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Les villes à travers les documents anciens

 

La Patagonie en Argentine vers 1830

 

Carmen et Rio-Negro en Patagonie - gravure reproduite et restaurée numériquement par © Norbert Pousseur
Village du Carmen sur le Rio-Negro en Patagonie, dessinée par Gaucherel,
gravure extraite de L'Univers, histoire et description de tous les peuples, éd. 1840


Voir aussi en ces pages :
Buenos-Aires

 

Rubriques extraites du Dictionnaire de Géographie universelle ancienne et moderne d'Ennery et Hirt, édition 1839

PATAGONIE ou Terre-Magellanique, découverte, en 1519, par Magellan. Les Européens comprennent sous ce nom l’extrémité méridionale du continent américain, que Balbi désigne aussi par celui d’Amérique indigène indépendante, en y adjoignant les petits états épars dans les vastes solitudes que les nouveaux états de l’Amérique méridionale regardent comme des parties intégrantes de leurs territoires.
La Patagonie s’étend entre 35° et 54° lat. S., et a une superficie d’environ 22,000 milles carrés géographiques. Ses limites sont : au N. la république de Rio-de-la-Plata, à l’E. l’Océan Atlantique, au S. le détroit de Magellan qui la sépare du groupe d’îles appelé Terre-de-Feu ; enfin à l’O. le Grand Océan, la rép. du Chili et l’Araucanie. Les principaux cours d’eau de la Patagonie sont : le Rio-Négro ou Cusu-Lenrou, fleuve important qui peut servir, dit M. Parchappe, à établir une communication directe avec le Chili, puisqu’il conduit à ce fameux col des Andes, que les neiges n’obstruent dans aucune saison, le Rio-Camarones (fleuve des Homards), le Port-Désiré, le Santa-Cruz et le Rio-Gallego ; tous ces fleuves se jettent dans l’Océan Atlantique, mais les trois derniers ont un cours très borné, bien que le Gallego, par exemple, soit remarquable par la rapidité et le volume de ses eaux et que la marée fait monter, d’après des explorations récentes, jusqu’à 46 pieds anglais.

A l’O., la Cordillère des Andes court le long des côtes ; elle y offre encore des pics élevés, couverts de neige, éternelles et plusieurs volcans, dont le plus méridional parait être le los Gigantes, sous 52° lat. S. La hauteur des Andes diminue en allant vers le S., où elles se perdent au cap Froward, dans le détroit de Magellan ; on en reconnaît la continuation, au-delà de ce détroit, dans l’archipel de la Terre-de-Feu, et le cap Horn doit être regardé comme l’extrémité méridionale de cette puissante Cordillère. La côte occidentale de la Patagonie est rocheuse, élevée, abrupte, mais déchirée et offrant de nombreux canaux, des baies et un grand nombre d’iles ; le Rio-San-Tadeo est le principal cours d’eau qui se précipite du versant occidental des Andes et se jette dans le Grand Océan. Cette côte du reste est moins connue que la côte orientale qui est en général plate, sablonneuse, offrant toutefois quelques beaux mouillages, tels que les golfes de St.-Antoine et de St.-George. Les côtes manquent presque totalement d’arbres, mais offrent, selon le dire du voyageur Weddell, de bons pâturages.
L’intérieur est presque inconnu ; l’immense plaine qui du versant oriental des Andes s’étend vers l’Atlantique est généralement nue, mais remplie de marais, de lacs et de steppes. Les pampas s’étendent depuis 40° lat. S. jusqu’à 45° ; sablonneuses et marécageuses et sont parcourues par les tribus Puelches ; au-delà de 45° le pays est désigné sur les cartes espagnoles par le nom de Comarca desierta, pays désert ; ce sont les contrées habitées par les Tehuelches ou Patagons. Ce vaste pays, dénué de culture et de forêts, n’est cependant pas stérile et offre de superbes pâturages. On y rencontre des troupeaux considérables de buffles et des chevaux sauvages, des guanakos, des autruches, des lièvres et des renards, des tapirs, une foule innombrable de perdrix dans les pampas, des phoques et des baleines sur les côtes et dans la mer riveraine.
La végétation, comme nous l’avons déjà dit, est très pauvre, sauf sur le versant occidental des Andes, où l’on trouve de belles forêts ; quant aux richesses minérales de la Patagonie, elles sont encore complètement ignorées. Plus au sud, le pays prend un aspect tout à fait misérable et désert ; le climat devient de plus en plus froid et nébuleux ; des ouragans fréquents et des vents terribles balayent la terre ; la végétation est rabougrie et seul de tous les arbres on y rencontre encore le bouleau (Betula antarchica) qui ne dépasse jamais la hauteur de 6 1/2 mètres.

Les habitants de la Patagonie appartiennent à deux branches différentes de peuples : à l’O. des Andes habitent les Huilliches et les Pehuenches ; dans les vastes solitudes du versant oriental vivent les tribus des Puelches et des Tehuelches. Les premiers s’étendent bien au-delà du Rio-Negro et habitent dans les pampas méridionaux de la république d'Argentine ; plusieurs des tribus de cette peuplade guerrière et brave ont été réunies par le fils d’un Européen et d’une indienne, nommée Pincheira. Il a arboré le drapeau espagnol et s’est rendu redoutable aux états voisins.
Les Tehuelches sont la nation la plus nombreuse de la Patagonie et c’est à ceux que Magellan a donné le nom de Patagons. On a pendant longtemps répandu les bruits les plus absurdes sur ce peuple et sa colossale grandeur. Des explorations récentes ont confirmé seulement le fait de la haute taille des Tehuelches, dont le plus grand nombre a 6 et même 7 pieds de hauteur. Les Patagons s’enveloppent le corps jusqu’à la hauteur des genoux avec une grande peau de vigogne et entourent leurs genoux de bandelettes ou lanières de cuir pour se préserver du frottement de la selle, car ils sont toujours à cheval. Ils se peignent le visage de différentes couleurs, sans suivre de règle fixe en ce point ; leurs traits ont une certaine ressemblance avec ceux des Chinois. Leurs femmes montent à cheval de la même manière que les hommes et ont des vêtements semblables. Ils établissent des huttes en terre dans les endroits riches en vigognes ; car ce gibier fait leur seule nourriture, et ils échangent de résidence dès que sa rareté se fait sentir ; ils poursuivent les vigognes à cheval, aidés d’un grand nombre de chiens et les prennent au moyen du lasso, espèce de lacet qu’ils lancent avec beaucoup de dextérité, ou du bola, longue lanière de cuir, avec une boule en métal au bout, qu’ils lancent également. Leur religion et les lois de leurs sociétés nomades ne sont qu’imparfaitement connues.
Les habitants les plus misérables de la Patagonie sont les Péchérais ou Yacanæus, la peuplade la plus australe de l’Amérique du Sud ; elle vit dans les tristes contrées qui avoisinent le détroit de Magellan, ainsi que l’archipel de la Terre-de- Feu. C’est une des races d’hommes les plus abâtardies que nous connaissons : petits et faibles, ils ont l’intelligence tellement bornée, qu’on peut à peine leur donner le nom d’hommes ; leur abrutissement n’est égalé, dit-on, que par celui des habitants du N.-O. de l’Australie ; ils vivent de coquillages, qu’ils ramassent sur la plage, de la pêche et de la prise des phoques qu’ils tuent à coup de flèches. Malgré la rigueur du climat, ils n’ont qu’un vêtement très incomplètement fait de peaux de phoque ou de la fourrure de quelques animaux sauvages qui peuplent la côte méridionale de la Patagonie.

Nous devons faire remarquer sur la côte occidentale de la Patagonie, qu’explora, en 1826, le capitaine anglais King, l’archipel de Chenos ; la presqu’ile de Tres-Montes, qui tient au continent par l’isthme étroit d’Osqui ; les îles de Guayneco ; l’île de Campana, séparée, par le canal de Fallo, de l’île désignée par le capitaine King par le nom de Wellington et du continent par le canal Mesier ; l’archipel Madre-de-Dios ; la grande île de Hannover ; l’archipel de la Reine-Adélaïde ; le pays du Roi Guillaume IV, presqu'île qui tient au continent par l’isthme de Pinto ; enfin la presqu'île de Brunswick, dont la pointe méridionale est le cap Froward, cité plus haut, et sur la côte orientale de laquelle est situé Port-Famine. Ce port est situé sur l’emplacement de Ciudad- Real-de-Felipe ou de Filippoli, forteresse établie, en 1582, par Sarmiento, auquel le roi Philippe Il avait donné l’ordre d’assurer aux Espagnols la domination du détroit de Magellan. On prétend que la garnison de 400 hommes, qui y fut laissée, périt de faim après le départ de Sarmiento ; mais l’aspect des environs de Port-Famine rend cette assertion tout à fait improbable, fait qu’il faut attribuer à l’imprévoyance et à l’anarchie qui désolèrent la nouvelle colonie. Le port Désiré (Puerto-Deseado) et le port de St.-Julien, tous deux découverts par Magellan et visités après lui par plusieurs navigateurs, sont aujourd’hui assez connus et fréquentés par un grand nombre de bâtiments que la pêche de la baleine attire dans ces parages.


Port Désiré en Patagonie - gravure reproduite et restaurée numériquement par © Norbert Pousseur
Mouillage et ruines espagnoles à Port Désiré en Patagonie, dessinée par Gaucherel
gravure extraite de L'Univers, histoire et description de tous les peuples, éd. 1840

 

Note : certains des propos négatifs sur les peuplades de la Patagonie et de l'Australie ne correspond en aucun cas aux opinions de l'auteur de ce site ; il faut y voir l'expression des intellectuels de l'époque qui étaient persuadés que leur mode de pensée était la seule possible et valable.

 

 

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