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Gap depuis sa route d'entrée vers 1835, gravure de Rauch
extraite du Guide pittroresque du voyageur en France - 1838
(collection personnelle)
Texte extrait du Dictionnaire de toutes les communes de France - éd. 1851 - Augustin Girault de Saint Fargeau
Autrefois évêché, intendance et parlement de Grenoble, chef-lieu d'élection, bailliage, chapitre, séminaire, 4 couvents. — L'évêché de Gap fut fondé vers 450. .
Brève Histoire : Gap est une ville celtique du nom de Vap, capitale des Tricorii, que les Romains, vainqueurs de ce peuple, nommèrent Vapincum. Démétrius, disciple de saint Jean l'évangéliste, convertit les habitants au christianisme sous le règne de Domitien. Gap devint ville épiscopale au Ve siècle ; Grégoire, un de ses évêques, obtint, en 1058, de l'empereur Frédéric, le titre de prince et divers autres privilèges, qu'il transmit à ses successeurs. En 1184, l'évêque Guillaume prit le titre de seigneur et comte de Gap ; mais il fut obligé de partager les droits et les privilèges de la suzeraineté avec le dauphin. Cette division de droits fit naître parmi les habitants deux factions de principes, dont l'une voulait favoriser le pouvoir épiscopal, l'autre celui des dauphins ; la masse des habitants s'efforça vainement de se soustraire à cette double tyrannie, qui fut la cause de nombreuses querelles et de luttes sérieuses. Sous François Ier, les évêques de Gap furent dépouillés de leur titre de prince, mais ils conservèrent, longtemps après, celui de comte. Cette ville fut prise, reprise, incendiée à différentes fois par divers peuples barbares ; à ces désastres se joignirent ceux causés par les incendies, la peste et les tremblements de terre. Les guerres de religion commencèrent pour elle une nouvelle série de calamités : la ville avait embrassé le parti de la Ligue, et chassé les huguenots de ses murs ; pour la punir, Lesdiguières en étant redevenu maître, fit massacrer une partie de la population. Plus tard, il fixa sa résidence à Gap, et, afin de tenir la ville en sujétion, il rétablit la forteresse que les Sarrasins avaient construite sur la hauteur de Puymore. — Des temps plus calmes et une industrie active rétablirent la prospérité de la ville et portèrent à 16,000 habitants sa population, qui fut diminuée de plus des deux tiers par les pestes de 1630, par le sac de la ville en 1692, et surtout par la révocation de l'édit de Nantes. Une maladie contagieuse y fit encore de grands ravages en 1744. Les armes de Gap sont : d'azur à un château d'or crénelé, sommé de 4 tours de même couvertes en pointe.
Situation : La ville de Gap est située à l'embranchement de la route d'Espagne en Italie par le Pont-St- Esprit et le mont Genèvre, et de celle de Paris à Marseille par Lyon et Grenoble ; elle est dans une agréable situation, sur les ruisseaux de Bonne et de la Luye, au milieu d'une belle vallée environnée de coteaux, qui s'élèvent graduellement vers le nord-est, et atteignent la plus grande hauteur. Elle est très mal bâtie, mal percée, et généralement peu agréable. Il y a dans les environs des sources d'eaux minérales.
Parmi les édifices publics, on remarque la cathédrale de construction gothique. Une des chapelles renferme le mausolée du connétable de Lesdiguières, en marbre noir du Champsaur, orné de bas-reliefs en albâtre de Boscodon, qui retracent les principaux exploits de ce guerrier. Il est représenté avec son armure, couché et appuyé sur le coude ; ses traits ont quelque ressemblance avec ceux dé Henri IV : on rapporte qu'il tint en charte privée Jacob Richier, son sculpteur, jusqu'à ce qu'il eût fini ce bel ouvrage.— Ce monument, apporté en 1798 du château de Lesdiguières, où il était depuis 1626, devait, en 1809, être transporté au musée du département, avec les gantelets du connétable, sa lance et son casque, où l'on voit l'empreinte d'une balle. On avait réuni pour cet établissement des modèles en plâtre des plus belles statues du musée de Paris, choisis par Visconti, et auxquels le comte d'Hauterive avait joint en cadeau la Vénus de Médicis ; les modèles des monuments des Hautes-Alpes, exécutés en albâtre et en pierre ollaire du pays ; un grand nombre d'antiquités provenant des fouilles de Mons-Seleucus, ou envoyées des trois arrondissements ; des instruments de physique et de chimie, des livres, des cahiers de gravures ; les minéraux, l'herbier, les oiseaux, quelques quadrupèdes des Hautes-Alpes, etc. Ce musée est maintenant un séminaire ! — Le palais de justice, l'hôtel de ville, la préfecture et l'évêché, les casernes, sont d'assez beaux édifices. La ville possède aussi une petite salle de spectacle et une belle citerne pouvant contenir 20,000 hectolitres d'eau, destinée au service des pompes en cas d'incendie.
Biographie.
Industrie. Fabriques de toiles, draps communs, tissus de soie et de laine, outils aratoires. Martinets. Tanneries, mégisseries et chamoiseries. — Commerce de grains, fruits, bestiaux, cuirs, laine, etc. — Foires les 1er mai, 8 septembre, 11 novembre (7 jours), avant le dernier lundi de carnaval, et 1er lundi d'août. A 657 km S.-E. de Paris. Longitude 3° 44'47", latitude 44° 33' 37". L'arrondissement de Gap renferme 14 cantons : Aspres-les-Veynes, Barcelonnette-de-Vitrolles, la Bâtie-Neuve, St-Bonnet, St- Etienne-en-Dévoluy, St-Firmin, Gap, Laragne, Orpierre, Ribiers, Rosans, Serres, Tallard, Veynes.
Histoire détaillée Texte d'Eugène Faure, extrait de l'Histoire des villes de France D’Aristide Guilbert 1859 L'itinéraire d'Antonin, dressé dans le XIe siècle de notre ère, est le plus ancien document historique où, sous le nom de Vapincum, il soit fait mention de Gap. Cette ville appartenait aux Tricorii, une des tribus gauloises qui, 587 ans avant J.-C., prit part aux grandes expéditions conduites par Bellovèse et Sigovèse. Il semble dès lors démontré que sa fondation est antérieure à l'arrivée des Romains dans les Alpes. Quelques auteurs ont cependant soutenu le contraire. Selon eux, les noms de Vapincum, Vapincum, Vappicensium pagus, Vappicum ou Vappigum, ont été formés des deux mots latins Vallis pinguis (vallée fertile), par allusion à la vallée de la Luye, au centre de laquelle Gap est bâtie. Cette étymologie, que rien ne justifie, nous paraît tout aussi peu acceptable que celle qui fait dériver Vapincum des deux mots celtiques wapin, armes, et cain, belles. S'il faut en croire la tradition, l'Évangile, dès le premier siècle de l'ère chrétienne, eut pour apôtres, à Gap, Démétrius, disciple de saint Jean l'Évangéliste, et ensuite saint Nazaire et saint Celse, disciple du pape saint Léon, qui furent martyrisés sous le règne de l'empereur Néron. En 292, cette cité fut comprise dans la quatrième Viennoise, lors de la nouvelle division de la Gaule par Dioclétien. Elle devint, au commencement du IVe siècle, le siège d'un évêché, fut attachée, vers la fin de ce même siècle, à la deuxième Narbonnaise, et enfin, dans le Ve, elle fut cédée aux Bourguignons par Valentinien III. Gap et les pays d'alentour avaient déjà beaucoup souffert des invasions des Goths et des Vandales, quand les Lombards y parurent à leur tour, une première fois en 558, et, plus tard, en 572. La ville avait pour évêque, à cette dernière époque, Sagittarius, disciple de saint Nizier, évêque de Lyon. Ce prélat et son frère Salonius, qui occupait le siège épiscopal d'Embrun, n'étaient rien moins que fidèles observateurs des règles canoniques : ils vinrent, à la tête de leurs diocésains, se joindre au patrice Mummol, dépouillèrent leurs habits sacerdotaux, et combattirent en vaillants hommes. Saint Grégoire de Tours, que ces hauts faits touchent peu, a consacré un chapitre tout entier au récit des scandales que donnèrent à l'Église ces deux frères, aux mains desquels une épée aurait mieux convenu que la crosse épiscopale. Sagittarius, expulsé de son siège par un concile tenu à Châlons-sur-Saône en 579, fut tué en 585, en même temps que Mummol, par qui il avait été entraîné dans une révolte contre le roi de Bourgogne. Il eut pour successeur immédiat Arige, qui depuis a été canonisé. L'histoire de Gap présente ici une lacune. On ignore si, en 588, cette ville fut visitée par les Goths d'Espagne conduits par Récarède, et si lorsqu'on 739 les Sarrasins se montrèrent pour la première fois dans les Alpes, ils firent quelques tentatives pour s'emparer de Gap, comme deux siècles plus tard ils l'essayèrent inutilement (965). Gap, au Xe siècle, faisait partie du royaume d'Arles ou de Bourgogne. Cependant, lorsqu'en 980 les Sarrasins furent définitivement chassés de son territoire par Guillaume Ier, comte de Provence, elle changea partiellement de maître. Ce seigneur concéda à l'évêque la moitié de son droit de suzeraineté sur elle, pour indemniser le prélat des dommages occasionnés par cette expédition. En 1033, Rodolphe III, roi d'Arles, mourut en instituant pour son héritier l'empereur d'Allemagne, Conrad le Salique. C'est sous le règne de ce Rodolphe III que l'évêque de Gap prit le titre de comte, titre que l'empereur Conrad lui reconnut ensuite en lui accordant, en outre, le droit de haute et basse justice, celui de battre monnaie, et celui de percevoir des péages sur toutes les voies de communication. Mais, bien que l'évêque exerçât les droits régaliens, il ne possédait pas le titre de comte sans partage. En 1088, un certain Hugues, comte laïque de Gap, ayant refusé de se croiser à la suite de l'ermite Pierre, Urbain II lança contre lui les foudres de l'excommunication, releva ses vassaux de leur serment de fidélité, le dépouilla de son fief, et finit par en investir, en 1095, le comte de Forcalquier, qui s'en était emparé pendant ces discussions. Cinquante-sept ans plus tard, l'empereur Frédéric Barberousse donnait une nouvelle force au droit de suzeraineté de l'Empire sur le comté de Gap, en accordant sa nièce à Raymond Béranger, qui possédait ce fief du chef de l'un de ses oncles, mari de la dernière héritière de la première race des comtes de Forcalquier. En 1184, cet empereur, dont la puissance était fort affaiblie en Allemagne, essaya de la politique qui avait plus d'une fois réussi à dsqu&ro;autres souverains : il opposa les prélats aux seigneurs laïques, accorda à l'évêque, comte de Gap, la souveraineté exclusive sur cette ville, et le titre de prince de l'Empire. C'est dans cet état que le comté du Gapençois passa, en 1202, aux comtes d'Albon, par suite du mariage du dauphin Guigues VI, l'un de ces seigneurs, avec Béatrix de Claustral, petite-fille de Guillaume comte de Forcalquier. Mais voyons quelle était alors la situation intérieure de la cité. On trouve, au XIe siècle, Gap en possession d'un consolât ou consulat, chargé de pourvoir à l'administration de la commune ; le nom seul de cette magistrature civile, qui très probablement était élective, indique assez son origine romaine. L'empereur d'Allemagne, toujours en opposition avec le seigneur du fief, s'était constitué le protecteur de la commune de Gap ; son vicaire dans le royaume d'Arles avait, en effet, déclaré que, pourvu qu'elle acquittât sa part de tribut (l'autre part était payée par l'évêque), elle serait maintenue dans ses privilèges. Cet antagonisme n'était pas moindre entre les coseigneurs du même fief, et il servait encore la commune. Le 10 juillet 1251, on voit le Dauphin, Guigues VI, ainsi que l'évêque de Gap, Othon, consentir à un arbitrage pour le règlement d'une somme que ce dernier avait injustement prélevée sur le bourg de Chorges, voisin de Gap. Ces mêmes seigneurs, s';étant donné rendez-vous, cinq ans après, au château de Corp, afin de s'entendre définitivement sur le partage des droits seigneuriaux, dont ils jouissaient par indivis, la commune de Gap intervint encore dans ce traité ; elle consentit, en cette occasion, à ce que ses consuls, précédemment nommés par elle seule, fussent, à l'avenir, choisis alternativement, par elle d'abord, et ensuite par l''évêque et le Dauphin réunis pour exercer ce droit ; mais cette concession, imposée sans doute par quelque nécessité du moment, n''entraîna point l''asservissement de la commune, car lorsque, dans le même moment, le Dauphin demandait à lui emprunter une somme de trente mille sols, le syndic exigeait et recevait, en garantie de ce prêt, le château de Furmeyer. Plus tard, la commune, en butte aux exigences de l''évêque, intéressa le Dauphin à sa cause, en lui faisant abandon du consulat et de tous ses droits : bans, justices, cens, sauf ceux qui étaient exercés par le prélat. Celui-ci, de son côté, avait, dès le mois de janvier 1271, cherché un appui et contre les bourgeois et contre le Dauphin, en se reconnaissant pour vassal du roi de Sicile. Ce premier acte de soumission n''ayant pas produit l''effet qu''il en avait espéré, il associa, dix ans plus tard (1281 ), Charles d''Anjou à sa souveraineté, à sa juridiction sur Gap et à la jouissance de ses droits régaliens. Cependant, la commune, qui, pauvre et accablée de redevances, avait cédé au prélat, en 1283, jusqu''aux quatre fours où les habitants faisaient cuire leur pain, en stipulant seulement qu'il en établirait deux nouveaux, obtint enfin, en 1289, grâce à la protection de Charles, roi de Naples, la restitution des droits de fouage, poids public, gabelle et pâturage. Au milieu de ces transactions sans nombre, de ces hommages transportés d''un souverain à un autre, suivant les nécessités du moment, il existait toujours de la mésintelligence entre le Dauphin et l''évêque, pour le partage de leurs droits respectifs. L''archevêque d''Embrun, Guillaume, fut pris pour arbitre dans une nouvelle discussion et rendit, le 5 décembre 1300, une sentence, par laquelle il déclara que le consulat de Gap, cédé à Gui VI, en 1271, appartenait au Dauphin à titre de comte. Ces discussions intérieures s''étaient apaisées à la longue, quand en 1372, Robert, roi de Sicile, se plaignit, en qualité de suzerain, des atteintes portées à sa juridiction dans le Gapençois, par le Dauphin Humbert II ; celui-ci soutint que malgré le soin pris plusieurs fois par les comtes de Provence, d''arborer leurs armes et bannières au haut de l''hôtel de ville de Gap, la suzeraineté sur cette ville lui avait été transmise par ses ancêtres. L''abdication d''Humbert II et le passage du Dauphiné sous la puissance des rois de France, en 1349, mirent fin à ces conflits. Gap, depuis sa réunion à la France, jusqu''en 1449, n''apparaît pas dans l''histoire. A cette dernière époque, elle offensa Louis XI, encore dauphin ; ce prince donna au parlement de Grenoble l'ordre d'informer contre elle, à l'occasion du refus qu'elle avait fait de livrer passage aux troupes royales. L'évêque, se croyant plus fort que la commune, et comptant d'ailleurs sur l'appui du roi de Sicile, osa aussi résister au dauphin ; mais cette imprudence n'eut d'autre résultat que de lui faire perdre son indépendance, quant au temporel. En 1459, le duc de Calabre demanda, toujours au nom du roi de Sicile, se prétendant suzerain, des secours à Gap, qui les lui refusa. Irrité de ce qu'il appelait une félonie, il fit saisir les marchandises que les commerçants de Gap avaient en Provence et voulut lever des contributions sur cette ville ; elle protesta et recourut au parlement de Grenoble, qui, malgré les réclamations et les oppositions du parlement d'Aix, retint la cause et repoussa les prétentions du roi de Sicile. Gap n'eut pas d'abord à se féliciter de la réunion du Dauphiné à la France. Dépossédée alors de son consulat, et cruellement opprimée par les officiers de Louis XI, elle s'adressa au pape. Ce qu'elle obtint par cette médiation se borna à un soulagement de charges. Louis XI, au lieu de cent fantassins qu'elle lui devait, se contenta de huit archers habillés, armés et soldés. L'évêque avait cependant conservé une grande partie de ses droits honorifiques ; Charles VIII y porta la plus rude atteinte, en interdisant, en 1485, l'usage dans le royaume de toute autre monnaie que celle frappée par le roi et par le Dauphin. Le 30 août 1494, ce prince passa à Gap en se rendant en Italie. Douze ans après, en 1497, et ceci est le dernier acte de résistance de la commune, neutralisée sinon abolie, les habitants entreprirent de démolir les anciennes murailles de la ville, afin de faire perdre au roi le droit qu'il prétendait avoir sur les fossés, comme étant de son domaine direct, à titre de fortifications. Ce singulier expédient n'eut pas le moindre succès. Louis XII, en 1511, transféra à Gap le siège du bailliage du Gapençois, qui jusqu'alors était resté établi à Serres, petit bourg situé dans les environs de cette ville, et, en 1512, la commune et l'évêque le reconnurent pour leur seul souverain. Son successeur, François Ier, ôta au chef de l'église de Gap le titre de prince, qui rappelait la suzeraineté de l'empire d'Allemagne, et ne lui laissa que celui de comte. L'histoire de Gap, pendant les guerres de religion, se lie intimement à celle de Lesdiguières, qui a été le plus constant ennemi de cette ville. Dès le commencement de la lutte entre les protestants et les catholiques, les Gapençois forment le projet de s'emparer de la personne de ce capitaine ; en effet, peu s'en fallut qu'il ne fût surpris au milieu des fêtes qu'il célébrait, en 1565, à l'occasion de son mariage. Trois ans plus tard, Lesdiguières prend sa revanche en s'associant à l'expédition de Furmeyer dans le Gapençois, et en taillant en pièces la garnison de Gap qui avait voulu secourir le château de la Romette. Mais là ne se termine point cette lutte acharnée de la ville contre son ennemi capital. En 1573, les habitants de Gap poussent encore leurs courses jusqu'à Saint-Bonnet, demeure du chef protestant. « Lesdiguières, ne pouvant souffrir cette liberté, dit Videl, mande le capitaine Anthoine pour leur aller faire une querelle. Celui-ci part de la tour de Laye, où il commandait, trouve leur bétail tout contre la ville et l'emmène. Les habitants font sortir leur plus verte jeunesse, qui se partage en deux troupes, l'une commandée par Étienne, comte, l'autre par le chanoine La Palu... Lesdiguières, accompagné de La Croix de Tallard, s'avance à Harra, d'où faisant reconnaître le chemin des ennemis, il apprend qu'ils venaient à lui, ne sachant pas qu'il y fût et s'imaginant seulement d'y trouver leur bétail et le capitaine Anthoine. Il marcha droit à eux à la faveur d'un coteau dont il était couvert, et, bien assuré de ce qu'il allait faire, se tournant vers la ville, il dit : « Messieurs de Gap, n'attendez plus vos gens, ils sont à nous. » En effet, toute cette jeunesse y demeura, excepté deux ou trois qui s'étaient cachés dans les halliers (1573). L'année suivante, cependant, Labourel, gouverneur de Gap pour le roi, envoya quinze cents hommes au secours de Serres, assiégée par Monbrun, et ce fut encore Lesdiguières qui les défit. En 1575, après la mort de Monbrun, Lesdiguières, suivi de quatre cents hommes de pied, s'approcha sans bruit de Gap, et la prit par surprise, à la faveur de la nuit, en faisant escalader les murs par quelques-uns des siens, qui, ensuite, lui ouvrirent la porte Saint-Arey. La cathédrale fut à peu près démolie par les protestants, tandis que l'évêque et son clergé se retiraient à Jarrains. Gap devint alors la place d'armes des religionnaires dans le haut Dauphiné. En 1577, le prince de Condé y assembla les chefs protestants de la province, et désigna Lesdiguières à leur choix comme successeur de Monbrun. Après quatre années de luttes, ceux-ci ayant accepté la paix, le duc de Mayenne vient, au nom du roi, prendre possession de Gap ; mais six ans plus tard, en 1588, Lesdiguières tourne de nouveau ses armes contre cette place et, pour la forcer à se rendre, relève sur le coteau de Puymore, qui la domine, le fort qu'il y avait déjà commencé lors de sa première occupation. Deux fois, à prix d'argent, les habitants obtiennent de Lesdiguières une trêve et l'éloignement de ses troupes. Il fallut la mort du duc de Guise, celle de Henri III, et l'avènement de Henri IV, pour qu'ils consentissent à se rendre. Lesdiguières, bon juge en fait de courage et de fidélité, confia aux Gapençois la garde de leur ville. A partir de cette époque, Gap n'offre plus, dans son histoire particulière, de fait digne de remarque. Elle devint, quand tout le royaume fut rentré dans un ordre uniforme, le siège d'un gouvernement particulier, ressortissant à l'intendance et au parlement de Grenoble, le chef-lieu d'une élection et d'un bailliage, et la résidence d'un lieutenant du roi. Ses évêques, toujours suffragants de l'archevêché d'Aix, continuèrent à prendre le titre de comte et à mettre en pal, à côté de leurs armes, la crosse et l'épée, signe de la double nature de leur ancienne puissance. Les invasions dont cette ville a eu trop souvent à souffrir dans l'antiquité et au moyen âge, et le rôle qu'elle a joué dans les guerres de religion, prouvent qu'autrefois elle fut plus peuplée, plus considérable que de nos jours. Il est certain qu'au commencement du XVIIe siècle on y comptait 16,000 âmes ; mais quand la révocation de l'édit de Nantes, en 1685, en eut chassé les protestants, et quand, en 1692, Victor-Amédée, duc de Savoie, l'eut prise et livrée aux flammes, sa population se trouva diminuée dans une proportion effrayante. Un dénombrement, opéré en 1698, ne la porte plus qu'à 4,608 personnes, et ce chiffre dut baisser encore à la suite de l'épidémie qu'y apportèrent, en 1744, les troupes de l'infant Don Philippe.
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