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Périgueux et ses maisons à colombages, vers 1840, gravure de T. Allom
extraite de l'ouvrage La France au XIX siècle illustrée par Thomas Allom - 1841
(collection personnelle).
Texte extrait du Dictionnaire de toutes les communes de France - éd. 1851 - Augustin Girault de Saint Fargeau
PERIGUEUX, Vesunna, Petrocorie, ville ancienne, chef-lieu du département de la Dordogne (Périgord), du 2e arrondissement et d’un canton. Tribunal de première instance et de commerce. Évêché. Société d’agriculture. Collège communal. Gîte d’étape. Bureau de poste. Relais de Poste. Population 12,187 habitants. Autrefois évêché, parlement de Bordeaux, chef-lieu d’élection, gouvernement particulier, présidial, bailliage, brigade de maréchaussée, collège, 4 couvents. À 94 km S.-S.-O. de Limoges, 475 km E.-N.-E. de Bordeaux, 479 km S.-S.-O. de Paris. Longitude occidentale 1° 36' 41", latitude 45° 11' 8". Périgueux, Vesunna, Pitrocorie, ancienne capitale des Petricorii. Les Petrocorii sont mentionnés par César, Strabon, Pline et Ptolémée. Quatre routes dont les mesures sont formées par l’Itinéraire d’Antonin et par la Table de Peutinger, et qui partent de Burdigala, Bordeaux, Aginnum, Agen, Augustoritum, Limoges, et Santones, Saintes, déterminent la position de leur capitale Vesunna à Périgueux moderne, où il a été trouvé des inscriptions antiques avec le nom de Vesunna, et dont les restes de l’ancienne ville portent le nom de Vésonne. Cette ville prit ensuite le nom des Petrocorii, d’où est venu celui de Périgueux. Les Romains, après l’avoir conquise, en firent le centre d’un vaste territoire et se plurent à l’embellir. Cette cité était placée au centre de cinq voies romaines qui se dirigeaient vers Limoges, Caen, Agen, Bordeaux et Saintes : deux aqueducs, dont les inscriptions sont aujourd’hui effacées, conduisaient les eaux dans ses murs. Elle possédait deux édifices où l’on rendait la justice ; une citadelle construite par la famille des Pompée défendait la cité, dont les environs étaient gardés par trois camps ; enfin la tradition donnait à Vesunna un capitole. On voit encore près de cette ville les ruines d’un amphithéâtre antique, de forme ovale, dont les dimensions étaient plus vastes que celles de l’amphithéâtre de Nîmes : on pense que son grand diamètre avait 88m de long, et son petit 69m 87cm ; la circonférence extérieure aurait été de 390m, et le tour de l’arène de 259m Parmi ces ruines existent encore des voûtes qui soutenaient les sièges des spectateurs : on suppose que celte partie avait 19m 50cm de largeur ; enfin des tronçons de colonnes, de chapiteaux, de frises, d’architraves et de corniches, trouvés dans les environs, font supposer que cet amphithéâtre était composé de deux étages d’ordre corinthien. Différents fragments d’antiquités trouvés à Périgueux paraissent se rapporter à des monuments ou à des temples élevés à Jupiter, à Bacchus, à Neptune, à Vénus, etc. Mais le monument le plus remarquable est celui qu’on nomme la tour de Vésone, vaste rotonde où l’on n’aperçoit aucun vestige de couverture, et que l’on croit avoir été environnée d’une colonnade.
Cette tour a encore 19m 50cm de hauteur, et paraît avoir eu une plus grande élévation ; sa circonférence est de 64m ; ses murailles ont 1m 62cm. d’épaisseur, et 2m. avec l’enduit. Elles sont revêtues au dedans et au dehors de petites pierres carrées jointes ensemble avec un ciment très dur ; le côté où devait être la porte offre aujourd’hui une vaste et large brèche, qui s’étend du haut en bas. Les savants ne sont pas d’accord sur la destination de cet édifice colossal : les uns n’ont voulu y voir qu’une tour ou une citadelle de l’antique Vésonne ; d’autres prétendent y retrouver les ruines d’une vaste rotonde qui faisait partie d’un temple consacré à Vénus ; d’autres enfin ne doutent point que ce ne soit un tombeau, semblable à celui de Cœcilia Metella, près de Rome, sur la voie Appienne. Si l’on compare maintenant la ville de Périgueux à ce qu’elle fut jadis, à l’antique Vésonne remplie des plus beaux monuments, et qui devait renfermer une immense population, on ne pourra s’empêcher de faire de tristes réflexions sur les étonnantes vicissitudes des peuples et sur les révolutions qu’ils ont éprouvées. (Ce qu'en dit Wikipedia)
Cette ville est située dans une belle vallée, et s’élève en amphithéâtre sur le penchant d’une colline que baignent les eaux de l’Isle. Elle se divise en deux parties, l’ancienne cité et le Puy-St-Front, qui ont longtemps formé deux villes distinctes, et qui jusqu’en 1240 eurent de graves et fréquents démêlés ; à cette époque, leurs désastres communs leur firent conclure un traité d’union. La ville unie de Périgueux fut ceinte d’une même muraille, se gouvernait elle-même, ne relevait que du roi, et comptait parmi ses droits celui de battre monnaie. Dans les guerres contre les Anglais, le courage de ses habitants leur fit acquérir de nouveaux privilèges : ils furent exempts de la taille et des francs-fiefs. Les armes de Périgueux sont : de gueules au château de trois tours d'argent crénelées, celle du milieu, sommée d’une fleur de lis d’or en chef ; les deux autres couvertes et girouettées. — Alias : de gueules à deux tours d'argent sommées d’une fleur de lis d’or.
La position de cette ville est saine et agréable : néanmoins la vieille cité est d’un aspect triste ; les rues sont étroites, mais les maisons sont vastes et solidement construites : on y remarque quelques restes curieux d’architecture gothique. La ville nouvelle a reçu depuis peu de temps de nombreux embellissements ; les vieux remparts ont été démolis et ont fait place à deux beaux et vastes boulevards.
L’église cathédrale de St-Front est une de ces rares églises de France exclusivement byzantines. Une comparaison rigoureuse entre les proportions, les dimensions, la configuration générale, les détails, les voûtes en coupoles de St-Marc de Venise et de St-Front de Périgueux, prouve que celle-ci est la copie exacte de celle-là. Le plan en croix grecque de la basilique de St-Front, ses cinq coupoles, surtout sa toiture en terrasses dallées où le bois et les métaux n’entrent pour rien, témoignent de son origine byzantine. M. de Verneilh, auquel on doit une bonne description de cette cathédrale, croit pouvoir fixer la date de sa construction de 1010 à 1047.
On trouve une preuve évidente de la haute antiquité de ce monument, aux ornements de la porte méridionale ; les caveaux sont aussi bâtis dans le système de construction des Romains. Le clocher a environ 80m de hauteur ; il est remarquable par ses proportions, par sa forme et par les colonnes qui l’encadrent. — L’église de l’ancien collège des jésuites est remarquable seulement par un ouvrage de sculpture en bois très précieux ; c’est le plus vaste morceau en ce genre qui existe peut-être de la main d’un seul homme : il représente une Cène et une Annonciation de la Vierge, avec une foule d'accessoires et d'ornements d'un très grand fini. Périgueux possède plusieurs promenades agréables ; le cours de Tourny, soutenu par de belles terrasses, est planté d’arbres magnifiques : il est situé dans la partie la plus élevée de la ville, et domine la vallée de l’Isle, sur laquelle on jouit de perspectives pittoresques. Un honorable habitant de Périgueux, grand amateur d’archéologie, Chambon, a fait rassembler et disposer avec art, dans un vaste jardin où il a voulu être inhumé, un grand nombre de fragments d’antiquités découverts dans la ville et aux environs. Il a fait don à la ville de ce jardin, qui est devenu ainsi une espèce de musée public et sacré. On remarque encore à Périgueux un pont magnifique sur l’Isle ; la bibliothèque publique, renfermant 16,000 volumes ; l’hôtel de la préfecture, beau bâtiment de construction moderne ; le palais de justice ; l’hôpital ; les casernes ; une assez jolie salle de spectacle ; le musée d’antiquités créé par M. de Taillefer, savant distingué, etc., etc. Les statues en bronze de Montaigne et de Fénelon ornent les promenades. Des aqueducs et des fontaines publics ont été établis depuis quelques années, sous l’administration de M. de Marcillac, maire ; et par reconnaissance les habitants ont donné le nom de cet estimable citoyen à la principale place de l’intérieur de la ville, qui est décorée d’une fontaine portant plusieurs inscriptions relatives à cet événement.
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