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Texte et gravure A cet endroit le Rhin forme comme un grand lac entouré de montagnes : — coteaux riants que recouvre le pampre vert ; — ruines éparses çà et là, toutes chargées de lierre et de souvenirs ; tout au loin des villages qui semblent courir en toute hâte pour regagner Coblentz. Il faut dire aussi qu’avant d’arriver à cet endroit pittoresque du fleuve vous avez parcouru d’admirables sentiers. Vous avez salué Liebenisch, le château des princes d'Orange ; vous avez laissé à votre droite le bourg de Saint-Marc, bâti sous l’invocation du saint par le belliqueux Jean de Ilesse-Darmstad ; vous avez parcouru lentement la vallée sauvage remplie de mines de cuivre et d’argent, qui se cache sous la vapeur bruyante de ses hauts-foumeaux. — Ici s’élève, entier encore, le château de Maesbourg, qui a été une formidable prison d’Etat ; plus loin le village de Brey se montre à demi caché sous les arbres fruitiers ; sur les montagnes et tout au bout de cette vaste plaine, vous distinguez encore les vestiges du château de Rheinberg, formidable déjà au XVe siècle. Approchez encore et, avant de vous reposer à Stolzenfelz, asseyez-vous sur le Siège Royal ( Kœnigsstuhl). Cette place, à présent si riante, et que le voyageur foule d'un pied tranquille, était autrefois le lieu de rendez-vous des électeurs du Rhin, quand il fallait traiter des affaires publiques ; à cette place ont été élus plusieurs comme empereurs d'Allemagne, plusieurs aussi ont été découronnés. Là ont été conclues des paix d’un jour, ont été décidées de longues guerres. De cette vaste salle, il ne reste plus que quelques pierres. Quand cette immense rotonde était debout, il y avait sous cette voûte sept fauteuils de pierres pour les sept électeurs. Sept colonnes portaient cette voûte chargée d’armoiries. C’est que à cet endroit venaient se réunir les quatre territoires des quatre électeurs du Rhin. Chacun d’eux n’avait qu’à faire un pas hors de ce domaine pour être tout porté à l’assemblée. C'est la révolution française, cette grande dévastatrice, qui a renversé le Kœnigsstuhl ! — De l’autre côté du Rhin, après une longue délibération prise au Siège Royal, et dans cette petite chapelle que vous voyez là-bas, a été privé de la dignité impériale l’empereur Wenceslas. Dans ce château, dont les ruines sont imposantes et sévères, les électeurs de Trêves venaient autrefois avec toute leur cour pour y passer leurs belles journées de puissance et d’éclat. C’étaient, vous pouvez le voir encore, des tours formidables ; c’étaient de hautes murailles; c’étaient de vastes appartements ; c’étaient de sombres souterrains ; c’était tout l’éclat et en même temps toute la force de la féodalité la plus puissante et la plus brillante. Que de bruits d’armes dans ces murs ! Quelles fêtes ! Mais le temps est venu qui a imposé sa main de fer sur ces murailles ; mais, plus rapide et plus haineuse que le temps, est venue la guerre qui s’est mise à démolir cette œuvre de géants. Cependant ni le temps, ni la guerre, n’ont pu venir à bout tout-à-fait du château de Stolzenfelz. Ils ont bien renversé quelques créneaux, éventré quelques murailles, brisé quelques voûtes, mais le château est resté debout malgré tous les efforts réunis de la faux du temps et du canon des Français. Ces hautes tours sont restées debout à moitié brisées; ces murailles sont restées debout à moitié démolies. Levez les yeux : même dans ses ravages, vous reconnaîtrez encore les fines dentelures, les sculptures délicates, les pierres devenues dentelles, les longs escaliers presque démolis qui conservent encore la grâce de leurs contours; les longues ogives, les fines colonnades, ces entassements de toutes choses qui contribuent si fort à la majesté des ruines. Donc, à quoi sert de porter des mains profanes sur les vieux restes des temps passés ? Ne voyez-vous pas que vous commettez un crime inutile ? Qu’une seule pierre reste debout, de toutes ces pierres que vous voulez renverser, elle prononcera votre condamnation aux yeux de Dieu et des hommes. O faiblesse et en même temps ô puissance de l’homme ! Il ne peut rien briser de ses mains, même ce qu’il a élevé de ses mains ! En 1825,la ville de Coblentz, propriétaire de ces nobles ruines, a donné le château de Stolzenfelz au prince héréditaire de Prusse, l’intelligent et royal conservateur de tous les vieux monuments de son pays. Le prince a accepté avec reconnaissance le don onéreux que lui faisait la ville de Coblentz, dans un acte magniflquement écrit sur parchemin. A peine a-t-il été le maître de ce nouveau domaine, que le prince l’a entouré de sa sollicitude bienveillante. Il a pris toutes sortes de précautions contre les ravages du temps, il a relevé des voûtes, il a arraché bien des ronces, il a disposé toute une salle qu’on dirait prête à recevoir encore les anciens maîtres du vieux château ; une route très-douce qui serpente autour de la montagne, vous conduit à cette salle, et de là, à travers la fenêtre gothique où brille le soleil allemand de son pâle et naïf éclat, vous pouvez distinguer tout au loin tout le paysage entassé sur les bords du fleuve, les ruines, les vignobles, les eaux, les murmures, les villages, les barques, les radeaux, les légers bateaux que l’onde emporte en murmurant.
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