Extrait du Magasin pittoresque, année 1846
Entrée du Roi Charles IX à Paris par le pont Notre-Dame en 1571. Recueil de ce qui a été faict, et de l'ordre tenue à la joyeuse et triomphante entrée de très puissant, très magnanime et très chrestien prince Charles IX, etc., etc., le mardy seizième jour du mois de mars M. D. LXXI. — Bibl. royale de Sainte-Geneviève.
Le dessus, c’est-à-dire le plafond qui couvrait le pont, était un double compartiment de lierre disposé en plateforme ; on y voyait des armoiries, des devises, des ornements de toute sorte.
Et pour faire entendre, continue la relation, que cette Victoire retenue et que l’édit de pacification étaient des choses fermes et stables que Sa Majesté voulait garder inviolablement et observer à l’égard de ses sujets, il y avait un tableau dans l’un des côtés, où se trouvait un autel. Sur cet autel on remarquait une pierre carrée signifiant stabilité et fermeté très assurée ; une coupe de vin était répandue sur cette pierre. Au-devant de l’autel paraissait un pontife ayant une mitre en tète et vêtu d’habits sacerdotaux, tenant en l’une de ses mains un agneau prêt à être immolé, et en l’autre un gros caillou dont il était prêt à frapper l’agneau. Cela voulait dire que, tout ainsi que le vin de cette coupe était répandu en terre et que cet agneau était près d’être immolé, de même pouvait être répandu le sang et immolé le corps de celui qui contreviendrait, de quelque façon que ce fut, aux ordres de cet édit de pacification. Aux quatre coins de l’autel il y avait des boucliers que quatre hommes armés tenaient, parce qu’il n’était pas permis anciennement aux profanes de mettre la main sur la table de l’autel. Ces quatre hommes armés représentaient les quatre maréchaux de France commis et députés pour l’exécution et pour le maintien de cet édit. Au bas de l’autel était écrit :
De l’autre côté se voyait un château double, dans lequel étaient force corselets, morions, gantelets, rondaches, et autres sortes d’armes, parmi lesquelles les abeilles faisaient leur cire et miel. Gela signifiait qu’on n’avait plus besoin d’armes en France, du moment que l’on observerait bien l’édit de pacification. Dessous étaient deux vers d’Ovide qui signifient :
Et plus bas, à même fin, on apercevait pareille sorte d’armes sur lesquelles les araignées faisaient leurs toiles. Dessous, il y avait des vers de Théocrite, et leur traduction :
À part cette décoration du pont de Notre-Dame, la fête ressemblait beaucoup à celle qui avait été célébrée lors de l’entrée de Henri II, même dans les détails. Voir la fiche biographique de Charles IX, sur un de mes autres sites.
Extrait du Dictionnaire historique de la ville de Paris et de ses environs Le Pont Notre-Dame. L’an 1412, les Religieux de S. Magloire, Seigneurs Propriétaires de la place qu’occupe ce Pont, permirent à la Ville de le faire large de douze toises (~22m), et d’élever des maisons dessus. Charles VI lui donna le nom de Pont-Notre-Dame. Ce Prince, le Duc de Guyenne son fils aîné, les Ducs de Berry et de Bourgogne ses oncles, y mirent la première pierre. On stipula dans l’acte de fondation, qu’aucun Orfèvre, ni Changeur n’y pourraient demeurer, de que le Roi aurait toute Justice et Seigneurie, mère, mixte, impère, et les lots et ventes. Les Religieux de S. Magloire s’opposèrent à l’enregistrement des Lettres du Roi à la Chambre des Comptes ; mais nonobstant leur opposition, elles y furent enregistrées. Ce Pont tomba le 25 de Novembre de l’an 1499, par la faute du Prévôt des Marchands et des Échevins. Il n’y périt que quatre ou cinq personnes : le Prévôt des Marchands et les Échevins furent mis en prison, et condamnés à dédommager les Intéressés. On prit sur l’amende, cent livres parisis, pour être employées à faire dire un Service solennel en l’église de Paris, pour le repos de l’âme des quatre ou cinq personnes qui avaient péri. Les Prisonniers moururent en prison, n’ayant pas assez de bien pour réparer le tort fait aux autres. En sa place de cet ancien Pont, on commença celui qu’on voit aujourd’hui, et Guillaume de Poitiers, Seigneur de Clérieu, pour lors Gouverneur de Paris, en posa la première pierre le 28 Mars, que l’on comptait encore 1499, selon l’ancien calcul, et il fut achevée en 1507, ainsi que nous l’apprend une inscription qu’on mit à une des arches de ce Pont : elle était ainsi conçue :
Malgré ce témoignage si précis, le Maire et Sauval ont assuré que ce Pont ne fut commencé qu'en 1507, et qu’il ne fut achevé qu'en 1512. Il est chargé dans toute sa longueur de trente maisons d’un côté, et de trente-une de l’autre ; mais ces maisons ne furent finies que quelques années après. Elles sont toutes également élevées et de même structure. Elles étaient ornées sur le devant de grands thermes d’hommes et de femmes, composés à l’ordinaire d’un demi-corps et d’une gaine à trois faces, de laquelle pendaient autant de festons attachés à un grand cartouche, qui servait comme de ceinture à ces thermes. Ces figures portaient sur leur tête des corbeilles remplies de fleurs ou de fruits. Dans les entre deux, on voyait des médaillons relevés en couleur de bronze, qui représentaient nos Rois, et ils étaient accompagnés d'inscriptions qui marquaient leurs noms et leurs caractères. Toutes ces maisons furent ainsi décorées l’an 1660, pour l’entrée de la Reine Marie-Thérèse d'Autriche. Aujourd’hui il en reste à peine quelques vestiges. Aux quatre maisons qui sont aux extrémités de ce Pont, l’on a construit des niches, où l’on a placé, d’un côté, les statues de Louis XIII et d’Henri IV ; et de l’autre, celles de Saint Louis et de Louis XIV. Au milieu de ce Pont, sont deux pompes qui élèvent de l’eau de la rivière, pour la distribuer à plusieurs fontaines de la Ville. L’une est de l’invention de Joly, et donne trente pouces d’eau ; et l’autre a été inventée par de Manse, et en donne cinquante. Le Pont Notre-Dame est admirable, tant par la solidité, que par la beauté de l’architecture. Sannazard, Vazari, et tous les Écrivains qui sont venus depuis, ont tous assuré qu'il avait été construit sur les dessins de Jean Juconde, ou Joconde, en François Joyeux, né à Vérone, sur les dessins duquel avait été construit, peu de temps auparavant, le Petit-Pont de Paris ; ce qui donna lieu à Sannazar de faire cette mauvaise épigramme en l'honneur de Juconde. Ce fut sur ce Pont que l'lnfanterie Ecclésiastique de la Ligue passa en revue devant le Légat, le 3 de Juin 1590. Capucins, Minimes, Cordeliers, Jacobins, Carmes, Feuillants, tous, la robe retroussée, le capuchon bas, le casque en tête, la cuirasse sur le dos, l’épée au côté, et le mousquet sur l’épaule, marchaient quatre à quatre, le Révérend Évêque de Senlis à leur tête, avec un esponton ; les Curés de Saint-Jacques- de-la-Boucherie et de S. Côme, faisaient les fonctions de Sergents-Majors. Quelques-uns de ces Miliciens, sans penser que leurs fusils étaient chargés à balles, voulurent saluer le Légat, et tuèrent a côté de lui un de ses Aumôniers. Son Éminence, trouvant qu’il commençait à faire trop chaud à cette revue, se dépêcha de donner sa bénédiction, et s’en alla. Saint-Foix, tom. 2, page. 46.
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Pour voir les détails de ces gravures du pont Notre-Dame à Paris, |
Les textes ont été transcrits du vieux françois en français courant,
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