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Les villes à travers les documents anciens

Grenoble, jusqu'aux années 1860

 

Grenoble vers 1850, dessiné par Amanda Girault - gravure reproduite et restaurée numériquement par © Norbert Pousseur
Grenoble au bord de l'Isère,
gravure extraite de 'Les Beautés de la France' de Girault de Sant-Fargeau - 1855, dessin d'Amanda Girault

Voir aussi, sur ce site, le département de l'Isère en 1883

 

Texte extrait de l'ouvrage 'Les délices de la France' de 1728, sans auteur, peut-être une réédition de l'ouvrage au même titre, de François Savinien d' Alquié édité en 1670

Grenoble, C’est la ville capitale du Dauphiné, dont César appelle les peuples, comme aussi ceux de Savoye, Allobroges, et qu’il dit être confédérés avec le Peuple Romain. Ce Pays a été longtemps gouverné par ses Princes particuliers, jusqu’au Prince Humbert, ou Imbert, Dauphin de Viennois, qui du consentement de l’Empereur Charles IV. le donna après la mort de son Fils aine à la Bataille de Crécy, à Philippe de Valois, à condition que le premier Fils de France porterait le nom de Dauphin de Viennois, et qu’il porterait les Armes écartelées de France, et de Dauphiné, qui sont d’or, au Dauphin d’azur, crêté, barbillé, et oreille de gueules.
Charles V. dit le Sage, fut le premier qui porta le nom de Dauphin, son Père Jean étant Duc de Normandie, lorsque la Donation en fut faite à Philippe son père, par Humbert, lequel se fit Jacobin et est enterré dans l’église des Religieux de cet Ordre à Paris.

Grenoble est une des plus nobles villes de tout le Dauphiné ; et c’est le sentiment de tout le monde, qu’elle est la Capitale de la Province, parce que le Gouverneur y fait ordinairement son séjour, que le Parlement y est, qu’il y a un évêché, et qu’elle est enfin la plus belle, la plus divertissante, la plus grande, et la plus riche de toutes. Elle est faite en forme de vallée et a deux Ponts fort beaux, de hautes Tours, un Arsenal bien garni, de grandes églises, et de superbes maisons, entre autres celle de Mr. le Connétable de Lesdiguières ; de très belles rues, d’agréables promenades, et des Antiquités très remarquables.

Les Latins. l’appellent Gratianopolis, de l’Empereur Gratien qui l’embellit, et qui étendit ses murailles. Auparavant, les Empereurs Dioclétien, et Maximien, y firent faire deux Portes de pierre de taille, dont l’une fut appelée Romana Jovia, pour gratifier Dioclétien, qui s’égalait à Jupiter ; et l’autre Herculea, à l’honneur de Maximien, qui se faisait égal à Hercule. Il y a une inscription sur chaque Porte, en mémoire de ces deux Empereurs.

L’Isère arrose les murailles, et le Drac inonde ses campagnes, quoique ce ne soit qu’un petit torrent ; de sorte qu’on craint, qu’il ne submerge un jour toute la ville. Le pays est si doux, et si fertile, qu’il dispute avec les meilleurs de France ; mais ce qu’il y a de plus considérable, c’est que les personnes y sont si bien faites, si spirituelles, si enjouées, si propres, et si sociables, qu’on ne saurait s’empêcher de les aimer en quoi je préfère cette Ville à mille autres, qui se glorifient d’avoir plusieurs avantages considérables, et qui cependant n’ont rien d’agréable, ni de charmant, pour les gens d’esprit.

L’église épiscopale dédiée à Notre-Dame, est très ancienne, et mérite d’être vue ; de même que plusieurs belles Tours qui sont dans Grenoble, principalement celle qui joint le Pont, et qui est enrichie d’une fort belle Horloge.

 

Grenoble vers 1830 par Rauch - gravure reproduite et restaurée numériquement par © Norbert Pousseur
Grenoble vers 1830,
gravure extraite du Guide pittoresque du voyageur en France, dessiné par Rauch

Texte extrait du Guide pittoresque du voyageur en France - 1838 - Collectif (premières éditions en 1834).

GRENOBLE. Très ancienne, grande et forte ville ; chef-lieu du département de l'Isère, divisée en trois cantons. — Cour royale d’où ressortissent les départements de l’Isère, de la Drôme et des Hautes-Alpes. Tribunaux de première instance et de commerce. Académie universitaire. Faculté de droit et des sciences. Société des sciences, des arts et d’agriculture. Société de médecine. Collège royal. école gratuite de dessin. Cours publics de médecine, de chirurgie, d’accouchements, de pharmacie et de botanique. Chef-lieu de la 7e division militaire. Direction des douanes. Chambre consultative des manufactures. Bourse de commerce. évêché. Bureau de poste, relais. Population 24,888 habitants.
L’origine de Grenoble remonte à la plus haute antiquité. Avant la conquête des Gaules par les Romains, elle faisait partie du pays des Allobroges, et était connue sous le nom de Cularo, Cette cité devint ensuite une station romaine, où l’empereur  Maximien fit construire de nouveaux remparts, percés de deux portes. En 374, l’empereur Gratien étant dans les environs de Lyon, Cularo en obtint quelques bienfaits. Pour lui témoigner sa reconnaissance, cette ville changea son nom de Cularo en celui de Gratianopolis, qu’elle a conservé longtemps et dont par la suite on a fait Grenoble.
Longtemps encore après la conquête des Bourguignons et des Francs, Grenoble ne paraît pas avoir été une place importante. L’histoire n’en parle guère avant la fin du VIe siècle, qu’elle soutint un siège contre les Lombards commandés par Rhodain. Momol, à la tête des Bourguignons, accourut à son secours, et détruisit l'armée des assiégeants. Depuis cette époque jusqu’à la mort de Robert le Fainéant, il n’est que rarement question de Grenoble. Les Bourguignons s’étaient emparés de cette ville dans le Ve siècle ; après la destruction de leur puissance par les Francs, elle passa sous la domination des rois de la première et de la seconde race. Dans le XIIIe siècle, elle appartenait aux princes de la province de Grenoble, ou comtes de Grésivaudan, qui prirent le litre de Dauphins vers 1238, et dont la postérité s’éteignit, eu 1355, dans la personne de Humbert II, auquel Grenoble doit l’établissement d’un conseil delphinal avec juridiction souveraine ; conseil dont l’autorité fut confirmée par les dauphins de France ses successeurs, et que Louis XI érigea en parlement en 1453.

A l’époque où une partie de la France était déchirée par les guerres de religion, Grenoble tomba au pouvoir du farouche baron des Adrets, qui s’empara du trésor de l'église Notre-Dame, et fit démolir le tombeau des Dauphins élevé dans l’église Saint-André. Sassenage, ancien gouverneur de Grenoble pour le roi, reprit cette ville sur les protestants ; mais le baron des Adrets se présenta sous ses murs le 24 juin 1562, parvint à s’en rendre maître après une courageuse résistance des troupes qui la défendaient, et fit passer la garnison au fil de l’épée. Les troupes du roi tentèrent deux fois sans succès de reprendre cette ville, qui ne rentra sous la domination du roi qu’après la paix conclue avec les chefs des protestants. Lorsque ceux-ci reprirent les armes, Grenoble fut mis en un si bon état de défense, qu’ils n’osèrent l’attaquer. Cependant, après la mort de Charles IX, Lesdiguières ayant eu connaissance que cette ville avait été en grande partie dégarnie des troupes qui la défendaient, crut pouvoir la surprendre, et le succès répondit à son audace ; dans la nuit du 24 au 25 novembre, il s’empara du pont qui communiquait de la rive droite à la rive gauche de l’Isère  ; ce qui lui permit de bloquer la ville, qui se rendit par capitulation après 25 jours de siège. Depuis cette époque jusqu’aux dernières années du règne de Louis XIY, rien n’avait troublé la tranquillité de Grenoble, lorsque la révocation de l’édit de Nantes vint y porter de nouveau la désolation. Un grand nombre de familles fut alors obligé de s’expatrier ; quelques-unes, sans ressources ni moyens d’existence, furent chercher dans les montagnes, et particulièrement dans celles du Trièves, un abri contre les vexations qu’on leur faisait éprouver de toutes parts. Les proscrits emportèrent avec eux des sommes assez considérables ; et ce qui fit encore plus de tort au pays, ils portèrent chez l’étranger plusieurs branches d’industrie et de commerce qui appartenaient exclusivement à la France.

Sous le règne de Louis XVI, lorsque l’embarras toujours croissant des finances amena la stérile convocation des notables, en 1787, et les édits du timbre et de la subvention territoriale, le parlement de Paris, s’élevant contre ces nouvelles taxes, proclama l’existence d’un déficit énorme et l’urgence des états généraux. Cet exemple ne pouvait demeurer longtemps sans imitateurs. Le parlement de Grenoble fut des premiers à répondre au signal. Mais le ministère, alarmé des progrès rapides que faisait l’insubordination parlementaire, essaya d’en arrêter le cours par rétablissement d’une cour plénière. Alors les cours souveraines, plus irritées que jamais, ne mirent plus de bornes à leur opposition au système et au plan du gouvernement. Celle du Dauphiné déclara traître au roi et à la nation quiconque irait prendre place à la cour plénière. Brienne crut pouvoir comprimer cette audace parlementaire, par des coups d’autorité, soutenus de l’appareil des armes. Le duc de Tonnerre, commandant de la province, reçut ordre de faire signifier par ses officiers, à tous les membres du parlement, des lettres de cachet, qui leur enjoignaient de s’exiler dans leurs terres. Le peuple s’opposa violemment à l’exécution de celte mesure, et vengea par le sac de l’hôtel du commandant, la mort d’un citoyen, tombé sous le fer des soldats, dès les premiers moments de l’effervescence. Cette journée, qui fut appelée la journée des tuiles, parce que les Grenoblois montèrent sur leurs toits pour assaillir les militaires dans les rues, se termina par la non-exécution des lettres de cachet, à laquelle M. de Tonnerre fut forcé de condescendre, dans l’intérêt de son autorité, et même de son existence. On peut regarder la capitulation que la colère du peuple imposa ici à l’un des généraux des armées du roi, comme la première victoire populaire de la révolution française, et considérer le 7 juin de Grenoble comme le prélude du 14 juillet de la capitale.

Grenoble par Thomas Allom - gravure reproduite et restaurée numériquement par © Norbert Pousseur
Grenoble depuis la Forteresse,
gravure de Thomas Allom, extraite de La France au XIX siècle, éd. 1841

Cependant, la magistrature, après avoir joui de la défaite honteuse de ses persécuteurs, craignit de paraître complice du mouvement insurrectionnel dont la cité delphinale venait de donner l’exemple à la province et à la France. Satisfaite de l’humiliation de l’agent ministériel, elle voulut rester fidèle, soumise et respectueuse envers le monarque. Dès que la paix et le calme lui parurent assurés dans Grenoble, chacun de ses membres se rendit au lieu d’exil qui lui avait été désigné. Ils sortirent tous secrètement de la ville, dans la nuit du 12 au 13 juin.
« Privée de son parlement, et craignant d’avoir perdu avec lui toutes ses libertés, la ville de Grenoble, dit M. de Lally-Tollendal (Biog. univ., not. sur Mounier), demanda une assemblée de ses notables. Mounier, juge royal, y fut appelé ; et la réunion de ses fonctions magistrales, de son caractère personnel et de ses connaissances politiques, fit de lui le conseil et  le guide de cette assemblée. » On y résolut, le 14 juin, une convocation générale des municipalités de la province, et cette délibération fut envoyée par la municipalité de Grenoble à toutes les villes et communautés dauphinoises, qui s’empressèrent, à quelques exceptions près, de répondre à l’appel de leur capitale. Cette propagation des prétentions municipales, qui n’était qu’un retour aux antiques traditions locales, et le réveil des vieilles franchises du pays, cette propagation effraya le gouvernement français, plus que n’avait pu le faire l’indocilité du parlement. MM. de Mayen et Revol, premier et second consuls de Grenoble, furent mandés à la suite de la cour, sous le poids de la responsabilité des événements de différente nature dont leur cité avait été le théâtre dans le cours du mois de juin. Le conseil général de la commune s’assembla aussitôt pour prendre en considération la situation difficile où les chefs de la municipalité grenobloise se trouvaient placés, à l’occasion de leur zèle civique dans la crise actuelle ; une foule de notables citoyens se joignit aussi au corps municipal, dans le même objet ; et de cette réunion (2 juillet) sortit une nouvelle délibération qui fixa au 21 juillet suivant l’assemblée générale décrétée le 14 juin.
Le gouvernement fit marcher des troupes sur Grenoble pour y empêcher la réunion annoncée par les délibérations des municipalités de la province. Le maréchal de Vaux arriva, en effet, dans cette ville, la veille du jour fixé par les notables pour l’assemblée générale. Laissant de côté les instructions violentes d’un ministère aveuglé, il leur substitua ses propres vues, celles d’un homme qui avait été assez sage pour chercher à s’éclairer avant d’entreprendre. L’assemblée des municipalités dauphinoises, accompagnée des vœux et protégée par l’opinion de la population entière, se réunit ainsi sans obstacle, le 21 juillet, à Vizille, conformément à la convocation délibérée par les notables. Deux cent cinquante députés des deux premiers ordres, et deux cent cinquante députés du tiers-état, se rendirent, à travers une double haie de soldats, dans ce même château que Lesdiguières avait bâti pour en faire la demeure de la tyrannie seigneuriale, et qui, en moins de deux cents ans, se trouvait devenir le forum du Dauphiné, d’où devait naître le forum de la France. La séance dura depuis huit heures du matin jusqu’à minuit, sous la présidence du comte de Morges. Les députés y siégèrent, sans observation de rang, ni de préséance entre eux, dans chaque ordre, ce qui fut soigneusement mentionné dans le procès-verbal, par le secrétaire rédacteur Mounier qui, dans cette fusion qu’il constatait avec tant d’exactitude, entrevoyait déjà la fusion plus générale sur laquelle devait être fondée la régénération française.

Toutes les résolutions de cette assemblée furent prises à l’unanimité, à l’exception d’une seule, relative à la liberté des élections pour toutes les places dans les états de la province. Les trois ordres demandèrent le rappel du parlement, le rétablissement des tribunaux et la réintégration des consuls Mayen et Revol, et arrêtèrent en outre que, quoique prêts à tous les sacrifices que pourraient exiger la sûreté et la gloire du trône, ils n’octroieraient les impôts, par dons gratuits ou autrement, que lorsque leurs représentants en auraient délibéré dans les états-généraux du royaume.

 

Grenoble est la première ville qui reçut Napoléon à son retour de l’île d’Elbe en 1815. Arrivé à l’entrée de la nuit sous les murs de cette ville, il en trouva les portes fermées ; le colonel qui commandait dans la place, n’ayant pas les clefs que le lieutenant-général avait fait porter chez lui, le peuple les enfonça, en dedans et en dehors ; l’empereur se rendit à cheval, au milieu des acclamations universelles, à l’hôtel des Trois-Dauphins où il logea. A peine commençait-il à respirer qu’un tumulte épouvantable se fit entendre ; c’étaient les portes de la ville que les habitants venaient lui offrir, disaient-ils, au défaut des clefs qu’on n’avait pu lui présenter.

 

Grenoble vers 1830 - gravure reproduite et restaurée numériquement par © Norbert Pousseur
Grenoble bucolique vers 1830,
gravure extraite de la France pittoresque d’Abel Hugo

 

La ville de Grenoble est située dans un bassin couvert de prairies et arrosé par des courants d’eau vive ombragés par une multitude d’arbres. Elle est bornée de tous côtés par des montagnes de forme bizarre, dont le pied est occupé par la vigne, les flancs et la cime par des pâturages et des bois. Partout on est frappé des beautés sauvages de la nature : d’un côté, des coteaux chargés de vergers et de maisons de plaisance offrent des sites variés, agréables et pittoresques ; de l’autre, l’Isère, poursuivant son cours rapide, arrose un pays délicieux, qui contraste singulièrement avec l’âpreté des rives du Drac. Cette ville est bien bâtie, sur l’Isère, qui la divise en deux parties inégales : l’une, extrêmement resserrée entre la rivière et les montagnes, est étroite et ne consiste, pour ainsi dire, qu’en une seule rue assez spacieuse ; elle occupe la rive droite de la rivière, et communique avec la rive gauche par deux ponts, dont un est construit en bois et l’autre en pierre. Cette rue forme le quartier le plus populeux et le plus industrieux : la plus basse partie de la montagne est appelée Rabot, celle qui est au-dessus se nomme la Bastille, enfin, la partie supérieure porte le nom de Mont-Rachet. De cet endroit, on jouit d’un très beau coup d’œil, qui embrasse la vallée du Drac et celle de l’Isère, au bout de laquelle on distingue, à plus de 30 lieues de distance, la majestueuse cime du Mont-Blanc.


La seconde partie de Grenoble, qui occupe la rive gauche de l’Isère, est très belle, et formée de rues bien percées, mais qui, pour la plupart, sont étroites, pavées en cailloux, et bordées de maisons à trois ou quatre étages, dont les toits sont plats et recouverts en tuiles creuses. On y trouve un assez grand nombre de places publiques ; les plus remarquables sont celles de Grenelle, de Saint-André, et Notre-Dame. Des promenades charmantes ornent les alentours de la ville, qui en possède même une fort belle dans son sein : c’est un jardin assez étendu, situé sur le quai de la rive gauche de l’Isère. Il a été planté par le connétable de Lesdiguières, et tient à l’hôtel de la préfecture, qui fut la résidence de cet homme célèbre, auquel le Dauphiné doit ses plus beaux monuments. Ce jardin se compose d’un promenoir ombragé par des ormes et par des platanes ; au-dessus, s’élève une magnifique terrasse, couverte d’une grande allée de marronniers monstrueux. Chaque soir, dans la belle saison, une partie de la population se réunit sur cette terrasse ou dans le promenoir inférieur, auquel on a donné le nom de Bois. — La promenade du Cours est formée de deux allées, garnies chacune de deux rangs d’arbres qui bordent la grande route, et qui se prolongent en droite ligne jusqu’au pont de Claix, situé à 8400 mètres (plus de deux lieues) de la ville. Enfin, en sortant par la porte de France, on voit une grande esplanade entourée d’allées d’arbres, formant une vaste étendue découverte, consacrée aux jeux de boules, aux exercices militaires, aux tirs usités dans les fêtes publiques, et autres réjouissances.

Une des portes de Grenoble vers 1825 - gravure de Guyot, reproduite puis retouchée par  © Norbert Pousseur
Une des portes de Grenoble vers 1825
Dessin de Guyot, gravure extraite du Nouveau voyage pittoresque de la France - Ostervald -1827
C'est sans doute la porte que l'on aperçoit, à droite sur la gravure couleur en haut de la page.

Grenoble, fortifiée par le chevalier Deville, était autrefois une place frontière de la plus grande importance ; cependant, dominée de routes parts par des montagnes élevées, elle n’aurait opposé qu’une faible résistance, si l’ennemi avait pu pénétrer jusqu’au pied de ses murailles. Des remparts à la Vauban l’entourent, et l’on y entre par cinq portes : celle de France, où aboutit la route de Lyon ; celle de Saint-Laurent, qui conduit à Chambéry ; celle des Trois-Cloîtres, par laquelle on peut également se rendre en Savoie ; celle de Bonne, qui mène dans l’Oisans et dans les Hautes-Alpes ; celle de la Graille ou de Créqui, par laquelle on communique par le Cours avec la Provence, ainsi qu’avec les montagnes de Sassenage et du Vercors.

 

Plan de Grenoble par Malte-Brun vers 1850 - gravure reproduite et restaurée numériquement par © Norbert Pousseur
Plan de Grenoble par Malte-Brun en 1853,
extrait de l'Atlas de La France illustrée de A. H. Dufour

La ville de Grenoble possède une bibliothèque publique d’environ 60,000 volumes, dont le fonds primitif fut la bibliothèque de Jean de Caulet, l’un de ses évêques, mort en 1771 ; elle fut achetée par souscription, et rendue publique en 1773. Les livres y sont placés dans deux grandes pièces : la première, ou la salle d’entrée, a 14 mètres 3o centimètres de longueur, 9 m. de largeur, et 6 m. 42 c. de hauteur ; elle est éclairée par huit fenêtres donnant sur la cour du collège et formant deux rangs de croisées. La grande salle a 66 m. de longueur, 8 m. 3o c. de largeur, et 6 m. 42 c. de hauteur ; elle est éclairée d’un côté par huit fenêtres sur deux rangs, de l’autre par vingt fenêtres également sur deux rangs, et par une grande fenêtre au centre et à balcon, en face de la salle d’entrée. Un cabinet d’histoire naturelle et un cabinet d’antiquités sont contigus à cette bibliothèque. — A l’extrémité de cet établissement est le musée de tableaux, dont l’inauguration daté de 1802. Le local est parfaitement disposé pour présenter sous un aspect avantageux les objets qu’il renferme. C’est une galerie éclairée verticalement par six vitraux de dix pieds d’ouverture. Sa longueur est de 114 pieds sur 31 pieds 6 pouces de largeur, et sa hauteur de 3o pieds. Au midi est un vaste balcon, d’où l’on découvre la plaine de Grenoble, les coteaux qui en forment l’enceinte, et les sommets des Alpes. Ce musée possède plus de cent trente tableaux, parmi lesquels on compte des originaux de Rubens, l’Albane, Paul et Alexandre Véronèse, Le Lorrain, Perugin, Philippe de Champagne, L’Espagnolet, le Bassano, Lucatelli, Josepin, L’Orizzonte, Solario, Crayer, Vander Meulen, Le Brun, Lesueur, etc., etc. Des plâtres moulés sur l’antique, notamment l’Apollon du Belvédère, la Vénus de Médicis, le Laocoon, la Diane, etc., contribuent à l’ornement de cette belle galerie.

On remarque encore à Grenoble : l’église Notre-Dame ; l’évêché ; l’hôpital général, édifice bien aéré et pourvu d’eaux abondantes, fondé vers le milieu du XIIe siècle par M. de Chissé, évêque de Grenoble ; le palais de justice, où l’on voit de belles salles ornées de magnifiques sculptures en bois  ; la salle de spectacle, édifice peu digne d’une grande ville, mais où ont joué les acteurs les plus distingués ; la statue colossale en bronze, érigée en l’honneur de Bayard, sur la place Saint-André ; de nombreuses bornes-fontaines, et un beau château-d’eau orné de sculptures en bronze ; l’arsenal ; la citadelle ; le jardin de botanique. — On doit visiter, aux environs, le pont suspendu jeté sur le Drac ; le pont de Claix ; la Grande-Chartreuse, etc.

Grenoble se glorifie d’avoir donné le jour à un grand nombre de personnages célèbres. Les principaux sont : Condillac, Mably, Vaucanson, Gentil Bernard, Mme de Tencin, Barnave, Savoye Rollin, Casimir Périer, Mounier, Campenon, Berriat Saint-Prix, etc.

Fabriques considérables de gants de peau, de toiles, indiennes, chanvre ouvré, pelleteries, liqueurs fines (ratafia de Grenoble). Tanneries et chamoiseries. — Commerce de ganterie, toiles, chanvre, fers, vins, liqueurs, huile de noix et de graines, etc.

A 27 lieues 1/2 de Lyon, 14 lieues de Chambéry, 145 lieues 1/2 de Paris. — Hôtels des Ambassadeurs, des Trois-Dauphins.
Grenoble vers 1830, gravure extraite de la France pittoresque d’Abel Hugo

 

Grenoble vers 1855 par Rouargues - gravure reproduite et restaurée numériquement par © Norbert Pousseur
Vue plongeante sur Grenoble
dessin de Rouargues frères, extrait de l'Histoire des villes de France d'Aristide Guilbert - 1859





Zoom sur Grenoble vers 1850, dessiné par Amanda Girault - gravure reproduite puis retouchée par  © Norbert Pousseur Zoom sur Grenoble vers 1830 par Rauch - gravure reproduite puis retouchée par  © Norbert Pousseur  Zoom sur Grenoble vers 1830 - gravure reproduite puis retouchée par  © Norbert Pousseur Zoom sur Une des portes de Grenoble vers 1825 - gravure de Guyot, reproduite puis retouchée par  © Norbert Pousseur  Zoom sur Grenoble vers 1855 par Rouargues - gravure reproduite puis retouchée par  © Norbert Pousseur Zoom sur Plan de Grenoble par Malte-Brun vers 1850 - gravure reproduite puis retouchée par  © Norbert Pousseur Zoom sur Grenoble vers 1855 par Rouargues - gravure reproduite puis retouchée par  © Norbert Pousseur

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