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Cour du château de Nantes - pour voir les détails
Partie ancienne habitée par les ducs
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Nantes et son châteauCe n’est qu’en 840 seulement que nos annales font mention, pour la première fois, du Château de Nantes. En 933, le duc Alain Barbe-Torte ajouta une tour à ses fortifications. Si l'on pouvait interroger ces pierres, froids témoins d’un autre âge, combien de chroniques nous rediraient-elles, qui feraient la fortune des romanciers ! Là se sont passés de nobles faits pendant et depuis que les ducs de Bretagne y tenaient leur cour.
A toutes les époques, le Château de Nantes reçut de nobles hôtes : Louis XI, Louis XII, François Ier, Marie Stuart, Charles IX, Henri IV, Louis XlV et Napoléon vinrent tour à tour l’habiter ou le visiter. D’autres illustres personnages y marquèrent tristement leur passage.
Mais détournons nos regards et voyons Mme de Sévigné dater, en 1648, de ce noble manoir, quelques-unes de ces lettres charmantes qu’on ne se lasse pas de relire.
Les bâtiments que représente notre planche étaient l’habitation des ducs. A l’intérieur, il ne reste plus de traces de l'ancienne distribution des appartements ; mais, à l’extérieur, rien n’est changé. La façade, de la fin du XVe siècle, est richement ornée-, ses fenêtres, toutes inégales, n’ont d’autre rapport entre elles que l’ornementation de leurs chambranles sculptés et décorés avec beaucoup de goût. La corniche sur laquelle s’appuie le toit fort aigu, est composée d’animaux fantastiques, de figures bizarrement accroupies et armées de pied en cap; les hautes mansardes à clochetons mutilés, sont délicieusement découpées, et présentent encore des arceaux trilobés, à jour, couronnés de panaches, se dessinant sur un fond de feuillages fouillés avec un soin exquis. Le donjon est remarquable par ses jolies fenêtres à archivoltes, en ogive surélevée, composées de tores et de feuillages, et décorées de motifs pleins de naïveté, rendus avec une hardiesse surprenante. Tout attestait l'art et le goût dans cette belle habitation : le puits même est digne de curiosité : le temps et l'usage ont fait disparaître les sculptures qui en ornaient la base, mais sa charpente en fer est remarquable : elle forme, dans l’eau, par le reflet de ses arcs et leur heureuse combinaison, une étoile parfaite. De l'autre côté de la cour est la chapelle servant maintenant de magasin à poudre. C’est une grande salle gothique, ornée de clefs pendantes et de nervures d’un très beau travail. Le mariage d’Anne de Bretagne avec Louis XII y fut célébré en i 499.
La cathédrale de Nantes
La Cathédrale de Nantes, bâtie sur une colline peu élevée, domine tous les édifices qui l’environnent. Elle présente avec orgueil aux étrangers qui viennent visiter la capitale de l’Ouest, de quelque part qu’ils arrivent, la façade de son magnifique portail ou les voûtes élancées de ses contreforts. Aucune autre église de Bretagne ne saurait lui être comparée, pour les parties qui sont achevées. La façade, dont la première pierre fut posée par le duc Jean V, en 1434, comme l’atteste une inscription placée à l’intérieur de l’église, est ornée, aux tympans et aux rentrants des ogives, de tableaux en sculpture de la plus grande beauté, surtout pour la porte du milieu, qui était consacrée à la Vierge, et pour les portes de droite et de gauche, qui portaient les noms de Saint-Pierre et de Saint-Paul. Ces tableaux représentaient des sujets très-variés. Dans la porte principale, le tympan de l’ogive représentait, avant la restauration que des maçons lui ont fait subir, le Jugement Dernier, mais avec des dispositions curieuses; ainsi le Père éternel était assis, tenant la croix de son Fils entre ses jambes; Jésus était à droite, la Vierge à gauche, le Saint-Esprit planait au-dessus de la croix, sous la forme d’une colombe : puis au-dessous, les anges, les patriarches, les pères de l’église et les saints. Les figures de droite et de gauche de l'ogive complétaient ce tableau, au bas duquel on voyait une représentation de l’enfer, tel qu’il était compris au Moyen-âge. Ce tableau est remplacé, aujourd’hui, par une ignoble rosace ; mais les figures du rentrant des portes existent encore ; et, quoiqu’elles soient mutilées, l’on peut en admirer la grâce et l’esprit : à gauche, le passage à travers la vie des âmes des justes, sous la direction de Messeigneurs les anges gardiens (peut-être l’artiste avait-il eu la pensée de faire allusion à Mesdames Isabeau et Anne de Bretagne) ; à droite, dans les parties inférieures, les supplices des damnés, et, au- dessus, les mêmes anges et les mêmes âmes qu’à gauche, avec des poses différentes. La décoration des piliers des portes était consacrée à l’histoire de la Bible. A côté des bas-reliefs se trouvait une explication écrite de telle sorte, que la façade de Saint-Pierre était réellement ornée d’un catéchisme en images, selon les habitudes du temps. — On distingue encore, sur quelques-uns, l’histoire d’Agar, sa fuite dans le désert, son désespoir et l'apparition de l’ange ; sur d’autres, le Déluge et toutes les scènes principales de la vie de Noë ; ailleurs, on retrouve Abraham et son fils Isaac; le sacrifice sur la montagne peut se suivre de tableau en tableau : plus loin, c’est la vie de Joseph. A l’intérieur de la Cathédrale, la voûte qui supporte les orgues est digne d’attention ; des bas-reliefs en grand nombre existaient encore, en 1815, dans cette partie de l’église; Jean-Louis Renard, maire de Nantes en 1793, voulant qu’ils fussent conservés, avait remplacé la garde nationale à cheval, qui logeait dans la Cathédrale, par des chasseurs de Beysser. Les restaurations pratiquées depuis 1815 les ont fait malheureusement disparaître, et leurs places vides appellent des compositions nouvelles, que nos artistes s’empresseraient de fournir, si on les leur demandait. La partie de la nef qui est achevée, est admirable d’élégance et de hardiesse : elle porte le caractère de son époque. Les pilastres polyprismatiques remplacent les faisceaux de colonnettes des époques antérieures. A droite, dans la chapelle du fond, se trouve le tombeau du dernier des ducs de Bretagne, œuvre admirable, due au ciseau de Michel Columb, de Saint-Pol-de-Léon, en Basse-Bretagne, dont la Belgique et l'Allemagne possèdent d’autres sculptures du premier ordre. Nous consacrerons un de nos dessins à ce chef-d’œuvre. Le vieux clocher de la Cathédrale, que l’on voit du dehors et dans la chapelle du tombeau, est du XIIIe siècle. — Le chœur est probablement du Xe ou du XIe : tout porte à penser qu’il a été construit par Guerech, fils naturel d’Alain Barbe-Torte. Pour élever la chapelle parallèle à celle du tombeau, on a démoli dernièrement la partie la plus ancienne de la vieille Cathédrale, celle peut-être qui appartenait à l’église commencée par Evhérémus, achevée et consacrée par Saint-Félix. M. Hawke en a dessiné l’intérieur et l’extérieur, et nous avons joint ses dessins, aujourd’hui plus curieux que jamais, à notre dernière édition de l'Histoire de Nantes. La première Cathédrale, bâtie, dit-on, sur les ruines d’un temple druidique, possédait une église souterraine. Nous l’avons visitée, mais elle ne présentait rien de curieux. Le jubé que l’on remarque dans notre dessin, est la construction la plus récente de la Cathédrale, Nous serions encore plus sévères que M. Mérimée, dans ce que nous pourrions dire de ce replâtrage, et nous préférons citer cet auteur : Tombeau de François II, Duc de Bretagne.
Ce tombeau, élevé en 1507 par la reine Anne, duchesse de Bretagne et femme de Louis XII, à son père, François II, et à Marguerite de Foix, sa mère, fut érigé d’abord dans l’église des Carmes de Nantes, qui a été détruite. Ce monument, dû au ciseau de Michel Columb, né à Saint-Pol-de-Léon en Basse-Bretagne, est en marbre blanc ; il forme un massif rectangulaire, couvert par une magnifique table de marbre noir, sur laquelle sont couchés le duc et la duchesse, sculptés en marbre blanc avec un fini très-remarquable. Leurs têtes sont appuyées sur des oreillers à broderies, que soutiennent trois anges, d’une délicieuse sculpture. Celui de gauche est on ne peut plus gracieux. Au-dessous de ces seize figures, dont le mérite est très grand, sont seize pleureuses en marbre vert. Placées dans des niches en marbre blanc, leurs mains ainsi que leurs têtes, malgré le capuchon qui les enveloppe, sont encore en marbre blanc, ce qui a dû rendre leur exécution plus difficile. Ces pleureuses sont, les unes à genoux, les autres accroupies : leurs niches ont 35 centimètres de diamètre. Le tombeau entier a 5 mètres 5 centimètres de longueur, sur 1 mètre 41 centimètres de large ; son élévation est de 1 mètre 63 centimètres : il est posé sur un socle de marbre blanc, de 55 centimètres et demi, qui en fait le tour. Le couronnement a 5 mètres 25 centimètres, sur 1 mètre 65 centimètres, et forme une saillie de 22 centimètres dans tout son pourtour. Les anges qui soutiennent les oreillers ont 65 centimètres de hauteur. Aux quatre coins de ce tombeau, sont quatre statues qui représentent la Justice, la Force, la Prudence et la Tempérance. La Justice a sur la tête une couronne : de la main droite, elle tient un glaive ; de la gauche, les balances et la loi ; on s’accorde à penser qu’elle est le portrait de la duchesse Anne ; en effet, les médailles des règnes de Charles VIII et de Louis XII peuvent confirmer cette assertion. La tête de cette statue est belle ; elle a tout à fait le caractère breton ; ses yeux sont inclinés à l’angle interne, comme cela se voit chez les Tartares et dans la race Kimry. Le front est développé, la partie qui correspond, d’après Gall, à l’idéalité, est assez prononcée, ce qui s’accorderait, d’ailleurs, avec l’imagination et les talents bien connus de la duchesse, et ce qui se trouve assez communément chez les Bretons ; les cheveux sont roulés en bandeau sur les deux côtés du front qu’ils laissent à découvert ; les vêtements sont disposés avec art et d’une manière gracieuse : l’artiste en a tiré tout le parti possible. La Prudence est, sans doute aussi, l’image de quelque grande dame de l’époque : sa figure, extrêmement spirituelle et réfléchie tout ensemble, a, plus encore que celle de la Justice, le caractère breton : de la main gauche, elle tient un miroir convexe ; de la droite, un compas ; à ses pieds, se trouve un serpent ; le derrière de la tête représente un vieillard à barbe longue, comme pour indiquer que la sagesse doit avoir à la fois la force intellectuelle et la perspicacité de la jeunesse, réunies à l'expérience d’un âge plus avancé. La Tempérance tient une horloge dans la main gauche, un frein dans la droite, emblème d’une vie régulière ; sa figure, toute bretonne, rappelle quelques-unes des belles femmes que l’on rencontre dans le Léonais ; ses vêtements sont recherchés. La Force a, dans la main gauche, une tour; dans la droite, un monstre qu’elle étouffe ; sa tête est ornée d’un casque, et sa poitrine est défendue par une cuirasse. Moins bien de figure que les trois autres, elle appartient cependant au même type.
Pour rendre tous les détails de ce magnifique monument, que Paris et Saint-Denis envient à la Bretagne, nous avons dû préférer, à la lithographie, la gravure au trait sur acier, et M. Potel se plaît à reconnaître ici qu'il en doit le dessin à M. Hersart du Buron, jeune amateur plein de talent, déjà connu par ses jolies études des sculptures de la Cathédrale de Nantes, que nous avons publiées. Le tombeau est montré sur son autre face sur la page de Nantes dans l'histoire. Ci-dessous ce même tombeau extrait de l'ouvrage d'Aristide Guilbert 'Histoire des villes de France' de 1859
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Le texte et les desseins sont tirés de l'ouvrage (collection personnelle) Aucune information sur le web sur cet auteur. |
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