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Vue générale d'Angoulême vers 1830
Gravure d'un dessin de Charles Rauch, publiée dans le 'Guide pittoresque du voyageur en France' - 1838
Description extraite du 'Guide pittoresque du voyageur en France' - 1838
ANGOUGLèME. Grande et très ancienne ville, chef-lieu du département. Tribunaux de première instance et de commerce. Chambre consultative des manufactures. Société d’agriculture, arts et commerce. Collège communal. évêché. Bureau de poste. Relais postal. Population 15,186 habitants.
Une opinion vulgaire et évidemment erronée attribue la fondation de cette ville à Angelinus Marrus, capitaine romain, qui vivait 531 ans avant l’ère chrétienne. Des médailles qu’on y a déterrées sont les seuls témoignages de son existence du temps des Romains. Il paraît toutefois qu’elle était la capitale des peuples connus sous le nom d’Agésinates, qui occupaient l’Angoumois. Ausone, qui vivait au IVe siècle, est le premier qui parle de cette capitale des Agésinates, sous le nom d'Iculisma, et il en parle comme d’un lieu solitaire et écarté. La ville d’Angoulême, après avoir été réunie à la couronne, fut cédée aux Anglais après la bataille de Poitiers ; mais ses habitants, indignes de passer sous le joug de l’étranger, chassèrent les soldats de leurs murs. Une telle conduite fui appréciée par Charles V, qui en fit l’apanage des fils de France. Si les situations élevées des villes sont loin d’être propices, comme celles de plaines, aux rapports faciles et commodes des habitants, il faut convenir que leur aspect flatte et intéresse le voyageur, qui trouve toujours une grande variété de tableaux dans un sol accidenté, dans ses anfractuosités et ses mouvements. Tel est le site d’Angoulême, bâtie sur une montagne hérissée de rochers, qui domine au loin toute la contrée, et au bas de laquelle coule la Charente.
On parvient à la ville par quatre rampes, deux à l’Houmeau et deux à Saint-Pierre. Les deux rampes de l’Houmeau, dont une descend de la porte Chandos dans le faubourg, et l’autre de la porte du Palet au pont de Saint-Cybard, ont été commencées en 1740. Elles sont encore très roides néanmoins, mais traitées avec plus d’intelligence que l’ancienne rampe de Saint-Pierre, construite postérieurement, et presque impraticable pour les voitures, qui ne pouvaient passer, il y a quelques années, que par la porte Chandos en faisant un long circuit pour arriver en ville. Aujourd’hui, un superbe chemin de 850 mètres (436 toises) de longueur, planté d’arbres, et qui n’a que 8 centimètres (2 pouces 11 lignes) de pente sur 195 centimètres (6 pieds), descend de la porte de Saint-Pierre, et va jusqu’en bas du faubourg de ce nom se joindre à la route de Paris à Bordeaux. Il se replie sur lui-même, après avoir, dans un premier circuit, embrassé près de la moitié de la circonférence de la montagne sur laquelle la ville est élevée. Cette première partie du chemin se joint à la seconde en formant une belle rotonde plantée d’arbres, environnée de bancs de pierre, et au milieu de laquelle s’élève une colonne d’ordre ionique, de 47 pieds de hauteur, surmontée d’un globe ; monument érigé, en septembre 1816, par les soins de M. Creuzé de Lesser, préfet, et de M. de Lambert, maire. La promenade la plus belle et aussi la plus fréquentée de la ville, est la place d’Artois, commencée en 1776, et finie en 1787. Plantée d’arbres d’espèces diverses, divisés en trois allées, une grande et deux latérales, elle est séparée des belles maisons qui la bordent de chaque côté par un garde-fou et une rue ; l’Hôtel-de-ville et la salle de spectacle la terminent à son extrémité au nord, et elle se joint à l’autre bout au rempart Desaix, qui longe avantageusement la ville jusqu’à la porte du Secours. Un inconvénient attaché à la situation d’Angoulême, et auquel il est très difficile d’obvier, c’est le défaut d’eau. Les fontaines sont abondantes au bas du coteau ; mais leur éloignement fait qu’on est obligé de transporter l’eau dans des barils, à dos de bêtes de somme, pour la vendre aux habitants : car, quoiqu’il y ait beaucoup de puits dans la ville, la plupart ne fournissent qu’une eau de mauvaise qualité, et tous sont si profonds qu’ils n’offriraient que peu de ressources eu cas d’incendie. La grande route de poste ne passe pas dans la ville ; elle traverse le faubourg de l’Houmeau, qui est au pied de la montagne, et qui renferme à peu près un quart de la population. C’est dans ce faubourg et dans les environs que sont les fameuses papeteries d’Angoulême ; c’est aussi là que se fait le principal commerce de cette ville, favorisé par un beau port sur la Charente, le long duquel règnent un quai et une promenade agréable.
Si l’on pénètre dans l’intérieur d’Angoulême, on y trouve peu d’objets remarquables. Les principaux sont : la cathédrale, surmontée d’un clocher gothique et décorée d’un antique portail ; la salle de spectacle, dont le frontispice fait face à la promenade du Cours ; la bibliothèque publique, renfermant 16,000 volumes et des manuscrits précieux ; le cabinet d’histoire naturelle, de physique et de chimie ; le Cours ; l’Obélisque ; les hôpitaux, etc.
Le Collège royal de la Marine mérite aussi de fixer l’attention. Créé en exécution d’une ordonnance royale du 3i janvier 1816, ce collège a été ouvert, le ier janvier 1818, dans un superbe bâtiment qui avait été primitivement destiné à recevoir un dépôt de mendicité, et dont la construction, commencée en 1811, était à peine achevée. Il est situé au pied de la ville, dans le faubourg de l’Houmeau, près de la route de Limoges. L’instruction que l’on y donne aux enfants, qui n’y peuvent entrer que de treize à quinze ans inclusivement, est purement théorique, et comprend les belles-lettres, l’histoire, la langue française, la langue anglaise, les mathématiques, l’hydrographie, le dessin et la géographie. Les élèves, en sortant de cette école, sont dirigés sur Rochefort, où, avec le titre d’élèves de la marine de deuxième classe, ils reçoivent, sur les bâtiments, l’instruction pratique qu’ils doivent acquérir.
On doit visiter, aux environs d’Angoulême, la source de la Touvre, la plus belle de France après celle de Vaucluse ; la fonderie et la forge de Ruelle, affectées au service de la marine. Angoulême possède un grand nombre de maisons d’éducation renommées, très fréquentées surtout par les demoiselles de Bordeaux et de Limoges, qui y perdent bientôt l’accent du midi, dont on n’aperçoit aucune nuance à Angoulême. On y parle même très purement le français ; et c’est une chose remarquable que, placée à 120 lieues de Paris, et seulement à 30 lieues de Bordeaux, elle n’éprouve aucune influence de ce voisinage, et qu’on n’ait pas plus d’accent à Angoulême qu’à Paris. On trouve chez les habitants le bon ton des sociétés choisies, joint à une grande affabilité ; les femmes surtout se distinguent par la beauté de leurs traits, par une grande fraîcheur de teint, par une jolie tournure et par l’enjouement de leurs manières. Angoulême est le lieu de naissance de Marguerite de Valois, sœur de François Ier, princesse la plus accomplie de son siècle, et l’ornement de la cour de France par sa beauté, sa douceur, son esprit éclairé et l’élégance de ses manières. François Ier la chérissait tendrement, et l’appelait sa mignonne et la marguerite des marguerites. C’est à tort qu’on a soupçonné ses mœurs de ne pas être très pures, parce que l’on trouve dans ses contes, le plus connu de ses écrits, une liberté qui approche souvent de la licence. Mais il faut se rappeler que c’était là le bon ton de la cour et le langage des honnêtes gens, et que son style est encore plus décent que celui de quelques sermons du temps. On a de cette femme aimable et spirituelle : l’Heptaméron, ou les Nouvelles de la reine de Navarre ; le Miroir de l’âme pécheresse, et la Marguerite des Marguerites. Le portrait de cette princesse, qui accompagne ce texte, est tiré d’un manuscrit inédit de la Bibliothèque du roi.
Fabriques de serges, siamoises. Nombreuses et belles papeteries, dont les produits jouissent d’une réputation très étendue et justement méritée ; nombreuses distilleries d’eau-de-vie. Blanchisseries de cire, belles faïenceries, tuileries, chamoiseries, maroquinerie. Raffineries de sucre. Manufacture d’armes. — Aux environs, forges et fonderie de canons.
Commerce de grains, vins, eau-de-vie, esprits, chanvre, lin, truffes, châtaignes, safran, épicerie, savon, bois merrain, bouchons de liège, liège en planches, fer, cuivre, etc. Entrepôt de sel. Entrepôt de toutes les denrées transportées par la Charente pour Rochefort et les départements voisins. Entrepôt du commerce de Bordeaux et de la majeure partie des départements méridionaux. A 31 lieues de Poitiers, 24 lieues de Limoges, 118 lieues de Paris. Hôtels de la Poste, du Grand-Cerf, de la Table-Royale, du Cheval-Blanc, de la Croix-d’Or.
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