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Les villes à travers les documents anciens

 

Bruxelles aux alentours de 1830

 

Bruxelles vers 1840 - gravure reproduite et restaurée numériquement par © Norbert Pousseur
Bruxelles, gravure gravée par A. Marx vers 1840

Voir aussi la page sur Bruxelles décrit en 1780
Et sur un de mes autres sites, les habits traditionnels bruxellois

 

Texte et gravure ci-dessus
extraits de l'ouvrage "L'Univers
collection des vues les plus pittoresques du globe" de Jules Janin - édition ~1840

Nous marchons au pas et en silence dans ces plaines verdoyantes, où toute l’Europe armée se donna rendez-vous pour renverser le colosse qui pesait sur elle. Dans cet étroit espace, l’empereur Napoléon devait apprendre enfin le dernier mot de sa grandeur. Voici les Quatre-Bras, la Belle-Alliance, Mont-Saint-Jean, Waterloo, toutes ces routes sanglantes, auxquelles l’Empereur devait laisser les lambeaux de sa puissance. Mais ce n’est pas là que nous voulons aller. Passons notre chemin, non sans jeter sur ces plaines verdoyantes un regard de pitié et de respect. Voici Bruxelles, la capitale de la Belgique et le chef-lieu du Brabant méridional.
L’origine de cette ville remonte au huitième siècle. Il y avait d’abord à cette place, dans une petite île de la Senne, une simple chapelle ; la chapelle devint un bourg, le bourg devint une ville, la ville fut bientôt la résidence des ducs de Lorraine, et ensuite des ducs de Bretagne ; peu à peu des fortifications puissantes annoncèrent la ville espagnole, et ensuite la ville autrichienne. En 1794, la capitale des Pays-Bas autrichiens n’était plus que le chef-lieu du département français de la Dyle. La ville est bâtie sur un terrain ingrat; les rues en sont escarpées; la partie basse est toute remplie de vieilles petites maisons qui conservent encore je ne sais quelle élégante tournure des maisons de la renaissance ; le reste de la ville est éclatant de blancheur, selon l’habitude flamande. Cette enceinte ne contient pas moins de deux cent quatre-vingt-dix rues, treize mille maisons, vingt-sept ponts, huit places publiques, et parmi ces places la place Royale, qu’on prendrait pour une place parisienne, et des plus belles. On dirait une ville d’hier : de beaux hôtels italiens, le beau portail de l’église de Saint-Jacques, le Parc, qui est admirable, voilà cet ensemble. Mais le peintre et l’artiste mettent bien avant la place Royale, la Grande Place, où l’architecture flamande et l’architecture gothique semblent lutter entre elles d’imagination et de caprices. Sur cette place s’élève l’Hôtel-de-Ville, escorté de ses cinq tourelles hexagones, supportant légèrement un beffroi de trois cent soixante-six pieds ; sur ce beffroi se balance au moindre vent la statue de saint Michel, en cuivre doré. Mais que cette place a vu de révolutions et d’émeutes ! que de cris de triomphe et de défaite elle a entendus ! que de sang versé à longs flots !

Toute la ville est remplie d’églises espagnoles : Saint-Michel, Sainte-Gudule, riches tableaux, sculptures admirables, sans parler du petit Bonhomme, le plus ancien bourgeois de Bruxelles, qui porte encore l’épée que lui donna le grand Frédéric, et le cordon rouge que lui envoya le roi de France Louis XV.
Cette capitale , si souvent traversée par tant de nations différentes, qui y ont laissé leurs usages et leurs mœurs, est comme une réunion de villes éparses. Dans la gauche du Parc habitent la noblesse et les riches banquiers ; au sud-est une population active et rusée, race de Wallons, s’adonne à toutes sortes d’industries ; la ville basse appartient aux Flamands : mœurs, usages, coutumes, croyances, langage, tout est flamand dans la ville basse. Entre ces deux extrêmes brille de tout son éclat le quartier du commerce et des plaisirs; c’est l’endroit le plus paré de la ville, où chacun apporte sa marchandise ; au reste, la ville va en s’agrandissant chaque année. Parmi les établissements les plus récents, il faut citer le jardin botanique, dont les serres sont admirables, et qui renferme les plantes les plus rares.

Cette ville a donné le jour aux deux Champagne, à Van-Orley, à Van-der-Meulen, dont les tableaux ne sont pas les moindres ornements du Versailles de Louis XlV. Elle a produit de grands médecins, d’excellents poètes latins, et le prince de Ligne, cet homme de tant de goût, de grâce et d’esprit. Elle est active, intelligente, laborieuse; en dépit d’elle elle est française. Les boulevards qui entourent la ville, l’allée Verte, délicieuse avenue plantée d’arbres séculaires, entre le canal et le chemin de fer, compose une des plus belles promenades du monde, toute remplie de chevaux et d’équipages. A l’extrémité de l’allée Verte, s’élève la belle route d’Anvers, que domine le palais de Laëken, cette belle demeure d’été, embellie avec tant de magnificence par l’empereur Napoléon. Pour qui la veut voir dans toute sa beauté, cette ville importante, il la faut voir dans sa verdure, sous ses vieux arbres, dans ses belles maisons des champs, dans les beaux parcs des alentours.

 


Une autre description de Bruxelles, extraite du Vues de la Hollande et de la Belgique, de N.G van Kamppen, édition 1836, dont sont extraites aussi toutes les gravures accompagnant ce texte.

 

Bruxelles, capitale actuelle de royaume de Belgique, était autrefois celle du duché de Brabant, et plus tard, le siège du gouvernement des Pays-Bas autrichiens. Les autorités scientifiques ne sont pas d’accord sur l’étymologie du nom de cette ville ; mais celles qui méritent le plus de crédit assurent que le mot Bruxelles dérive de celui de Broussailles, parce que le terrain sur lequel est placé Bruxelles, et qui faisait autrefois partie de la vaste forêt de Soignes, était couvert de taillis ou broussailles. Il y en a d’autres qui pensent que sa première position était dans l’île S.-Géry, formée par la rivière la Senne ; et que la ville avait reçu son nom de l’évêque de Cambrai qui, dans le septième siècle, vint prêcher l’évangile dans la ville. à une époque fort reculée, on construisit deux ponts sur les différents bras de la Senne ; et, vers l’année 900, les habitants élevèrent une forteresse à Borghval, pour protéger la nouvelle ville. En 1044, Bruxelles, ayant acquis le droit de cité, fut entourée d’une muraille par Lambert Balderic, comte de Louvain : elle avait alors six portes, et était flanquée de sept tours.

La ville, ayant été toujours regardée comme une place capitale et importante, dès la réunion des provinces des Pays-Bas, a conservé son rang et sa suprématie au milieu des divers changements politiques que le pays éprouva. Ainsi, sans entrer dans aucuns détails sur les vicissitudes qu’a subies Bruxelles depuis sa fondation, nous ferons connaître son état actuel, et nous fixerons l’attention du lecteur sur les objets remarquables que renferme cette ville.

La rivière de Senne, qui traverse Bruxelles, arrose une vallée délicieuse entourée de collines cultivées et très fertiles : d’un côté, ces collines s’abaissent doucement en pente vers la rivière ; de l’autre, elles se prolongent, et forment une succession variée et pittoresque de bois, de terres labourables, et de riches et vertes prairies, traversés par de petits ruisseaux. C’est au milieu de cet ensemble qu’est située Bruxelles, dont une partie est placée sur une des collines dont nous venons de parler. Lorsqu’on l’examine de l’ouest, la ville se présente sous la forme d’un vaste et bel amphithéâtre, et peu sont dans une plus belle position : des étrangers de toutes les parties de l’Europe viennent la visiter, et quelquefois même finissent par s’y fixer, à cause de l’économie qu’elle offre pour les besoins de la vie, et des agréments qu’on y trouve. Dans le nombre de ces étrangers se distinguent principalement les Anglais, qui viennent en foule y faire leur résidence, de manière que la ville a presque l’apparence d’une colonie anglaise.

Bruxelles est divisée en haute et basse ville. Dans la première, la température est plus douce et plus saine, et les maladies sont moins fréquentes que dans la dernière :  et quoique, prise en totalité, on reconnaisse généralement que l’atmosphère y est pur et salubre, on a remarqué néanmoins que les maladies épidémiques commencent presque toujours dans la basse ville. Comparée à la température de Londres, celle de Bruxelles est ordinairement plus chaude en été et plus froide en hiver.
La population excède cent mille habitants ; mais elle est sujette à beaucoup de variations, à cause du mouvement continuel des étrangers qui y entrent ou en sortent : on a calculé que, terme moyen, ce nombre varie entre sept et huit cents par mois. La ville a quatorze mille maisons, qui sont abondamment pourvues d’eau, au moyen de vingt-neuf fontaines et de quatre-vingt-dix pompes. Plusieurs des rues sont larges ; mais quelques-unes d’entre elles sont inégales et quelquefois rudes. Cependant, les maisons sont généralement propres et bien bâties. On en voit qui sont ornées de colonnes ioniques, et d’autres décorations d’architecture assez remarquables.

Grande Place de Bruxelles - gravure reproduite et restaurée numériquement par © Norbert Pousseur
Grande Place de Bruxelles, ou place de l'Hôtel de ville, par William Henry Barlett
in Vues de la Hollande et de la Belgique par N G Van Kampen, éd. 1836
De groote Markt te Brussels

On trouve à Bruxelles plusieurs places, parmi lesquelles la plus belle est la grande ou Place de la Régence, représentée dans la gravure ci-dessus. C’est celle qui attire d’abord l’attention des étrangers, non  seulement par les décorations que présente la plus grande partie des maisons, mais aussi par les évènements dont elle a été le théâtre, et par les souvenirs historiques qu’elle rappelle. D’un côté est l’hôtel de ville qui, quoiqu’il offre quelque chose d’irrégulier dans sa forme, est cependant une des constructions gothiques les plus curieuses et les plus imposantes qui soient en Belgique. Cet édifice fut commencé en 1401, et ne fut terminé qu’après quarante et un ans. Il est du style d’architecture Lombard-gothique et surmonté d’une tour élégante et hardie qui a trois cent soixante-quatre pieds de hauteur, et qui est à jour à peu près jusqu’au sommet, sur lequel est placée une figure colossale de saint Michel, patron de la ville, terrassant et foulant aux pieds un énorme dragon : ce groupe est en cuivre doré. L’intérieur de l’hôtel de ville est noble et spacieux, et plusieurs des appartements sont ornés de tableaux et de tapisseries. En face de l’hôtel de ville est un ancien bâtiment gothique appelé Brood Huys, ou maison du roi, élevé vers l’année 1466. Depuis il tomba en ruines, et ce ne fut qu’en 1618 que le bâtiment actuel fut construit.

L'Hôtel de ville de Bruxelles - gravure reproduite et restaurée numériquement par © Norbert Pousseur
L'Hôtel de ville de nuit, par William Henry Barlett
in Vues de la Hollande et de la Belgique par N G Van Kampen, éd. 1836
Stadhuis te Brussels

 

Dans la place de la Monnaie, on voit le grand bâtiment de l’hôtel de monnaies, et en face est placé le théâtre, bel édifice dans le style ionique, et dont la façade est décorée d’une majestueuse colonnade. La salle peut contenir dix-huit cents spectateurs.

La place royale, qui sert de place d’armes, est située près du parc : c’est la plus jolie et la plus régulière de la ville. Le palais du roi est placé à l’extrémité nord du parc : il fut construit sur les fondations de l’ancienne chambre héraldique, d’après les plans de M. Suys, et il fut terminé dans le court espace de neuf mois. Le bâtiment, quoique étendu, produit peu d’effet, et n’a rien de remarquable dans son architecture. L’intérieur, qu’on peut visiter, quand la famille royale est absente, contient plusieurs objets curieux et qui méritent d’être vus.

Parc et Palais de Bruxelles - gravure reproduite et restaurée numériquement par © Norbert Pousseur
Parc et Palais de Bruxelles, par William Henry Barlett
in Vues de la Hollande et de la Belgique par N G Van Kampen, éd. 1836
Het park te Brussels


Le Parc, situé en face du palais, est regardé avec raison comme une des promenades les plus agréables du continent. Il contient quatorze acres de terrain, coupés en belles et longues allées ombragées par des arbres magnifiques, et ornées de statues et de groupes en marbre. L’allée qui se trouve en face de la résidence royale, est ornée des statues des douze Césars ; et on y voit un bassin d’où sort un jet d’eau de la hauteur de quinze à dix-huit pieds, et qu’on fait jouer les jours de fête. Lorsque, du parc, on jette les yeux vers le couchant, on a une vue magnifique du bas de la ville, et les yeux découvrent au loin, et par-delà de riches prairies, jusqu’aux portes de Ninove.

Hors du boulevard, et près de la porte de Schaerbeek est placé le jardin botanique et qui, par la beauté de sa situation, la grandeur des serres et l’imposante majesté de l’ensemble des bâtiments, n’est peut-être surpassé par aucun des autres jardins botaniques de l’Europe, si on en excepte celui de Pappelsdorf à Bonn. Le jardin est orné de plusieurs belles fontaines dont les eaux, toujours jaillissantes, contribuent à donner une grande fraîcheur au jardin, et ajoutent beaucoup à l’agrément de l’ensemble.

Jardin botanique de Bruxelles - gravure reproduite et restaurée numériquement par © Norbert Pousseur
Jardin botanique de Bruxelles, par William Henry Barlett
in Vues de la Hollande et de la Belgique par N G Van Kampen, éd. 1836
De kruidtuin te Brussels


Le Palais de la Nation est situé dans la rue de Brabant, et l’admirable fronton de l’édifice forme un beau point de vue, lorsqu’on se trouve au centre du parc. Depuis 1783 que cet édifice a été achevé, il a servi pour différentes administrations publiques, et maintenant les deux chambres des représentants de la nation y tiennent leurs assemblées.
Le palais du prince héréditaire d’Orange a été élevé en 1820, époque à laquelle celui qu’occupait le prince près du bâtiment actuel des états-Généraux fut en partie détruit par le feu. C’est un bel édifice, construit à l’Italienne. Le mobilier et les décorations intérieures sont d’une grande richesse et d’un goût exquis. On y voit quelques beaux tableaux des écoles italienne et flamande.
Le Palais de Justice se compose d’une grande quantité de bâtiments irréguliers, mais étendus et convenables à leur destination. La façade qui est en face de la rue de l’hôpital, produit un assez bel effet.

 

St Gudule à Bruxelles - gravure reproduite et restaurée numériquement par © Norbert Pousseur
L'église St Gudule à Bruxelles lors du Carnaval, par William Henry Barlett
in Vues de la Hollande et de la Belgique par N G Van Kampen, éd. 1836
De St Gudula kerk van buiten.

 

Bruxelles est divisée en quatre arrondissements, dont chacun renferme une église principale, sans compter plusieurs autres succursales ou églises du second ordre. L’église collégiale de S.-Michel et St.-Gudule, mais qui est connue plus généralement sous ce dernier nom, est un bâtiment gothique, imposant et majestueux, et orné d’une grande quantité de monuments, de tableaux, et de vitraux peints. Sa construction fut commencée par Lambert, comte de Louvain, en 1010 ; mais elle ne fut terminée qu’en 1273. L’entrée principale est précédée d’un grand escalier, composé de trente degrés, et qui conduit à un portail spacieux et élevé, surmonté de deux grandes tours carrées, dont l’effet est noble et majestueux. L’édifice a la forme d’une croix ; il a trois ailes, et un clocher s’élève au milieu de l’édifice, et à peu près au-dessus de la nef. Le magnifique pupitre, en chêne artistement travaillé, qu’on voit au milieu du chœur mérite de fixer l’attention. Ce bel ouvrage fut exécuté par Verbruggen, en 1699, et, comme monument de l’art, il est très remarquable. On voit peu d’objets plus curieux sous le rapport du goût et de la pureté du dessin, de l’élégance des ornements, du fini de l’exécution, et enfin de sa conservation.

L'intérieur de l'église St Gudule à Bruxelles - gravure reproduite et restaurée numériquement par © Norbert Pousseur
L'intérieur de l'église St Gudule à Bruxelles, par William Henry Barlett
in Vues de la Hollande et de la Belgique par N G Van Kampen, éd. 1836
De St Gudula kerk van binnen


L’église de Caudenberg, qui dépend de celle de St.-Gudule, et qui est dédiée à saint Jacques, est un assez beau bâtiment : elle fut finie en 1789. L’intérieur est remarquable par la simplicité de son architecture.
S.-Nicolas, qui dépend aussi de St.-Gudule, est un vieil édifice, sans aucune régularité ; mais il contient quelques beaux tableaux. Notre-Dame de la Chapelle fut fondée en 1134 ; Notre-Dame des Victoires en 1288 ; et toutes les deux méritent d’être vues. L’église Ste-Catherine existait dès une époque très reculée ; mais le bâtiment actuel date de la fin du quatorzième siècle. L’édifice est grand et contient quelques belles peintures. Notre-Dame Bon Secours est une jolie chapelle, et sert de succursale à l’église précédente. Notre-Dame Finis Terrce, ou Finisterre, ainsi nommée de l’inscription qu’on voit sur la façade : Laudabmt Eum Fines Terroe, est un des édifices sacrés les plus jolis qu’on voie à Bruxelles, quoiqu’il soit un des plus petits. Il fut bâti en 1618 : mais, depuis quelques années, on y a fait de grands changements, surtout à l’extérieur. L’église S.-Augustin a été érigée en 1642 sur l’emplacement d’une maison religieuse, qui existait dès l’année 1300 : l’orgue est très admiré. La chapelle de l’ancienne Cour, ancien palais des gouverneurs des Pays-Bas, sert maintenant au service luthérien. Indépendamment de ces différentes églises, on remarque encore celles de Ste-Anne, de S.-Lazare et de Ste-Madeleine. Les Israélites ont aussi une synagogue, avec une école pour l’éducation des enfants de cette religion.
Le couvent le plus considérable, celui qu’on appelle Le Grand Béguinage, appartient à un ordre de religieuses particulier aux Flandres, où elles existent depuis le onzième siècle. Elles ne font point de vœux, excepté celui de chasteté, et sont libres de renoncer à leur ordre et de se marier : elles peuvent aussi recevoir des visites dans le couvent, et sortir seules.
L’ancien palais de la Cour, autrefois la résidence des gouverneurs-généraux des Pays-Bas, ayant été brûlé en partie, a été rebâti, et il est maintenant connu sous le nom de Palais des Beaux-Arts. On y voit le muséum de tableaux et d’histoire naturelle, la bibliothèque, un collège, et enfin une académie qui a gratuitement ouvert des cours sur différentes parties des sciences. On trouve encore à Bruxelles plusieurs sociétés qui s’occupent des progrès et de la propagation des arts, des Belles-Lettres, des sciences, du commerce, ainsi que plusieurs excellentes écoles. L’athénée est le collège principal de la ville, et il est très suivi. Depuis peu d’années il s’est établi à Bruxelles une université libre qui, dès sa naissance, promet d’être une source abondante d’instruction pour la jeunesse.
Les principaux hôtels de la ville sont ceux de Bellevue, de Flandres et de l'Europe.

 

Les boulevards de Bruxelles - gravure reproduite et restaurée numériquement par © Norbert Pousseur
Les boulevards de Bruxelles, par William Henry Barlett
in Vues de la Hollande et de la Belgique par N G Van Kampen, éd. 1836
De wallen om Brussel

Les boulevards ou remparts de la ville forment une suite de promenades délicieuses pour les piétons et pour les voitures. Ils sont plantés de quatre rangs d’arbres et offrent un coup d’œil vivant et très animé. L'allée Verte est, de toutes les promenades de Bruxelles, la plus pittoresque et la plus agréable, surtout pour les promenades à cheval ou en carrosse. Elle se compose de quatre rangées d’arbres, parfaitement alignés, et qui forment une allée de plus d’un mille de longueur. à gauche est le canal, qui contribue, dans l’été, à donner à l’atmosphère une fraîcheur agréable et salutaire, et qui, couvert presque continuellement de barques de voyage et de bateaux de commerce, offre aux promeneurs un tableau mouvant plein de vie et d’intérêt. à droite sont des prairies magnifiques qui étalent en tout temps une riche verdure, l’ensemble de ce tableau est d’une beauté qu’on trouve rien rarement, même dans les plus grandes cités.
Bruxelles a neuf portes qui prennent, en général, leurs noms des lieux où elles conduisent : ainsi, on les nomme les portes de Namur, de Hall, d’Anderlecht allant à Paris, de Ninove, de Flandres sur la route de Gand, du Rivage, de la porte d’Anvers, de Schaerbeek, et de Louvain : ces deux dernières conduisent dans toutes les parties de l’Allemagne.

Bruxelles depuis Laeken - gravure reproduite et restaurée numériquement par © Norbert Pousseur
Bruxelles depuis Laeken, par William Henry Barlett
in Vues de la Hollande et de la Belgique par N G Van Kampen, éd. 1836
Brussel van Lacken


Le palais de Laeken, à une lieue de distance environ de Bruxelles, a servi longtemps de maison de campagne aux gouverneurs Autrichiens des Pays-Bas. Il fut bâti en 1782 par l’archiduc Albert de Saxe Tesschen, sur ses propres dessins, et il est maintenant devenu le palais d’été du roi actuel, Léopold. Il occupe une charmante situation dans le joli village de Laeken ; et on y jouit d’une vue étendue et magnifique sur la ville et les campagnes environnantes. L’extérieur est simple, mais imposant : l’intérieur est distribué et décoré avec plus de goût que de magnificence. Les jardins, composés en grande partie de belles pelouses de verdure, et d’une pièce d’eau vive, s’étendent en amphithéâtre sur la campagne, et présentent le plus beau coup d’œil, du canal et de la route d’Anvers qui passent à l’extrémité du parc.

 


Une autre description de Bruxelles, extraite du Dictionnaire de Géographie universelle ancienne et moderne d'Ennery et Hirt, édition 1840

BRUXELLES, ville capitale du royaume de Belgique, chef-lieu de la province du Brabant- Méridional, elle est située sur la Senne, sous les 50° 50' de latitude Nord et 2° 2' de longitude Est, à 67 lieues, Nord.-Nord.-Est. de Paris, dans une contrée fertile et agréable, embellie par un grand nombre de jolies maisons de campagnes, ses remparts ont été transformés en promenades.

Cette ville a 2 lieues de circonférence ; elle est entourée d’une muraille et l’on y entre par huit portes, parmi lesquelles on distingue la belle porte Guillaume ; elle est bâtie sur un sol inégal et quelques-unes de ses rues sont construites en pente ; mais la plupart sont larges et droites ; la plus belle est la rue Royale, qui depuis peu d’années a été prolongée. Parmi les huit places publiques de Bruxelles on remarque : la place Royale ; ornée autrefois de la statue du prince Charles de Lorraine ; la place du Marché ; la place de la Monnaie, la grande et la petite place du Sablon. Les édifices les plus remarquables sont : l’Hôtel de ville, monument gothique, surmonté d’une tour de 364 pieds, sur le sommet de laquelle on a élevé une statue dorée de l’archange Michel, le palais royal, à l’extrémité de la belle promenade du parc, les églises St.-Jacques et St-Gudule, le Palais de Justice, l’Hôtel de la Bibliothèque et du musée, ci-devant palais du gouverneur, l'Hôtel de la Monnaie, la nouvelle salle de spectacle, la banque ; l’Hôtel magnifique, destiné aux expositions des produits des arts et des manufactures, etc. Bruxelles renferme aussi plusieurs établissements littéraires et scientifiques, entre autres une académie des sciences et des arts, une école de sculpture et d’architecture, un musée, une bibliothèque de 80,000 volumes, un observatoire, un jardin botanique ; quelques sociétés savantes, parmi lesquelles se distingue particulièrement celle de Flore ou de botanique. Au nombre des curiosités de cette ville il faut aussi compter une fontaine de très mauvais goût ; l’eau jaillit par une ouverture pratiquée à la partie que la décence nous défend de nommer, d’une laide et petite statue de bronze que les Bruxellois appellent Manneckep et qu’ils considèrent, dit-on, comme le palladium de leur ville.

Bruxelles est une des villes les plus avancées sous le rapport industriel ; on peut même dire que l’industrie y fait oublier la nationalité et que le fabricant de Bruxelles est industriel avant d’être Belge. Cette ville a de nombreuses manufactures de draps, de basins, de velours, de dentelles très estimées, des bonneteries, des chapelleries, des fabriques de tabac, de faïence, de porcelaine, de produits chimiques, des brasseries, des carrosseries, des lithographies, des imprimeries où l’on s’occupe activement de contrefaçon des ouvrages français, etc. ; le commerce avec les provinces et l’étranger y est considérable et favorisé par des canaux et des chemins de fer qui se dirigent de cette capitale vers les villes les plus importantes du royaume. D’après le recensement de 1830, Bruxelles a une population de 100,000 habitants.

Aucune histoire ne fait mention de Bruxelles avant le septième siècle. Vers la fin du dixième, cette ville n’était encore qu’une bourgade. Cependant Charles, frère de Lothaire, roi des Francs, la choisit pour résidence ; elle eut ensuite des comtes particuliers, qui prirent plus tard le titre de ducs de Brabant. Les privilèges des bourgeois y furent plusieurs fois méconnus par les patriciens et y occasionnèrent de fréquentes séditions. En 1313, Bruxelles et Louvain se confédérèrent pour la défense de leurs privilèges. En 1355, les Flamands s’emparent de Bruxelles, mais ils en sont chassés peu de temps après. La ville est incendiée en 1326 et en 1405 ; le premier incendie consuma, dit-on, 2400 maisons, l’autre plus de 1400. La peste y fait d’horribles ravages en 1489 et en 1578. L’archiduc Maximilien, qui épousa ensuite Marie de Bourgogne, fit son entrée à Bruxelles en 1477. Charles-Quint y abdiqua en 1556. Dix ans après cette abdication les Bruxellois demandèrent la liberté de conscience à la gouvernante Marguerite de Parme. Il se forme alors sous le nom de Gueux un parti insurrectionnel. En 1567, le duc d’Albe arrive à Bruxelles ; il y fait dresser des échafauds ; les comtes d’Egmont et de Horn sont livrés au bourreau. Les troubles civils continuent jusqu’en 1586. En 1596 l’archiduc Albert et l’infante Isabelle parviennent à la souveraineté des Pays-Bas. Bruxelles est bombardée par les Français en 1695, prise par Marlborough en 1706 et par le maréchal de Saxe en 1746. Une armée de la république française s’en empara le 24 octobre 1792, après la bataille d’Anderlach ; cependant les Autrichiens y rentrèrent le 26 mars 1793, après la bataille de Couvain ; mais le 9 juillet 1794 les Français la reprirent et cette ville devint le chef-lieu du département de la Dyle. Elle fut séparée de la France après les désastres de 1814 et réunie avec la Belgique par les traités de la sainte alliance, au royaume des Pays-Bas. La révolution de 1830 l’a enlevée au roi Néerlandais et donnée à un autre roi.

Bruxelles est la patrie d’André Vesale, célèbre anatomiste (1613) ; de l’historien et diplomate Aubert-le-Mire (1573), de J.-B. van Helmont, médecin et chimiste (1612), du mathématicien François Aguillon (1580) ; de J.-B. Christyn, historien (1622), du poète Periander (1538), des peintres Henri van der Borgt (1583), Pierre Snayers (1593), Arnold Mytens (1580), Janssens ( 1720), Philippe et J.-B. Cham pagne (1674 et 1688), etc.


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Bruxelles vers 1840 - gravure reproduite et restaurée numériquement par © Norbert PousseurSt Gudule à Bruxelles - gravure reproduite et restaurée numériquement par © Norbert Pousseur L'intérieur de l'église St Gudule à Bruxelles - gravure reproduite et restaurée numériquement par © Norbert PousseurBruxelles depuis Laeken - gravure reproduite et restaurée numériquement par © Norbert Pousseur

Parc et Palais de Bruxelles - gravure reproduite et restaurée numériquement par © Norbert PousseurLes boulevards de Bruxelles - gravure reproduite et restaurée numériquement par © Norbert PousseurGrande Place de Bruxelles - gravure reproduite et restaurée numériquement par © Norbert Pousseur

 

 

 

 

Page de garde de L'Univers de Jules Janin
L'univers de Jules Janin,
d'où est tirée la gravure en en-tête

 

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