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La Vire, rivière née sur les confins des départements de la Manche et du Calvados, passe à Vire et à Saint-Lô, reçoit l’Aure et la Douve, et se jette dans la Manche, près et au dessous d’Isigny, quand elle a achevé son cours d’environ 100 kilomètres.
Dans cette ville ont vu le jour:
Vire Vire est la principale ville de cette partie du pays Bessin, qui est située entre les rivières de Vire et de l’Orne, et à laquelle on a donné le nom de Bocage normand, à cause des bois et des bruyères dont le sol était originairement couvert. On ne sait à quelle époque remonte sa fondation : une tradition populaire l’attribue au chef gaulois Viridorix, cinquante ans avant Jésus-Christ; mais une pareille antiquité est très douteuse, puisqu’on n’en trouve aucune mention dans les anciens chroniqueurs de Normandie. On peut supposer que le château bâti par Charlemagne, sur la rive droite de la Vire, au commencement du IXe siècle, pour mettre obstacle aux incursions des pirates du Nord, a été le point central autour duquel la ville s’est ensuite groupée. Ce château, situé sur un promontoire escarpé, avait une enceinte très étendue : une haute et forte muraille le séparait du bourg, et une seule porte, défendue par deux tours élevées de plus de trente mètres au-dessus du sol, y donnait accès du même côté. Les Normands ne l’emportèrent pas moins, lors de leurs premières invasions dans la Neustrie, et la cité naissante ne put leur opposer non plus aucune résistance. Elle fut probablement prise vers l’an 899 ou 900, époque à laquelle les bandes de Rollon se répandirent dans le pays Bessin, et s’emparèrent de Bayeux. Nouvelle lacune, sous la domination française, jusqu’aux guerres du XIVe siècle. La forte position de Vire offrait de tels avantages à ceux qui en étaient maîtres, qu’édouard III d’Angleterre voulut en exiger la cession du roi Jean, prisonnier à Londres; mais quoique ce prince y eût consenti (1359), le Dauphin-Régent ayant refusé la ratification du traité, Vire échappa à l’avidité anglaise, quand la paix fut signée à Brétigny (1360). Huit ans après, les grandes compagnies se présentèrent devant ses murs, s’en emparèrent et la mirent à sac. On suppose que c’est pendant ce dernier siège qu’Olivier Basselin, le joyeux poète virois, composa ce couplet d’une de ses chansons : En 1370, le connétable Du Guesclin donna rendez-vous à Vire, ainsi que dans la ville de Caen, aux troupes qu’il conduisait contre l’armée de Knolles débarquée à Calais. Sous Charles VI, Vire fut assiégée par le roi d’Angleterre, Henri V, qui s’en rendit maître au bout de quelques jours (février 1418), et ordonna aussitôt d’en réparer les fortifications, pour en faire sa principale place d’armes en Normandie. Les Anglais se maintinrent en possession de cette ville, pendant trente-deux ans. La garnison qu’ils entretenaient dans ses murs ne cessait de faire des courses aux environs. En 1449, un de ses détachements, composé de deux cent quarante hommes, rencontra, non loin de la Croix de Varnoux, un détachement de la garnison française de Gavray. « Et là fut fort combattu, dit Monstrelet, mais enfin furent les Anglois desconfits, les uns morts, les autres prins, et peu s’en échappèrent. » L’année suivante, Henri de Norbery, gouverneur de Vire, ayant joint à Valognes Thomas Kiriel, avec quatre cents hommes de troupes qu’il avait sous ses ordres, le suivit dans son mouvement d’invasion et fut fait prisonnier avec lui à la bataille de Formigny. Le connétable de Richemont se présenta bientôt devant la place, et le fils de Norbery, qui en avait pris le commandement, la livra au connétable, en échange de la liberté de son père (avril 1450). Charles VII en confia le gouvernement à Richemont, pour le récompenser de ses bons et loyaux services. Le duc de Bretagne, François II, la surprit, pendant ses démêlés avec Louis XI (1467), mais ses troupes ne tardèrent point à l’évacuer (1468). Avec les guerres de religion commence une période fatale pour Vire. Les protestants y sont les plus forts, dès 1562. Montgomery pille et dévaste ses églises, excepté celle du couvent des Cordeliers, fondée dans le siècle précédent (1481) par plusieurs bourgeois de la ville, et où s’étaient retranchés les chefs du parti catholique. Matignon l’enlève aux protestants, la même année, avec l’aide du duc d’étampes, et tous deux y exercent, durant quatre jours, d’effroyables représailles. Montgomery revient, en 1563, trouve ses portes fermées, perd du temps et du monde dans plusieurs attaques vaillamment repoussées par le gouverneur Neuville ; puis s’avisant d’un stratagème, il escalade la place d’un côté, tandis que les habitants la défendent de l’autre, l’emporte, et l’abandonne à toute la rage d’une soldatesque effrénée. Vire n’échappe aux protestants, après le traité de paix d’Amboise (mars 1563), que pour retomber, en 1568, au pouvoir de Montgomery, qui brûle le couvent des Cordeliers et fait égorger un grand nombre de prêtres. Elle rentre sous l’obéissance royale, à la fin de l’année. Ses habitants, ruinés par tant de désastres, se trouvent réduits à une si profonde misère, que Charles IX leur fait remise des sommes dont ils étaient redevables sur les tailles. En 1574, les calvinistes s’en saisissent encore une fois; mais ils sont chassés au bout de quelque temps par le duc d’étampes, tandis que Matignon reprend tour à tour Caen, Argentan et Falaise. Quinze années s’écoulent ensuite sans secousse politique : ce n’est qu’à la mort du duc de Guise que les habitants se laissent entraîner dans le parti de la Ligue, pour faire bientôt leur soumission à Henri IV. La résistance des ligueurs dut être cependant assez sérieuse, puisque le roi, qui avait conduit le siège en personne, accorda le pillage à ses soldats. Le château ne se rendit qu’après la ville (1589 1590). La paix permit à Vire de se relever de ses désastres. La fabrication et le commerce des draps y ouvrirent une source de richesses. Sous Louis XIII, une poignée de factieux calvinistes surprirent cette ville, ainsi que celle de Falaise, et y mirent même garnison ; mais leur domination ne fut que de courte durée (1621). La place faillit tomber, en 1628, au pouvoir des Rochellais, alliés aux Anglais. L’auteur du complot, dont le succès eut fait diversion à l’armée royale qui assiégeait alors La Rochelle, était un ancien page du roi, nommé Grossetier-Bérault, religionnaire; on lui fit son procès, et il périt sur l’échafaud, à Poitiers. La sédition des Nu-Pieds, née à Avranches, se propagea rapidement jusqu’à Vire, au mois d’août 1639. Les mutins envahirent le lieu des séances des officiers de l’élection, chassèrent les magistrats, massacrèrent à coups de pierres et de bâtons le vieux président Sarcilly, et brûlèrent sa maison, ainsi que celle de deux officiers municipaux et du receveur des tailles. Tous ces désordres étaient l’ouvrage des habitants des faubourgs de Vire : les bourgeois de la ville voulurent s’opposer à une seconde tentative d’insurrection de leur part ; il y eut collision, et quelques séditieux furent tués. Les faubourgs, pour se venger, investirent alors la cité. « De grands malheurs étaient inévitables, dit M. Floquet, sans Matignon qui sut réconcilier ses concitoyens prêts à s’égorger les uns les autres. » Le souvenir de la révolte du mois d’août faisait craindre aux bourgeois les vengeances de la cour; aussi, quand Gassion, revenant d’Avranches, passa par leurs murs, à la fin de l’année, toute la population, hommes, femmes, enfants, se prosterna-t-elle à ses genoux pour implorer sa miséricorde. Les derniers faits que nous trouvons consignés dans les annales de Vire, sont une maladie contagieuse qui décima la population, en 1642, et plus tard, la fermeture du prêche protestant, que les catholiques prétendaient y avoir été installé en contravention avec les édits ( 1656). Vire, sous l’ancien régime, faisait partie, comme de nos jours, du diocèse de Bayeux : c’était l’un des sièges royaux du bailliage de Caen, le chef-lieu d’une élection, le siège d’une maîtrise des eaux et forêts. Outre le couvent des Cordeliers, dont nous avons rapporté la fondation, il y avait dans ses murs un couvent de Capucins et un autre d’Ursulines, établis, le premier en 1623, le second en 1631. Cette ville, aujourd’hui l’un des chefs-lieux de sous-préfecture du Calvados, est le siège d’un tribunal de première instance, d’un tribunal de commerce, d’une chambre consultative des manufactures, et d’un conseil de prud’hommes ; elle a un Hôtel-Dieu, un hospice des Enfants-Trouvés, un collège, et une bibliothèque publique renfermant sept mille volumes. Sa population dépasse 7,500 âmes, et l’arrondissement en compte à peu près 50,000. L’industrie des habitants est fort active. Vire a d’importantes manufactures pour l’habillement des troupes, et de nombreuses filatures hydrauliques de laines. Les principaux objets de son commerce sont les grains, les eaux-de-vie, le lin, les toiles et les papiers. Vire est située d’une façon pittoresque sur un rocher coupé presque à pic, d’un côté, et dont les eaux de la petite rivière de ce nom baignent le pied. La ville offre à la curiosité quelques édifices assez remarquables, tels que l'église Notre-Dame, belle église gothique du XIIIe siècle, dont le chœur date seulement du XVIe ; l’Hôtel-Dieu, construit sous les ducs de Normandie, réparé en 1208 par l’évêque de Coutances, Hugues de Morville ; l’hôpital Saint-Louis, autrefois couvent des Ursulines ; et la Tour de l’Horloge, monument de la Renaissance. Les fortifications de Vire ont disparu depuis longtemps. Louis XIII fit abattre le château et les murailles de l’ancienne cité : une seule porte subsiste encore, et une jolie promenade occupe l’emplacement de la forteresse. Non loin de la ville (à la distance d’un demi-kilomètre environ), sont les deux charmantes vallées connues sous le nom de Vaux-de-Vire, traversées toutes deux par la Vire et la Virène, et s’étendant, l’une du nord au midi, l’autre de l’est à l’ouest. Rien de plus frais, de plus gracieux que ce site enchanté, tout parsemé d’usines qu’on prendrait pour des chalets suisses. Les bruyères et les roches y forment, ça et là, un piquant contraste avec les grasses prairies et la verdure touffue des arbres. Au pied d’une colline qui encadre le paysage, on voit encore la maison où naquit, au XVe siècle, le célèbre foulon virois, Olivier Basselin, dont les gais refrains éveillèrent plus d’une fois l’écho des deux vallées. On sait que les chansons bachiques d’Olivier Basselin ont été les modèles de toutes les chansons à boire qu’on a faites depuis, et que du lieu où il les chantait (Vaux-de-Vire) est dérivé le nom appliqué, plus tard, à un genre de poésie tout particulier (vaudeville). Parmi les Virois illustres, nous citerons, à la suite du joyeux chansonnier, les deux astronomes Duhamel et Gasselin ; le poète satirique Sonnet-Courval ; les deux frères Robert et Antoine Lechevalier d' Aigneaux, traducteurs d’Horace et de Virgile ; le physicien P. Polinière ; le naturaliste R. Castel ; le géographe P. de La Renaudière ; Ch. de Chêne-dollé, auteur du poème du Génie de l'homme ; de Cailly du Calvados, membre du conseil des Cinq-Cents; et le général Brouard. Bibliographie : André Du Chesne. — Froissart. — Monstrelet. — Masseville, Histoire sommaire de Normandie. — Chéruel, Histoire de la commune de Rouen. — Floquet, Histoire du parlement de Normandie. — Mémoires de la Société des antiquaires de Normandie. — Dubourg d’Isigny, Recherches archéologiques sur l’histoire militaire de Vire. — Dictionnaire de Hesseln. — Annuaires du Calvados.
Pour voir les détails de ces gravures de Vire vers 1860,
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Pour voir d'autres cités décrites dans l'ouvrage de William Duckett
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