Accueil Présentation Lieux 900 photos Cartes - Gravures Thèmes Personnages

Les villes à travers les documents anciens

 

Toulouse, son histoire, et son aspect au 19ème siècle

Publiée en 1835 par Abel Hugo, frère de Victor Hugo

 

Carte vers 1870 de Toulouse par Dufour - reproduction © Norbert Pousseur
Toulouse vers 1870, publié par Malte-Brun
avec zoom pour détails en fin de page Vers la vue agrandissable par zoom


Lire et voir aussi


 

Situation de Toulouse vers 1830 : (lat. 43° 36' 46", long. 0° 52' 30" O.). — Toulouse, Tolosa Volcorum, Palladia Tectosagum, grande, belle, riche et ancienne ville, située sur la rive droite de la Garonne, à 692 kilomètres au sud de Paris et 262 kilomètres au sud-est de Bordeaux. Aujourd’hui chef-lieu du département du 2e arrondissement communal et de 4 cantons, avec cour impériale, tribunaux de quatrième instance et de commerce, chambre et bourse de commerce, chef-lieu de la 12e division militaire, hôtel des monnaies, importante académie universitaire, académie des jeux floraux, société des beaux-arts, école d’artillerie, etc. Autrefois capitale du Languedoc, archevêché, siège d’un parlement, d’une intendance et d’une recette ; présidial, sénéchaussée, viguerie et justice royale, gouvernement particulier, chapitre, université, couvents, etc., etc., etc, Population, 93,379 habitants.

Toulouse vers 1860 par Rouargue - reproduction © Norbert Pousseur
Toulouse par Rouagues frères, vers 1850

Histoire de Toulouse : Au XVe siècle, on attribuait la fondation de Toulouse à Limosis, fils de Japhet. L’archéologie de ce temps recourait  fréquemment, pour expliquer l’origine de nos villes, à la double et commode ressource de l’émigration des premiers descendants de Noé et de la dispersion des troyens fugitifs. On a dit aussi que Toulouse était la plus ancienne ville de la Gaule et peut-être de l’Europe. C’est possible, mais difficile à prouver. Il y avait en Espagne, dès l’antiquité, des villes du nom de Tolosa. En doit-on conclure que ce sont les Ibères qui vinrent fonder la Tolosa gauloise, ou que ce sont les Celtes qui, dans leur invasion en Espagne, y portèrent le nom de Tolosa ? M. le chevalier du Mège adopte la seconde opinion et la corrobore d’une étymologie celtique : Dol, Tol, table, lieu uni, Aoz, lit ou canal de rivière, Tolosa signifierait donc : plateau au bord d’une rivière. Or, c’est exactement la situation du petit village qui porte encore aujourd’hui le nom de Vieil-Toulouse, à peu de distance et au sud de la ville actuelle, sur la rive droite de la Garonne, en remontant son cours, près du confluent de l’Ariège. Le grand nombre d’urnes cinéraires découvertes en ce lieu, et qui, brisant le soc des charrues, faisaient le désespoir des laboureurs, fit penser à quelques auteurs qu’il n’y avait là qu’un faubourg ou une dépendance de l’autre Toulouse, une espèce de cimetière. Mais les fouilles ont mis au jour, outre ces urnes, des statuettes, des ustensiles de toutes sortes, des débris d’édifices, une large rue pavée, surtout un nombre infini de médailles: médailles phéniciennes, celtibériennes et gauloises, grecques, romaines, consulaires et impériales. Les médailles de Marseille et les consulaires dominaient.
Ces médailles de Marseille attestent la présence des Grecs et de cette ligne de comptoirs fondés par eux, dont Tolosa était l'Emporium le plus fréquenté. L’abbé Audibert veut même que Toulouse doive son nom au verbe grec  (Tholousa polis), c’est-à-dire ville bourbeuse, « en outre de ce que les environs de Toulouse sont fort gras et que cette ville est pendant l’hiver une des plus boueuses du royaume, l’on doit se ressouvenir que les marais que les anciens auteurs attribuent à Toulouse, ont un rapport marqué avec l’étymologie de son nom. » Les Toulousains acceptent-ils cette fâcheuse ressemblance avec l’antique Lutèce ?

A quelle époque Toulouse se déplaça et descendit dans la belle et vaste plaine qu’elle occupe aujourd’hui, ce serait difficile à dire, et cela se fit peut-être insensiblement. Ce qu’il y a de certain, c’est que la nouvelle Toulouse n’offre que fort peu d’antiquités païennes. Le capitoul Lafaille parle seulement d’un amphithéâtre dont on voyait les restes près du château Saint-Michel, qu’il suppose avoir été construit entre César et Galba. L’enceinte romaine, en cailloux revêtus de briques, était de forme circulaire et traversée par la Garonne. Onze voies romaines en partaient dans des directions diverses : de la porte du Bélier (porta Arietis), trois divergentes conduisaient à Cahors, Albi, Agen ; cinq autres rayonnaient, du point le plus occidental de l’enceinte, sur la rive gauche du fleuve, vers Lectoure, Auch, Aquis, Lugdunum Convenarum (Saint-Bertrand-de-Comminges) et la vallée de l’Ariège ; du même point partait l’aqueduc romain ; au sud, deux voies sortaient par la porte du Château-Narbonnais, l’une sur la Vieille-Toulouse, l’autre sur Narbonne ; un peu plus à l’est, enfin, une onzième voie partait de la ville et joignait vers Baziéges la voie narbonnaise

Nous parlerons ailleurs de l’origine romaine du célèbre Château-Narbonnais. Il n’est pas douteux que Toulouse n’ait alors bâti aussi des temples, car elle avait une dévotion particulière à Apollon, Jupiter et Minerve. On la surnommait Palladia, la ville de Pallas, hommage rendu à sa prospérité, à son industrie, au génie littéraire de ses habitants. Ausone l’a chantée dans des vers dont voici le sens :
« Je ne t’oublierai jamais, ô Toulouse, ville dans laquelle j’ai été élevé. Une vaste enceinte de briques te presse, et la Garonne baigne l’un des côtés de tes remparts. Assise entre les peuples de l’Aquitaine et de l'Ibérie, tu possèdes une immense population, et tu touches aux neigeuses Pyrénées et aux monts des Cévennes, ombragés par des pins. Quatre cités sont sorties de ton sein et cependant il paraît que tu n’as rien perdu de ton peuple et que tu renfermes encore dans ton sein tous les citoyens qui y sont nés. »
Ces quatre cités et le nom de Quadruples donné à la ville ont fourni à la glose une ample matière. Il semble évident que le poète veut parler de colonies. César mentionne en Germanie une colonie de Volces Tectosages, et il y avait au-delà du Rhin, aussi bien qu’en Espagne, plusieurs Tolosa. Ausone, comme il le dit lui-même dans ce passage, ne reçut point le jour, mais seulement l’instruction, à Toulouse. Mais cette ville a vu naître dans ses murs, pendant l’époque romaine, plus d’un homme distingué, surtout par des talents littéraires. Le plus célèbre, néanmoins, est un général, Antonius Primas, surnommé Becco, lequel battit à Bédriac et à Crémone Vitellius et ses partisans, et donna la pourpre à Vespasien.

Nous avons omis de rappeler la prise de Toulouse par le proconsul Servilius Cépion et le pillage si fameux de ses trésors. Les Tolosates avaient, dit-on, par l’ordre de leurs prêtres, enfoui dans des lacs consacrés aux dieux les richesses dérobées au temple de Delphes. Cépion s’en empara et s’en réserva la meilleure part, ce qui le fit mettre en jugement et condamner à Rome. Comme il fut battu par les Cimbres et que, bientôt après, ses deux filles moururent déshonorées, le peuple de Rome, frappé de cette série de malheurs accumulés sur la tête de cet homme, les attribua à la vengeance des dieux. De là ce dicton : Habet aururn tolosanum (il a de l’or de Toulouse), que l’on appliquait aux gens poursuivis par l’infortune.

C’est saint Saturnin, par abréviation, saint Sernin, et point saint Martial, qui apporta le christianisme à Toulouse. Il en fut le premier évêque, vers 252, et y fut martyrisé. Les Romains avaient bâti dans la ville, mais non pas à l’emplacement du Capitole actuel, un Capitole où leurs prêtres offraient de l’encens aux dieux et interrogeaient les immortels par le moyen des oracles. Saint Sernin passe un jour devant le temple païen, aussitôt les oracles se taisent. « C’est le chrétien qui en est cause, » s’écrient les pontifes de Jupiter, et saint Sernin, saisi sur- le-champ, est sommé de sacrifier à Jupiter ; il refuse, on l’attache à la queue d’un taureau qu’on allait immoler, et qui l’entraîne et le brise sur les degrés du Capitole. Deux femmes pieuses recueillirent son cadavre et l’ensevelirent ; on les fête aujourd’hui à Toulouse, le 17 octobre, sous le nom des Saintes Puelles. L’église du Taur ou Taureau s’éleva au lieu où le corps du saint, la corde s’étant rompue, avait été séparé de la bête furieuse instrument de son supplice. Au IVe siècle, Sylvius, cinquième évêque de Toulouse, fit construire l’église de Saint-Sernin, à l’endroit où le martyr fut enseveli. Un des évêques les plus célèbres des premiers temps de l’église toulousaine est Exupère, tant vanté par saint Jérôme et qui, au dire de ce Père de l’église, arrêta par sa seule présence les Vandales, comme saint Léon, Attila. A la même époque Sulpice Sévère composait à Toulouse plusieurs de ses écrits.

Devenue la capitale des Visigoths, Toulouse fut témoin de plus d’une scène dramatique de l’histoire de ce peuple qui passa par tant de révoltions. En 422, elle insulte à Littorius, lieutenant d’Aédus, vaincu sous ses murs par Théodoric, et promené dans ses rues sur un âne, avant d’être décapité. Vingt ans plus tard, elle entend dans l’horreur de la nuit les cris étouffés du malheureux Thorismond, fils de Théodoric, surpris et égorgé par ses deux frères. Enfin, lorsque Euric eut persécuté les catholiques, elle vit, raconte naïvement Grégoire de Tours, elle vit une source de sang jaillir dans ses rues, deux soleils luire au ciel et les fers des lances des soldats Visigoths briller de couleurs étranges et fantastiques, bleues, noires, vertes, jaunes, roses ; autant de présages de la ruine prochaine du monarque persécuteur. Après la bataille de Vouillé, Toulouse n’eut plus de rois dans son sein, mais des ducs francs. Son évêché devint suffragant de Bourges ; l’ayant été jusque-là de Narbonne, l’archevêque de Narbonne ne voulut jamais admettre la légalité de ce changement et continua de réclamer jusqu’au moment où le siège de Toulouse devint lui-même archiépiscopal, au XIVe siècle.

Toulouse fut, en 584, le quartier général des rebelles, qui reconnurent alors pour chef Gondovald, ce prétendu fils de Clotaire. Le duc Didier gouvernait alors la ville pour Chilpéric et Frédégonde. En apprenant la mort de Chilpéric, il avait arrêté dans ses murs Rigonthe, fille de ce prince, laquelle se rendait en Espagne pour épouser Recarède ; il lui avait enlevé ses trésors et lui eût enlevé aussi l’honneur si elle n’eût trouvé dans l’église du Taur un asile inviolable. Didier devait redouter la colère de Frédégonde ; c’est ce qui le jeta dans la révolte. Il appela Gondovald. L’évêque Magnulfe, qui voulait protester, fut chassé et souffleté par le fameux Mummol, devenu l’un des rebelles. Gondovald eût dû s’attendre à être trahi par des hommes qui trahissaient leurs souverains. C’est ce qui lui arriva. Ils le livrèrent, et Didier obtint à ce prix son pardon.

Nous ne voyons rien dans l’histoire de Toulouse qui mérité d’être rapporté jusqu’à l’établissement des comtes héréditaires, si ce n’est la défaite des Sarrasins sous ses murs, en 721, et l’asile qu’y trouvèrent la plupart des ennemis des Carlovingiens, entre autres Griffon, frère de Pépin, qui vint demander du secours à Waïfre et se fit chasser par lui après avoir séduit sa femme. Les comtes héréditaires commencent, en 849, avec Frédelon, comme nous l’avons dit plus haut. Au-dessous de ces comtes, qui devinrent en peu de temps de puissants seigneurs, nous trouvons, dès 875, des vicomtes, chargés sans doute plus spécialement de l’administration de la cité.
Le caractère inconstant des comtes de Toulouse, leurs fréquentes absences, leurs pèlerinages en terre sainte, et la jeunesse de la plupart d’entre eux en arrivant au pouvoir que leurs pères insouciants laissaient à leurs faibles mains furent autant de circonstances très favorables au développement des libertés toulousaines. Sous les Romains, Toulouse avait été élevée au rang, non pas de colonie, comme on  l'a prétendu, mais de municipe. à ce titre elle avait eu ses curiales, sa curie, ses duumvirs, administrant non seulement la ville, mais son territoire, le Pagus. Les Visigoths, qui furent quatre-vingts ans maîtres de Toulouse, respectèrent ses privilèges. Les Francs laissèrent aux Gallo-Romains l’usage des lois romaines. De telle sorte que, fort vraisemblablement, Toulouse conserva plus ou moins l’avantage de se gouverner elle-même jusqu’au moment où apparaissent pour la première fois ses consuls ou capitouls. Les capitouls de Toulouse sont très célèbres. Leur nom vient du latin capitulum, chapitre, conseil ; ils formaient le conseil des comtes, ce qui les faisait appeler Capituli, Capitulares, Capitularii, comme qui dirait membres du chapitre. Ce n’est que plus tard qu’ils remplacèrent Capitulum par Capitolium, afin de se donner une origine plus magnifique et de se rattacher par quelque lien au Capitole romain.
Bien plus, ils prétendirent s’attribuer exclusivement ce titre, et obligèrent les magistrats de Muret à l’abandonner pour celui de consuls. Les Toulousains eurent donc de bonne heure des magistrats capables de suppléer aux seigneurs absents, ce qui donna à leur cité toute l’apparence d’une république. Ils ne furent pas malheureusement toujours fort unis. Lorsque le jeune Alphonse Jourdain fut attaqué par Guillaume d’Aquitaine deux partis se formèrent dans la ville et s'y livrèrent bataille. Guillaume l’emporta ; mais, plus tard, ce fut le peuple de Toulouse tout seul qui, las de ses désordres, le chassa et alla chercher à Orange le seigneur légitime. Quand, dans une autre absence de ce même Alphonse, Louis VII vint attaquer la ville, ce furent encore les Toulousains qui le repoussèrent, et Alphonse n’eut qu’à les remercier à son retour. Aussi, dans sa reconnaissance, il confirma et régularisa l’institution des capitouls. C’est à partir de 1147 que nous avons des annales consulaires ou capitulaires, où se trouve la liste de ces magistrats, et parmi ceux de cette même année nous en trouvons deux nobles, Pons de Villeneuve et Raymond de Frinhac, ce qui prouve que cette dignité était déjà fort recherchée et que la noblesse ne croyait pas s’abaisser en se rapprochant de la bourgeoisie toulousaine. En effet, c’étaient des hommes d’importance que ces capitouls. Assemblés dans 1e Palais commun, ils décidaient des alliances à conclure, des traités à faire, de la guerre et de la paix. Leur nombre à cette époque n’est point parfaitement connu : les premières listes en donnent six ou huit ; mais, dès la fin du XIIe siècle, nous trouvons des listes de vingt et vingt-quatre capitouls. Ils étaient annuels et formaient comme une représentation de toutes les classes du peuple toulousain. Au besoin ils convoquaient au forum ou dans une église la masse des citoyens, qui prenaient part ainsi, non seulement par l’élection des magistrats, mais directement, à la direction des affaires publiques.

Les Comtes de Toulouse

Guillaume Gellone comte de Toulouse - reproduction © Norbert Pousseur
Guillaume de Gellone

Raymond V comte de Toulouse - reproduction © Norbert Pousseur
Guillaume IV
Pons de Villeneuve de Toulouse - reproduction © Norbert Pousseur
Pons de Villeneuve
Raymond V comte de Toulouse - reproduction © Norbert Pousseur
le comte Raymond V


L’année 1202 est surtout remarquable dans l’histoire des capitouls. Les habitants de Rabastens avaient maltraité quelques Toulousains. Sans hésiter, les capitouls convoquent l’armée communale et marchent à sa tête, suivis de tout l’attirail d’un siège, vers Rabastens. Les coupables furent si effrayés, et ce n’étaient pas seulement des bourgeois, mais des seigneurs et des chevaliers, qu’ils envoyèrent au-devant des Toulousains une députation qui obtint que l’affaire. serait simplement portée devant la cour du comte. Même énergie fut déployée peu de mois après à l’égard des habitants nobles et non nobles de Villeneuve, qui n’avaient pas suffisamment respecté la fierté toulousaine. On a remarqué que le conseil capitulaire de 1202 n’offrait que deux ou trois noms de chevaliers ; tous les autres roturiers. Il y avait donc alors dans les esprits une tendance populaire, et c’est peut-être à ce caractère que l’on doit attribuer l’énergie dont nous venons de fournir deux exemples, aussi bien qu’une mesure administrative très remarquable et très favorable au peuple : ce fut un règlement qui établissait la liberté absolue du commerce des blés et des vins. Nous avons dit tout à l’heure que les annales capitulaires commencent en 1147 ; mais ce n’est véritablement qu’en 1195 que fut ouvert le fameux registre qui, au temps de la révolution, formait douze énormes volumes, alors bien malheureusement détruits presque entièrement. On y lisait les noms et l’on y voyait les portraits des capitouls. Un siècle plus tard on y ajouta une chronique annuelle. Raymond de Rabastens était évêque de Toulouse lorsque Innocent III y envoya Pierre de Castelnau. Il ne fut pas jugé assez ardent pour les circonstances, et l’on mit à sa place Folquet, troubadour célèbre, mais dont l’esprit raffiné marque la décadence de la poésie provençale, et que les débauches de sa vie passée n’empêchèrent pas de devenir le plus fougueux prélat de la croisade. Il y organisa le parti catholique sous le nom de confrérie blanche, et bientôt la ville fut ensanglantée par les combats que ce parti livra aux Albigeois, organisés de leur côté en confrérie noire. Les partisans de Folquet furent chassés et allèrent chercher devant Lavaur l’armée des croisés, qui bientôt parut devant Toulouse. Les comtes de Toulouse, de Foix, de Comminges et les routiers navarrais au service de Raymond défendirent d’abord les jardins qui sont dehors la ville et y tuèrent beaucoup de monde aux assiégeants. Ce qui acheva de sauver la ville, ce fut la conduite patriotique de la confrérie blanche, qui, sommée par Folquet de sortir et de se rendre au camp des croisés, refusa et se réconcilia avec la confrérie noire. Cet événement imprévu décida la retraite de Montfort (1211). Mais, trois ans plus tard, la cause des Méridionaux ayant succombé à Muret, Toulouse fut obligée de se remettre corps et biens au légat. Douze des vingt-quatre consuls furent livrés en otage et Folquet rentra en triomphe avec son clergé. Si l’on en croit le poète provençal, ce féroce prélat, dans le conseil réuni pour délibérer sur le sort de Toulouse, opta pour sa destruction, et ce fut Simon de Montfort qui s’opposa à un avis si barbare.
Toulouse fut plus maltraitée encore en 1216 pour avoir tressailli de joie à l’approche des deux Raymond qui revenaient en triomphe par Marseille et Avignon. Montfort reparut. Le perfide Folquet persuada aux habitants de lui envoyer des députés pour obtenir merci. Mais, par ses conseils, tous les députés qui arrivaient au camp y étaient liés et retenus. Quelques-uns s’échappèrent et crièrent trahison ! Aussitôt toute la population fut en armes, dressa des barricades et accabla de projectiles les soldats croisés. Alors Folquet imagina une nouvelle perfidie ; il fit proposer, par l’abbé de Saint-Sernin, aux habitants de se rendre à merci, sinon ils seraient occis de male mort. Il jurait par Dieu, la Vierge et le corps du Sauveur qu’ils seraient épargnés. Quand ils se furent livrés, on réunit les deux mille principaux de la ville sur la place aux Bœufs (boaria), et on les obligea de renoncer eux-mêmes à la garantie de l’évêque. Puis les uns furent jetés dans des cachots, les autres emmenés captifs ; les tours, les maisons fortifiées (domus turrales), tous les beaux édifices, excepté les églises, furent rasés (1216).
Enfin le jour de la vengeance arriva. Le 13 septembre 1217, par un épais brouillard d’automne, Raymond VI, le comte de Comminges et le fils du comte de Foix arrivent inaperçus jusqu’aux portes de la ville et s’y précipitent trompettes sonnantes, enseignes déployées. Tout le peuple se lève ; le cri de : « Vive Raymond ! » frappe les cieux. Les pierres, les bâtons chassent, dispersent, accablent les soldats de Montfort. Celui-ci accourt aussitôt et bloque la place, jurant « par le saint chrême, dont il avait été baptisé, de tenir Toulouse assiégée jusqu’à ce qu’il eût victoire sur elle ou y perdît la vie. » Sa femme, l’évêque Folquet et Jacques de Vitri, l’historien de la croisade, coururent jusque dans le Nord chercher des soldats. Les croisés avaient gardé le Château-Narbonnais. Mais rien ne pouvait effrayer les Toulousains ; ils avaient remplacé leurs murs détruits par des fossés et des palissades ; l’arrivée de Raymond VII augmenta leur courage. Le comte de Foix amena une grande compagnie de Navarrais, d’Aragonais et de Catalans, qui obligea les croisés à lever précipitamment le siège sur la rive gauche. Assailli au passage de la rivière par une sortie furieuse, Montfort tomba dans l’eau et faillit périr. « Malade de fatigue et d’ennui, ruiné par tant de dépenses, il n’avait plus son ancienne ardeur, et le légat l’aiguillonnait sans relâche et le taxait d’insouciance et de paresse... Simon priait parfois le Seigneur de lui donner la paix de la mort. » Le siège durait depuis neuf mois. Il fit construire une immense gâte ou chatte en bois doublé de fer, laquelle fut remplie de soldats d’élite. Les Toulousains la surprirent, la brûlèrent, égorgèrent les soldats. En ce moment Simon entendait la messe, il refusa de se lever avant d’avoir vu son chapelain élever l’hostie : « Maintenant, s’écria-t-il, Seigneur, congédiez en paix votre serviteur ! » A son arrivée les Toulousains furent d’abord repoussés, mais ils revinrent à la charge tandis que leurs machines et leurs archers lançaient du haut des remparts une grêle de pierres et de flèches. Simon vit son frère Gui tomber percé d’un trait, et, descendant de cheval, lui dit : « Beau-frère, Dieu nous a pris en ire. » « Tandis qu’il converse et se lamente avec lui, dit le poète provençal, voici qu’il y avait dans la ville un pierrier sous un sorbier, près de Saint-Sernin, et les femmes, et les filles, et les épouses de ceux de la ville le bandèrent et tirèrent, et la pierre vint tout droit où il fallait. Elle frappa le comte sur son heaume d’acier si fort qu’elle lui écrasa les yeux et la cervelle, et le front et la mâchoire lui partirent en quartiers, et il chut en terre mort. » (25 juin 1218.) Les cloches, les ménétriers, les cris de joie célébrèrent cette glorieuse délivrance, tandis que les croisés s’enfuyaient au plus vite.

Amaury IV comte de Toulouse - reproduction © Norbert Pousseur
Amaury IV de Montfort
Charles de Montchal, archevêque  de Toulouse - reproduction © Norbert Pousseur
Charles de Montchal
St Louis, évêque de Toulouse - reproduction © Norbert Pousseur
L'évêque ST Louis

C’est au moyen âge que Toulouse doit les principales institutions qui  ont fait sa gloire sous le gouvernement royal. Nous parlons de son université, de son académie des jeux floraux et de son parlement.
Ce n’est qu’après la chute des comtes que l’université de Toulouse prit naissance. Il y avait auparavant, sans doute, des légistes qui assistaient les capitouls réunis pour former la cour des comtes ; mais point d’enseignement régulier du droit. C’est le traité de Meaux (1229) qui obligea Raymond VII à donner quatre mille marcs d’argent pour entretenir pendant dix ans quatre maîtres en théologie, deux en droit canonique, six maîtres ès arts et deux régents de grammaire. Cette université avait donc pour objet bien moins d’avancer la science que de combattre l’hérésie. Elle fut protégée spécialement par Innocent IV, qui exigea pour elle des privilèges fort étendus ; privilèges qui en firent une petite république au sein de la république tolosane et qui souvent, heurtant les privilèges de celle-ci, amenèrent de graves désordres. Jean XXII, qui y avait été élevé, la réforma. Les danses, banquets, comédiens, histrions furent interdits aux écoliers qui prenaient leurs degrés. On régla à quinze francs de monnaie courante le prix des repas qu’ils se donnaient à cette occasion. Le prix et la forme de leurs vêtements furent également réglés ; ils devaient porter des chapes à manches comme ceux de Paris, et non des habits ronds et courts (non redondillos curtos). L’université de Toulouse était alors dans toute sa prospérité et dans toute son insolence. A cette époque même (1330) un capitoul fut attaqué dans la rue et grièvement blessé par un certain Bérenger. Les capitouls, usant du droit de justice criminelle, qui était une de leurs plus belles prérogatives, condamnèrent à mort et firent exécuter le coupable. Aussitôt les parents de Bérenger réclament ; les trois mille écoliers de l’université, la plupart étrangers et hostiles aux Toulousains, déclarent qu’il faisait partie de leur corps et, à ce titre, ne relevait pas du capitoulat. Jean XXII, sollicité par eux, condamne la conduite des capitouls ; le parlement de Paris en fait autant. Ce fut un désastre pour la ville ; obligée de payer une lourde amende, elle vit, en outre, son capitoulat amoindri et paralysé.
Il parait qu’au commencement du XVe siècle il y avait à Toulouse jusqu’à dix mille écoliers. L’université, alors peu fidèle à la royauté, s’était déclarée pour l’antipape Benoît XIII, et ses turbulents disciples, ayant à leur tête le protonotaire de ce pontife obstiné, se livrèrent dans la ville à d’effroyables désordres, à l’occasion de la succession de Pierre de Saint-Martial à l’archevêché récemment établi.
Au XVIe siècle, l’université de Toulouse baissa. Il paraît que les émoluments des professeurs y étaient trop faibles et que ce fut là le véritable motif qui en éloigna le célèbre Cujas, né dans cette ville. On dit vulgairement qu’il fut refusé dans un concours pour l’une des chaires de l’université, mais rien n’autorise cette assertion. Néanmoins, le droit civil compta toujours et compte encore à Toulouse des professeurs réputés, Coras, le chancelier Pibrac, Ferrier, d’Hauteserre, etc. François Ier accorda la ceinture de chevalerie à ceux qui y auraient professé vingt ans.
Quant à l’étude des sciences médicales commencée par Lupus, continuée par Raymond de Sebonde et Sanchez le Sceptique, elle fut aussi très remarquable. Portal, Périlhe, Frizac sont sortis de l’école de médecine de Toulouse, et ce sont les leçons des maîtres sortis de cette école qui ont formé Delpech et Larrey. C’est Henri IV qui fit établir à Toulouse des leçons publiques de chirurgie et de pharmacie comme il y en avait à Paris et à Montpellier.
La ville qui avait vu briller dans son sein les plus célèbres troubadours attirés à la cour de ses comtes, Bernard de Ventadour, Pierre Vidal le Toulousain, Bruneucs de Rhodez, Pierre d’Auvergne, Pons de Capdeuil, Raymond de Durfort, Bernard de Miraval et tant d’autres, ne pouvait manquer de favoriser les poètes. N’étaient-ils pas tous poètes, les hommes de Toulouse ? L’un d’eux voulait-il se venger de son ennemi : « Te faray un vers, » lui disait-il, et bientôt quelque mordant sirvente, répété de bouche en bouche, atteignait jusqu’au cœur l’imprudent qui se l'était attiré. Qu’on ne s’étonne donc point si Toulouse posséda la plus ancienne société littéraire de l’Europe dans ses Jeux Floraux, dont nous parlerons plus loin d’une manière spéciale.

On ne peut pas faire remonter l’origine du parlement de Toulouse comme institution judiciaire au-delà du XIIIe siècle. Si quelques assemblées tenues auparavant dans celte ville sont désignées par les historiens du temps sous le nom de parliamentum, il ne faut pas oublier que ce nom est appliqué par eux à toutes les réunions quelconques convoquées par les souverains. On pense qu’Alphonse, comte de Poitiers, frère de Saint Louis, l’institua le premier à l’imitation du parlement de Paris. Il y eut alors un parlement pour la langue d’oc comme il y en avait un pour la langue d’oïl. Il est mentionné en 1264, 1266, 1268. Tous les états dont le comte de Toulouse avait été dépouillé en faveur d’Alphonse ressortissaient à ce parlement, tandis que les sénéchaussées de Beaucaire et de Carcassonne, étant réunies au domaine royal, dépendaient du parlement de Paris. Supprimé ensuite, le parlement de Toulouse fut rétabli, en 1287, par Philippe le Bel, qui passe même pour en être le véritable fondateur. Ce n’était point encore une cour fixe, mais seulement une commission qui venait tenir le parlement du roi. Ce n’est qu’en 1420 que le parlement de Toulouse apparaît réellement et définitivement fondé par une ordonnance de Charles VII : « Considérant la grande distance qu’il y a jusqu’au dit lieu de Poitiers (où le parlement de Paris avait été transporté par lui de ce pays de Languedoc...), et qu’à cause du peu de sûreté des chemins par la multitude des gens d’armes qui sont en divers endroits du royaume, les subjects du pays ne peuvent aller poursuivre leurs procès à Poitiers... ; et attendu, d’ailleurs, la grande et loyale obéissance qu’ils ont tenue envers mondit seigneur le roi et envers nous. » En conséquence il institue « un parlement et cour capitale et souveraine pour ledit pays de Languedoc et duché de Guyenne, deçà la Dordogne. » Ce parlement siégera à Toulouse et sera composé de douze personnes, « savoir : un prélat et onze autres notables personnes des pays de langue d’oïl et de langue d’oc, tant clercs que lays, conseillers de mondit seigneur et nostres, et deux greffiers. »
Malgré cette organisation formelle, le parlement de Toulouse fut encore sujet à bien des vicissitudes ; transféré par Charles VII à Béziers, rétabli à Toulouse en 1443 ; transféré par Louis XI à Montpellier, rétabli à Toulouse en 1471 par lettres patentes, qui lui adjoignirent une cour des aides, une chambre des enquêtes y avait été instituée en 1452. La création du parlement de Bordeaux diminua l’étendue du ressort de celui de Toulouse, qui comprit quelque temps près de la moitié de la France. Les habitants du Languedoc avaient, comme on disait, le droit « de n’estre remués en juridictions étrangères. » Un trait frappant de l’histoire du parlement toulousain est son opposition constante aux états de la province. Au reste, il donna de grands magistrats et se signala, en général, par la sévérité de ses jugements.

La fidélité des Toulousains récompensés par Charles VII s’était montrée dès le temps de la guerre des Anglais. C’est dans leur ville que le comte d’Armagnac tint les états de 1356 ; et dix ans plus tard, quand le prince Noir s’en approcha, il la trouva défendue par 49,000 combattants. Le fanatisme religieux ébranla cette fidélité dans les guerres de religion. Les calvinistes de Toulouse avaient appelé, en 1562, ceux du dehors ; l’incendie d’une centaine de maisons avait commencé une lutte de quatre jours, que l’arrivée de Montluc termina par la victoire des catholiques et le supplice des protestants qui ne purent s’enfuir : entre autres le viguier et un capitoul. Encouragés par cette victoire, les cardinaux d’Armagnac et de Strozzi formèrent, dès 1563, une association de catholiques dont Charles IX approuva les statuts à son passage dans la ville l’année suivante. Cette association exalta le fanatisme des catholiques, et lors de la Saint-Barthélemy, trois cents protestants furent égorgés dans les prisons par les étudiants. Ce fut un élément tout prêt pour la Ligue qui s’en empara, et dès ce moment la population toulousaine se mit en lutte avec le roi. Le nouveau voyage.de ce prince en 1579 ne la calma point. Quand le duc de Guise eut été assassiné, elle s’insurgea, et poursuivit dans les rues le président du parlement, le célèbre Duranti, qui n’eut que le temps de se réfugier dans le Capitole ; Duranti était un de ces grands magistrats modérés qui voulait que la religion ne fût pas un prétexte de révoltes et de guerres atroces ; il avait longtemps contenu la Ligue. On le fit passer dans le couvent des dominicains ; mais le peuple catholique hurlait aux portes et demandait sa tête. Il se revêtit de ses insignes, embrassa sa femme, compagne de sa captivité, et parut devant cette foule essayant de la calmer ; un coup d’arquebuse le jeta par terre, son corps fut traîné par la ville et pendu avec le portrait du roi au pilori de la place Saint-Georges (1589). Les mêmes hommes fêtèrent bientôt après Jacques Clément comme un saint. Le parlement, très catholique en majorité, ne reconnut Henri IV que sur la menace qu’il fit de se rendre à Toulouse avec une armée (1596). Trente-six ans plus tard cette ville reçut une terrible leçon d’obéissance en voyant tomber, dans la cour du Capitole, la tête de ce duc de Montmorency dont elle n’avait pu obtenir la grâce et dont elle pleura le triste sort.
Louis XIV vint deux fois à Toulouse (1659 et 1660).

Singulière contradiction dans la conduite des magistrats toulousains au XVIIIe siècle ! Ce sont eux qui, rendant hommage au génie de Bayle, ordonnent l’exécution de son testament, en dépit des ordonnances qui avaient suivi la révocation de l’édit de Nantes, et qui privaient les protestants du droit de tester. Et ce sont eux qui un peu plus tard condamnent le malheureux Calas. Jean Calas, négociant estimé, septuagénaire, était protestant. Il avait laissé un de ses fils se convertir au catholicisme ; une servante catholique était depuis trente ans dans sa maison : ce n’était donc point un fanatique. Or, un jour, le vieillard trouve son fils aîné pendu à la porte de son magasin. Marc-Antoine (c’était le nom de ce malheureux) était d’un caractère sombre, qui suffisait à expliquer sa fin. Mais la population toulousaine, fidèle à sa haine contre les hérétiques, prétendit qu’un meurtre et non un suicide avait mis fin aux jours de Marc-Antoine. Elle accusa le père. Il avait voulu, prétendait-elle, empêcher la conversion de son fils. Le capitoul Baudrigue, encourageant ces bruits assassins, le fait emprisonner ainsi qu’un jeune homme nommé Lavaise, arrivé la veille de Bordeaux, et qui avait soupé chez lui. L’archevêque lance un monitoire ; le clergé, les pénitents blancs vont en grande cérémonie chercher le cadavre de Marc-Antoine et le traitent comme celui d’un martyr. Il y eut des miracles. Sur treize juges désignés par le parlement pour juger cette affaire, cinq seulement osent résister au fanatisme public ; les huit autres condamnent le vieillard à être roué, et il est roué le 9 mars 1762, en protestant de son innocence et demandant à Dieu le pardon de ses bourreaux. Son troisième fils, ses filles sont enfermées dans des couvents. Heureusement sa femme presque mourante est mise en liberté. Elle court à Paris. Les avocates Loiseau, Mariette et de Beaumont prennent sa défense. Donat Calas, le dernier des fils du vieillard, se réfugie en Suisse, et Voltaire l’appelle à Ferney. Une fois dans les mains de l’homme qui conduisait la pensée de son siècle, les arrêts du fanatisme furent ébranlés. Ce grand prêtre de la tolérance et de l’humanité écrivit, s’agita, et, plus éloquent que jamais, émut l’Europe entière. Enfin, après trois ans d’efforts, le 9 mars 1765, jour anniversaire du supplice, cinquante maîtres des requêtes de Paris proclamèrent l’innocence de Calas, et le roi témoigna son approbation en donnant à la famille Calas une somme de 36,000 francs. C’est là, il faut l’avouer, un pesant souvenir sur la mémoire du parlement de Toulouse. Il en est cependant un autre plus ancien et non moins terrible que nous ne saurions omettre, celui du grand et malheureux Vanini, à qui les plus rigoureux reconnaissent un vaste esprit, une science considérable, un style merveilleux, enfin une humeur tranquille, qui eût dû le mettre à l’abri de la persécution. Elle l’alla chercher dans son isolement ; il eut la langue coupée et fut brûlé vif comme panthéiste (1618).

On ne peut douter que le supplice de Calas en soulevant profondément l’indignation publique n’ait beaucoup contribué à attirer pendant la révolution sur le parlement de Toulouse un châtiment terrible : cinquante-trois de ses membres montèrent sur l’échafaud en 1794. Ceux qui survécurent furent plus tard admis par Napoléon dans la cour impériale de Toulouse. Sauf un mouvement royaliste en 1799, l’histoire de Toulouse offre peu de chose jusqu’en 1814. Alors se livra sous les murs de cette ville la bataille qui porte son nom, une des dernières de l’empire et des plus glorieuses pour le courage français. Chassé d’Espagne, Soult battait en retraite devant Wellington : il s’arrêta à Toulouse, résolu d’y tenir tête à cent mille ennemis avec les vingt mille hommes qui lui restaient. En quelques jours les soldats, aidés par les citoyens de Toulouse et les étudiants en droit, entourèrent la ville d’ouvrages de défense. Tout était fini le 6 avril quand parut l’ennemi. Wellington tenta une attaque sur le faubourg Saint-Michel, le seul qui ne fût pas défendu par l’art ; mais, comme l’avait prévu Soult, le débordement de l’Ariège le rendit inaccessible. Alors l’immense armée anglo-hispano-portugaise se développa en face des lignes françaises, partout elle rencontra une résistance énergique. Les événements décisifs se passèrent sur la droite de notre armée. Wellington espérant nous tourner par ce côté y envoya le général Beresford. Soult y avait pourvu : le général anglais rencontra une résistance terrible ; pourtant la redoute de la Pujade lui resta après avoir été deux fois reprise par les Français. Après ce succès il s’engagea dans le défilé que nos redoutes formaient avec la rivière de Lers. Ravi de cette imprudence, Soult lança la division Taupin pour le couper du reste de l’armée anglaise. L’ardeur de Taupin, qui ne sut pas attendre que Beresford se fût suffisamment engagé, fit échouer cette belle manœuvre. Sa division fut écrasée après douze heures de lutte. Ce revers décida le sort de la bataille ; mais l’ennemi avait perdu 18,000 hommes. Soult abandonna Toulouse dans la nuit du 11 au 12 avril, et Wellington y entra. Nous avons dit les excès des verdets ou royalistes dans cette ville, qu’ils ensanglantèrent par l’assassinat du général Ramel, le 15 août 1815. C’est une des plus tristes pages de l’histoire de Toulouse, qui, heureusement, a su depuis l’effacer par quarante ans d’une sage tranquillité.

 

Toulouse était avant la révolution une ville de couvents. Elle en comptait plus de-quarante de l’un et de l’autre sexe. Les bénédictins s’y étaient établis en 1067 ; les dominicains ou jacobins en 1215 ; les bernardins, les carmes, les franciscains, les grands augustins en 1228, 1264, 1287, 1310 ; au XVIe siècle, les chartreux, les théatins, les minimes, les jésuites, les Cordeliers, les capucins, les doctrinaires ; au XVIIe siècle, les récollets, les feuillants, etc. Les couvents de femmes étaient ceux des dames de Saint-Pantaléon et de Sainte-Claire, les feuillantines, bénédictines, carmélites, maltaises, visitandines, etc. Enfin, quatre confréries de pénitents : noirs, bleus, blancs, gris. Cela suffit pour expliquer l’esprit très religieux des toulousains, et aussi le peu de développement qu’avait pris leur industrie, bornée à peu près à quelques draperies où se travaillaient les laines d’Espagne. Son principal commerce était celui des blés, auxquels elle servait d’entrepôt ; le canal du Midi, qui la traverse, en facilitait le transport. Aujourd’hui l’industrie s’y est fort développée ; le commerce des huiles, des savons, de l’épicerie, y fait circuler beaucoup d’argent. On y trouve de nombreux banquiers : il n’y en avait qu’un avant la révolution. Enfin, la population, qui n’était en 1817 que de 48,170 habitants, dépasse aujourd’hui 93,379.

Le pont de Toulouse  par Thomas Allom - reproduction © Norbert Pousseur
Toulouse et son pont par Thomas Allom, publié en 1841 dans La France au XIX siècle
. Un pont magnifique, construit par le célèbre Mansard, mène au vaste et beau faubourg St. Cyprien, situé sur la rive gauche. Ce pont, de sept arches à plein cintre, est décoré d’une tête de pont en forme d’arc de triomphe.
(in dictionnaire de Géographie universelle, de Ennery et Hirt, 1839)

Toulouse est aujourd’hui une grande et assez belle ville, fort agréablement située sur la rive droite de la Garonne, que l’on y passe sur un beau pont en pierres de taille qui communique au grand faubourg de Saint-Cyprien, traversé par une belle et large rue. Au nord du faubourg, des jardins, des promenades et de belles habitations le séparent du canal du Midi, qui s’y joint au canal de Brienne et au canal latéral de la Garonne ; cette jonction est une des plus belles choses qu’offre Toulouse aux étrangers. La ville se présente agréablement du côté de la Garonne par les beaux quais qui bordent le fleuve ; du côté de la campagne, elle est entourée des larges boulevards de l’Arsenal, de Las Croses, d'Arcole, Napoléon, de Sainl-Aubin, et par l'allée Saint-Michel, au-delà desquels s’étendent de jour en jour vers la campagne et jusqu’au canal du Midi, qui paraît destiné à être un jour la limite naturelle de la ville, les faubourgs de Saint-Pierre, d’ Arnaud-Bernard, de Matabiau, de Saint-Aubin, de Saint-Etienne et de Saint-Michel.
La forme de la ville actuelle, limitée à ses boulevards, est celle d’un ovale irrégulier, qui comprend l'île de Tounis, située en face du faubourg Saint-Cyprien. L’intérieur de Toulouse ne répond pas à sa belle position, ni par l’éclat de ses édifices, ni par l’élégance de leurs formes ; elle est presque toute composée de grandes maisons de briques rouges cimentées avec du mortier ou de la glaise ; les plus anciennes maisons des bas quartiers sont construites en pans de bois dont les interstices sont remplis en torchis. Le nouveau quartier la Fayette, la place du Capitole et les rues avoisinantes sont les mieux bâtis. La ville est très mal pavée, avec des cailloux tirés du lit de la Garonne, cailloux ronds et pointus qui lassent facilement le courage des étrangers peu habitués à un tel pavage, les rues sont garnies de trottoirs, éclairées au gaz et assainies par de nombreuses fontaines. Les principaux monuments sont : le Capitole ou hôtel de ville, l’église Saint-Etienne, l’église Saint-Sernin, l’église de la Daurade, l’Observatoire, le Palais de justice, l’hôtel de la Préfecture, le Musée, le pont de la Garonne avec son arc de triomphe. On remarque dans la ville de nombreux hôtels, l’école vétérinaire, l’abattoir, le château d’eau, l’hôtel des monnaies, les bibliothèques publiques, l’école d’artillerie, les casernes, l’arsenal, le polygone, l’hôpital de la Grave et l’Hôtel-Dieu.
Toulouse est l’entrepôt du Midi entre Bordeaux et Marseille, l’Océan et la Méditerranée ; par rapport aux- Pyrénées, elle est un point militaire stratégique important comme base d’opération, ou centre d’approvisionnement. Elle fabrique de la draperie, des soieries, des indiennes, dies cotonnades, des couvertures de laine, des faux, des limes. Elle possède une belle fonderie de canons, une poudrerie et une raffinerie impériale de salpêtre. Elle fait un grand commerce de grains, farines, eaux-de-vie et denrées coloniales, d’épiceries, huiles, savon, fer et laines d’Espagne. C’est une des grandes villes de France où l’on fabrique avec succès les objets de luxe, la bijouterie et les instruments de mathématiques.

Place de la Trinité de Toulouse par Charles Rauch - reproduction © Norbert Pousseur
Place de la Trinité par Charles Rauch,
gravure publiée en 1838 dans le Guide pittoresque du voyageur en France

Toulouse est la patrie d’un grand nombre de personnages distingués parmi lesquels nous citerons Clémence Isaure, Pibrac, Duranti, Cujas, Maynard, Catel, Palaprat, la Faille, Campistron, Riquet, Deville, les généraux Dupuy, Roguet et Verdier, Baour-Lormian, Esquirol, Montbel, etc., etc., etc.

Joseph de Villèle né à Toulouse - reproduction © Norbert Pousseur
Joseph de Villèle,
gravure publiée en 1835 dans
La France pittoresque d'Abel Hugo


Les armes de Toulouse sont : de gueules à la croix vidée, cléchée, pommetée et alaisée d’or, soutenue d'une vergette d’argent, un agneau de même brochant sur la vergette, la tête contournée : en chef deux tours d’argent donjonnées de trois donjons ; au chef d’azur semé de fleurs de lis d’or.

 

Pour qui s'intéresse au passé de Toulouse, voir la Bibliotheca tholosana, qui est un site d'édition scientifique de textes numérisés, issus des fonds patrimoniaux 'toulousains' des XVIe, XVIIe  et XVIIIe  siècles, latins, français et occitans, présentant simultanément un texte original – imprimé ou manuscrit.

 

PRINCIPAUX éDIFICES DE TOULOUSE
Parmi les édifices et les établissements publics de Toulouse, on remarque :

Salle du Consistoire de Toulouse  - reproduction © Norbert Pousseur
Salle du Consistoire du Capitole (voir ci-dessous), gravure non signée,
publiée en 1838 dans le Guide pittoresque du voyageur en France

1° Le Capitole, sur la place de ce nom, presque au centre de la ville. Son origine est fort ancienne, sa façade moderne. Commencée en 1759, sur les dessins de Campmas, elle n’a été achevée que dix ans après ; elle est exposée à l’ouest et a cent vingt mètres de longueur. Percée, au rez-de-chaussée, de seize fenêtres, au premier étage, de vingt et une, et de vingt au second ; elle a cinq portes, et se compose d’un arrière-corps et de trois avant-corps ; la grande entrée est dans le troisième ; celui du milieu est enrichi de huit colonnes en marbre rouge de Carrare, il est surmonté d’un fronton triangulaire, dans le tympan duquel est l’effigie de Napoléon, substituée à cette devise : liberté, ordre public, substituée elle-même à l’effigie de Louis XVIII. C’est sa façon d’adhérer aux révolutions et aux changements de dynastie. Au-dessous, on lit, gravé sur le marbre, ce mot : capitolium. Sur le haut du fronton sont deux faisceaux d’armes, deux statues représentant la Justice et la Force, et deux génies soutenant un écusson derrière lequel est la sonnerie de l’horloge. Aux deux extrémités de la façade sont deux frontons circulaires ; ils renferment dans leur tympan les armes de la ville. Au-dessus de l’un s’élèvent les statues de Clémence Isaure et de Minerve ; l’autre, qui couronne la salle de spectacle, est surmonté par les figures de Melpomène et de Thalie avec leurs attributs. C’est dans la première cour du Capitole que fut décapité, en 1632, sous le règne de Louis XIII, le duc de Montmorency. On y remarque, dans une niche, ornée de diverses sculptures, la statue de Henri IV en armure de guerre. On monte par le grand escalier dans la salle des Pas-Perdus et de là dans la galerie des Illustres, où sont les bustes des grands hommes auxquels la ville de Toulouse se glorifie d’avoir donné le jour. Cette galerie est destinée aux grandes solennités. A l’extrémité est la salle du Trône, de forme ronde et magnifiquement ornée. Sous Napoléon Ier on y voyait dans les panneaux les batailles de l’empire. A la rentrée des Bourbons on les remplaça par des allégories, représentant la Justice, le Commerce, la Guerre, la Poésie, la Victoire, la Force, l’Agriculture et Vulcain en compagnie de groupes d’anges, tenant des armes romaines. Il y a encore d’autres salles fort remarquables, notamment celle des Festins, où la ville recevait ses royaux convives ; celle des Jeux floraux, celle des Capitouls, et celle du Petit-Consistoire.

Capitole de Toulouse  par Thomas Allom - reproduction © Norbert Pousseur
Le Capitole de Toulouse par Thomas Allom, publié en 1841 dans La France au XIX siècle


2° L’église de Saint-étienne ou la cathédrale. Ce monument n’a pas de caractère propre. Construit à diverses époques, il en porte l’empreinte sur ses parties ; mais sa plus ancienne est la nef, qui fut bâtie vers le commencement du XIIIe siècle aux frais et par les ordres de Raymond VI, comte de Toulouse, dont on voit encore les armes sculptées sur une des clefs de la nef. Cette partie de l’édifice est restée inachevée. Le clocher est de forme carrée et n’a rien de remarquable ; le grand portail, qui a été construit par Pierre Dumoulin, archevêque de Toulouse, est d’un style tout différent de celui de la nef. Au-dessus est une fort belle rosace dont le diamètre perpendiculaire n’est pas dans la même ligne que la pointe de l’ogive du portail. Cette église est divisée en deux parties : la nef est dans le style gothique ; le chœur, brûlé dans la nuit du 9 décembre 1609, a été reconstruit en 1612, ainsi que l’atteste l’inscription placée au-dessus de sa porte d’entrée. Il est clôturé. Dans l’intérieur sont les stalles destinées au chapitre et aux prêtres. « Il est aisé de voir, dit un archéologue, que ce chœur est le commencement d’une nouvelle église qui n’a pas été continuée, et dont on a changé l’emplacement de manière que l’axe du chœur ne répond plus à celui de la nef. » Dans un angle de cette nef s’élève le maître-autel, que l’on voit seulement à travers de grandes grilles en fer. On y remarque une magnifique sculpture représentant la lapidation de Saint-Etienne, patron de l’église. L’autel est d’ordre corinthien ; les colonnes, entre lesquelles s’élèvent les statues des quatre évangélistes, sont, ainsi que les frises et les panneaux, en marbre du Languedoc. Avant cet autel il en existait un autre qui fut consacré en 1386 et détruit en 1793.

3° L'église de Saint-Sernin. Cette église doit sa fondation à saint Sylve, évêque de Toulouse, qui la fit bâtir vers le Ve siècle. Elle dépendait de l’abbaye de Saint- Sernin ; mais, au commencement du XIe siècle, ayant été détruite pour la seconde fois, saint Raymond, de concert avec l’évêque Pierre Roger, se hâta de la faire rebâtir, et le pape Urbain II la consacra solennellement en 1095. C’est l’un des plus beaux monuments de Toulouse. Sa forme est celle d’une croix latine. Bâti dans le style roman, il est entouré de grilles en fer à l’alignement desquelles est une porte dont la sculpture appartient à Nicolas Bachelier. Son clocher à flèche est très élevé. Avant d’entrer dans l’église on remarque dans une petite salle les tombeaux des comtes de Toulouse, dont il reste à peine quelques fragments. Cette église est grande et vaste : elle compte cinq nefs dans sa partie longue, trois dans sa partie transversale ; la coupole, dont la voûte est ornée de peintures d’un très beau style, est formée par les quatre piliers qui supportent le clocher. Autour du chœur sont des chapelles et un grand nombre de reliquaires. Les marches, les dalles, les panneaux du chœur sont en marbre ; un élégant baldaquin, soutenu par des colonnes en marbre, surmonte le maître-autel, qui est très élevé, et sous lequel existent des caveaux où l’on descend par deux escaliers en pierre, et qui renferment des châsses fort anciennes, entre autres celle de saint Sernin, évêque de Toulouse et patron de cette église. C’est dans la basilique de Saint-Sernin que se fit la cérémonie de la bénédiction des bannières, en 1096, avant le départ des croisés pour la terre sainte. On y voit encore, dans l’une des chapelles, le christ et la croix qu’ils portèrent, dit-on, à Jérusalem.

église St Sernin de Toulouse par Charles Rauch - reproduction © Norbert Pousseur
église St Sernin par Charles Rauch,
gravure publiée en 1838 dans le Guide pittoresque du voyageur en France


4° L’église de la Daurade (des Jacobins), qui faisait partie du couvent des bénédictins. Bien que moderne et inachevée, elle est fort belle à l’intérieur. Cette église n’a fait que succéder à une plus ancienne, construite sur les ruines d’un temple dédié, selon les uns à Apollon, selon d’autres à Jupiter : la nef avait remplacé des ruines qui présentaient un décagone parfait ; le sanctuaire, plus élevé, était garni de trois rangs de niches pratiquées dans le mur. Tout le massif du mur était recouvert d’une mosaïque en verre très remarquable, et qu’on croit l’œuvre des Visigoths ; la couleur jaunâtre ou dorée, qui faisait le fond de cette mosaïque, avait fait donner à cette première église le nom de Deaurata ou Daurade, sous lequel est désignée l’église actuelle. Cette église, dédiée à la Vierge, renferme plusieurs monuments, entre autres le tombeau du poète Godolin. On croit généralement que Clémence Isaure fut inhumée dans l’église de la Daurade, et c’est pour cela, sans doute, qu’on y célèbre tous les ans la bénédiction des fleurs en or et en argent, destinées aux vainqueurs des Jeux floraux.

église des Jacobins de Toulouse par Charles Rauch - reproduction © Norbert Pousseur
église des Jacobins par Charles Rauch,
gravure publiée en 1838 dans le Guide pittoresque du voyageur en France


5° L’église Saint-Pierre, qui sous Raymond de Saint-Gilles, comte de Toulouse, servait de lieu d’assemblée et s’appelait Saint-Pierre des Cuisines : nom qu’elle devait au voisinage de fours banaux. Sa forme est celle d’une croix allongée ; le dôme est surmonté d’une statue en plomb d’une grande proportion ; l’autel est à deux faces et en marbre. C’est aux artistes toulousains qu’est due l’ornementation de cette église.

6° L’église du Taur, dont l’origine est fort ancienne. Bâtie sur l’emplacement où saint Saturnin, appelé dans le pays saint Sernin, apôtre des Gaules, fut martyrisé, cette église n’était au Ve siècle qu’un oratoire dont saint Exupère, alors évêque de Toulouse, fit une église dont le nom rappelle le martyre du patron de la ville de Toulouse. Cette église, dont la dernière construction appartient au XIVe ou au XVe siècle, est du genre gothique.

église du Taur de Toulouse  par Thomas Allom - reproduction © Norbert Pousseur
église du Taur par Thomas Allom, publié en 1841 dans La France au XIX siècle


7° L’église de Notre-Dame de la Dalbade, qui possède les tombeaux des chevaliers Gérard, chevaliers de Malte. C’est dans cette église que la duchesse de Montmorency vint réclamer le corps de son époux à Louis XIII et à Richelieu, qui assistaient au service funèbre en l’honneur du duc.

Presque en face de la Maison de Pierre, et attenant à l’église de la Dalbade, est l’Hôtel Saint-Jean, sur remplacement duquel s’élevait jadis le couvent des Templiers, qui, plus tard, fut occupé par les chevaliers de Malte. On y tient aujourd’hui les marchés aux draps.



 

Toulouse vers 1860 par Rouargue - reproduction © Norbert Pousseur   Carte vers 1870 de Toulouse par Dufour - reproduction © Norbert Pousseur   Le pont de Toulouse  par Thomas Allom - reproduction © Norbert Pousseur

Capitole de Toulouse  par Thomas Allom - reproduction © Norbert Pousseur   Place de la Trinité de Toulouse par Charles Rauch - reproduction © Norbert Pousseur   Salle du Consistoire de Toulouse  - reproduction © Norbert Pousseur

église St Sernin de Toulouse par Charles Rauch - reproduction © Norbert Pousseur   église du Taur de Toulouse  par Thomas Allom - reproduction © Norbert Pousseur   église des Jacobins de Toulouse par Charles Rauch - reproduction © Norbert Pousseur

Cliquez sur chacune des imagettes pour pouvoir les zoomer

 

 

 

Haut de page

Le contenu de cette page est disponible pour toute utilisation personnelle et/ou dans le cadre d'enseignement
droits déposés
Dépôt de Copyright contre toute utilisation commerciale
des photographies, textes et/ou reproductions publiées sur ce site
Voir explications sur la page "Accueil"

 

Plan de site Recherches Qualité Liens Contact