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Les villes à travers les documents anciens

 

Évreux dans l'Eure au 19ème siècle

Le cœur de la ville d'Évreux, vers 1860 - gravure reproduite et retouchée numériquement par © Norbert Pousseur
Le cœur de la ville d'Évreux, vers 1860
Gravure de Morel Fatio, extraite de 'la Normandie' - Jules Janin - 1862
Collection personnelle


Lire et voir aussi


Texte extrait du Dictionnaire de toutes les communes de France - éd. 1851 - Augustin Girault de Saint Fargeau
(collection personnelle).

ÉVREUX, Eburovicum, Ebroïcorum, Ebroïcœ, Ebroas, ville ancienne, chef-lieu du département de l'Eure (Normandie), chef-lieu du 4e arrondissement et de 2 cantons. Tribunal de lère instance et de commerce. Chambre consultaire des manufactures. Société centrale d’agriculture, sciences, arts et belles-lettres. Évêché, grand et petit séminaire. Collège communal. Ecole normale primaire. Gîte d’étape. Caisse d’épargne. Bureau de poste. Relais de poste. Population 11,706 habitants.
Terrain crétacé supérieur, craie.

Autrefois évêché et comté pairie, parlement et intendance de Rouen, chef-lieu d’élection, bailliage, maîtrise particulière, gouvernement particulier. — L’évêché d’Évreux fut fondé du IVe au Ve siècle, par saint Thaurin. L’évêque, en qualité de baron de Broville, étendait sa juridiction sur le faubourg d’Évreux, nommé St-Gilles. Tous ses vassaux, reconnus par une petite crosse brodée sur leurs manches, étaient exempts de péage par toute la France.

Les armes d’Évreux sont : d'azur à trois fleurs de lis d’or, 2 et 1, à la bande componée d’argent et de gueules brochant sur le tout.

Les toits d'Évreux, vers 1880 - gravure reproduite et retouchée numériquement par © Norbert Pousseur
Les toits d'Évreux, vers 1880
Gravure extraite de La France illustrée en 2 volumes de V.A. Malte-Brun - 1881
Collection personnelle

 

Évreux occupe l’emplacement du Castellum Aulerci, poste militaire construit au milieu des marais de l’Iton pour protéger Mediolanum Aulercorum, capitale des Eburoviques dont l’emplacement est occupé aujourd’hui par le Vieil-Évreux. Les mesures que fournissent l’Itinéraire d’Antonin et la Table de Peutinger donnent un concours de routes qui se rattachent à Autricum, Chartres, Julia Bona, Lilebonne, Rotomagus, Rouen, et Breviodurum, Pont-Autou, qui toutes déterminent invariablement Mediolanum à Évreux ; ce qui porte à croire que le nom de Mediolanum est donné indifféremment, et au Castellum Aulerci, et à l’ancienne capitale des Eburoviques.
Après la ruine du Vieil-Évreux, au Ve siècle, les habitants cherchèrent un refuge près de la forteresse, et élevèrent des remparts dont l’enceinte étroite a conservé le nom de petite Cité ; une autre enceinte, appelée au moyen âge le Bourg, fut ensuite ajoutée vers le nord et l’ouest, puis des faubourgs s’étendirent aux alentours de la Cité.

Évreux dans sa verdure, vers 1870 - gravure reproduite et retouchée numériquement par © Norbert Pousseur
Évreux dans sa verdure, vers 1870
Gravure extraite de la Géographie illustrée de la France - Jules Verne - Hetzel - 1876
Collection personnelle

 

Cette ville fut l’une de celles que les Romains conservèrent le plus longtemps ; mais enfin Clovis s’en empara. Saint Thaurin et saint Landulphe furent ses premiers évêques. Vers 892, le chef des Normands, Rollon, qui assiégeait Paris, quitta cette place avec une nombreuse armée et vint investir Évreux, qu’il prit et saccagea, et d’où il enleva un grand butin. Lothaire le ruina en 962.
En 990, Évreux eut ses comtes particuliers. Guillaume, l’un d’eux, étant mort sans enfants en 1118, ce comté passa dans la maison de Montfort ; mais le roi d’Angleterre, ennemi de cette famille, s’en empara et refusa de le rendre. Montfort, aidé des comtes d’Anjou et de Flandre, vint mettre le siège devant Évreux, qui lui fut livré par trahison en 1118. Entré dans la ville, ses troupes égorgèrent la garnison du roi d’Angleterre et pillèrent les maisons et les églises. L’année suivante, cette ville fut brûlée par les Anglais, à l’exception du château, dont ils ne purent se rendre maîtres. En 1193, tandis que Richard Cœur de lion se couvrait de lauriers en Palestine, son frère, Jean sans Terre, qui s’était emparé d’une partie de ses États, céda à Philippe Auguste, moyennant mille marcs d’argent, les villes de Verneuil et d’Évreux, pour être réunies à la couronne de France. Cependant Richard, étant parvenu à briser ses fers, débarqua à Sandwick en 1194. À cette époque Philippe Auguste assiégeait Verneuil qui n’avait pas voulu se soumettre. Il avait donné à Jean sans Terre la possession d’Évreux, et ne s’était réservé que le château, où il avait mis garnison ; mais l’infâme Jean, sans doute pour se ménager un raccommodement avec Richard, invita à un grand festin les officiers français restés dans Évreux, ainsi que les douze chevaliers chargés de la garde du château, et les fit impitoyablement massacrer pendant qu’ils étaient à table. Leurs têtes, au nombre de trois cents, furent placées au bout d’une pique, promenées en triomphe par les rues de la ville, et ensuite attachées à des poteaux sur les plus hautes tours des remparts. A cette horrible nouvelle, Philippe, enflammé de rage, quitte le siège de Verneuil, marche sur Évreux, tombe comme la foudre sur cette malheureuse ville, y met le feu, et en fait massacrer les habitants de tout âge et de tout sexe. — Évreux fut de nouveau réduit en cendres par le même Philippe, en 1199. Cette ville fut assiégée et incendiée en grande partie en 1336, et de nouveau assiégée et prise en 1378. Pendant les guerres entre la France et l’Angleterre, elle fut occupée par les Anglais en 1418, reprise par Charles VII en 1428, puis tour à tour occupée par les Anglais et par les Français, enfin reprise en 1441 par Robert de Floques. Cette ville fut encore assiégée et prise par le maréchal de Biron, quelque temps avant la bataille d’Ivry. Sous la Fronde, elle fut assiégée par les troupes royales.
C’est à Évreux que François Ier fit, en 1540, un petit essai de l’inquisition que Paul III l’engageait à établir en France ; mais les habitants s’unirent au reste de la Normandie pour repousser cet exécrable tribunal.

Le beffroi d'Évreux et sa rue normande, vers 1845 - gravure reproduite et retouchée numériquement par © Norbert Pousseur
Le beffroi d'Évreux et sa rue normande, vers 1845
Elle est plutôt appelée 'Tour de l'Horloge' (voir plus bas)
Gravure extraite de la Normandie - Félix Benoist - 1850
Collection personnelle

 

A l’époque de la première révolution, Évreux, comme toutes les villes de France, se montra favorable aux réformes reconnues dès longtemps nécessaires. Buzot, homme remarquable par ses talents et plus encore par ses mœurs sévères et son caractère indépendant, fut chargé de la représenter aux états généraux et ensuite à la convention. Quand le parti de la montagne triompha au 31 mai, Buzot fut proscrit, avec plusieurs autres de ses collègues, et plus tard mis hors la loi. Ces proscrits se réfugièrent dans les départements de Eure et du Calvados, à Caen et à Évreux, où ils espéraient pouvoir réunir autour d’eux une majorité de Français, et établir un gouvernement capable d’anéantir le régime de la terreur. Le 4 juin 1793, le conseil général s’adjoignit deux membres de chaque administration de district, pour défendre la convention, dominée par la commune de Paris ; des corps armés du Calvados et d’Ille-et-Vilaine arrivèrent à Évreux pour soutenir les insurgés. Cependant la convention rassembla des troupes, et se disposait à employer toute sa sévérité contre la ville d’Évreux ; mais la défection de Puisaye et le canon tiré à Brécourt ayant désabusé les bourgeois, ils abandonnèrent leurs chefs et rentrèrent à Évreux, où iis rétractèrent toutes les adhésions données aux différents arrêtés du conseil général.

Évreux, vue de son ancien cimetière, vers 1830 - gravure reproduite et retouchée numériquement par © Norbert Pousseur
Évreux, vue de son ancien cimetière, vers 1830
gravure de Danicir (?), extraite de la France pittoresque d'Abel Hugo - 1835
Collection personnelle

 

Évreux est situé dans une jolie vallée fermée de coteaux au nord et au sud, et arrosée par la rivière d’Iton, qui se partage en trois bras avant de baigner de ses eaux vives et transparentes les différents quartiers de la ville. De tous côtés, Évreux est environné de jardins, de vignes, de prairies, qui en rendent les dehors très agréables.
L’enceinte du Ve siècle est encore en grande partie dessinée par d’épaisses murailles et par des restes de profonds fossés. Sur une éminence qui domine au nord la vallée, une tranchée profonde indique encore un ancien poste d’observation ; Le château, qui avait dans la cité une enceinte à part, avait été remplacé en 1652 par une habitation à l’usage des ducs de Bouillon ; il est aujourd’hui affecté à l’hôtel de ville. C'est sur l’emplacement de l’ancien donjon que s'élève la tour de l’Horloge.

La cathédrale d'Évreux vers 1850 - gravure reproduite et retouchée numériquement par © Norbert Pousseur
La cathédrale d'Évreux vers 1850
gravure de Rouargue frères
Collection personnelle

 

L’église cathédrale est l’édifice le plus remarquable d’Évreux. Cette église, construite avec beaucoup d’art, existait, disent les historiens, longtemps avant que Rollon pénétrât en Normandie. Reconstruite vers 1030, incendiée en 1119 et rebâtie par Henri 1er, elle offre, dans les deux travées de la nef les plus voisines du transept, des restes de constructions du XIe siècle ; seize piliers romans séparent la nef et le chœur d’avec les chapelles et les bas-côtés. Sa forme est celle d’une croix, dans le milieu de laquelle, c’est-à-dire entre le chœur, la nef et les bras de la croisée, s’élève une espèce de dôme octogone, bâti en pierres de taille, et soutenu par quatre piliers. Ce dernier ouvrage a été construit aux frais de Louis XI, par l’entremise et par les soins du cardinal la Balue, lorqu’il était évêque d’Évreux. Au-dessus de ce dôme est un Clocher fort haut, d’un ouvrage délié et en même temps solide, couvert de plomb, tout percé à jour, et terminé en forme de pyramide. Le portail du nord mérite de fixer l’attention par la richesse et la délicatesse de son architecture, ainsi que les vitraux, qui offrent des détails curieux. Les vitraux de la chapelle de la Vierge, des rosaces des deux transepts, ceux du chœur, quelques-uns de la nef et des chapelles des bas-côtés, offrent des peintures pleines d’intérêt sous le rapport de l’art et de l’histoire.

Façade de la cathédrale d'Évreux vers 1845 - gravure reproduite et retouchée numériquement par © Norbert Pousseur
Façade de la cathédrale d'Évreux vers 1845
gravure de F. A. Pernot, extraite du Dictionnaire de toutes les communes de la France
Girault de Saint-Fargeau - 1851
Collection personnelle

 

L’abbaye de St-Thaurin, fondée vers 660 sur le tombeau de l’évêque de ce nom, détruite par les Normands, rebâtie de 996 à 1026 par Richard II, duc de Normandie, ravagée de nouveau et de nouveau relevée, porte dans ses ruines la date des différents âges de l’art jusqu’à la renaissance. C’est dans la branche de la croix au midi, du côté extérieur, qu’il faut chercher les vestiges des premières constructions. Dans un petit abside et une portion du transept méridional, on remarque un précieux débris d’architecture byzantine du Xe au XIe siècle. On voit encore, à l’extérieur de ce même transept, plusieurs arcades romanes séparées par un fût mauresque, et remplies de mosaïques d’un ciment rouge et bleu, disposées en losanges. Cette église a conservé la châsse de saint Taurin, monument d’un travail très précieux, exécuté dans le XIIIe siècle. Les vitraux du chœur présentent plusieurs tableaux épisodiques de la vie de ce saint. Une partie du cloître, qui date de la renaissance, est aussi fort remarquable.

La Tour de l'Horloge d'Évreux vers 1840 - gravure reproduite et retouchée numériquement par © Norbert Pousseur
La Tour de l'Horloge d'Évreux vers 1840
gravure de Gaucherel, extraite L'Univers - France
du dictionnaire encyclopédique
M. Lemaitre - 1845
Collection personnelle
La Tour de l'Horloge d'Évreux vers 1830 - gravure reproduite et retouchée numériquement par © Norbert Pousseur
La Tour de l'Horloge d'Évreux vers 1830
gravure de Rauch, extraite du
Guide pittoresque du voyageur en France - 1838
Collection personnelle

 

On remarque encore à Évreux la tour de l’Horloge, monument élégant et hardi, surmonté d’une pyramide couverte en plomb d’une grande légèreté ; la bibliothèque publique, contenant 8,000 volumes ; le jardin botanique ; la préfecture ; l’évêché ; les prisons ; le parc ; les promenades.

 

L'Évèché d'Évreux vers 1840 - gravure reproduite et retouchée numériquement par © Norbert Pousseur
L'Évèché d'Évreux vers 1840
gravure de Théron, extraite du Magasin pittoresque - 1850
Collection personnelle

 

À 2 km d’Évreux était la magnifique résidence de Navarre, construite par le duc de Bouillon, sur remplacement d’une maison de plaisance de la reine Jeanne de Navarre, et où se tint en l789 une réunion de la noblesse du bailliage d’Évreux. — En 1810, l’impératrice Joséphine, ayant reçu ce domaiqe.de Napoléon après son divorce, y résida pendant deux ans. — Le château a été démoli eu 1836, les plantations abattues, les bassins comblés ; le principal cours d’eau appliqué à des usines, et les terrains mis en culture : il ne reste en ce  moment qu’un pavillon connu sous le .nom de petit château, qui fut construit en 1749 pour recevoir une visite de Louis XV.

 

La cathédrale et l'Évèché d'Évreux vers 1860 - gravure reproduite et retouchée numériquement par © Norbert Pousseur
La cathédrale et l'Évèché d'Évreux vers 1860
gravure de L. Robock extraite de La Normandie - William Duckett - 1866
Collection personnelle

 

Biographie.
Évreux est le lieu, de naissance de :

  • Guillaume d’Évreux, compositeur de musique et littérateur du XIIe siècle.
  • Charles ix Mauvais, roi de Navarre.
  • Simon Vigor, archevêque de Narbonne, théologien et controversiste.
  • P. Delangle, évêque de Boulogne.
  • Ph. le Brasseur, auteur d’une Histoire du comté d’Évreux.
  • F. Buzot, membre distingué de l’assemblée constituante et de la convention nationale, mis hors la loi par décret du 9 thermidor an Ier (28 juillet 1799) ; il évita l’effet de ce jugement, mais il fut trouvé assassiné dans un champ du département de la Gironde. On voyait naguère à Évreux les débris de sa maison, démolie en 1793 par ordre de la convention.
  • Du lieutenant général Turreau de Gabambouville, ambassadeur aux Etats-Unis en 1804.
  • De l’acteur Chéron, qui fit longtemps les délices des habitués de l’Opéra-Comique.

 

 

Évreux, plein cadre, vers 1850 - gravure reproduite et retouchée numériquement par © Norbert Pousseur
Évreux, plein cadre, vers 1850
Gravure d'Alès, détail de La carte de l'Eure de Vuillemin - 1851
Collection personnelle

 


 

Plan d'Évreux, vers 1880 - gravure reproduite et retouchée numériquement par © Norbert Pousseur
Plan d'Évreux, vers 1880, Extraite de l'Atlas géographique de Malte-Brun
Collection personnelle


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Cliquez sur chaque vue d'Évreux pour les zoomer.
La vue du 1er rang à droite, est visible affichée sur la page d'Histoire d'Évreux
La 3ème vue de la Tour de l'Horloge (juste ci-dessus)'est là pour montrer l'évolution de l'apparence de la rue.

 

 

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