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Les villes à travers les documents anciens

 

Draguignan au 19ème siècle, et son histoire


Draguignan adossé au Malmont, vers 1830 - gravure  reproduite et restaurée par © Norbert Pousseur
Draguignan adossé au Malmont, vers 1830,
gravure de Hoslein (?), extraite de la France pittoresque d'Abel Hugo - 1835
Collection personnelle

 

Voir aussi sur ce site :

 


Texte extrait du Dictionnaire de toutes les communes de France - éd. 1851 - Augustin Girault de Saint Fargeau
(collection personnelle).

DRAGUIGNAN, Dracœnum, Dracenœ, jolie ville, chef-lieu du département du Var (Provence) et d’un canton. Tribunal de 1ère instance et de commerce. Chambre consultative des manufactures. Société d’agriculture et de commerce. Collège communal. Cure. Gîte d’étape. Bureau de poste. Relais de poste. Population 8,588 habitants.
Terrain du trias, muschelkalk.

Autrefois viguerie, diocèse de Fréjus, parlement et intendance d’Aix, sénéchaussée, chapitre, collège, 7 couvents.

Elle a perdu son titre de préfecture en 1974, au bénéfice de Toulon

Industrie. Fabriques de savon, grosse draperie, bas, acétate de plomb, poterie commune. Filatures et beau moulinage pour la soie. Distilleries d’eau-de-vie. Tanneries. Teintureries. Nombreux moulins à huile. — Commerce considérable d’huile d’olives. — Foires le lundi après la Pentecôte, les 10 février, 1er et 2 septembre et 13 décembre.

A 864 km Sud-Est de Paris. Latitude 43° 32' 18", longitude Est 4° 8' 23".

L’arrondissement de Draguignan est composé de 11 cantons : Aups, Callas, Comps, Draguignan, Fayence, Fréjus, Grimaud, Lorgues, le Luc, St-Tropez, Salernes.

Draguignan passe pour avoir été fondée vers le milieu du Ve siècle, par les habitants de Griminum, qui abandonnèrent la hauteur voisine pour venir s’établir au pied de la montagne, où ils bâtirent une ville qu’ils nommèrent d’abord Dragomam, et ensuite Draguignan, qu’ils entourèrent de fortes murailles, et que plus tard ils fortifièrent par une haute et vaste tour, par trois citadelles et par plusieurs bastions. Cette ville s’agrandit, s’embellit de plusieurs édifices, et devint une des plus considérables de la Provence. Les guerres civiles détruisirent les premiers remparts, qui furent reconstruits en 1615, flanqués de tours, et bordés d’un large fossé. Les guerres de religion la désolèrent à plusieurs époques.

Les armes de Draguignan sont : de gueules au dragon d’argent (d’Hozier).

La ville de Draguignan est située sous un climat sain et tempéré, au pied de la montagne du Malmont, dans un fertile bassin formé par un amphithéâtre de coteaux entièrement couverts de vignes, d’oliviers, et arrosé par la rivière de Pis ou de Nartubie, dont un canal de dérivation traverse la ville, où il fait mouvoir plusieurs manufactures. Sans être bien bâtie, elle offre d’assez jolies rues et quelques édifices remarquables, entre autres le palais de justice ; une prison modèle ; la tour de l’horloge, justement admirée des étrangers : elle est carrée et s’élève avec majesté à une hauteur prodigieuse, au-dessus d’un grand rocher taillé à pic, supporté lui-même par un autre rocher plus étendu ; l’hôpital, bâti dans une des plus heureuses situations qu’on puisse trouver.

Cette ville est ornée de plusieurs fontaines publiques qui y entretiennent la propreté. Elle possède une bibliothèque publique, fondée par M. Fauchet, premier préfet du Var, composée de 15,000 volumes, d’un médaillier et d’un cabinet d’histoire naturelle : on y trouve aussi quelques tableaux originaux de plusieurs artistes célèbres. L’église paroissiale en renferme également plusieurs, notamment un de Vanloo, qui décorait à Paris le grand autel de St-Germain des Prés.

Le jardin de botanique s’élève en amphithéâtre, et forme une promenade variée, agréable, et ombragée par un grand nombre d’arbres exotiques d’une belle venue. Dans la partie la plus élevée sont placées plusieurs caisses d’orangers et des vases contenant des plantes et des arbustes rares : au centre se trouve une place bien ombragée, ornée de statues de marbre et embellie par un jet d’eau. A la suite de cette belle promenade, édifiée par le bon goût du premier préfet du Var, on entre dans un jardin paysager, touchant à l’esplanade, au bas de laquelle on voit un lavoir immense.

Le bassin de Draguignan, que le comte Chaptal nommait un grand jardin anglais, fait l’admiration des étrangers, surtout pendant l’hiver, parce que la verdure et la végétation continuelles des oliviers qui couvrent les amphithéâtres, celles des cyprès, des lauriers et autres arbres qui conservent leurs feuilles et servent d’ornement à une multitude de bastides disséminées dans la campagne, charment agréablement la vue. La plaine offre de jolies promenades sur presque tous les points. Enfin la beauté des alentours et la douceur du climat font de Draguignan un séjour délicieux : aussi la plupart des personnes qui y sont venues pour rétablir leur santé, y ont fixé leur demeure.
Au quartier de Foux existe une source très abondante d’eau minérale salino-sulfureuse, qui fait mouvoir plusieurs usines.

Biographie.
Patrie du conventionnel Isnard, membre du conseil des cinq cents.
Du comte Muraire, premier président de la cour de cassation sous l’empire.

 



Draguignan vers 1840 et sa campagne pour les chèvres - gravure reproduite et restaurée par © Norbert Pousseur
Draguignan vers 1840 et sa campagne pour les chèvres
gravure extraite du Magasin pittoresque - année1846
Collection personnelle

Texte extrait de Magasin pittoresque de 1846
Collection personnelle

 

DRAGUIGNAN.

La ville de Draguignan (Dracenum ) n’a dû d’abord qu’à sa seule position géographique le fructueux privilège de devenir le centre d’administration de cette intéressante et vaste portion du territoire français. À l’époque de l’établissement des préfectures, elle ne comptait guère plus de 7000 habitants. Mal bâtie, mal percée, pas mieux pavée, point éclairée du tout, et de plus enfermée dans une enceinte de murailles sans caractère et sans grâce comme sans force, c’était assurément alors une fort triste résidence. Elle a beaucoup changé depuis lors, et à son grand avantage. Un palais de justice, des casernes, des prisons aussi belles que des prisons peuvent l’être, des places publiques, de belles promenades, une jolie salle de spectacle, un vaste hôpital admirablement situé, un Jardin des plantes fort agréable, une bibliothèque de quinze mille volumes et riche de quelques bonnes peintures, des fontaines du meilleur goût, et d’autres créations ou améliorations, ont été l’ouvrage du temps et surtout de la paix. Des habitations particulières, dont quelques-unes très élégantes, se sont aussi élevées sur plusieurs points ; des faubourgs entiers sont nés, au midi et au couchant, des débris de portions correspondantes du rempart qu’on a eu le bon esprit de sacrifier, et bientôt enfin un hôtel de préfecture, déjà en construction, va remplacer plus convenablement l'hôtel actuel, et s’offrir en perspective au voyageur à l’extrémité des allées d’Azémar.

Le commerce local et d’entrepôt, sinon l’industrie manufacturière, qui trouverait peu d’éléments premiers et par suite peu de chances de succès à Draguignan, n’est pas resté en arrière de cette progression. Dans les trois quarts au moins de la ville basse, qui s’accroît de jour en jour, il n’est plus de maison sans magasin ; tout ce qui se bâtit est loué aussitôt, et, grâce au concours incessant des communes voisines, tout ce qui s’y étale se vend.

Les principales productions du sol étant l’huile d’olive d’abord et le vin ensuite, les savons et les spiritueux sont le plus important objet de fabrication et d’exportation de l’industrie dracénoise. Ces savons sont justement recherchés pour leurs qualités. On continue aussi à fabriquer des pains d'acétate de plomb (sel de saturne) pour la teinture ; mais l’acide pyro-ligneux des fabriques du Nord de la France, avec lequel on supplée au vinaigre de vin, a porté un coup terrible à cette industrie. En revanche, les moulins à soie et les filatures de cocons se sont accrus avec la production de la matière première. On fabrique de plus, aujourd’hui, à Draguignan, de la bière et des liqueurs ; on y confectionne de bonnes, et élégantes voitures particulières et publiques pour là ville et le dehors, et il s’y fait même des pianos estimés. Mais cette dernière industrie se concentre et se personnifie tout entière en un seul homme doué de facultés exceptionnelles, J. Reboul, l’homonyme du poète nîmois, qui fait et achève, à lui tout seul et sans ouvrier, ces instruments si compliqués, et à qui, selon toutes les apparences, cette création locale ne survivra pas.

Assise au pied d’une montagne qui alimente abondamment ses fontaines, dans une position parfaitement salubre, la ville de Draguignan est tournée au couchant d’hiver, et s’avance par un de ses faubourgs dans un spacieux bassin allongé, entièrement entouré de collines couvertes d’oliviers. Vue de l’extrémité de la terrasse du Jardin des plantes, cette plaine, toute parsemée de bastides (maisons de campagne), et arrosée en grande partie par un canal dévié de la Nartubie, qui traverse aussi la ville et met en mouvement ses usines, cette plaine offre un panorama charmant. La ville elle-même se présente sous un aspect non moins pittoresque et non moins riant de plusieurs points de vue, entre autres de celui de la montée du chemin de Lorgues, à l’ouest, et plus encore de celui de la pierre de la Fée, au nord-ouest. Un accident singulier de terrain, enfermé dans son enceinte, attire et étonne l’œil de l’étranger. c’est le rocher de l’Horloge, grande butte à peu près circulaire, fort élevée, tout entourée de maisons qu’elle domine, et du plateau gazonné de laquelle s’élance une tour.

Draguignan, aujourd’hui peuplée de 10 000 habitants, n’a pas à produire, et faut-il l’en plaindre? de bien antiques ou de bien illustres annales. Son origine est obscure ; aucun grand homme proclamé tel n’y a pris naissance ; on ne trouve dans son histoire aucun de ces événements qui décident de la destinée des peuples ou des rois. Cependant il s’est trouvé un habitant homme d’esprit qui, voulant donner, en dépit d’un sort si modeste, une innocente illustration à sa ville natale, a cherché dans les vieux registres des délibérations municipales un sujet d’inspiration poétique. Il y a deux siècles environ, le sceau, le cachet de la ville ayant été volé ou perdu, on en fit tout simplement un autre. Sur cette vulgaire et très prosaïque donnée, et en équivoquant sur le Seau enlevé, la Secchia rapita (seau de puits), de Tassoni, le poète dracénois a rimé, à la manière du Lutrin et de la Boucle de cheveux enlevée, une fable qu’il a développée en cinq chants, sous le titre du Nouveau sceau enlevé ou la Dracéniade.

C’est pour un sceau que s’allume ma veine,
Un sceau ravi ; mais ne confondez pas
Avec ce seau que Bologne et Modène
Au bord d’un puits rougi par cent trépas,
Se disputant, en d’ignobles combats.
Ont couronné d’une gloire grotesque.
Loin du pédant, non moins que du burlesque,
Mon noble sceau, digne d’un autre archet,
De Dracénum est l’antique cachet.

Après avoir lu cette œuvre bien connue en Provence, on se prendrait presque à regretter que chacune de nos villes n’ait pas comme Draguignan, son chantre et son épopée. A tant faire que de rimer, lorsqu’on est atteint du mal poétique, mieux vaudrait le plus souvent s’essayer à peindre naïvement le pays où l’on a eu son berceau, où l’on a commencé à comprendre la vie, que de venir tomber sans gloire dans les lieux communs vagues et ambitieux des grandes villes.

 



Auch dominée par sa cathédrale vers 1870 - gravure reproduite et restaurée par © Norbert Pousseur
Le dolmen de la pierre de la fée, à Draguignan vers 1840,
gravure extraite du Magasin pittoresque - année1846
Collection personnelle

On peut voir, dans la compagne près de Draguignan, la pierre de la Fée est un monument druidique très rare en Provence, un beau dolmen, qui s’élève à un kilomètre environ au nord-ouest de la ville.

Voici ce qu'en disait, le texte de 1855 de La France illustrée, de V. Malte-Brun,
et à la suite, l'Histoire de Draguignan, par le même auteur.

On montre près de Draguignan un imposant dolmen : moins embarrassée que la science pour expliquer les mystères archéologiques, l’imagination populaire, en Provence comme en Bretagne, a évoqué la toute-puissance des fées. Le pâtre provençal a oublié les sanglants sacrifices de ses pères :
il vous raconte dans sa langue harmonieuse que, en des temps bien éloignés, une fée, qui se plaisait à se déguiser en bergère et à jouer de la mandoline sous les bosquets d’orangers et de grenadiers, inspira un violent amour à un jeune seigneur, qui lui-même était un génie. Il lui demanda sa main et elle promit de l’épouser, mais à une condition : il fallait que son mariage fût célébré sur une table formée de trois pierres, dont deux, dressées sur le tranchant et à neuf pas de distance, et ayant pareille hauteur, serviraient de supports à une troisième presque carrée, de onze pas de long sur deux pas d’épaisseur. À cette description, le seigneur reconnut trois pierres énormes qui, depuis dix siècles, avaient roulé du haut de la montagne dans la gorge que parcourt la grande route. Le génie se mit à l’œuvre ; il dressa les deux pierres qui devaient servir de supports, mais sa puissance n’alla pas jusqu’à remuer la troisième, tant elle était lourde. La bergère fée eut pitié de sa peine : elle se rendit la nuit auprès de l’énorme pierre et traça alentour avec sa baguette un cercle magique ; aussitôt une grande flamme sortit de terre, et la pierre fut en un instant transportée sur les deux autres. Elle attendit le lendemain son amant avec plus d’impatience, espérant jouir de sa surprise : mais, à peine eut-il vu accomplie la condition d’où semblait dépendre son bonheur, qu’il tomba mourant aux pieds de celle qu’il aimait. Avant d’expirer, il lui révéla un fatal secret : on lui avait prédit qu’il mourrait quand il serait amoureux d’une personne plus puissante que lui, et il avait cru, en adressant ses vœux à une bergère, n’avoir rien à redouter. La légende ajoute que la pauvre fée, désespérée des funestes effets de son travestissement, suivit de près l’amant dont elle avait causé la mort.

 

Draguignan (latitude, 43° 32’ 24" ; longitude, 4° 7' 47" Est). — Draguignan (Dracœnum, Dracenæ\ station de l’embranchement qui se soude aux Arcs à la ligne du chemin de fer de Marseille à Toulon et â Nice (réseau Paris-Lyon-Méditerranée), est une jolie ville située à 864 km en ligne directe au sud-est de Paris ou 1,012 km par le chemin de fer de Marseille, au pied de la montagne de Malmont, sur la Nartuby ou rivière de Pis, dans un bassin très fertile, qui a mérité d’être comparé à un jardin anglais ; sa population est de 9,223 habitants, et c’est aujourd’hui le chef-lieu du département, d’un arrondissement et d’un canton, avec tribunaux de première instance et de commerce, collège communal, etc. ; elle dépendait autrefois du parlement et de l’intendance d’Aix, avait sénéchaussée, viguerie, chapitre, collège, bibliothèque publique de 15,000 volumes, musée, jardin botanique, etc., etc.

Draguignan a changé deux fois de place et de nom. Avant l’invasion romaine, s’élevait sur le penchant de la montagne du Cygne, dans la vallée de la Nartuby, affluent de l’Argens, la ville d'Antea ou Anteis, capitale des Guêtres ou Suétriens. Frappés de cette belle position, les Romains essayèrent de s’y établir ; mais les anciens habitants se révoltèrent, virent leur cité réduite en cendres et se réfugièrent sur le Malmont (mauvais mont) tout couvert de forêts. De leur première ville, deux souvenirs subsistent encore : le nom du hameau de l'Antier (Antea) à 5 kilomètres de Draguignan, et celui du rocher où est situé ce hameau et qu’on appelle Castéou-de-Liégé {Castellum Legis\ parce que c’est là que le chef des Suétriens rendait les lois. Les fugitifs occupaient depuis plusieurs siècles leur nouvelle ville de Guignany en latin Griminum ou Guinum, lorsqu’une circonstance nouvelle tes déplaça encore.
Un dragon terrible, monstre ailé, reptile quadrupède, comme les légendes nous en ont tant décrit, désolait le pays. L’évêque d’Antibes, Hermentaire, confiant dans sa grande force de corps et surtout dans la grâce de Dieu, prit une lance et une épée et s’en vint combattre le monstre infernal ; car tous ces dragons des premiers âges du christianisme sont d’évidents symboles du démon, c’est-à-dire du paganisme. Le vaillant évêque fut vainqueur, renversa les idoles et convertit les habitants de Guignan, qui, descendant du sommet au pied de la montagne, y fondèrent la ville de Dracoguignan, réunissant dans ce nom le souvenir de leur habitation antérieure et celui du dragon vaincu. On trouve aussi d’autres formes de ce nom : Draconium, Dracenum, Draguignianum.

Draguignan fut si bien fortifiée que les Sarrasins ne purent la prendre. Ils se bornèrent à renverser ce qui restait encore de Griminum. Devenue, sous les comtes de Provence, le siège d’une cour d’appel, à laquelle appartenaient les vigueries de Castellane, Grasse, Lorgues, Brignoles, Aups, Hyères et Toulon, exemptée de tous péages par Marie de Blois, en récompense de sa fidélité à Louis II, Draguignan devint comme la capitale de la basse Provence. C’est dans ses murs que se réunirent les Etats lorsque le comte Henri de Transtamare désola le pays (1362) ; ils l’éloignèrent en lui payant dix mille setiers de blé et deux mille brebis.
En 1535, François Ier y établit un des six tribunaux ressortissant à la sénéchaussée d’Aix. La population était plus considérable alors qu’aujourd’hui, et s’élevait au moins à 12,000 âmes.
Pendant les guerres de religion, Draguignan fut l’objet de grands efforts de la part des deux partis. La population était catholique, et elle donna, dès le début, de sanglantes preuves de son orthodoxie. Antoine de Richien, seigneur de Mauvans, soldat vieilli dans les guerres de François Ier, mais protestant, se rendit à Draguignan pour essayer des moyens de conciliation dont on faisait alors en France l’expérience inutile. Le peuple se jeta sur lui, mit son corps en lambeaux, en promena par la ville les débris pantelants et les donna à manger aux chiens, qui refusèrent d’y toucher : on battit les pauvres bêtes, on les traita de calvinistes et peu s’en fallut qu’on ne leur fît leur procès. Au reste, les Draguignanais ne repoussèrent pas moins les ligueurs que les protestants ; ils les poursuivirent même, en 1585, jusqu’au Muy et les battirent complètement. Le gouverneur Lavallette y défendit la cause de Henri IV en s’efforçant d’empêcher la jonction des ligueurs et du duc de Savoie.

Ce fut à Draguignan que commença, en 1649, la guerre du Semestre, la Fronde de la Provence, signalée par les luttes sanglantes des sabreurs et des canivets. Les premiers occupaient la grosse tour qui dominait la ville, ce qui fut la cause qu’on la démolit, en 1660, après qu’ils en eurent été chassés par les troupes royales ; mais si Draguignan perdit cette forteresse féodale, elle conserva ses nouvelles fortifications, construites en 1615 ; il fallait bien laisser à une ville presque frontière les moyens de résister aux invasions des étrangers. Les rois de France les plus absolus flattèrent cette ville importante : Louis XIII y établit un présidial (1639), Louis XIV confirma ses privilèges.
Aujourd’hui, Draguignan bâtit ses maisons sur les débris de ses fortifications écroulées. Mais elle n’est pas déchue et n’a aucun droit de se plaindre, puisque, avec moins de 10,000 habitants, elle est le chef-lieu d’un département où se trouve Toulon, une ville qui en a sept fois autant ; d’ailleurs, elle s’embellit de jour en jour, et se divise en ancienne et nouvelle ville, dont les places sont ornées de fontaines. Un canal dérivé de la Nartuby traverse la ville et y fait mouvoir un grand nombre d’usines.

On remarque à Draguignan l’église, de style ogival, la tour de l’Horloge, qui s’élève sur le même rocher que la vieille tour démolie en 1660 ; la préfecture, le palais de justice, le théâtre, l’école normale primaire, la bibliothèque, le musée, l’hôpital et le jardin botanique, riche en plantes exotiques. On admire aussi la belle promenade d’Azémar et lé délicieux jardin des plantes, de style anglais. Mais ce qui fait le charme principal de cette ville, c’est la beauté du bassin de la Nartuby, où elle est située, et que renferment des montagnes toujours vertes.

Les verdoyants coteaux, sur le penchant desquels est bâtie la ville, sont préservés par le Malmont des brusques agressions du mistral, et, de leurs pittoresques replis, la vue s’étend sur un splendide horizon.

La douceur de son hiver, la pureté de son ciel, son éloignement de la mer, commencent à attirer à Draguignan un certain nombre d’étrangers dont la santé, tout en nécessitant le climat du Midi, redoute les effluves trop excitantes de l’air salin, ou dont la bourse modeste ne peut affronter les villes de saison plus en renom et d’un séjour plus onéreux.

Aux portes de la ville se trouve la Pierre de la Fée, dolmen admirablement conservé, à propos duquel l'imagination méridionale a brodé la touchante légende que nous avons racontée plus haul. À quelques kilomètres, la Nartuby traverse les gorges pittoresques de Châteaudouble, dont les accidents rappellent les sites les plus renommés de la Suisse. Plus bas, vers Trans, la rivière s'effondre en cascades du plus bel effet.

Draguignan est le siège d'une société d'agriculture et d'une société d'études scientifiques et archéologiques. Elle possède des fabriques de savon, de bougies, de grosse draperie, filatures, hauts moulinages pour la soie, distilleries, teintureries, tanneries et corroiries, des fonderies de cuivre. Son principal commerce est celui de l'huile d'olive et des essences distillées de la rose, de la menthe et des fleurs d'oranger.

Les armes de Draguignan sont : de gueules, au dragon d'argent ; on les trouve encore : d'argent, à un dragon de sinople, avec celte devise : ALIOS NUTRIO, MEOS DEVORO (Je nourris les autres, je dévore les miens.).

 

 

Plan de Draguignan vers 1850 - gravure reproduite et restaurée numériquement par © Norbert Pousseur
Plan de Draguignan, vers 1850, Extraite de l'Atlas géographique de Malte-Brun (~1858)
Collection personnelle

 


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