été postérieurement le théâtre d’événements plus tristement célèbres. Les guerres de religion, pendant lesquelles l’un des Guises fut tué, désolaient la France ; les états, connus sous le nom d'’Etats de Blois, furent convoqués dans ce château pour qu’ils cicatrisassent, s’il était possible, les blessures profondes du royaume. Henri III les présidait. Les Guises, artisans et chefs de la Ligue par leur ambition, mais l’idole du peuple par leur bravoure, s’y rendirent. C’est en vain que des avis secrets avaient appris à l’un d’eux qu’on en voulait à ses jours, il dédaigna ces avis ; et, réuni au cardinal son frère, il va pour assister à une séance de ces états tumultueux. En s’y rendant il est percé de plusieurs coups de poignard, sans pouvoir même porter la main à la garde de son épée.
Quoique revêtu de la pourpre romaine, si puissante dans ces temps, son frère n’en fut pas plus respecté. On le conduisit le lendemain, avec l’archevêque de Lyon, dans une salle obscure de la tour du château. Là, des soldats les massacrent à coups de pertuisane, jettent le corps du cardinal dans le large foyer d’une des cheminées, et, lorsque le corps est consumé, ils en dispersent les cendres, dans la crainte que les ligueurs n’en fissent des reliques.
Des traités solennels, des fêtes éclatantes, de brillants tournois, ajoutent leurs joyeux souvenirs à des souvenirs aussi sombres. Le mariage de Charles, duc d’Alençon, avec Marguerite d’Anjou, fut célébré au château de Blois ; et les pompes du mariage bien plus célèbre encore de Henri IV avec Marguerite de Valois s’y préparèrent.
Séjour d’un grand nombre de princes, qui tour à tour se plurent à l’embellir et à l’augmenter, les fondements du château de Blois furent jetés pendant la domination des comtes suzerains dont nous avons parlé. Réédifié et reconstruit plusieurs fois, il ne lui reste de gothique qu’une tour qui semble n’être encore debout, malgré le poids des siècles et l’invasion de l’architecture moderne, que pour rappeler que là fut le théâtre des plus sanglants excès du pouvoir. Louis XII fit rebâtir, en 1498, la partie orientale du château et augmenta celle du midi. François Ier, bâtit celle du nord, donnant sur la place des Jésuites ; on y voit encore son chiffre sculpté et ses armes où figure une salamandre ; Gaston d’Orléans fit construire, en 1635, sur les dessins de Mansard, la belle façade qui regarde l’occident, laquelle n’a jamais été terminée. Ce château sert actuellement de caserne : on y montre encore la salle des Etats, la chambre de la reine, celle où fut assassiné le duc de Guise, et la tour où son frère reçut la mort.

Blois et ses ponts vers 1850 - gravure reproduite puis  restaurée numériquement par Norbert Pousseur
Blois et ses ponts vers 1850, dessiné par Williem Turner,
extrait du River scenery of France - 1853
Collection personnelle

La ville de Blois est bâtie en amphithéâtre, sur la rive droite de la Loire, dans un des plus beaux sites de la France. Sa position, au sommet et et sur le penchant d’un coteau, la divise naturellement en haute et basse ville. La partie supérieure, qui forme la ville proprement dite, est en général assez mal bâtie ; les rues sont étroites, mal percées et pour la plupart inaccessibles aux voitures, mais propres et ornées de fontaines. La ville basse offre une suite de maisons bien bâties le long d’un quai superbe et d’une prodigieuse étendue, lequel forme la grande route, et va, en longeant le cours de la Loire, s’unir à la belle levée de Tours. Un très beau pont, porté sur onze arches en pierres de taille, traverse le fleuve et unit la ville basse à un des principaux faubourgs.
Le plus moderne édifice de Blois est l’évêché, bâti sur les dessins de Gabriel, architecte de Louis XIV. Les jardins sont en terrasses régulières, et leur situation procure la plus belle vue qu’il soit possible de décrire : vers le cours supérieur du fleuve, l’œil embrasse plus de 24 km d’étendue et se repose avec plaisir sur les riants coteaux et sur les délicieux paysages qui bordent ses deux rives ; tandis que du côté opposé se déploie sur un immense horizon une foule de sites variés et pittoresques, offrant une suite de tableaux agréables dont l’œil a peine à saisir l’ensemble.

On remarque encore à Blois

  • l’ancienne église des jésuites, bâtie sur les dessins de Mansard et classée au nombre des monuments historiques.
  • L’aqueduc qui fournit les eaux à une partie de la ville, ouvrage précieux fait en forme de grotte et coupé dans le rocher avec un tel art que plusieurs personnes peuvent presque partout y marcher de front.
  • La belle promenade des allées ; elle forme à l’extrémité nord-ouest de la ville une magnifique avenue de 2 km de long qui aboutit à une vaste forêt ;
  • le mail qui borde le quai de la Loire ;
  • la bibliothèque publique renfermant 17,000 volumes ;
  • la salle de spectacle ;
  • la poissonnerie ;
  • l’hôpital, pourvu d’un jardin de botanique ;
  • l’Hôtel de la préfecture ;
  • l’hospice des aliénés ;
  • le monument élevé à la mémoire de Denis Papin,
  • etc.

 

Vue générale de Blois  depuis la Loire - gravure reproduite etrestaurée numériquement par © Norbert Pousseur
Vue générale de Blois depuis la Loire vers 1870
gravure extraite de la Géographie illustrée de la France - Jules Verne - Hetzel - 1876
collection personnelle


Biographie.
Blois est le lieu naissance de plusieurs hommes distingués, parmi lesquels nous citerons :

  • Guillaume de Blois, cardinal, régent du royaume sous Louis VII et Philippe II.
  • Louis XII, surnommé le Père du peuple.
  • Denis Papin, regardé à juste titre comme l’inventeur de la machine à vapeur ; car il n’est plus douteux que ses importantes découvertes n’aient jeté beaucoup de lumière sur la vapeur et sur son application.
  • P.-Ph. Baignoux, député au corps législatif.
  • Mahy de Favras, exécuté en place de Grève le 19 février 1790.
  • E.-M. Bailly, médecin.
  • Fariau de St-Ange, élégant traducteur d’Ovide, membre de l’Institut.
  • J.-M.Pardessus, savant jurisconsulte, membre de la chambre des députés en 1815, 1824 et 1827, membre de l’Institut, auteur, entre autres ouvrages, de : Cours de droit commercial, 4ème édition, 5 volumes in-4, 1831 ;
    Collection des lois maritimes antérieures au XVIIIe siècle, 3 volumes in-4, 1818-34, etc.
  • Augustin Thierry, membre de l’Institut, auteur de : Histoire de la conquête de l'Angleterre par les Normands, etc., 4e édit., 4 volumes in-8, 1828-35 ; Lettres sur l’histoire de France, 5e édit., in-8, 1836, etc., etc.
  • Amédée Thierry, membre de l’Institut, auteur de : Histoire des Gaulois, 2* édition, 3 volumes in-8, 1834 ; etc., etc.

 

Bibliographie.

  • Fournier. Essais historiques sur la ville de Blois, in-8, fig., 1785.
  • Bernier (J.). Histoire de Blois, contenant les antiquités,,, les vies des hommes illustres, etc., in-4, 1682.
  • Duret. Advertissement sur l'édit relatif aux états de Blois en 1576, in-8, 1587. La Forme et l’Ordre de l’assemblée des états généraux tenus à Blois sous le roi Henri III, en 1576 et 1574, etc. in-4, 1577. Discours véritable de ce qui est advenu aux états généraux tenus à Blois en 1588, etc., in-8, 1589. Des Etats généraux tenus à Blois,
  • Vitet (Louis). Les Etats de Blois, in-8, 1827 (contient une notice sur le château de Blois, et un plan). Les Cruautés sanguinaires exercées envers feu M. le cardinal de Guise, etc., in-8, 1589. Cruauté plus que barbare de Henri de Valois, en la personne de M. le cardinal de Guise, in-8, 1589.
  • Miron. Relation de la mort de Henri de Lorraine, duc de Guise, et de Louis, cardinal de Lorraine, son frère (imprimée dans l’Histoire des cardinaux français, par Auberti, partie V, p. 551 ; et t. IV de la Monarchie française, de Marcel, p. 626). Pourtrait et Description du massacre commis pendant les états de Blois, en la personne de Henri de Lorraine, magnanime duc de Guise, in-8, 1589. Histoire au vrai du meurtre et assassinat commis en la personne de M. le duc de Guise, in-8, 1589. La Double Tragédie du D. et du C. de Guise, in-8, 1589. Le Martyre des deux frères 1589. Discours déplorable du meurtre et assassinat, etc,, de très-haut, très-puissant et très-catholique feu Henri de Lorraine, duc de Guise, etc., in-12, 1589. Particularités notables concernant l'assassinat et massacre de M. le duc de Guise et M. le cardinal, son frère, in-12, 1589. Relation de ce qui s’est passé à I'emprisonnement de M. le duc de Vendôme, et de M. le grand prieur son frère, au château de Blois (imprimée dans les Mémoires d’un favori, in-12, 1668).
  • Saussaye (L. de la). Histoire du château de Blois, in-4, 1840.
  • Johanneau (Eloi). Inscriptions pour les monuments de la ville de Blois, suivies d’une note sur la mort et les manuscrits de la Tour d’Auvergne, etc., in-8, 1841.
  • Leroux de Lincy. Bibliothèque de Charles d'Orléans à son château de Blois en 1427.
  • Berniër. Noms et Armoiries des familles nobles de Blois (imprimés avec son Histoire de Blois).
  • Mémoires de la société des sciences et des lettres de Blois, 2 volumes in-8,1832-41.

 

 

Plan de Blois vers 1880 - gravure reproduite puis  restaurée numériquement par Norbert Pousseur
Plan de Blois vers 1880
Coin de la carte du département du Loiret Cher - Malte-Brun - Atlas - 1880 (?)
(collection personnelle).

 


Pour voir les détails de ces gravures de Bloiis
utilisez la fonction zoom, après avoir cliqué sur chacune d'elles

Zoom sur Le Château de Blois vers 1830 dessiné par Thomas Allom - gravure reproduite puis  restaurée numériquement par Norbert Pousseur Zoom sur le Plan de Blois en 1645 - gravure reproduite par la © BNF,  restaurée numériquemnt par Norbert Pousseur Zoom sur les Bains de Catherine de Médecis à Blois, par Thomas Allom, - gravure reproduite etrestaurée numériquement par © Norbert Pousseur Zoom sur Château de Blois, par Williem Turner, vers 1850 - gravure reproduite etrestaurée numériquement par © Norbert Pousseur

Zoom sur Blois sur la Loire vers 1830 - gravure reproduite etrestaurée numériquement par © Norbert Pousseur  Zoom sur Blois le long de la Loire vers 1830 - dessiné par Rauych - gravure reproduite puis  restaurée numériquemnt par Norbert Pousseur   Zoom sur Vue de Blois et de son pont vers 1820 - dessiné par Chapuy - gravure reproduite puis  restaurée numériquement par Norbert Pousseur  Zoom sur Blois sur la Loire vers 1660 - gravure reproduite et restaurée numériquement par © Norbert Pousseur

Zoom sur Blois et ses ponts vers 1850 - gravure reproduite puis  restaurée numériquement par Norbert Pousseur  Zoom sur lVue générale de Blois  depuis la Loire - gravure reproduite etrestaurée numériquement par © Norbert Pousseur  Zoom sur Vue de Blois et de son pont vers 1820 - dessiné par Chapuy - gravure reproduite puis  restaurée numériquement par Norbert Pousseur

 

 

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