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Abbeville vers 1850, gravure de Rouargue
Voir la version en couleur en bas de page (collection personnelle pour les 2 versions).
Voir aussi la département de la Somme en 1883
et l'Histoire détaillée d'Abbeville
Texte extrait du Dictionnaire de toutes les communes de France - éd. 1851 - Augustin Girault de Saint Fargeau ABBEVILLE, Abbatis Villa, Alba Villa, ancienne, grande et forte ville maritime, Somme, ci-devant capitale du Ponthieu (Picardie), chef-lieu de sous-préfecture et de deux cantons, place de guerre de 4e classe. Tribunaux de 1ère instance et de commerce, chambre de commerce, conseil de prud'hommes, chambre consultatives des manufactures, société royale d’émulation pour les sciences et belles-lettres, collège communal ; 4 cures, direction des douanes, entrepôt réel, syndicat maritime de St-Valery, dépôt royal d’étalons, gîte d’étape, bureau de poste. Pop. 17,582 habitiants. Terrain tertiaire moyen. — Etablissement de la marée du port, 11 h. 20 m. Autrefois capitale du comté de Ponthieu, diocèse et intendance d’Amiens, parlement de Paris, bureau des postes, élection, gouverneur particulier, présidial, bailliage, sénéchaussée, maîtrise des eaux et forêts, amirauté, juridiction consulaire, grenier à sel, bureau des aides et cinq grosses fermes, traites foraines, bureau du tabac, lieutenance de maréchaussée, casernes, eaux minérales, moulins à poudre, 14 paroisses ; prieuré ordre de St-Benoît ; 2 abbayes de filles ordre de Cîteaux, commanderie de Malte, chartreuse, couvent de Cordeliers, de Minimes, de Carmes déchaussés, de Dominicains et de Capucins ; de Carmélites et de Minimesses. Histoire L’an mil quatre cent soixante-onze, Abbeville a réuni dans ses murs les chefs de la troisième croisade. C’est dans cette ville que Louis XII épousa, avec une pompe vraiment royale, la sœur de Henri VIII, roi d’Angleterre, le 9 octobre 1514 ; c’est également dans Abbeville que Louis XIII, pendant le siège d’Hesdin, en 1637, voua son royaume à la Vierge, en présence du cardinal de Richelieu. C’est aussi dans cette ville que fut assassiné juridiquement le jeune chevalier de la Barre, âgé de quinze ans, accusé d’avoir chanté des chansons licencieuses, et d’être passé près d’une procession sans avoir ôté son chapeau ; les juges d’Abbeville, par sentence rendue le 28 février 1766, le condamnèrent à recevoir la question ordinaire et extraordinaire, à avoir la main droite coupée à la porte de la principale église, à souffrir l’amputation de la langue, à être décapité et ensuite jeté dans les flammes. Cette abominable sentence, confirmée par le parlement de Paris le 5 juin 1766, fut exécutée à Abbeville le 1er juillet de la même année. Les armes d’Abbeville sont d’or, à trois bandes d’azur à la bordure de gueule, au chef d’azur chargé de trois fleurs de lis d’or, avec la devise semper fidelis. Ces armes lui furent accordées par lettres patentes de Charles V, datées du bois de Vincennes, juin 1369, en récompense de la fidélité qu’elle avait gardée au roi de France. Article plus complet sur l'Histoire d'Abbeville, d'Aristide Guilbert, en ces pages
Situation
Parmi les monuments qui décorent Abbeville, on distingue surtout l’église St-Vulfran, la tour du beffroi, la caserne et l’hospice des enfants trouvés. L’église de St-Vulfran a été désignée par l’autorité comme un des édifices susceptibles d’être classés au nombre des monuments historiques. Le portail, construit sous le règne de Louis XII et par les soins du cardinal Georges d’Amboise, est vraiment magnifique : il présente une ordonnance régulière et élégante. Les statues de saints qui le décorent sont remarquables par la singularité de leurs costumes, et les divers ornements dont ils sont chargés. Les tours ont environ 66 mètres de hauteur ; elles portent, comme tout le reste de cette église, l’empreinte du style du XVe siècle. La partie inférieure de la façade présente trois grands portiques pratiqués sous de profondes voussures en ogive, et surmontés de frontons évidés. On y arrive par un perron formant parvis bordé par un parapet en pierre, auquel on monte par deux marches. La porte en bois du grand portail est curieuse, à cause de ses sculptures ; elles représentent les douze apôtres et les mystères de la Vierge. On lit sur cette porte, à l’intérieur de l’église : VIERGE AULX HUMAINS LA PORTE D’AMOUR ESTE. L’intérieur de l’édifice est resté incomplet ; il n’offre qu’une nef, deux bas-côtés, et six chapelles d’une structure régulière, élégante et hardie, dont les voûtes en ogive présentent plusieurs sections formées par le croisement de nervures disposées en différents sens. Toutes les clefs des voûtes de la nef et des bas-côtés sont décorées d’écussons armoriés des bienfaiteurs de cette église.
La bibliothèque d’Abbeville, fondée avant 1680, contient 15,000 volumes. On y voit les bustes des hommes célèbres à qui la ville a donné le jour, et un Evangile sur vélin pourpré et en lettres d’or, dont Charlemagne fit, dit-on, présent à Angilbert, son gendre, abbé de St-Riquier. La salle de spectacle est moins belle que certaines maisons d’Abbeville ; le champ de foire mérite d’être vu. Il en est de même de la manufacture autrefois si renommée de Van-Robais, établie par Colbert, et où l’on continue à fabriquer des draps fins. — Dans la rue Barbafust, on voit les restes d’une ancienne maison, qui était autrefois un refuge de l’abbaye du Gard. C’est là que furent imprimées en 1486 la Cité de Dieu, de saint Augustin, la Somme rurale, de Bouteiller, et le Triomphe des Neuf Preux. De belles et vastes caves sont, avec la façade et deux arcades ogivales, que l’on voit encore dans la cour, tout ce qui reste de la construction primitive. Industrie Commerce Abbeville est à 50 km. N.-O. d’Amiens, et 157 km. N.-N.-O. de Paris par Beauvais, 174 km. par Amiens. — Distance de Paris pour la taxe des lettres, 157 km.—Lat. 50°7’4”, long. 0° 30’ 17”. L’arrondissement d’Abbeville est composé de onze cantons : Abbeville N., Abbeville S., Ailly-Haut-Clocher, Ault, Crécy, Gamaches, Hallencourt, Moyenneville, Nouvion, Rue, St-Valery.
Biographie.
Histoire d'Abbeville, selon M. Ph. Le Bas, in 'L'Univers - France - Dictionnaire encyclopédique' - 1840 Abbeville. — Cette ville, d’une médiocre étendue et chef-lieu de l’une des sous-préfectures du département de la Somme, ne fut, dans l’origine, qu’une maison de plaisance du riche et puissant abbé de Saint-Riquier (Abbatis villa), bâtie sur la Somme, à cinq lieues de la mer. Peu à peu la villa abbatiale se transforma en un château entouré de maisons, et à la fin du dixième siècle Hugues Capet, trouvant cette position convenable, fortifia le bourg pour arrêter les ravages des Normands dont les barques remontaient alors tous les fleuves de la France qui se jetaient dans l’Océan, et y établit un de ses vassaux, qui porta le titre d’avoué parce qu’il devait protéger les terres du monastère. Plus tard l’avoué s’adjugea le titre héréditaire de comte de Ponthieu. Au moyen âge, Abbeville fut une cité industrieuse et commerçante ; elle fabriquait de gros draps qui trouvaient un grand débit aux foires de Champagne, où les marchands conduisaient aussi des troupeaux nombreux de porcs et de moutons. Colbert fit beaucoup pour son industrie en faisant venir de Courtrai Josse Van-Robais qui établit dans Abbeville des fabriques de draps fins, façon de Hollande et d’Angleterre. Ce fut alors le temps de sa plus grande prospérité, et le géographe Samson, qui vivait à cette époque et qui était de cette ville, porte le nombre de ses habitants à trente-cinq ou quarante mille âmes. Aujourd’hui (~1830) elle n’en compte que 19,162. Mais les grands travaux que l’on exécute en ce moment à Saint-Valéry, où aboutit le canal de la Somme sur lequel Abbeville est située, et qui ont pour objet d’améliorer le port de la première de ces deux villes, augmenteront sans doute la prospérité de l’ancienne capitale du Ponthieu. Elle occupe encore maintenant un rang important parmi nos villes industrielles par ses manufactures de draps, de velours et de moquettes. Abbeville se vante de n’avoir jamais été prise, et se faisait appeler autrefois Abbeville-la-Pucelle. Tant que les Anglais restèrent maîtres de Calais, la possession d’Abbeville fut très importante, parce que cette ville, qui gardait la ligne de la Somme, couvrait une partie de la Picardie et de la Normandie. Aussi nos rois récompensèrent sa fidélité (Semper fidelis était sa devise) par la concession d’importants privilèges dont plusieurs étaient encore conservés par ses majeurs au dernier siècle. C’étaient comme les restes de l’ancien droit de commune qui leur avait été accordé en 1130, et qui fut confirmé le 9 juin 1184 par le comte de Ponthieu. Le préambule de cette charte de confirmation expose la cause de l’insurrection populaire. « Lorsque mon aïeul Guillaume Talvas, disait le comte, eut vendu la commune aux bourgeois d’Abbeville, à cause des injustices et des vexations que les grands de sa terre leur faisaient subir fréquemment, etc. » Abbeville avait donc alors, comme les autres communes, son maire, ses échevins, ses arbalétriers, sa milice du guet, ses corporations d’arts et métiers, son beffroi, le droit de battre monnaie, une juridiction étendue, etc. Plus tard la charge de majeur ennoblit celui qui en était revêtu. — Avant la révolution le gouvernement d’Abbeville, aussi bien que la justice, la police et la milice de la ville et des habitants, appartenaient encore au majeur. A cette époque l'élection d’Abbeville renfermait cinq bailliages et le comté de Ponthieu. C’est à Abbeville que fut jugé et exécuté l’infortuné Delabarre (voyez ce nom). Abbeville a vu naître Millevoie et M. de Pongerville. C’est aussi la patrie de M. Lerminier, qui, après avoir été saint-simonien, puis rédacteur d’une feuille républicaine, est aujourd’hui maître des requêtes au-conseil d’État. Abbeville au 18ème siècle Abbavilla Civitas Pontivi Metropolis, gravé en 1823 par Mle Vallée d'Abbeville sur plan gravé en 1653 par Robert Cordier, graveur d'Abbeville qui y avait figuré tous les édifices de son temps dont la majeure partie n'existe plus aujourd'hui,
tels que St Georges, Ste Catherine, St Wulfran de la Chaussée, St Jean des Prés, Notre-Dame St Eloi, St André, St Etienne, toutes paroisses plus St Pierre, les Cordeliers, les Chartreux, les Minimes, les Capucins, les Jacobins, les Carmes, les Soeurs Grises, les Soeurs Blanches, les Minimesses, les Carmélites, les Bénédictines, les Bernardines, tous couvents.
Texte extrait du Dictionnaire universel de la France, de Robert de Hesseln - 1771 - collection personnelle ABBEVILLE, ville de la basse Picardie» capitale du comté de Ponthieu, diocèse et intendance d’Amiens, siège. d’un présidial, de la sénéchaussée de Ponthieu, d’une lieutenance de la maréchaussée, d’un hôtel de ville, d’une maîtrise des eaux et forêts, d’une élection, d’un grenier à sel, d’une amirauté, d’une juridiction consulaire et de celle des traites foraines. Cette ville, la plus considérable de la province après Amiens, est bâtie sur la rivière de Somme dans une agréable et fertile vallée à quatre lieues au levant d’hiver de S. Valéry ; dix au couchant d’été d’Amiens, et trente-quatre au septentrion de Paris. La route de Paris à Abbeville est par S. Denys, Chantilly, Clermont, Breteuil, Amiens, et de là à Abbeville ; L’air y est sain, les eaux bonnes : il y en à même de minérales en deux endroits différents. On y compte vingt-deux mille habitants. La rivière dé Somme, qui a flux et reflux, coupe la ville en plusieurs parties qui sont encore arrosées par trois autres petites rivières qu’on appelle Lescardon, Sottins et Corneille ou Tanière. Elles y donnent beaucoup de commodités à plusieurs arts et métiers, et font aller au moins une trentaine de moulins à moudre le blé. Abbeville a des murailles flanquées de bastions avec de larges fossés, trois faubourgs et cinq portes, à l’une desquelles est une agréable promenade plantée d’arbres le long de la Somme. On y compte plus de cent rues, dont les plus pelles sont celles de S. Gilles, du Bois, de N.D. et du Puits-à-la-Chaîne ; soixante petits ponts, dont quarante construits en pierres et quatre belles places. Le palais où se rend la justice est assez beau. Quelques bourgeois de la ville y possèdent de belles maisons, et les seigneurs des environs d’assez beaux hôtels. Le beffroi de l'hôtel de ville et les cloches du S. Sépulcre et de St Catherine méritent quelque attention. Les églises d'Abbeville sont passablement belles ; l’office s’y fait avec beaucoup de décence. La principale est S. Wulfran ; deux hautes tours carrées s’élèvent sur son portail qui a quelque beauté. L'édifice en est hardi ; mais il n'est point encore achevé (vers 1770). Cette église paroissiale et collégiale tout ensemble a un chapitre royal composé de vingt-trois chanoines, dont trois possèdent les dignités de doyen, chantre et trésorier ; de vingt-sept chapelains, six musiciens et huit enfants de chœur. Le roi, en qualité de comte de Ponthieu, nomme à tous les canonicats. Un des chanoines est aussi curé, et fait l’office paroissial dans la chapelle de S. Nicolas. Les autres paroisses sont au nombre de treize. Il y a deux prieurés, une commanderie de Malte, un collège gouverné par des prêtres séculiers, dont le principal est chanoine né de la collégiale ; six couvents d’hommes, une maison de frères des écoles chrétiennes, une abbaye et sept autres maisons religieuses pour filles, un hôtel-Dieu, son hôpital pour les orphelins et l’hôpital général. Abbeville a encore une bibliothèque publique ouverte trois fois par semaine, et deux pompes publiques pour les incendies. Le gouvernement de la place appartient au mayeur avec la justice, police et milice de la ville et des habitants. C’est dans cette ville qu’est établie la manufacture de drap si connue sous le nom de Van-Robais, Hollandais, qui obtint son premier privilège en 1665 ; Les draps qui sortent de cette manufacture, dont la maison est la plus curieuse qui appartienne à aucun marchand, sont comparables pour la finesse du lainage, la beauté et la perfection du travail à ce que les Anglais peuvent faire de mieux en ce genre. Il s’y fabrique aussi des ratines qui ne le cèdent en rien à celles de Hollande, et qui sont à meilleur marché ; des serges semblables à celles de Londres, des peluches, des bouracans de toutes façons qui sont fort estimés ; des droguets supérieurs en qualité à ceux d’Angleterre, des étamines, des pinchinats, des moquettes, des damas de fil à fleurs, des toiles à doublures, à matelas, à voiles, à sacs et à emballages. Ses savons gras, noirs et verts sont très recherchés ; le filage des laines y est si parfait, que les manufactures de Rouen, d’Elbeuf et même de Hollande, se servent', pour la fabrique de leurs draps, de laine filée à Abbeville. Les ouvriers en armes à feu y en font beaucoup et d’excellentes. Toutes ces fabriques et manufactures doivent nécessairement employer une foule d’ouvriers ; aussi y a-t-il peu d’indigents dans cette ville, à moins que ce ne soit des vieillards ou des personnes infirmes. Les barques, que la rivière de Somme amène de la mer jusqu’au milieu de la ville, y apportent toutes sortes de marchandises en échange de celles qui sortent de ses manufactures. Ajoutez à ce commerce celui du blé que tous les habitants recueillent de leurs domaines, dont la quantité est prodigieuse, sans compter les autre grains qu’on y apporte des environs, dont il se fait un débit très considérable. Abbeville, à cinq foires par an, et elles s'y tiennent le 7 janvier, à la Trinité, le 29 juin, le 22 juillet et le premier octobre. Il y a aussi marché franc le dernier mercredi de chaque mois, et marché ordinaire quatre fois par semaine. Le pays est fort abondant en grains, fruits pâturages ; il a une coutume particulière. Abbeville est la patrie de plusieurs hommes illustres, entr’autres du Cardinal Jean Alegrin, patriarche de Constantinople, et ensuite légat à latere en Espagne et en Portugal, auteur de quelques ouvrages, et mort en 1237 ; de Nicolas Samson ; de Pierre Duval ; du P. Philippe Briet, jésuite, tous trois fameux géographes, et de Pierre Barbay, célèbre professeur de philosophie au collège de Beauvais à :Paris. Il mourut en 1664.
Texte extrait de la Géographie de Busching - 1779 - collection personnelle
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Celle en couleur accroche l'oeil, mais le ciel de la n&b est beaucoup mieux rendu.
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