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Gravure ancienne ajoutée à l'iconographie de l'histoire des villes

Damas au 18ème et 19ème siècle

 

Vue de Damas par Rouargue - gravure reproduite et restaurée numériquement par © Norbert Pousseur
Vue générale de Damas vers 1840, par Rouargue 



 

Article tiré de la Géographie universelle de Malte-Brun, édition de 1842

De Baalbek à Damas la route suit le versant occidental de l’Anti-Liban ; le pays est d'abord complètement aride, sans arbres ni pâturages, et faiblement peuplé. Vers Zebdeni les villages sont plus rapprochés et les collines sont couvertes de vignes, depuis le pied jusqu’au sommet. La grande quantité de raisins qu’elles fournissent n’est point employée à faire du vin puisque les musulmans n’en boivent pas ; mais on en retire une substance saccharine et juteuse appelée dibs dont on se sert pour remplacer le sucre ; une liqueur spiritueuse appelée uraki ; enfin, une partie du raisin est séché et une autre est employée à faire du husrum, sorte de verjus qui remplace le vinaigre.

On traverse de grandes plantations de mûriers avant d’arriver à Zebdeni, petite ville, dont les trois quarts des habitants sont musulmans et le reste chrétiens.
Au pied oriental du Liban, de nombreux ruisseaux arrosent la fertile prairie où s’élève l’antique Damas, le Damascus des Romains, et le Demechk ou Cham-el-Dimichk des Orientaux. Cette ville était célèbre par sa manufacture de sabres, fabriqués, à ce qu’il parait, avec des bandes minces et alternatives d’acier et de fer ; ce qui les rendait si flexibles qu'ils se pliaient jusqu'à la poignée, et qu’ils pouvaient cependant couper les corps les plus durs. Le secret de cette fabrication est aujourd’hui perdu. Tamerlan emmena les ouvriers en Perse ; pourtant on y fabrique encore des sabres, mais moins bons. D’autres manufactures produisent d’excellent savon et des étoffes mêlées de coton et de soie, les ouvrages d’ébénisterie en bois précieux, ornés d’ivoire et de nacre de perle, ont excité l’admiration des Européens. Le commerce et le passage des caravanes pour la Mecque animent cette ville ; la grande rue qui la traverse offre deux rangs de boutiques ou les richesses de l’Inde brillent à côté de celles de l’Europe. La population peut aller à près de 150,000 âmes. Les maisons particulières de Damas, d’un aspect simple au dehors, offrent dans l'intérieur tout l’éclat et tous les agréments d’un luxe raffiné ; on y marche sur le marbre ; on voit briller de toutes parts l’albâtre et la dorure ; chaque grande maison possède un ou plusieurs jets d’eau qui jouent dans de magnifiques bassins. La moindre habitation a trois conduits d’eau, l'un pour la cuisine, l’autre pour le jardin, le troisième pour nettoyer les immondices. Les mosquées, les églises, les cafés de Damas répondent à cette magnificence ; le Chan-Verdy, ou café aux rosiers, est regardé comme une des curiosités du Levant.

L'ancien quartier chrétien de Damas - gravure reproduite et restaurée numériquement par © Norbert Pousseur
Partie du quartier chrétien de Damas vers 1860 (extrait d'ouvrage allemand)

La longueur de cette ville, dit un voyageur anglais paraît être de 3 milles et sa largeur de 2. Elle s’étend sur la lisière orientale d’une belle plaine près d’une chaîne de collines du nord-est, et la plaine s’agrandit à perte de vue Les maisons de Damas, construites le bas en pierres, le haut en briques jaunes, et les édifices publics peints des plus riantes couleurs, donnent à la ville un aspect ravissant. C’est au centre que se trouvent le château entouré de murailles et la grande mosquée, édifices imposants par leur magnificence. Les nombreux minarets qui s’élèvent dans tous les quartiers donnent à cette importante cité un caractère d'élégance. les jardins qui l’entourent du côté du nord, les plantations d’oliviers et les longues avenues au midi, les nombreux villages à l’est, le grand faubourg de Salheyah à l’ouest, tout cela, joint aux sombres et hauts cyprès, aux peupliers élancés, aux champs de blé, aux rivières et aux ruisseaux qui fertilisent le sol, présente un paysage enchanteur et digne de l’imagination descriptive d’un conteur arabe. Ajoutons que ses rues sont bien pavées et garnies de trottoirs.

Maison à Damas vers 1860 - gravure reproduite et restaurée numériquement par © Norbert Pousseur
Cour d'une maison de Damas vers 1860 (extrait d'ouvrage allemand)

Les environs de la ville, arrosés par le Barrady et d’autres petites rivières, présentent en toutes saisons une verdure agréable et une longue série de jardins et de maisons de campagne. La vallée de Damas, ou le Goutha, est, selon Aboulfeda, le premier des quatre paradis terrestres. Faut-il que partout les lieux les plus charmants soient habités par des méchants ? Les Damasquins sont accusés de fanatisme par les chrétiens, et de perfidie par les musulmans. Trois proverbes arabes peignent le caractère des habitants de trois grandes villes voisines de l'Arabie : Schami schoumi, les Damasquins sont traîtres ; Halebi tchelebi, les Alepins (habitants d'Alep) sont petits-maîtres ; Mascry harami, les habitants du grand Caire sont vindicatifs. Mais un voyageur récent, Seetzen, contredit ces idées reçues, en tant qu’elles regardent les Damasquins.

Vue de Damas vers 1860 - gravure reproduite et restaurée numériquement par © Norbert Pousseur
Vue générale de Damas vers 1860, gravure non signée
(extrait d'ouvrage anglais)

 

Article tiré du dictionnaire de Louis Moreri, édition 1725

DAMAS, Damasco ou Darmsuc, autrefois ville capitale de Syrie et aujourd'hui de la Phénicie, est des plus grandes et des plus magnifiques du Levant. Les turcs, qui en sont les maîtres depuis plus de 200 ans, la nomment Scham ou Scam Damasco, et y ont un bassa. Autrefois elle était la neuvième métropole sous le patriarcat d'Antioche. On croit qu'elle fut bâtie par Hus, fils d'Aram, petit-fils de Noé, comme le rapporte Josèphe dans le premier livre des antiquités judaïques. L'apôtre saint Paul fut baptisé en cette ville par Ananias, et y prêcha l’évangile ; mais ayant été averti du dessein que les juifs avaient formé contre sa vie, pendant qu'ils faisaient garde nuit et jour aux portes pour le tuer, les disciples le firent sortir durant la nuit par dessus les murailles dans une corbeille.

Damas est située dans une plaine très fertile, au pied du mont Liban ; elle est enfermée de collines, à la façon d'un arc de triomphe ; et est arrosée de la rivière que les anciens ont nommée Chrysorrhoas, comme qui dirait coulant d'or : cette rivière s’y divise en divers canaux. Damas a encore un très grand nombre de fontaines, qui la rendent extrêmement agréable. Ses campagnes fertiles et délicieuses, couvertes de fleurs et de fruits, contribuent beaucoup à la rendre fameuse. C'est pour cela que l'écriture la nomme, ville célèbre, maison de plaisir et de volupté ; et que divers auteurs l'appellent le paradis du monde. Le commerce qui s'y fait de vins, de fruit, de soies, de laines, de prunes, de raisins, d'eaux de senteurs, de sabres, d'autres armes, etc. y attire nombre de marchands, et porte son nom partout. Ses maisons font plus belles au dedans qu’elles ne le paraissent au dehors. Il y a au milieu de la ville un très beau château, bâti par un Florentin, à ce qu'on dit. Le négoce est assez florissant à Damas où les juifs font les principaux marchands. Presque toutes les sectes des chrétiens orientaux y ont quelque établissement ; on y trouve aussi des catholiques ; et les Cordeliers, les jésuites, et les capucins y ont chacun un hospice.

Voilà l’état moderne de la ville de Damas, qui a souffert de très grands changements aussi bien que les autres villes de la Syrie et de la Phénicie. Elle a été prise, reprise, ruinée, et rétablie assez souvent par les assyriens, par les babyloniens, par les perses, par les macédoniens, par les romains, par les parthes, par les sarrasins, par les tartares, et par les soudans d'Egypte, dont elle a été sujette, jusqu'au règne de Selim I empereur des turcs, qui s’en rendit le maître en 1517. Et depuis ce temps-là les turcs l'ont toujours gardée, et la possèdent encore à présent.

Elle est le siège d’un beglierbeg ou gouverneur général de ces quartiers là ; mais nonobstant cela, elle est assez déchue, quoiqu'elle soit encore fort habitée, étant presque au milieu, entre Antioche au septentrion et Jérusalem au midi, environ à cent quarante mille pas de chacune de ces villes, à deux cens quarante d'Alep, aussi au midi, et à soixante de Barut, et de la côte de la mer de Syrie au levant. Le beglierbeg de Damas, que l'on prononcerait en latin Damasi preafectura (préfet de Damas), est une province ou un gouvernement général de la Turquie, en Asie, ainsi nommée de la ville de Damas sa capitale. Il a sous lui dix sangiacats ou gouvernements particuliers, qui comprennent la partie méridionale de la Syrie, avec la Terre sainte, selon le sieur Ricaut et d'autres ; mais il y a quelques-uns de ces gouvernements, qui sont héréditaires, et sont plutôt des principautés.

Damas devint vers l'an 2891 du monde, 1044 avant J.C., la capitale d’un royaume, qui fut fondé par Rasin, général des troupes d'Adareser, que David venait de défaire. Il eut d’illustres successeurs : Benadad son petit fils ayant fait alliance l’an 940. avant J. C. avec Asa roi de Juda, prit plusieurs places du royaume d’Israël, et après de longues guerres il assiégea enfin Samarie, mais il fut contraint de lever le siège, et étant revenu une seconde fois il fut fait prisonnier. Il vécut peu après avoir obtenu sa liberté. Hazael général de ses troupes lui succéda, et l'an 884 avant J.C. il défit les rois d'Israël et de Juda alliés contre lui : mais il abusa de ses victoires en commettant des cruautés inouïes. Ses successeurs furent moins heureux que lui à la guerre, même vers l’an 836 avant Jésus Christ Damas fut prise par Jéroboam II. roi d'Israël. L'an 742 avant J.C., 3293 du monde, Rasin dernier roi de Damas, allié avec Phacée roi d'Israël, osa entreprendre le siège de Jérusalem : il fut repoussé, et deux ans après son royaume fut détruit par Theglatphalasar roi d'Assyrie, et lui défait et tué. Depuis, Damas fut la capitale de la Syrie, avant qu’Antioche eût cet honneur, sous les rois Seleucides : elle l’a depuis été de l’empire des sarrasins sous les califes, et elle l'est encore de la Phénicie.


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Vue de Damas par Rouargue - gravure reproduite et restaurée numériquement par © Norbert Pousseur Vue de Damas vers 1860 - gravure reproduite et restaurée numériquement par © Norbert Pousseur 

 

Lire aussi l'article historique sur l'ancienne Syrie

 

 

 

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