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Bruxelles, gravure de H Hendrickx
extraite de La Belgique monumentale de A Baron, 1844
Voir aussi la page sur Bruxelles aux alentours de 1840 |
Extrait de l'ouvrage "Mélanges d'une très grande bibliothèque
Bruxelles n’était point connue avant le dixième siècle : selon les uns, elle tire son nom d’un marais auprès duquel elle fut fondée ; selon les autres, d’un pont sur la petite rivière de Senne, qui traverse encore Bruxelles : ces deux origines peuvent être également vraisemblables, Bruoh signifiant en flamand un marais, et Bruch un pont, et Bruxelles étant nommée Bruorsela dans un diplôme de l’Empereur Othon II, daté de l’an 976. Il paraît qu’il y avait déjà alors un château ou palais où cet Empereur resta quelque temps : on croit même que ce fut là qu’il investit du Duché de la Basse-Lorraine le malheureux Charles, qui fut à peu près le dernier Prince de la Race de Charlemagne ; mais Bruxelles ne fut vraiment ville qu’en 1040, sous Lambert II, frère et successeur d’Henri le Vieux, Comte de Mons et de Louvain.
La situation du lieu ayant plu, les environs étant très fertiles, et la ville elle-même arrosée d’eaux vives, elle alla toujours en augmentant, jusqu’à ce qu’en 1357 la Duchesse Jeanne, et Venceslas de Luxembourg son époux, agrandirent son circuit, et l’enveloppèrent d’une enceinte de murailles qui soutiennent un rempart planté d’arbres, et au pied desquelles est un fossé, dont une partie est remplie d’eau. De distance en distance, on fit élever le long de ces murailles des tours qui paraissent avoir été l’ouvrage des différents Corps de métiers de Bruxelles : la plus grosse et la plus forte s’appelle tour des Drapiers. Par la suite, on a construit des demi-lunes, et quelques ouvrages de fortification détachés devant ces murailles et ces tours : on a enveloppé le tout d’un glacis ; enfin, vers 1672, le Comte de Monterei, qui en était Gouverneur pour le Roi d’Espagne, fît construire un petit fort à quelque distance de la Ville, qui parut propre à contenir le peuple, qui paraissait vouloir se mutiner ; d’ailleurs, il est de peu de ressource pour empêcher d’approcher de la ville. Ainsi, on voit que Bruxelles n’est pas une place bien forte ; aussi n’a-t-elle jamais soutenu de siège long et meurtrier. Une partie de la ville est bien bâtie : il y a quelques belles rues et des places assez spacieuses ; mais le reste est incommode, le terrain étant inégal, les rues étroites, raides et difficiles à monter ; on se plaint aussi de la malpropreté de quelques quartiers.
Quoique la rivière de Senne ne soit pas grande, elle se distribue cependant dans la ville, par un assez grand nombre de petits canaux, qui font une ressource pour les quartiers par ou elle passe, et où elle fait même tourner des moulins. L'ouvrage le plus intéressant pour le commerce de Bruxelles, est le canal qui conduit à Anvers, à neuf lieues de Bruxelles : ce canal n’a que cinq lieues de cours, il aboutit au village de Willebroeck, où il entre dans le Rupel, qui se jette dans l’Escaut à Rupelmonde. Ce beau canal fut commencé en 1550, et rendu navigable en 1561, onze ans après. Il est garni des deux côtés de plusieurs rangées d’arbres, et forme une véritable promenade, surtout près de Bruxelles. Les bateaux partent à des heures réglées, pour arriver à point nommé à l’embouchure du Rupel dans l’Escaut, et profiter de la marée pour descendre à Anvers. Nos vieux Auteurs ont remarqué que le nombre septénaire était en honneur à Bruxelles, et que tout y était par sept. Ainsi, il y a sept grandes places, sept portes, sept paroisses. Il y avait autrefois sept mille maisons ; mais on croit que ce nombre est doublé, et qu’il y en a bien aujourd’hui quatorze : il y avait soixante-dix mille habitants, et il y en a bien cent. On y compte vingt-une fontaines publiques, qui font trois fois sept : la plupart sont ornées de statues ; mais quelques-unes, loin d’être belles, sont ridicules et de mauvais goût.
Le palais des Ducs de Brabant à Bruxelles était déjà très magnifique, lorsque Guichardin écrivait : le Duc Jean III en ayant jeté les Fondements en 1300, Philippe le Bon, Duc de Bourgogne, le fit achever en 1452. Il fut encore agrandi et embelli par les ordres de Philippe le Beau, premier Roi d’Espagne, père de Charles V. Cet Empereur acheva de le rendre magnifique, quoiqu’il se sentit cependant toujours du goût gothique dans lequel il avait été commencé. Il a subsisté jusqu’en 1731, que le feu y prit par accident ; il fut alors entièrement consumé. L’Archiduchesse Marie-élisabeth, sœur de l’Empereur Charles VI, qui y demeurait alors, ayant le titre.de Gouvernante des Pays-Bas, pensa y être brûlée, et y perdit une de ses Dames d’honneur : il n’est resté que la chapelle du palais, qui est belle, et quelques masures. Depuis cette époque, les Princes Gouverneurs et les Princesses Gouvernantes ont habité le palais d’Orange appartenant à la Maison de Nassau, et qui est assez près du palais brûlé, aussi bien que les anciens hôtels des plus grands Seigneurs des Pays- Bas : on voit encore derrière les ruines du palais, le parc qui était la promenade ordinaire de la ville, et orné de tout ce qui pouvait la rendre agréable. Après ; l’incendie, ce parc a été longtemps négligé ; mais depuis on lui a rendu son premier éclat, en y faisant des changements avantageux ; on a aussi depuis une trentaine d’années, construit dans Bruxelles de nouvelles places de beaux édifices à la moderne.
Avant que de parler des églises qui sont en assez grand nombre à Bruxelles, il faut dire un mot des bâtiments civils. L'hôtel-de-ville est remarquable par ses ornements gothiques, et par l'élévation de son clocher : la construction en fut commencée en 1400, et finie en 1442 ; au lieu de girouette, on a placé au-dessus une statue de Saint Michel de dix-sept pieds, en cuivre doré, qui paraît très petite, vu la hauteur du clocher, qui est de trois cent soixante-quatre pieds. Sur la même place, est une belle maison, dont la façade est fort ornée : on l’appelle le Broot-Huys, ou maison au pain. Elle fut bâtie par les ordres de l’Archiduc Albert et de l’Archiduchesse Isabelle, en 1618. L’arsenal est vaste, et curieux par la quantité d’armes anciennes qu’il renferme. Il y en a quelques-unes de remarquables, qui ont appartenu à de grands Généraux ou de grands Princes, telle que l’armure de Charles-Quint.
Il y a dans Bruxelles grand nombre d’hôpitaux d’établissements pieux et charitables : les uns sont fort anciens, et les autres modernes, établis par les charités des Archiduchesses, qui ont souvent pris le titre de Gouvernantes des Pays- Bas, et qui étant presque toutes très pieuses, ont voulu signaler leur administration par de pareilles fondations ou embellissements de couvents et d’églises. En 1617, l’Archiduc Albert et l’Infante Isabelle crurent rendre un grand service à la ville, en faisant bâtir une maison pour un Mont-de-Piété : c'est une des plus anciennes fondations de ce genre. Par la suite, on a révoqué en doute la grande utilité d’un pareil établissement, qui cependant est imité dans plusieurs grandes villes de l’Europe. La Bourgeoise est partagée en neuf Tribus, que l’on appelle à Bruxelles Nations, et ces Tribus en Corps de métiers. La ville matérielle est partagée en quarante quartiers, et la Milice bourgeoise en dix Compagnies, ayant chacune un Capitaine : autrefois la Bourgeoise faisait des tournois ou carrousels ; il y en a eu de très magnifiques aux treizième, quatorzième et quinzième siècles ; depuis, ils sont réduits à former des Compagnies d’arc ou d’arquebuse : plusieurs Souverains du pays n’ont pas dédaigné d’être à la tête de ces Compagnies, et de tirer au prix avec elles ; l’on trouve sur les registres, que quelques-uns l’ont remporté. Le principal commerce de Bruxelles est en dentelles, en camelots et en tapisseries. Pendant deux siècles, ces trois objets ont été fabriqués presque exclusivement dans cette ville. La banlieue de Bruxelles comprend ces neuf faubourgs, et le district de sa Juridiction environ cent villages. Passons à ses églises, qui sont en grand nombre. Bruxelles avait sept paroisses : la principale est celle de Sainte-Gudule, à laquelle est jointe une riche et nombreuse collégiale. Il faut observer que dans le grand nombre des églises de Bruxelles, il y en eut quatorze de brûlées, lors du bombardement de cette ville, en 1695, par le Maréchal de Villeroy, ravage fait très inutilement pour la gloire et le succès des armes de Louis XIV. La plupart de ces églises ont été raccommodées ; mais on n’a pas pu rétablir les tombeaux de plusieurs hommes et familles illustres qu'on y voyait.
La seconde église paroissiale de Bruxelles est Saint-Jacques de Caudemberg, que l’on croit avoir été fondée par l’Empereur Louis le Débonnaire. En 1228, on y établit des Chanoines réguliers, qui la desservent encore. La maison et l’église ont été successivement ornées, et le chapitre enrichi par les libéralités des Ducs de Bourgogne : on y voit de bons tableaux, dont un de Rubens. Le Prévôt de cette église, toujours Chanoine régulier, est mitré, et prétend être Archi-chapelain des Ducs de Brabant ; un petit Archiduc, fils de l'Empereur Maximilien, y a sa sépulture.
La Chartreuse a été établie dans la ville l’an 1588. L’Archiduc Albert l'Infante Isabelle y ont fait beaucoup de biens. Les Jésuites y ont été admis en 1586, mais n’y ont ouvert leur collège qu’en 1604. Ils ont été longtemps soutenus par les libéralités des mêmes Princes, et comblés pendant près de cent soixante ans des grâces des Souverains des Pays-Bas ; enfin ils étaient là, comme ailleurs, dans l’état le plus florissant, lorsque leur Ordre a été détruit. Les Capucins, les Carmes déchaussées et les Minimes ont d’assez beaux couvents, qui ne sont établis que du commencement du dix-septième siècle. Dans les faubourgs, la banlieue et les environs de Bruxelles, il y a plusieurs autres abbayes et couvents remarquables. à Anderlecht, qui est un de ses faubourgs, on trouve un chapitre de dix-huit Chanoines, ayant à leur tête trois Dignitaires. Leur église collégiale, dédiée à St. Pierre, est belle, quoique d’une construction gothique. On ne sait pas précisément l’époque à laquelle, elle fut bâtie ; on ignore de même celle de la fondation de l’église collégiale : mais on croit pouvoir la faire remonter jusqu’au dixième siècle ; et il paraît qu’on a raison, puisqu’on est assuré qu’elle existait au onzième, lorsqu’un pieux paysan du village d’Anderlecht, nommé Guidon, s’attacha à cette église, et de simple laboureur qu’il était auparavant, en devint Clerc et Sacristain. Il passa de là dans une autre église assez voisine, dédiée à, Notre-Dame. Comptant avoir reçu de Dieu et de la Sainte Vierge l’ordre de faire le pèlerinage, de la Terre-Sainte, il s’y rendit, revint dans son pays, et y mourut en odeur de sainteté. Il se fit même de si grands miracles à son tombeau qu’il a été canonisé, du moins par la voix publique. Ses reliques sont conservées dans l’église d’Anderlecht ; il est honoré sous le nom de St. Guidon. Il y a dans le même faubourg ou village d’Anderlecht, un couvent de Minimes, et un béguinage.
Laeken est un autre faubourg de Bruxelles ; c’est là que l’on révéré l’image de la Sainte Vierge, à laquelle St. Guidon avait grande dévotion, if y a six à sept cents ans. Elle n’a pas cessé depuis d’être révérée, et de continuer à opérer des miracles. L’Infante Isabelle pendant le dix-septième siècle, et l’Archiduchesse Marie-élisabeth pendant celui-ci, y allaient souvent faire leurs prières. Elles ont contribué à rendre magnifiques l’église et la maison qui en est voisine, et est occupée par des Pères de l’Oratoire qui desservent la cure de Laeken. La forêt de Soignies s’étend presque jusqu’aux portes de Bruxelles : elle est très considérable, contenant plus de seize mille cinq cents arpents. Le gibier y est en abondance et bien conservé, pour procurer le plaisir de la chasse aux Souverains Princes du pays. D’ailleurs elle fournit de bois de charpente et de chauffage la ville de Bruxelles ; on y en coupe tous les ans pour des sommes considérables. Il y a au milieu de cette forêt, plusieurs châteaux ou maisons de plaisance très agréables, même des abbayes, des Couvents et des ermitages, qui plaisent autant par leur situation, qu’ils sont respectables par l'ancienneté de leur fondation, les monuments et les reliques qu’ils renferment. Tel est le prieuré de Chanoines réguliers Prémontrés à Gronendal, d’abord ermitage, ensuite monastère en 1343 ; ceux de Rouge-Cloître et de Sept-Fontaines sont dans Le même cas, et ont été fondés à la fin du même siècle. Les Récollets de Botendal, et les Capucins de Terwuren sont aussi dans des situations délicieuses.
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