(in
dictionnaire d'Ivigne 1663)
Angleterre,
fait avec l'Ecosse vers le Nord, la plus fameuse & grande île
de toute notre Hémisphère, de figure triangulaire, comme
la Sicile. Est environnée de tous côtés de l'Océan,
dont la partie Méridionale est ainsi nommée Angleterre
d'Anguellant, c'est à dire, terre d'Anglais, petite contrée
de Dannemarch, possédée par un certain Roy des Saxons qui
conquesta cette île, ou bien de ce qu'elle semble élire
comme l'angle ou coing de la terre. Elle fut premièrement nommée
Albion, à cause des rochers blanchissants qu'on y voyait autour
du rivage, & en suite prit le nom de Bretagne, du mot Brit, signifiant
en Anglais colorée pource que les Insulaires peignaient leurs
corps. Les vieilles Histoires portent que les Troyens sous leur Chef
Brutus là vinrent après habiter, & en chassèrent
les Géants qui la possédaient, & que les Saxons les
chassèrent à leur tour, conduits par leur Reine Angèle,
qui leur divisa les héritages de cette île, dite de son
nom Angleterre : Mais César livre 2. de ses Comment, suivi du
Vénérable Bede Anglais, liv.. 1. de son Hist. Eccles. de
Joan. Major historien Anglais, Robert Cenalis, & plusieurs autres
graves Auteurs, assurent que la Grand'Bretagne a reçut sa nomination, & a été peuplée
des Bretons Gaulois, ce qui est pleinement vérifiée, non
seulement par la conformité du langage, & des mœurs
des anciens Gaulois avec ceux des Anglais, mais aussi de ce que plusieurs
Provinces & villes de leur île détiennent encore semblables
noms à celles de nos Gaules, ainsi que l'on le peut voir fort
curieusement recherché dans l'histoire universelle de Charron, chapitre
37. Les bornes de cette île vers le Septentrion & l'Ecosse,
sont les fleuves Soulucy (Sovlucy?) & de Tsueda (Tsveda?) ; au Midi
elle a la Gaule, & la Mer proprement dite Britannique, au Couchant
l'Irlande & sa mer, & au Levant les rivages de la basse Allemagne.
Cette île contient en son circuit 2200. stades selon Scrabon, & environ
1835.mil de tour selon Pline liv.4.cahp.16 qui lui donne aussi
8oo.mil de long & 300.mil de large. Les vents & pluies qui y
sont ordinaires, causent quelque température de l'air au chaud & au
froid. Le terroir y est fertile en toutes sortes de grains, arrosée
de plusieurs rivières poissonnières, abonbante en bétail,
spécialement en brebis, dont la toison rend le pays riche de plus
de deux millions d'or par chacun an. Il ne s'y voit ni mulets ni ânes,
ni loups, ni aucunes bêtes venimeuses & nuisibles. Il y a
des chiens de merveilleuse force & grandeur, qu'on appelle Dogues,
Les habitants usent de bière & cervoise en lieu de vin, qui
n'y croit point. Elle a des mines d'argent, (bien que les anciens n'y
en trouvassent point, selon Monster) fer, cuivre, plomb, mais spécialement
d'un précieux étain, que l'on appelle de Cornouaille. Elle
est ornée de plusieurs villes signalées, Londres, qui est
la Capitale & le siège Royal, Evreux, Can-torbie, Bristou,
Glochester, etc. Les plus renommés fleuves sont la Tamise, Humbre,
Trant y Ouse & Sabrine. Elle est davantage flanquée
de plusieurs forteresses & havres, qui rendent l'île quasi
imprenable de tous côtés. Le revenu du Roy de la Grand Bretagne,
tant pour l'ordinaire que l'extraordinaire, peut monter à deux
millions trois cens mille écus par an. Ce Royaume n'est beaucoup
chargé d'impôts,
qui sont toutefois pratiqués en autres Provinces ; Mais outre
les subsides, qui sont ordinaires, les Roys d'Angleterre depuis leur
séparation de l'Eglise Romaine, tirent les décimes de tous
les biens de l'Eglise, les prémices & anates qui montent à plus
de huit cent mil écus par an. Font payer un tribut à ceux
qui veulent vivre Catholiquement & à la Romaine, sans toutefois
qu'il leur soit permis d'en faire aucun exercice ; & pour ce tribut,
les Catholiques en conviennent à certain prix pour une fois avec
ceux qui ont cette assignation sur eux pardon du Roy. Les Romains l'ont
commandée par l'espace de deux cens ans, depuis C. César,
jusque à Théodose le Jeune, en après les Pictes & Ecossais
s'en emparèrent, qui en furent chassés par les Saxons Germains,
fut divisée longtemps en quatre Royaumes, voire en sept, selon
quelques-uns jusque au Roy Egbert, qui l'an de salut 800. les rédigea
en un, qu'il nomma Angleterre, & pource a été estimé leur
premier Roy. ( Aussi que l'Histoire des Roys précédés
est fort confuse, & pour la plus grande partie fabuleuse, rapport
de Polyd. Virg.1. 1 .de son hist. AngL & Guill. de Nubrige
hist. Angl. ) Charlemagne aussi la réduisit de ce temps sous
son obéissance. Guill. de Nangiac, chap. 1. livre 2.
Ce Royaume fut rendu tributaire au S. Siège, par Edulphe ou Edelphe
ou Adalaphe son Roy, environ l'an de grâce 838. Ces Roys ont eu
de grandes contentions & guerres avec ceux de France par l'espace
de près de deux cens ans. Ont possédée le pays de
Normandie, Anjou, Mayenne, Touraine Aquitaine, Poitou, & quelques
autres circonvoisins, mais cette possession n'est pas venue par la valeur & conquêtes
des Anglais sur les Français, mais par alliances & successions
patrimoniales, spécialement depuis Henry second Roy d'Angleterre,
lequel fils de Godefroy quatrième, Angevin & Comte d'Anjou
fut la source & origine de telles prétentions:Comme aussi
est évident que tous les avantages que les Anglais ont
eus sur les Français, n'ont point été seulement
obtenus par eux, mais par les mêmes Roys & Princes issus de
la France, assistés de leurs sujets ; veut qu'aussitôt que
les Provinces prétendues ont été retirées
de leur domination,& que l'assistance des Français leur a
manqué, ils ont succombé tout à fait, ou bien n'ont
plus osé revenir en France. Leur Roy a une souveraine puissance
sur ses sujets, & ne prend investiture d'aucun. Le Parlement aussi,
qui est composé des trois Ordres, & représente tout
le Corps de l'Angleterre, à une souveraine autorité d'ordonner,
interpréter, annuler & faire tout ce qui concerne le bien
de l'Etat. Il y a d'autres Cours souveraines séculières
pour les affaires tant publiques que privées. Il y a deux Archevêchés,
Cantorbery Primat de tous & Evreux, qui ont dessous eux vingt-cinq
Suffragants Evêques ; celui de Cantorbery en a vingt-deux, & Evreux
les trois restants, Est aussi ornée de deux Universités,
Cambrige & Oxfort, Mercat. en son Atlas. Ortel. Polyd.
Anglais -
Peuples de cette île
d'Angleterre, nommée
Grand Bretagne, étaient avant Jules César grandement sauvages & barbages,
vêtus de peaux de bêtes, allant quelques uns tous nus, nonchalants
au labourage ne vivant que de leur chasse & des fruits des arbres,
selon Dion de Nicée, Avaient entr'eux les femmes communes, au
témoignage de César, & cette communauté se pratiquait
plus ordinairement entre tous ceux d'une famille, père, frère,
enfants & neveux;
Et lors que les femmes enfantaient l'on tenait pour vrais pères
ceux qui avaient eu leur première fleur. Tacite écrit
qu'ils prenaient leurs femmes pour leurs Chefs; Au reste, il étaient
extrêmement adonnés à la Magie, & s y rendaient
très savants. Mais la nature des modernes Anglais est toute autre,
car ils font maintenant fort polis & civilisés, habiles & adroits
aux exercices du corps & de l'esprit ; traitent les étrangers
avec autant de franchise, que de magnificence, mais ils sont aussi d'un
naturel fort altier, vindicatif, peu fidèles en leurs paroles,
enclins au larcin, à la dissolution & ivrognerie, les femmes
allant aussi souvent aux cabarets. Les Insulaires sont grands, de belle
taille & fort blancs, & les femmes très-belles & attrayantes,
semblables presque aux Italiens en la prononciation du langage & en
mœurs. Quant à leur Religion, les Anglais & leur
Roy Luce reçurent l'évangile des SS.Damian & Fugace,
envoyés par le Pape Eleuthere, environ l'an 180. & pource
cette Nation selon Tertulian, a été la première
de toutes qui a publiquement professé la Foi Chrétienne. Tertulian.
contre les juifs. Et lors que les Anglais Saxons occupèrent
cette île, Grégoire le Grand y envoya Saint Augustin, & Melites
Moines de Saint Benoît, l'an 506. qui y renouvelèrent la
Foi éteinte en plusieurs lieux. Depuis jusque en l'an 1534. elle
a conservé assez entièrement la Religion Catholique, jusque à Henry
Huitième Roy d'Angleterre, qui pour le divorce par lui fait avec
Catherine d'Espagne sa première femme, (& qui ne pouvait être
accordé par le Pape Clément VII. ) se sépara de
l'obéissance de l'Eglise Romaine, se déclarât Chef
de l'église Anglicane ; Ainsi la Religion Catholique fut abolie
sous son règne, & celui d'Edouard son fils & successeur,
jusque a Marie née de la susdite Catherine, qui élevée
Reine la rétablit pour cinq ou six années. Mais
venant à mourir, Elisabeth fille d'Anne de Boulen, seconde femme
d'Henry, par la répudiation de Catherine prit les rênes
du Gouvernement, & en suivant les traces de Ton père, fit
cesser tout à fait le service divin & les cérémonies
de la Religion Catholique, imposant grosses peines à ceux qui
en feraient exercice, (comme a été dit) lesquelles rigueurs
ont continuée encore sous Jacques VI. dernier mort. Ils retiennent
ce néanmoins beaucoup de choses de l'ancienne Religion, & reprouvées
des Calvinistes, comme le signe de la Croix, l'observation de plusieurs
Fêtes & Vigiles, l'ordre Hiérarchique des Archevêques,
Evêques & Curés, le chant des Heures Canoniales,
les ornements sacrés, la pratique de la Confirmation, & autres
points très-importants de la doctrine. Merc. en son Atlas, Polydore,
Virgile en son histoire Anglicane, & Guillaume de Nubrige historien
Anglais.
Nota : certains termes ont peut-être été mal
interprété
dans cette transcription
(problème nottament des f qui
sont des s )
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