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Les villes à travers les documents anciens

Abbeville au 19ème et 18ème siècle

Abbeville au bords de la Somme vers 1850 - gravure de Rouargue reproduite et restaurée numériquement par © Norbert Pousseur
Abbeville vers 1850, gravure de Rouargue
Voir la version en couleur en bas de page (collection personnelle pour les 2 versions).


Voir aussi la département de la Somme en 1883

Texte extrait du Dictionnaire de toutes les communes de France - éd. 1851 - Augustin Girault de Saint Fargeau
(collection personnelle).

ABBEVILLE, Abbatis Villa, Alba Villa, ancienne, grande et forte ville maritime, Somme, ci-devant capitale du Ponthieu (Picardie), chef-lieu de sous-préfecture et de deux cantons, place de guerre de 4e classe. Tribunaux de 1ère instance et de commerce, chambre de commerce, conseil de prud'hommes, chambre consultatives des manufactures, société royale d’émulation pour les sciences et belles-lettres, collège communal ; 4 cures, direction des douanes, entrepôt réel, syndicat maritime de St-Valery, dépôt royal d’étalons, gîte d’étape, bureau de poste. Pop. 17,582 habitiants. Terrain tertiaire moyen. — Etablissement de la marée du port, 11 h. 20 m.

Autrefois capitale du comté de Ponthieu, diocèse et intendance d’Amiens, parlement de Paris, bureau des postes, élection, gouverneur particulier, présidial, bailliage, sénéchaussée, maîtrise des eaux et forêts, amirauté, juridiction consulaire, grenier à sel, bureau des aides et cinq grosses fermes, traites foraines, bureau du tabac, lieutenance de maréchaussée, casernes, eaux minérales, moulins à poudre, 14 paroisses ; prieuré ordre de St-Benoît ; 2 abbayes de filles ordre de Cîteaux, commanderie de Malte, chartreuse, couvent de Cordeliers, de Minimes, de Carmes déchaussés, de Dominicains et de Capucins ; de Carmélites et de Minimesses.

Histoire
Suivant d’anciens historiens, il existait avant la conquête des Gaules par César, sur l’emplacement occupé aujourd’hui par la ville d’Abbeville, une antique bourgade, qui ne pouvait plus contenir tous les habitants des environs qui s’y étaient réfugiés. Alarmés par l’approche des troupes romaines, les habitants s’établirent sur le terrain environné par la Somme, et formèrent par la suite de cet emplacement une ville fortifiée. Cependant, s’il faut en croire les auteurs de la description historique du département de la Somme, Abbeville, Abbatis Villa, n’est pas une cité fort ancienne. Ce n’était, dans le Xe siècle, qu’une maison de campagne, appartenant à l’abbé de St-Riquier, que Hugues fit fortifier en 992, et où il établit Hugues Capet, son gendre, pour arrêter de nouvelles incursions des Danois et des Normands, par l’embouchure de la Somme ; ces anciens travaux de défense ont été remplacés par des fortifications élevées d’après le système de Vauban. Vers ce temps, Abbeville devint la capitale du Ponthieu, et la résidence des comtes de ce nom.
Cette ville servit de boulevard contre la puissance des comtes de Flandre. En 1130, Guillaume de Talvas accorda aux habitants d’Abbeville le droit de commune, qui leur fut authentiquement confirmé par une charte que leur vendit Jean, comte de Ponthieu. La commune d’Abbeville faisait, dans ces temps reculés, battre monnaie en son nom. Pendant le XVe siècle, cette ville eut beaucoup à souffrir de l’invasion des Anglais ; les habitants parvinrent à s’en délivrer en 1369. Plus tard, elle retomba sous la domination anglaise, qui respecta ses privilèges. Charles VII, après avoir chassé les Anglais, abandonna au duc de Bourgogne Abbeville et toutes les places sur la Somme. Louis XI racheta cette ville pour 400,000 écus d'or, stipulés au traité d’Arras, en 1463 ; mais il fut forcé de l’abandonner de nouveau au duc de Bourgogne, qui fit serment de garder ses privilèges et ses franchises, et qui, au mépris de cette promesse, éleva dans son enceinte, en 1471, une forteresse que les habitants rasèrent en peu d’heures, en 1587, époque où la place était commandée par le duc d’Aumale, qui suivait alors le parti de la Ligue. On trouva dans les décombres cette inscription, gravée sur une pierre :

L’an mil quatre cent soixante-onze,
Moi, Charles, duc de Bourgogne,
J’ai ce château ici mis,
En dépit de mes ennemis.

Abbeville a réuni dans ses murs les chefs de la troisième croisade. C’est dans cette ville que Louis XII épousa, avec une pompe vraiment royale, la sœur de Henri VIII, roi d’Angleterre, le 9 octobre 1514 ; c’est également dans Abbeville que Louis XIII, pendant le siège d’Hesdin, en 1637, voua son royaume à la Vierge, en présence du cardinal de Richelieu. C’est aussi dans cette ville que fut assassiné juridiquement le jeune chevalier de la Barre, âgé de quinze ans, accusé d’avoir chanté des chansons licencieuses, et d’être passé près d’une procession sans avoir ôté son chapeau ; les juges d’Abbeville, par sentence rendue le 28 février 1766, le condamnèrent à recevoir la question ordinaire et extraordinaire, à avoir la main droite coupée à la porte de la principale église, à souffrir l’amputation de la langue, à être décapité et ensuite jeté dans les flammes. Cette abominable sentence, confirmée par le parlement de Paris le 5 juin 1766, fut exécutée à Abbeville le 1er juillet de la même année.

Les armes d’Abbeville sont d’or, à trois bandes d’azur à la bordure de gueule, au chef d’azur chargé de trois fleurs de lis d’or, avec la devise semper fidelis. Ces armes lui furent accordées par lettres patentes de Charles V, datées du bois de Vincennes, juin 1369, en récompense de la fidélité qu’elle avait gardée au roi de France.

Article plus complet sur l'Histoire d'Abbeville, d'Aristide Guilbert, en ces pages

 

Situation
Cette ville est située dans une agréable et fertile vallée, de 4,000 mètres de large environ ; la rivière de la Somme, en y entrant, s’y divise en plusieurs bras, et communique à l’Oise par le canal de St-Quentin ; le reflux de la mer y remonte d’environ 2 mètres au-dessus du niveau ordinaire, et y amène des bâtiments de 100 à 150 tonneaux.
Abbeville peut se diviser en 3 parties ; la 1ère est le milieu, qui est l’ile ; la 2e, la partie habitée sur la rive droite du côté de St-Riquier, sur une pente douce et imperceptible ; la 3e, qui est la moindre, est sur la rive gauche de la Somme. Trois autres petites rivières arrosent encore la principale partie d’Abbeville, y font tourner un grand nombre de moulins, et alimentent plusieurs manufactures. A l’exception d’un petit nombre d’hôtels en pierre de taille, de quelques maisons en pans de bois, qui fixent l’attention des amateurs d’antiquités, la ville est presque entièrement construite en brique. Une maison, celle de Shlincourt, située place St-Pierre, mérite d’attirer les regards ; une autre maison, moins remarquable, mais plus agréable peut-être, est l’hôtel de l’Europe, le plus vaste de la ville et peut-être de la Picardie ; il est voisin de la porte d’Amiens. Plus près de la même porte est l’hospice des enfants trouvés, dont la façade se présente avantageusement lorsqu’on l’aperçoit des remparts, du haut desquels on voit sa façade s’élever au bout d’une enfilade de jardins. L’intérieur de la ville offre quelques rues assez larges ; mais pour la plupart elles sont étroites, mal percées et mal pavées.
Le rempart est la principale promenade d’Abbeville ; il offre une continuité de belles allées, mais point de belle vue, parce que les campagnes environnantes, exclusivement consacrées à la culture des céréales, sont aussi tristes que bornées. La vue serait plus belle du côté de la Somme ; mais les remparts ne règnent point jusque-là ; ils sont remplacés de ce côté par des promenades en forme de quai, qui s’étendent sur le bras de la Somme destiné à la navigation. Sur la rive droite de ce bras est une fontaine d’eau minérale ferrugineuse, très renommée, dont les habitants du quartier font usage pour leur boisson ordinaire.
L’eau de cette fontaine a été analysée, en 1739, par le Maire, qui a reconnu que l’eau contenait du vitriol martial en assez grande quantité, du sel marin, du sel de Glauber, du sel sélénique et du bitume liquide. L’eau minérale d’Abbeville, de même que toutes les eaux minérales ferrugineuses, a la propriété d’être rafraîchissante, émolliente, apéritive, diurétique et purgative, et, comme cette eau abonde en principes qui ont toutes ces propriétés, il s’ensuit qu’elle est une de celles de la même nature qui a le plus d’efficacité.

 

Eglise St Vulfran d'Abbeville  vers 1850 - gravure reproduite et restaurée numériquement par © Norbert Pousseur
Eglise St Vulfran d'Abbeville, gravure exttraite de la France pittoresque de d'Abel Hugo - 1835
(collection personnelle).

Parmi les monuments qui décorent Abbeville, on distingue surtout l’église St-Vulfran, la tour du beffroi, la caserne et l’hospice des enfants trouvés.  L’église de St-Vulfran a été désignée par l’autorité comme un des édifices susceptibles d’être classés au nombre des monuments historiques. Le portail, construit sous le règne de Louis XII et par les soins du cardinal Georges d’Amboise, est vraiment magnifique : il présente une ordonnance régulière et élégante. Les statues de saints qui le décorent sont remarquables par la singularité de leurs costumes, et les divers ornements dont ils sont chargés. Les tours ont environ 66 mètres de hauteur ; elles portent, comme tout le reste de cette église, l’empreinte du style du XVe siècle. La partie inférieure de la façade présente trois grands portiques pratiqués sous de profondes voussures en ogive, et surmontés de frontons évidés. On y arrive par un perron formant parvis bordé par un parapet en pierre, auquel on monte par deux marches. La porte en bois du grand portail est curieuse, à cause de ses sculptures ; elles représentent les douze apôtres et les mystères de la Vierge. On lit sur cette porte, à l’intérieur de l’église :

VIERGE AULX HUMAINS LA PORTE D’AMOUR ESTE.
IN VIRTUTE LAB0R 1550.

L’intérieur de l’édifice est resté incomplet ; il n’offre qu’une nef, deux bas-côtés, et six chapelles d’une structure régulière, élégante et hardie, dont les voûtes en ogive présentent plusieurs sections formées par le croisement de nervures disposées en différents sens. Toutes les clefs des voûtes de la nef et des bas-côtés sont décorées d’écussons armoriés des bienfaiteurs de cette église.

Place centrale d'Abbeville vers 1850 - gravure de Rouargue reproduite et restaurée numériquement par © Norbert Pousseur
La place près de St Vulfran, gravure exttraite de la France illustrée de Jules Verne - 1876
(collection personnelle).

La bibliothèque d’Abbeville, fondée avant 1680, contient 15,000 volumes. On y voit les bustes des hommes célèbres à qui la ville a donné le jour, et un Evangile sur vélin pourpré et en lettres d’or, dont Charlemagne fit, dit-on, présent à Angilbert, son gendre, abbé de St-Riquier.

La salle de spectacle est moins belle que certaines maisons d’Abbeville ; le champ de foire mérite d’être vu. Il en est de même de la manufacture autrefois si renommée de Van-Robais, établie par Colbert, et où l’on continue à fabriquer des draps fins. — Dans la rue Barbafust, on voit les restes d’une ancienne maison, qui était autrefois un refuge de l’abbaye du Gard. C’est là que furent imprimées en 1486 la Cité de Dieu, de saint Augustin, la Somme rurale, de Bouteiller, et le Triomphe des Neuf Preux. De belles et vastes caves sont, avec la façade et deux arcades ogivales, que l’on voit encore dans la cour, tout ce qui reste de la construction primitive.

Industrie
Manufactures de draps fins, bouracans, kalmouks, moquettes, velours d’Utrecht, serges, tiretaines, calicots, mousselines, croisés, basins, piqués, toiles peintes, toiles de lin et de chanvre, toiles à voiles et d’emballage. Fabriques de cordages, cordes, ficelles, fil à voiles, produits chimiques, savon gras, noir de fumée, colle forte. Filatures de laine ; blanchisseries de toiles ; teintureries ; tanneries, papeteries ; construction de bateaux. Les produits de la fabrication d’Abbeville s'élèvent annuellement à environ 13,000,000 de francs, et occupent 13,000ouvriers. On distingue parmi les établissements industriels l’importante manufacture de tapis de M. Vayson, dont les riches produits ont figuré avantageusement aux diverses expositions de l’industrie nationale. La filature de M. Vayson est établie à Pont-Remy, un peu au-dessus d’Abbeville. — Extraction de tourbe, dont le dépôt a, dans les environs d’Abbeville, plus de trente pieds de puissance.

Commerce
Abbeville est une cité avantageusement située pour le commerce ; sept grandes routes y aboutissent, et offrent une facile communication entre les départements de la Picardie, de l’Artois, de la Champagne et d’une partie de la Normandie. Outre la Somme qui traverse la ville, le canal de St-Valéry lui fournit encore un moyen facile pour correspondre avec les ports situés sur les côtes voisines. — le port d’Abbeville reçoit annuellement environ 350 navires. Les principaux objets de commerce consistent en blé, menus grains, graines oléagineuses, graines de trèfle et de luzerne, vins, eaux-de-vie, cidre, huile, épiceries, lins filés, chanvre, laines, draps fins, étoffes de laine et de coton, linge de table, toiles de toute espèce, emballages communs, toiles à voiles, corderies, serrurerie d’Escarbotin. La ficellerie d’Abbeville, connue par sa bonne qualité et le bas prix de ses produits, est aussi un article de commerce important ; il en existe à Paris de nombreux dépôts. Foire de 20 jours le 22 juillet.

Abbeville est à 50 km. N.-O. d’Amiens, et 157 km. N.-N.-O. de Paris par Beauvais, 174 km. par Amiens. — Distance de Paris pour la taxe des lettres, 157 km.—Lat. 50°7’4”, long. 0° 30’ 17”.

L’arrondissement d’Abbeville est composé de onze cantons : Abbeville N., Abbeville S., Ailly-Haut-Clocher, Ault, Crécy, Gamaches, Hallencourt, Moyenneville, Nouvion, Rue, St-Valery.


Biographie.
Abbeville est la patrie de plusieurs hommes célèbres, parmi lesquels on distingue :

  • P. Duval, auteur de plusieurs traités et cartes de géographie.
  • Jean d’Estrées, (voir sa fiche sur un de mes autres sites) grand maître de l’artillerie de France, mort en 1567. Il rendit de grands services aux rois François Ier et Henri II, fut le premier qui sut donner une bonne direction à l’arme de l’artillerie, se signala à la prise de Calais en 1558, et donna, dans plusieurs autres occasions, des preuves d’un grand courage.
  • Ph. Hecquet, célèbre médecin, mort en 1737. On connaît de lui plus de trente ouvrages de médecine, dont les plus remarquables sont : le Brigandage de la chirurgie (posth.), in-12, 1738. De l’indécence aux hommes d’accoucher les femmes, et de l’obligation aux femmes de nourrir leurs enfants, in-12,1708. Le Naturalisme des convulsions dans l'épidémie convulsionnaire, in-12,1733. Cet ouvrage fut suivi de plusieurs autres écrits qui se rattachent à l’histoire des convulsions, et qui honorent la mémoire de Hecquet, puisqu’il les consacra uniquement à combattre des superstitions qui, malheureusement, se sont en partie prolongées jusqu’à notre temps, mais qui du moins n’osent plus se montrer au grand jour. Traité de la saignée, in-12,1707. Ce traité fut attaqué par Audry, et il en résulta entre les deux médecins un débat assez animé, qui donna lieu à plusieurs écrits. C’est à Hecquet, dit-on, que faisait allusion le Sage, dans le roman de Gil-Blas, en parlant du docteur Sangrado, qui ordonnait la saignée et l’eau chaude à ses malades. Traité des dispenses de carême, 2 vol. in-12,1741. Ce traité est celui de tous les ouvrages de Hecquet qui lui a procuré le plus de réputation.
  • F. de Polly, célèbre graveur-dessinateur, mort en 1693, et Nicolas de Polly, son frère, mort en 1696, qui se distingua dans le même art. Ces deux artistes ont laissé des enfants qui ont suivi leurs traces.
  • N. Sanson et G. Sanson, géographes, auteurs de plusieurs ouvrages et d’un grand nombre de caries géographiques estimées.
  • C.-H. Millevoye, l’un des poètes français les plus agréables du XIXe siècle, né en 1782, mort en 1816. Ses principaux ouvrages sont : Belzunce ou la Peste de Marseille, poème in-18, 1808 ; l’Amour maternel, poème, in-12, 1805 ; Charlemagne, poème en 10 chants, in-18,1813 ; la Bataille d’Austerlitz, poème in-12, 1806 ; les Embellissements de Paris, in-4, 1811 ; Satire des romans du jour, in-8, 1808 ; le Voyageur, pièce qui a remporté le prix décerné par l’Académie française le 1er avril 1807.
  • Sanson de Pongerville, membre de l’Institut, élégant traducteur de Lucrèce, et l’un des poètes les plus distingués de notre époque, né en 1782. On a de lui : Amours mythologiques, trad. d’Ovide, in-18, 1826 ; De la nature des choses, trad. de Lucrèce, poème en vers, 1823 ; le Paradis perdu, trad. en prose, de Milton, 1838.
  • Lerminier (N.-Théod.), médecin de l’hôpital de la Charité, membre de l’académie de médecine.
  • Cordier (P.-Ant.), savant minéralogiste, membre de l’académie royale des sciences, pair de France, auteur d’un grand nombre de mémoires importants imprimés dans plusieurs recueils, et notamment dans le Journal des mines.
  • E. Lerminier, professeur d’histoire au collège de France, auteur de L'Introduction générale à l'histoire du droit, in-8,1829, et de L'Influence de la philosophie du XVIIIe siècle sur la législation et la société du XIXe siècle, in-8,1833.
  • Beauvarlet Charpentier, célèbre organiste.
  • André Dumont, membre de la convention nationale, sous-préfet d’Abbeville, et préfet du Pas-du-Calais sous l’empire.
  • Barbou (Gab.), lieutenant général.
  • Boucher de Perthes, auteur de la Marquise de Montalte, comédie en 5 actes, in-8, 1820, et de plusieurs opuscules lyriques.
  • Plusieurs graveurs célèbres sont aussi originaires d’Abbeville ; les plus connus sont Beauvarlet, les deux Danzel, Daullé, Hecquet, Hubert et Mellan.

 


 

Histoire d'Abbeville, selon M. Ph. Le Bas, in 'L'Univers - France - Dictionnaire encyclopédique' - 1840

Abbeville. — Cette ville, d’une médiocre étendue et chef-lieu de l’une des sous-préfectures du département de la Somme, ne fut, dans l’origine, qu’une maison de plaisance du riche et puissant abbé de Saint-Riquier (Abbatis villa), bâtie sur la Somme, à cinq lieues de la mer. Peu à peu la villa abbatiale se transforma en un château entouré de maisons, et à la fin du dixième siècle Hugues Capet, trouvant cette position convenable, fortifia le bourg pour arrêter les ravages des Normands dont les barques remontaient alors tous les fleuves de la France qui se jetaient dans l’Océan, et y établit un de ses vassaux, qui porta le titre d’avoué parce qu’il devait protéger les terres du monastère. Plus tard l’avoué s’adjugea le titre héréditaire de comte de Ponthieu. Au moyen âge, Abbeville fut une cité industrieuse et commerçante ; elle fabriquait de gros draps qui trouvaient un grand débit aux foires de Champagne, où les marchands conduisaient aussi des troupeaux nombreux de porcs et de moutons. Colbert fit beaucoup pour son industrie en faisant venir de Courtrai Josse Van-Robais qui établit dans Abbeville des fabriques de draps fins, façon de Hollande et d’Angleterre. Ce fut alors le temps de sa plus grande prospérité, et le géographe Samson, qui vivait à cette époque et qui était de cette ville, porte le nombre de ses habitants à trente-cinq ou quarante mille âmes. Aujourd’hui (~1830) elle n’en compte que 19,162. Mais les grands travaux que l’on exécute en ce moment à Saint-Valéry, où aboutit le canal de la Somme sur lequel Abbeville est située, et qui ont pour objet d’améliorer le port de la première de ces deux villes, augmenteront sans doute la prospérité de l’ancienne capitale du Ponthieu. Elle occupe encore maintenant un rang important parmi nos villes industrielles par ses manufactures de draps, de velours et de moquettes.

Abbeville se vante de n’avoir jamais été prise, et se faisait appeler autrefois Abbeville-la-Pucelle. Tant que les Anglais restèrent maîtres de Calais, la possession d’Abbeville fut très importante, parce que cette ville, qui gardait la ligne de la Somme, couvrait une partie de la Picardie et de la Normandie. Aussi nos rois récompensèrent sa fidélité (Semper fidelis était sa devise) par la concession d’importants privilèges dont plusieurs étaient encore conservés par ses majeurs au dernier siècle. C’étaient comme les restes de l’ancien droit de commune qui leur avait été accordé en 1130, et qui fut confirmé le 9 juin 1184 par le comte de Ponthieu. Le préambule de cette charte de confirmation expose la cause de l’insurrection populaire. « Lorsque mon aïeul Guillaume Talvas, disait le comte, eut vendu la commune aux bourgeois d’Abbeville, à cause des injustices et des vexations que les grands de sa terre leur faisaient subir fréquemment, etc. » Abbeville avait donc alors, comme les autres communes, son maire, ses échevins, ses arbalétriers, sa milice du guet, ses corporations d’arts et métiers, son beffroi, le droit de battre monnaie, une juridiction étendue, etc. Plus tard la charge de majeur ennoblit celui qui en était revêtu. — Avant la révolution le gouvernement d’Abbeville, aussi bien que la justice, la police et la milice de la ville et des habitants, appartenaient encore au majeur. A cette époque l'élection d’Abbeville renfermait cinq bailliages et le comté de Ponthieu. C’est à Abbeville que fut jugé et exécuté l’infortuné Delabarre (voyez ce nom). Abbeville a vu naître Millevoie et M. de Pongerville. C’est aussi la patrie de M. Lerminier, qui, après avoir été saint-simonien, puis rédacteur d’une feuille républicaine, est aujourd’hui maître des requêtes au-conseil d’État.

 

Abbeville au 18ème siècle

Abbeville en 1663 - gravure numérisée par  © les Archives départementales de la Somme, puis re-traitée numériquement par © Norbert Pousseur

Abbavilla Civitas Pontivi Metropolis, gravé en 1823 par Mle Vallée d'Abbeville sur plan gravé en 1653 par Robert Cordier, graveur d'Abbeville qui y avait figuré tous les édifices de son temps dont la majeure partie n'existe plus aujourd'hui, tels que St Georges, Ste Catherine, St Wulfran de la Chaussée, St Jean des Prés, Notre-Dame St Eloi, St André, St Etienne, toutes paroisses plus St Pierre, les Cordeliers, les Chartreux, les Minimes, les Capucins, les Jacobins, les Carmes, les Soeurs Grises, les Soeurs Blanches, les Minimesses, les Carmélites, les Bénédictines, les Bernardines, tous couvents.
Gravure provenant des Archives départementales de la Somme,
recadrée et traitée numériquement par mes soins.

 

Texte extrait du Dictionnaire universel de la France, de Robert de Hesseln - 1771 - collection personnelle

ABBEVILLE, ville de la basse Picardie» capitale du comté de Ponthieu, diocèse et intendance d’Amiens, siège. d’un présidial, de la sénéchaussée de Ponthieu, d’une lieutenance de la maréchaussée, d’un hôtel de ville, d’une maîtrise des eaux et forêts, d’une élection, d’un grenier à sel, d’une amirauté, d’une juridiction consulaire et de celle des traites foraines.

Cette ville, la plus considérable de la province après Amiens, est bâtie sur la rivière de Somme dans une agréable et fertile vallée à quatre lieues au levant d’hiver de S. Valéry ; dix au couchant d’été d’Amiens, et trente-quatre au septentrion de Paris. La route de Paris à Abbeville est par S. Denys, Chantilly, Clermont, Breteuil, Amiens, et de là à Abbeville ; L’air y est sain, les eaux bonnes : il y en à même de minérales en deux endroits différents. On y compte vingt-deux mille habitants.

La rivière dé Somme, qui a flux et reflux, coupe la ville en plusieurs parties qui sont encore arrosées par trois autres petites rivières qu’on appelle Lescardon, Sottins et Corneille ou Tanière. Elles y donnent beaucoup de commodités à plusieurs arts et métiers, et font aller au moins une trentaine de moulins à moudre le blé.

Abbeville a des murailles flanquées de bastions avec de larges fossés, trois faubourgs et cinq portes, à l’une desquelles est une agréable promenade plantée d’arbres le long de la Somme. On y compte plus de cent rues, dont les plus pelles sont celles de S. Gilles, du Bois, de N.D. et du Puits-à-la-Chaîne ; soixante petits ponts, dont quarante construits en pierres et quatre belles places. Le palais où se rend la justice est assez beau. Quelques bourgeois de la ville y possèdent de belles maisons, et les seigneurs des environs d’assez beaux hôtels. Le beffroi de l'hôtel de ville et les cloches du S. Sépulcre et de St Catherine méritent quelque attention.

Les églises d'Abbeville sont passablement belles ; l’office s’y fait avec beaucoup de décence. La principale est S. Wulfran ; deux hautes tours carrées s’élèvent sur son portail qui a quelque beauté. L'édifice en est hardi ; mais il n'est point encore achevé (vers 1770). Cette église paroissiale et collégiale tout ensemble a un chapitre royal composé de vingt-trois chanoines, dont trois possèdent les dignités de doyen, chantre et trésorier ; de vingt-sept chapelains, six musiciens et huit enfants de chœur. Le roi, en qualité de comte de Ponthieu, nomme à tous les canonicats. Un des chanoines est aussi curé, et fait l’office paroissial dans la chapelle de S. Nicolas. Les autres paroisses sont au nombre de treize. Il y a deux prieurés, une commanderie de Malte, un collège gouverné par des prêtres séculiers, dont le principal est chanoine né de la collégiale ; six couvents d’hommes, une maison de frères des écoles chrétiennes, une abbaye et sept autres maisons religieuses pour filles, un hôtel-Dieu, son hôpital pour les orphelins et l’hôpital général.

Abbeville a encore une bibliothèque publique ouverte trois fois par semaine, et deux pompes publiques pour les incendies.

Le gouvernement de la place appartient au mayeur avec la justice, police et milice de la ville et des habitants.

C’est dans cette ville qu’est établie la manufacture de drap si connue sous le nom de Van-Robais, Hollandais, qui obtint son premier privilège en 1665 ; Les draps qui sortent de cette manufacture, dont la maison est la plus curieuse qui appartienne à aucun marchand, sont comparables pour la finesse du lainage, la beauté et la perfection du travail à ce que les Anglais peuvent faire de mieux en ce genre. Il s’y fabrique aussi des ratines qui ne le cèdent en rien à celles de Hollande, et qui sont à meilleur marché ; des serges semblables à celles de Londres, des peluches, des bouracans de toutes façons qui sont fort estimés ; des droguets supérieurs en qualité à ceux d’Angleterre, des étamines, des pinchinats, des moquettes, des damas de fil à fleurs, des toiles à doublures, à matelas, à voiles, à sacs et à emballages. Ses savons gras, noirs et verts sont très recherchés ; le filage des laines y est si parfait, que les manufactures de Rouen, d’Elbeuf et même de Hollande, se servent', pour la fabrique de leurs draps, de laine filée à Abbeville. Les ouvriers en armes à feu y en font beaucoup et d’excellentes.

Toutes ces fabriques et manufactures doivent nécessairement employer une foule d’ouvriers ; aussi y a-t-il peu d’indigents dans cette ville, à moins que ce ne soit des vieillards ou des personnes infirmes.

Les barques, que la rivière de Somme amène de la mer jusqu’au milieu de la ville, y apportent toutes sortes de marchandises en échange de celles qui sortent de ses manufactures. Ajoutez à ce commerce celui du blé que tous les habitants recueillent de leurs domaines, dont la quantité est prodigieuse, sans compter les autre grains qu’on y apporte des environs, dont il se fait un débit très considérable.

Abbeville, à cinq foires par an, et elles s'y tiennent le 7 janvier, à la Trinité, le 29 juin, le 22 juillet et le premier octobre. Il y a aussi marché franc le dernier mercredi de chaque mois, et marché ordinaire quatre fois par semaine.

Le pays est fort abondant en grains, fruits pâturages ; il a une coutume particulière.

Abbeville est la patrie de plusieurs hommes illustres, entr’autres du Cardinal Jean Alegrin, patriarche de Constantinople, et ensuite légat à latere en Espagne et en Portugal, auteur de quelques ouvrages, et mort en 1237 ; de Nicolas Samson ; de Pierre Duval ; du P. Philippe Briet, jésuite, tous trois fameux géographes, et de Pierre Barbay, célèbre professeur de philosophie au collège de Beauvais à :Paris. Il mourut en 1664.


 

Texte extrait de la Géographie de Busching - 1779 - collection personnelle
A noter que le dictionnaire d'Hesseln, ci-dessus, indque que la population est de 22.000 habitants, alors que la description ci-dessous parle de 43.000 habitants puis 17.000 vers 1850, et 23.000 en 2020), bien que cette édition soit plus tardive, et que le déclin d'Abbeville, voudrait que ce soit le contraire. Mais il est vrai qu'Anton Friedrich Büsching a publié ces premiers textes en 1734 et que cette édition postérieure est issue des premiers textes, mais 'retoiuchée de partout', indque la page de garde du dictionnaire de Busching.

Abbeville, Abbatis-villa, ville, autrefois métairie de l'abbé de Saint-Riquier, dans un vallon agréable et fertile : l'air y est bon, les eaux saines ; elle est, à quatre lieues de la mer, arrosée par divers bras de la Somme, par le Scardon, le Sottins, la Corneille, petites rivières qui facilitent les manufactures. On y trafique en blés, avoines, chènevis, etc., en huile, lins, chanvres, savons gras, cordelles, laines tortes fils de caret ; on y fabrique d'excellentes armes à feu ; elle a cinq belles manufactures : celle des draps fins de Van-Robetz qui fait mouvoir cent métiers, emploie quatre mille personnes, en fournit annuellement 1600 demi-pièces de18 à 20 aunes. Celle, des bouracans, et des serges façon de Londres, ou drapées fait mouvoir sept à huit cent métiers ; celle des mocades ou moquettes, tapisserie de bon usage, celle des toiles filées, ou en houppes, celles des laines filées ; les Anglais même y font filer les leurs, et c'est en faire l'éloge. Abbeville a trois mille six cents quarante maisons, quarante-trois mille habitants, quatorze paroisses, un prieuré de bénédictins, trois abbayes de filles, douze couvents, un hôpital, un hôtel-Dieu, un bureau des pauvres, une commanderie de l'ordre de Malte, une élection, un présidial, un bailliage, une prévôté, une sénéchaussée, une juridiction consulaire.

Elle n’a jamais été prise, et son commerce est encore aidé par le flux ; qui y remonte de six pieds. Cette ville déchoit : des jardins succèdent aux maisons ; elle a beaucoup de misérables, comme dans toutes les villes de manufactures. Le commerce y est estimé, mais la noblesse y est recherchée ; la loi donne tout a l'aîné, et refuse une dot aux filles : on peut croire que ces causes s'opposent à la prospérité de cette ville, et la font pencher vers sa décadence.

 


 

Gonthier Clabaut, maire d'Abbeville - gravure reproduite et restaurée numériquement par © Norbert Pousseur
Sceau de Gonthier Clabaut, maire d'Abbeville, gravure de Vernier,
'Sigillum Majoris Communie Abbatisville'
extraite de 'LUnivers - France - planches du dictionnaire encyclopédique' - M. Lemaitre - 1845
(collection personnelle).

Note : ce Gonthier Clabaut (mais plutôt Gontier Clabault) semble n'avoir laissé que très peu de traces dans l'histoire : Il est mentionné en tant que maire d'Abbeville en 1188, et en tant qu'échevin dans la charte de commune d'Abbeville octroyée par Jean de Ponthieu, 9 juillet 1184
(voir le PDF des Archives de la Somme)
avec sa traduction du latin, ci-dessous, sous la direction de Sophie Defer :

Comme la mémoire garde mieux ce qui a été mis par écrit, moi, Jean, comte de Ponthieu, fais savoir à [tous] présents et futurs, que comme mon aïeul, le comte Guillaume Talevas, informé des voies de fait et des chicanes que les puissants de sa terre infligeaient souvent aux bourgeois d’Abbeville, leur avait vendu une commune, sans qu’ils aient de cette vente un acte écrit authentique, du consentement de ma femme Béatrice et de mon frère Gui, et après avoir pris le conseil de mes hommes, je leur ai concédé à eux mes fidèles une commune qu’ils garderont à jamais contre quiconque, selon les droits et franchises de la commune d’Amiens, de Corbie ou de Saint-Quentin, sauf le droit de la Sainte Église au mien, à ceux de mes héritiers et de mes barons.

7. Qui aura par colère frappé quelqu’un du poing ou de la paume, paiera vingt sous à la commune, à moins qu’il ne puisse, devant les échevins, donner raison [de son geste],

8. De même, si quelqu’un blesse autrui avec des armes, sa maison sera abattue par les échevins, il sera expulsé de la ville et n’y rentrera qu’après en avoir demandé l’autorisation aux échevins ; l’autorisation ne lui sera donnée que s’il s’en remet à la merci des échevins en acceptant d’avoir éventuellement le poing coupé, ou se rachète en payant neuf livres. S’il n’a pas de maison, il doit avant d’entrer dans la ville en trouver une de cent sous que la commune abattra. Ce que le blessé aura dépensé pour guérir sa blessure lui sera intégralement remboursé par l’auteur des coups, et si la pauvreté l’empêche de payer, il aura le poing coupé à moins que les échevins ne lui fassent merci.

9. Si un non juré blesse un juré ou un non juré et refuse de se soumettre au jugement des échevins, il sera expulsé de la ville et le délit puni par le jugement des échevins.

12. De même, celui qui aura sciemment reçu chez lui un ennemi de la commune et eu des rapports avec lui, sera traité en ennemi de la commune et s’il ne se soumet pas au jugement des échevins, sa maison, comme celle de tout autre juré qui se sera soustrait au jugement des échevins, sera abattue.

28. De même les bourgeois d’Abbeville ne pourront recevoir dans leur commune les hommes de Port et ceux qui habitent au-delà jusqu’aux confins de ma terre (sauf les hommes de Rue), si ce n’est de mon plein gré.

32. Il ne faut pas non plus passer sous silence que les bourgeois ne sont tenus de me payer que les trois aides accoutumées, à savoir cent livres, monnaie de Ponthieu, pour armer mon fils chevalier, cent livres pour le mariage de ma fille, cent livres pour mon rachat de captivité.

33. J’ai aussi concédé aux mêmes bourgeois la jouissance paisible et libre de leur banlieue jusqu’à l’arbre de Mautort, jusqu’à la tranchée du mont de Caubert, jusqu’à la tranchée des Neuf Moulins, Jusqu’aux Quatre Chênes, jusqu’à l’ancienne maison de Robert Fretel et jusqu’à la croix de Hautavenne, de sorte qu’on ne puisse faire aucune fortification à l’intérieur de ces limites.

35. Et qu’on sache que dans chacun des articles susdits mon droit doit être sauf et intégralement conservé. Et pour que ces dispositions restent solides et entières, nous avons, les bourgeois et moi, promis réciproquement de les observer sous la foi du serment, et pour plus de sûreté, j’ai muni cet acte de l’empreinte de mon sceau.

Fait en assemblée publique des clercs, des barons et des bourgeois, et confirmé à Abbeville le cinq des ides de juin de l’année 1184 de l’incarnation du Seigneur. Témoins : Hugues, abbé de Valloires [ ...] Gontier Clabault et autres échevins. Tout Abbeville est aussi témoin car ce fut fait en la vue et en présence de tout le peuple. Donné par la main d’Enguerran mon notaire.




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La vue générale de Rouargue est visible ici en ses 2 versions
Celle en couleur accroche l'oeil, mais le ciel de la n&b est beaucoup mieux rendu.

Zoom sur Abbeville au bords de la Somme vers 1850 - gravure couleur de Rouargue reproduite et restaurée numériquement par © Norbert Pousseur   Zoom surAbbeville au bords de la Somme vers 1850 - gravure de Rouargue reproduite et restaurée numériquement par © Norbert Pousseur   Zoom sur l'Eglise St Vulfran d'Abbeville  vers 1850 - gravure reproduite et restaurée numériquement par © Norbert Pousseur   Zoom sur la Place centrale d'Abbeville vers 1850 - gravure de Rouargue reproduite et restaurée numériquement par © Norbert Pousseur

Zoom sur Abbeville en 1663 - gravure numérisée par  © les Archives départementales de la Somme, puis re-traitée numériquement par © Norbert Pousseur

 

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