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Texte et gravure C’est un des plus doux recoins de cette Allemagne, si remplie de calme, de repos, de verdure, d’eaux bienfaisantes. A chaque pas que vous faites sur cette heureuse terre, vous rencontrez une de ces sources renommées si pittoresques. Depuis la vallée d’Ehrenbreiststein jusqu’à Wiesbade seulement, comment compter ces douces haltes, que peut faire le malade ou le voyageur ? Voici d’abord Ems, le plus ancien bain de l’Allemagne, placé tout au bas d’un groupe imposant de rochers ; Nassau, bâti par le comte de Lauenbourg, qui s’était arrêté à cette place, un jour qu’il chassait le cerf; Schaumbourg et les ruines de son château bâti par Baudouin, en 1325, ruines mélancoliques qui invitent à la méditation; Fachinzen, romantique vallée que borne le Limbourg. On arrive ainsi par des chemins sablés, par les pentes les plus douces, par les passages les plus frais, jusqu’à Wiesbade. Le plus beau sentier qui conduise à Wiesbade, traverse l’endroit nommé Die hohe Wurgel. Tout d’un coup se présente à vos regards surpris, l’imposante vallée du Rhin, dans toute sa largeur; vous voyez le Rhin descendre, en longs flots d’argent, des hauteurs de la forêt Noire. Tout en face, Mayence élève ses tours dans les airs ; plus haut encore le Mont-Tonnerre cache son sommet dans les nues ; à votre droite, les villages du Rhingau s’appuient doucement sur les cimes boisées de la Bogtress, pendant qu’à votre gauche s’étend le Mein, vallée fertile. Dans cette vallée, se montre au loin la ville de Francfort ; au milieu de ces merveilleuses et éblouissantes apparitions, se cache humblement la douce, modeste, humide et heureuse petite ville de Wiesbade. Les Romains, qui ont deviné toutes choses en véritables maîtres du monde qu’ils étaient, avaient fait creuser des bains à Wiesbade. Drusus y fit construire un petit fort, dont on voit encore les ruines; ces ruines s’appelaient Murs des Passants (Heidein-Maur) ; ce mur commence à la colline, il traverse la rue dans toute sa longueur et passe devant le vieux château bâti avec les pierres de ce mur ; il s’arrête à la limite de la ville qui a été bâtie en grande partie avec ces fortifications inutiles. Ce mur immense avait vingt pieds de haut sur dix pieds de large; ces pierres énormes étaient liées entre elles par ce terrible ciment romain, dont le secret est perdu. — On a retrouvé aussi à Wiesbade les restes d’un bain romain également construit sur des proportions gigantesques ; 90 pieds de long, 5o pieds de large sur une hauteur de 5 pieds. Le parquet était garni de briques portant l’empreinte de la XIIe légion. Quels terribles baigneurs, ces Romains ! Les rois de la première race avaient établi à Wiesbade le siège principal d’une centurie royale. Charlemagne s’y était construit une maison de plaisance, qu’il visitait chaque année ; Othon-le-Grand fit de Wiesbade une ville. Mais ce palais de Charlemagne et d’Othon a été dévoré par l’incendie ; on n’en trouve plus que quelques vestiges. Dans ce lieu qu’il aimait, Charlemagne n’a guère laissé que le souvenir de son nom et les trois lys sur champd’azur qui décorent l’hôtel-de-ville. Wiesbade est un des bains les plus fréquentés de l’Allemagne ; là se rendent, chaque année, les plus jeunes, les plus heureux, les plus élégants malades, et surtout les mieux portants. Les quatorze sources d’eau chaude et les deux sources d’eau froide peuvent à peine suffire à tous les buveurs qui s’y donnent rendez-vous de toutes les capitales de l’Europe. Les eaux viennent toutes bouillantes des hautes montagnes situées au nord-ouest de la ville. — Un palais magnifique sert d’asile à tous les buveurs ; il est placé au bout de la ville ; on arrive, par une immense rangée de beaux arbres, jusqu’à un grand portique composé de six colonnes ioniques. — Mais vous dire les portiques, les colonnades, les jardins, la salle de danse, la salle à manger, la salle de jeu, les meubles, les statues, les tableaux de ce caravansérail du luxe, je ne saurais. Et quelle belle forêt ! que de belles malades ! Elles arrivent par bandes joyeuses, de Saint-Pétersbourg et de Paris, de Londres et de Vienne, belles, heureuses, parées, riantes, se préparant par des fêtes de chaque jour, aux fêtes de l’hiver. C’est un bruit, c’est un mouvement, c’est un murmure, c’est une oisiveté occupée, dont rien ne saurait donner l’idée. Il faut y être aller et. en revenir, et encore, comment dire toutes les fêtes, toutes les joies, tous les bonheurs, toutes les charmantes maladies de Wiesbade. Les pierres funèbres lie manquent pas en ce lieu solitaire. De chaque côté de la route qui conduit à Bladenstadt, des tombeaux sans noms sont couverts de ronces et d’arbustes. Mais il n’y a plus un seul mort dans ces tombes : la tombe a tout dévoré. Pas le plus petit ornement, rien qui prouve qu’un cadavre humain a été confié à cette terre dévorante. Seulement des armes, du charbon, des coupes pour les sacrifices, des flèches, des lances, des épées, quelques monnaies d’or, d’argent ou de cuivre, les dernières dépouilles de ces dépouilles mortelles, évanouies. — Pas assez de cuivre pour qu’on se soit donné la peine d’ouvrir toutes ces tombes. — Aussi ont-elles été respectées. A un quart de lieue, de l’autre côté de Wiesbade, s’élève le Geisberg, douce montagne facile à gravir, facile à descendre, faite tout exprès pour la promenade de ces heureux oisifs ; de là vous découvrez Mayence et les bords du Rhin. — A deux lieues de Wiesbade, s’élève, au milieu de la forêt, un château de chasse, le plateau qui domine les deux routes d’Edstein et de Limbourg ; de ce point-là, vous jouissez d’une des plus admirables vues de l’Allemagne. Le palais est tout neuf, et cette nouveauté vous repose de toutes ces ruines.
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