Accueil | Présentation | Lieux | 900 photos | Cartes - Gravures | Thèmes | Personnages |
Texte extrait de l'ouvrage 'Les délices de la France' de 1728, sans auteur, peut-être une réédition de l'ouvrage au même titre, de François Savinien d' Alquié édité en 1670 Grenoble, C’est la ville capitale du Dauphiné, dont César appelle les peuples, comme aussi ceux de Savoye, Allobroges, et qu’il dit être confédérés avec le Peuple Romain. Ce Pays a été longtemps gouverné par ses Princes particuliers, jusqu’au Prince Humbert, ou Imbert, Dauphin de Viennois, qui du consentement de l’Empereur Charles IV. le donna après la mort de son Fils aine à la Bataille de Crécy, à Philippe de Valois, à condition que le premier Fils de France porterait le nom de Dauphin de Viennois, et qu’il porterait les Armes écartelées de France, et de Dauphiné, qui sont d’or, au Dauphin d’azur, crêté, barbillé, et oreille de gueules. Grenoble est une des plus nobles villes de tout le Dauphiné ; et c’est le sentiment de tout le monde, qu’elle est la Capitale de la Province, parce que le Gouverneur y fait ordinairement son séjour, que le Parlement y est, qu’il y a un évêché, et qu’elle est enfin la plus belle, la plus divertissante, la plus grande, et la plus riche de toutes. Elle est faite en forme de vallée et a deux Ponts fort beaux, de hautes Tours, un Arsenal bien garni, de grandes églises, et de superbes maisons, entre autres celle de Mr. le Connétable de Lesdiguières ; de très belles rues, d’agréables promenades, et des Antiquités très remarquables. Les Latins. l’appellent Gratianopolis, de l’Empereur Gratien qui l’embellit, et qui étendit ses murailles. Auparavant, les Empereurs Dioclétien, et Maximien, y firent faire deux Portes de pierre de taille, dont l’une fut appelée Romana Jovia, pour gratifier Dioclétien, qui s’égalait à Jupiter ; et l’autre Herculea, à l’honneur de Maximien, qui se faisait égal à Hercule. Il y a une inscription sur chaque Porte, en mémoire de ces deux Empereurs. L’Isère arrose les murailles, et le Drac inonde ses campagnes, quoique ce ne soit qu’un petit torrent ; de sorte qu’on craint, qu’il ne submerge un jour toute la ville. Le pays est si doux, et si fertile, qu’il dispute avec les meilleurs de France ; mais ce qu’il y a de plus considérable, c’est que les personnes y sont si bien faites, si spirituelles, si enjouées, si propres, et si sociables, qu’on ne saurait s’empêcher de les aimer en quoi je préfère cette Ville à mille autres, qui se glorifient d’avoir plusieurs avantages considérables, et qui cependant n’ont rien d’agréable, ni de charmant, pour les gens d’esprit. L’église épiscopale dédiée à Notre-Dame, est très ancienne, et mérite d’être vue ; de même que plusieurs belles Tours qui sont dans Grenoble, principalement celle qui joint le Pont, et qui est enrichie d’une fort belle Horloge.
Texte extrait du Guide pittoresque du voyageur en France - 1838 - Collectif (premières éditions en 1834). GRENOBLE. Très ancienne, grande et forte ville ; chef-lieu du département de l'Isère, divisée en trois cantons. — Cour royale d’où ressortissent les départements de l’Isère, de la Drôme et des Hautes-Alpes. Tribunaux de première instance et de commerce. Académie universitaire. Faculté de droit et des sciences. Société des sciences, des arts et d’agriculture. Société de médecine. Collège royal. école gratuite de dessin. Cours publics de médecine, de chirurgie, d’accouchements, de pharmacie et de botanique. Chef-lieu de la 7e division militaire. Direction des douanes. Chambre consultative des manufactures. Bourse de commerce. évêché. Bureau de poste, relais. Population 24,888 habitants. A l’époque où une partie de la France était déchirée par les guerres de religion, Grenoble tomba au pouvoir du farouche baron des Adrets, qui s’empara du trésor de l'église Notre-Dame, et fit démolir le tombeau des Dauphins élevé dans l’église Saint-André. Sassenage, ancien gouverneur de Grenoble pour le roi, reprit cette ville sur les protestants ; mais le baron des Adrets se présenta sous ses murs le 24 juin 1562, parvint à s’en rendre maître après une courageuse résistance des troupes qui la défendaient, et fit passer la garnison au fil de l’épée. Les troupes du roi tentèrent deux fois sans succès de reprendre cette ville, qui ne rentra sous la domination du roi qu’après la paix conclue avec les chefs des protestants. Lorsque ceux-ci reprirent les armes, Grenoble fut mis en un si bon état de défense, qu’ils n’osèrent l’attaquer. Cependant, après la mort de Charles IX, Lesdiguières ayant eu connaissance que cette ville avait été en grande partie dégarnie des troupes qui la défendaient, crut pouvoir la surprendre, et le succès répondit à son audace ; dans la nuit du 24 au 25 novembre, il s’empara du pont qui communiquait de la rive droite à la rive gauche de l’Isère ; ce qui lui permit de bloquer la ville, qui se rendit par capitulation après 25 jours de siège. Depuis cette époque jusqu’aux dernières années du règne de Louis XIY, rien n’avait troublé la tranquillité de Grenoble, lorsque la révocation de l’édit de Nantes vint y porter de nouveau la désolation. Un grand nombre de familles fut alors obligé de s’expatrier ; quelques-unes, sans ressources ni moyens d’existence, furent chercher dans les montagnes, et particulièrement dans celles du Trièves, un abri contre les vexations qu’on leur faisait éprouver de toutes parts. Les proscrits emportèrent avec eux des sommes assez considérables ; et ce qui fit encore plus de tort au pays, ils portèrent chez l’étranger plusieurs branches d’industrie et de commerce qui appartenaient exclusivement à la France. Sous le règne de Louis XVI, lorsque l’embarras toujours croissant des finances amena la stérile convocation des notables, en 1787, et les édits du timbre et de la subvention territoriale, le parlement de Paris, s’élevant contre ces nouvelles taxes, proclama l’existence d’un déficit énorme et l’urgence des états généraux. Cet exemple ne pouvait demeurer longtemps sans imitateurs. Le parlement de Grenoble fut des premiers à répondre au signal. Mais le ministère, alarmé des progrès rapides que faisait l’insubordination parlementaire, essaya d’en arrêter le cours par rétablissement d’une cour plénière. Alors les cours souveraines, plus irritées que jamais, ne mirent plus de bornes à leur opposition au système et au plan du gouvernement. Celle du Dauphiné déclara traître au roi et à la nation quiconque irait prendre place à la cour plénière. Brienne crut pouvoir comprimer cette audace parlementaire, par des coups d’autorité, soutenus de l’appareil des armes. Le duc de Tonnerre, commandant de la province, reçut ordre de faire signifier par ses officiers, à tous les membres du parlement, des lettres de cachet, qui leur enjoignaient de s’exiler dans leurs terres. Le peuple s’opposa violemment à l’exécution de celte mesure, et vengea par le sac de l’hôtel du commandant, la mort d’un citoyen, tombé sous le fer des soldats, dès les premiers moments de l’effervescence. Cette journée, qui fut appelée la journée des tuiles, parce que les Grenoblois montèrent sur leurs toits pour assaillir les militaires dans les rues, se termina par la non-exécution des lettres de cachet, à laquelle M. de Tonnerre fut forcé de condescendre, dans l’intérêt de son autorité, et même de son existence. On peut regarder la capitulation que la colère du peuple imposa ici à l’un des généraux des armées du roi, comme la première victoire populaire de la révolution française, et considérer le 7 juin de Grenoble comme le prélude du 14 juillet de la capitale.
Cependant, la magistrature, après avoir joui de la défaite honteuse de ses persécuteurs, craignit de paraître complice du mouvement insurrectionnel dont la cité delphinale venait de donner l’exemple à la province et à la France. Satisfaite de l’humiliation de l’agent ministériel, elle voulut rester fidèle, soumise et respectueuse envers le monarque. Dès que la paix et le calme lui parurent assurés dans Grenoble, chacun de ses membres se rendit au lieu d’exil qui lui avait été désigné. Ils sortirent tous secrètement de la ville, dans la nuit du 12 au 13 juin. Toutes les résolutions de cette assemblée furent prises à l’unanimité, à l’exception d’une seule, relative à la liberté des élections pour toutes les places dans les états de la province. Les trois ordres demandèrent le rappel du parlement, le rétablissement des tribunaux et la réintégration des consuls Mayen et Revol, et arrêtèrent en outre que, quoique prêts à tous les sacrifices que pourraient exiger la sûreté et la gloire du trône, ils n’octroieraient les impôts, par dons gratuits ou autrement, que lorsque leurs représentants en auraient délibéré dans les états-généraux du royaume.
Grenoble est la première ville qui reçut Napoléon à son retour de l’île d’Elbe en 1815. Arrivé à l’entrée de la nuit sous les murs de cette ville, il en trouva les portes fermées ; le colonel qui commandait dans la place, n’ayant pas les clefs que le lieutenant-général avait fait porter chez lui, le peuple les enfonça, en dedans et en dehors ; l’empereur se rendit à cheval, au milieu des acclamations universelles, à l’hôtel des Trois-Dauphins où il logea. A peine commençait-il à respirer qu’un tumulte épouvantable se fit entendre ; c’étaient les portes de la ville que les habitants venaient lui offrir, disaient-ils, au défaut des clefs qu’on n’avait pu lui présenter.
La ville de Grenoble est située dans un bassin couvert de prairies et arrosé par des courants d’eau vive ombragés par une multitude d’arbres. Elle est bornée de tous côtés par des montagnes de forme bizarre, dont le pied est occupé par la vigne, les flancs et la cime par des pâturages et des bois. Partout on est frappé des beautés sauvages de la nature : d’un côté, des coteaux chargés de vergers et de maisons de plaisance offrent des sites variés, agréables et pittoresques ; de l’autre, l’Isère, poursuivant son cours rapide, arrose un pays délicieux, qui contraste singulièrement avec l’âpreté des rives du Drac. Cette ville est bien bâtie, sur l’Isère, qui la divise en deux parties inégales : l’une, extrêmement resserrée entre la rivière et les montagnes, est étroite et ne consiste, pour ainsi dire, qu’en une seule rue assez spacieuse ; elle occupe la rive droite de la rivière, et communique avec la rive gauche par deux ponts, dont un est construit en bois et l’autre en pierre. Cette rue forme le quartier le plus populeux et le plus industrieux : la plus basse partie de la montagne est appelée Rabot, celle qui est au-dessus se nomme la Bastille, enfin, la partie supérieure porte le nom de Mont-Rachet. De cet endroit, on jouit d’un très beau coup d’œil, qui embrasse la vallée du Drac et celle de l’Isère, au bout de laquelle on distingue, à plus de 30 lieues de distance, la majestueuse cime du Mont-Blanc.
Grenoble, fortifiée par le chevalier Deville, était autrefois une place frontière de la plus grande importance ; cependant, dominée de routes parts par des montagnes élevées, elle n’aurait opposé qu’une faible résistance, si l’ennemi avait pu pénétrer jusqu’au pied de ses murailles. Des remparts à la Vauban l’entourent, et l’on y entre par cinq portes : celle de France, où aboutit la route de Lyon ; celle de Saint-Laurent, qui conduit à Chambéry ; celle des Trois-Cloîtres, par laquelle on peut également se rendre en Savoie ; celle de Bonne, qui mène dans l’Oisans et dans les Hautes-Alpes ; celle de la Graille ou de Créqui, par laquelle on communique par le Cours avec la Provence, ainsi qu’avec les montagnes de Sassenage et du Vercors.
La ville de Grenoble possède une bibliothèque publique d’environ 60,000 volumes, dont le fonds primitif fut la bibliothèque de Jean de Caulet, l’un de ses évêques, mort en 1771 ; elle fut achetée par souscription, et rendue publique en 1773. Les livres y sont placés dans deux grandes pièces : la première, ou la salle d’entrée, a 14 mètres 3o centimètres de longueur, 9 m. de largeur, et 6 m. 42 c. de hauteur ; elle est éclairée par huit fenêtres donnant sur la cour du collège et formant deux rangs de croisées. La grande salle a 66 m. de longueur, 8 m. 3o c. de largeur, et 6 m. 42 c. de hauteur ; elle est éclairée d’un côté par huit fenêtres sur deux rangs, de l’autre par vingt fenêtres également sur deux rangs, et par une grande fenêtre au centre et à balcon, en face de la salle d’entrée. Un cabinet d’histoire naturelle et un cabinet d’antiquités sont contigus à cette bibliothèque. — A l’extrémité de cet établissement est le musée de tableaux, dont l’inauguration daté de 1802. Le local est parfaitement disposé pour présenter sous un aspect avantageux les objets qu’il renferme. C’est une galerie éclairée verticalement par six vitraux de dix pieds d’ouverture. Sa longueur est de 114 pieds sur 31 pieds 6 pouces de largeur, et sa hauteur de 3o pieds. Au midi est un vaste balcon, d’où l’on découvre la plaine de Grenoble, les coteaux qui en forment l’enceinte, et les sommets des Alpes. Ce musée possède plus de cent trente tableaux, parmi lesquels on compte des originaux de Rubens, l’Albane, Paul et Alexandre Véronèse, Le Lorrain, Perugin, Philippe de Champagne, L’Espagnolet, le Bassano, Lucatelli, Josepin, L’Orizzonte, Solario, Crayer, Vander Meulen, Le Brun, Lesueur, etc., etc. Des plâtres moulés sur l’antique, notamment l’Apollon du Belvédère, la Vénus de Médicis, le Laocoon, la Diane, etc., contribuent à l’ornement de cette belle galerie. On remarque encore à Grenoble : l’église Notre-Dame ; l’évêché ; l’hôpital général, édifice bien aéré et pourvu d’eaux abondantes, fondé vers le milieu du XIIe siècle par M. de Chissé, évêque de Grenoble ; le palais de justice, où l’on voit de belles salles ornées de magnifiques sculptures en bois ; la salle de spectacle, édifice peu digne d’une grande ville, mais où ont joué les acteurs les plus distingués ; la statue colossale en bronze, érigée en l’honneur de Bayard, sur la place Saint-André ; de nombreuses bornes-fontaines, et un beau château-d’eau orné de sculptures en bronze ; l’arsenal ; la citadelle ; le jardin de botanique. — On doit visiter, aux environs, le pont suspendu jeté sur le Drac ; le pont de Claix ; la Grande-Chartreuse, etc. Grenoble se glorifie d’avoir donné le jour à un grand nombre de personnages célèbres. Les principaux sont : Condillac, Mably, Vaucanson, Gentil Bernard, Mme de Tencin, Barnave, Savoye Rollin, Casimir Périer, Mounier, Campenon, Berriat Saint-Prix, etc. Fabriques considérables de gants de peau, de toiles, indiennes, chanvre ouvré, pelleteries, liqueurs fines (ratafia de Grenoble). Tanneries et chamoiseries. — Commerce de ganterie, toiles, chanvre, fers, vins, liqueurs, huile de noix et de graines, etc. A 27 lieues 1/2 de Lyon, 14 lieues de Chambéry, 145 lieues 1/2 de Paris. — Hôtels des Ambassadeurs, des Trois-Dauphins.
|
Dépôt de Copyright contre toute utilisation commerciale
des photographies, textes et/ou reproductions publiées sur ce site
Voir explications sur la page "Accueil"
Plan de site | Recherches | Qualité | Liens | Contact |