POPULATION 581,099 hab. SUPERFICIE 828,934 hect.
Chef-lieu : GRENOBLE, à 568 k. S.-E de Paris
DIVISION ADMINISTRATIVE
Avant 1790,
ce département faisait partie du
Dauphiné. — Cour d'appel et Académie de Grenoble. — 14e
Corps d'armée (Lyon); 2 places fortes. — 14e arrondiss.
forestier. — Diocèse de l'évêché de
Grenoble ; églises calvinistes à Grenoble, Mens.
4
ARRONDISS |
|
45 CANTONS. |
558
COMM. |
POPUL.
de l'arrondt. |
GRENOBLE
45,426 h. |
20 |
Allevard, Bourg-d'Oisans,
Clelles, Corps, Domène, Goncelin,
Grenoble (3), Mens, Monestier-de-Clermont,
La Mare,
Saint-Laurent-du-Pont,
Sassenage, Le Touvet, Valbonais, Vif, Villard-de-Lans, Vizille,
Voiron. |
213 |
226,112 |
SAINT-MARCELLIN
3,307 h |
7 |
Pont-en-Royans, Rives, Roybon,
Saint-étienne-de-Saint-Geoirs,
Saint-Marcellin, Tullins, Vinay. |
86 |
80,128 |
LA TOUR-DU-PIN
3,165 h. |
8 |
Bourgoin, Crémieu,
Grand-Lemps, Morestel,
le Pont-de-Beauvoisin,
Saint-Geoire, la Tour-du-Pin, Virieu. |
123 |
128,610 |
VIENNE
26,502 h. |
10 |
Beaurepaire, la Côte-Saint-André,
Heyrieux, Meyzieux, Roussillon, Saint-Jean-de-Bournay, Saint-Symphorien-d'Ozon,
la Verpillière,
Vienne (2).
|
136 |
146,249 |
ABRÉGÉ HISTORIQUE
A
l'époque où les Romains envahirent la Gaule, la puissante
confédération des Allobroges, que leur ardeur
belliqueuse entraîna souvent au delà des Alpes, occupait
le territoire entre le Rhône et l'Isère jusqu'aux montagnes;
Grenoble (Cularo, puis Gratianppolis) et Vienne (Vindobona) étaient
leurs principales villes. Ce fut dans cette dernière, qui avait,
dit-on, contribué à la fondation de Lyon, et dont le christianisme
avait fait la métropole religieuse des Gaules, que les Burgundes
fondèrent ce royaume de Bourgogne (438), conquis par Clovis et
donné à Clodomir. En 733, les Sarrasins portèrent
partout le fer et le feu, trois siècles auparavant, l'Allobrogie,
qui avait bien mérité des peuples celtes le surnom de vaillante, aurait
contre ces barbares du Midi maintenu son indépendance comme elle
l'avait fait contre Rome, les Goths, les Lombards et les hordes germaniques.
Après la mort de Louis le Bègue, elle fit encore partie
du royaume de Bourgogne reconstitué par son gouverneur, Boson
(879). Il eut pour successeur Louis l'Aveugle, des mains duquel la couronne
passa à Rodolphe II, déjà roi de la Bourgogne transjurane
(926).
C'est au xe s. que se place la fondation de la dynastie des dauphins
de Viennois, dont la souveraineté différa peu de celle
des rois. Un comte d'Albon, Guigues le Vieux, usurpa plusieurs seigneuries
dans le voisinage de Grenoble, et dépouilla si complétem.
l'évêque qu'il n'eut bientôt plus « un seul mas entier
dans tout le diocèse. » Ses success. ne prirent comme lui
d'autre titre que celui de comtes d'Albon ou de Graisivaudan. Guigues
IV prit le nom de Dauphin ; ce fut ce nom, adopté dès
lors comme titre distinctif, qui fît appeler la province viennoise Dauphiné. Les
dauphins se divisent en trois races :1a première finit en la personne
de Béatrix, qui porta ses états dans la maison de Bourgogne
(1184). La deuxième s'éteignit à la fin du XIIIe
s. Jean Ier étant mort fort jeune, la succession du Dauphiné devait être
le partage de l'époux que choisirait sa sœur Anne, et c'est
ainsi que Humbert, baron de la Tour-du-Pin, fut appelé à ouvrir
la troisième race. Le règne des dauphins n'offre aucun événement
bien important; il s'agit toujours de querelles intestines et de petites
guerres avec des évêques ou des seigneurs du voisinage.
Les différends avec les comtes de Savoie occupent les derniers
suzerains du Dauphiné. Le seul fait saillant auquel ils donnèrent
lieu fut la bataille de Varey (1325), où l'armée d'Edouard
de Savoie fut totalement mise en déroute par celle de Guigues
VIII. Ce fut sous Humbert II, homme d'un esprit médiocre et d'un
caractère versatile, qu'eut lieu la cession du Dauphiné à la
France (1349); il y avait trois ans qu'il venait d'acquérir Romans
de l'abbaye de S.-Bernard. Il fallut le puissant génie de Louis
XI, qui fit son apprentissage de la royauté à Grenoble,
pour affermir le pouvoir souverain, réduire tous les barons à l'obéissance
en abolissant le droit de guerre, rendre complète l'assimilation
de la province en augmentant les privilèges municipaux et en érigeant
le conseil delphinal en parlement.— Beaucoup de Dauphinois embrass.
les doctrines de Calvin. Peut-être était-ce en souvenir
des persécutions implacables exercées contre les Vaudois
du XIIe s., qui prétendaient « que, tous les chrétiens étant
frères, tous les biens devaient être en commun entre eux,
et qu'ils ne devaient posséder les choses que pour l'usage ».
La lutte
fut ardente entre les catholiques et les réformes, ceux-ci commandés
par Montbrun et Lesdiguières, ceux-là par Maugiron et de
Gordes (1561-1595). Le sanguinaire baron des Adrets donna tour à tour
son appui aux deux partis et les effraya par ses cruautés. Enfin
Lesdiguières, en unissant ses forces à celles des royalistes,
triompha de la Ligue par l'occupation de Grenoble, et de son allié le
duc de Savoie, dépossédé du fort Barraux et battu à Pontcharra
; il eut seul la gloire de replacer le Dauphiné sous l'autorité d'Henri
IV.
On peut dire que ce pays donna le signal de la Révolution. Les
trois ordres se réunirent au mois de juillet 1788 dans le bourg
de Vizille, sans observer ni rang ni préséance, et y posèrent
en commun une base des droits de tous, à laquelle les états
généraux furent appelés l'année suivante à donner
leur consécration.
BIOGRAPHIE
Le
cardinal de Tencin et sa sœur Mme de Tencin,
mère du célèbre d'Alembert ; Bayard, le chevalier
sans peur et sans reproche ; les historiens Chorier, Valbonnais ; le
jurisconsulte Expilly ; les poètes Ponsard et Gentil-Bernard ;
Condillac ; le fameux Vaucanson, dont les automates si connus dénotaient
la merveilleuse aptitude aux arts mécaniques ; le conventionnel
Mounier ; Barnave ; enfin Dupiney de Vorepierre, dont l'Encyclopédie
est si justement appréciée.
STATISTIQUE
TOPOGRAPHIE. — Le département
de l'Isère est situé au S.-E., entre
44° 40' et 45° 55' de lat. N. Bornes : Ain, Rhône, Loire,
Ardèche, Drôme, Hautes-Alpes et Savoie. Il tire son nom
de l'Isère, riv. qui le traverse du N.-E. au S.-E. — Pays
très-élevé et montagneux, presque entièrement
couvert par les puissants contreforts des Alpes, au faîte desquels
il s'appuie à l'E. Points culmin. : le Grand-Pelvoux, 3,934 m.;
le Goléon, 3,429 m. : les Trois-élions, 3,511 m. ; le Pic
de Belledonne, 2,982 m. — Bassin du Rhône. Riv. princip.
: Rhône, Isère (navig.); Guiers, Bourbre, Drac, Romanche.
Beaucoup de torrents. — Climat fort sain, plus froid que tempéré ;
hivers prolongés. — Canaux d'irrigation. 7 Routes nation.,
17 départ.; 2,600 ch. vicinaux.
PRODUCTIONS. — Sols dominants: gravier, sablonneux,
bon terreau, pierreux, marécageux.
Sol très-fertile, surtout dans la vallée du Graisivaudan
; très-beaux pâturages. — Pays agricole et manufact.;
agricult. avancée. Céréales suffis.; vins de bonne
qualité en génér. (les rouges de Vienne, les blancs
de la côte St-André); pommes de terre, fourrage, colza,
noyers, lin, chanvre, sapins, plantes médicinales. élève
consid. de gros bétail ; chevaux et mulets estimés, moutons
transhumants pendant l'été; volaille en gr. quantité. élève
import. de vers à soie. — Bois, 168,420 h.; vignes, 27,698
h. — L'exploitat. minérale est l'une des princip. richesses
du départ. : fer, plomb, argent, zinc, cuivre et marbres; anthracite,
lignite, tourbe, gypse, calcaires, granits. Valeur annuelle : plus de
5 millions. — Grand nombre de sources miner., dont les plus fréquentées
sont à Uriage, La Motte, Allevard, etc.
INDUSTRIE ET COMMERCE. — L'Industrie travaille
principal. les métaux, puis les toiles
fortes, le linge damassé, les draps, les cotons, les foulards,
les crêpes de soie, les chapeaux
de paille, les cuirs, le sucre de betterave, les liqueurs et les
gants de Grenoble, les produits chimiq., l'organsinage de la soie, les
fromages estimés de Sassenage, la térébenthine,
etc. — Le Commerce consiste en métaux, toiles, chanvre,
draps, soies, marbres, grains, bois, ganterie et produits fabriqués. — 420
Foires.
INSTRUCTION PUBLIQUE. — 1 Faculté de droit.
1 Faculté des sciences. 1 Faculté des
lettres. 1 Ecole prépar. de médecine et de pharm. 1 Lycée.
3 Coll. 6 établ. second. libres. 1 Ecole normale d'instit. 1 Ecole
normale d'institutr. — 1 école modèle d'instit. protest.
1 Ecolo profess. 14 Pensionnats prim. Ecoles prim. : 495 de garçons,
476 de filles, 173 mixtes.3 Sém. 2 Bibl. publ. 6 Sociétés
savantes. 3 Ecoles d'hydrogr.
VILLES PRINCIPALES
GRENOBLE, ch.-L,
divisé en 2 parties inég.
: l'une étroite et resserrée entre l'Isère et le
m. Rachet, l'autre plus spacieuse et mieux bâtie sur la rive g.
de la riv., et où il y a de jolies places, des jardins et des
promen. fort agréables. On y remarque Notre-Dame (xe
s.), qui offre de beaux détails dans les différ. styles
de son archit.; St-Laurent, vieille égl. romane; le Palais
de Justice, monum. gothique fondé par Louis XI; un Musée
assez riche et une Biblioth. renferm. plus de 60,000 vol.; un bel Hôpital,
etc. Place de guerre défendue par des remparts, une enceinte bastionnée,
et des travaux considér. — En 1815, la garde nat. arrêta
pendant 3 jours l'armée austro-sarde et en obtint une capitulat.
honorable. En 1816, l'insurrection impérialiste de Didier fut étouffée
aux portes de la ville.
Lire aussi l'article sur Grenoble jusqu'en 1860, accompagné de gravures, sur ce même site
SAINT-MARCELLIN, dans une charmante position, renferme
une église du XIIe s., de belles fontaines et une promenade fort
jolie. — Commerce de soie, de vins et de marrons.
LA TOUR-DU-PIN, p. v. irrég. et mal bâtie,
s. la Bourbre.
VIENNE, très-anc. v., en amphith. s. le Rhône.
Rues tortueuses, maisons incommodes. Parmi les édifices : St-Maurice (XIe
s.), monum. remarq. par sa masse imposante, sa situat. pittor. et son
grand portail ; la Tour St-André, chef-d'œuvre
de légèreté et de gracieuse élégance;
le pont attribué aux Romains ; le fort Pipet, les aqueducs,
un bel arc de triomphe, les ruines de plusieurs temples ; le Tombeau
de Pilate, de forme carrée, percé de 4 arcades ornées
de piliers et de colonnes brutes, et surmonté d'une pyramide.
Les bords de la Gère sont le centre de l'industrie locale :
travail du fer, papiers, verre, produits chimiques, et surtout draps,
toiles, étoffes de laine, cuirs et peaux. — Concile de
1312, où le pape Clément V prononça l'abolition
de l'ordre du Temple.
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