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Texte et gravure Le Kremlin est un polygone régulier, entouré de hautes et formidables murailles crénelées et flanquées de tours. Cette masse imposante rappelle toute la sévérité du style gothique. Derrière ses remparts est retranché le palais des tzars, demeure à la fois antique et moderne des Romanoff et des Rurik. Là aussi a passé Pierre-le-Grand ; mais quand il eut quitté le vieux palais pour la ville qu’il avait créée, le palais tomba en ruines. Paul Ier le fit rebâtir. On entre dans le Kremlin par cinq portes. En passant par la porte Ipashoï, tout homme se découvre et s'incline : ces lieux sont tout remplis de souvenirs historiques. Derrière ces remparts les Moscovites ont bravé plus d’une fois les Tatares vainqueurs; derrière ces murailles la Russie bouleversée rêva enfin un temps meilleur. C’est au Kremlin que Dmitri Donskoï déploya son drapeau noir eu marchant contre Mamaï, et qu’lwan Vassiliéwitch foula aux pieds l’image du khan à laquelle il devait hommage ; c’est au Kremlin qu’Ivan-le-Terrible aperçut les ombres de ses ancêtres, qui désormais lui défendaient l’entrée des remparts ; c’est par la porte vénérée d'Ipaskoï que Vassali Schoniski arriva jusqu’au faux Dmitri ; sur le parvis de l’église de l’Assomption au Kremlin, le jeune tzar Michel, courbant la tête sous le poids de la couronne, se prit à pleurer sur cette nouvelle grandeur qui faisait l’espoir et la joie de la Russie. Quand l’empereur Napoléon fut entré à Moscou, son premier soin fut de s’emparer du Kremlin, comme s’il eût touché au cœur l’empire russe. C’est de là que le vainqueur de Moscou vit arriver peu à peu l’incendie qui devait le chasser de sa conquête, comme le vent chasse la paille ; et quand enfin les flammes l’eurent atteint dans cette vaste demeure impériale, forcé de redescendre le grand escalier taché encore du sang des strélitz, il comprit qu’il descendait en même temps du haut de sa grandeur. Avant de quitter à jamais cette ville fatale, le maréchal Mortier, comme pour lutter d’énergie avec les Russes, fit sauter le Kremlin. Quand le Kremlin sauta, ce fut à dix lieues de distance comme un tremblement de terre. L'empereur écrivit à la ville de Paris : « Le Kremlin, arsenal, magasins, tout est détruit ; cette ancienne citadelle, qui datait des commencements de la monarchie, ce premier palais des tzars, ont été ; désormais Moscou n’est plus qu’un amas de décombres. » — Mais Moscou devait renaître de ses cendres, mais le Kremlin devait sortir de sa ruine ; seul l’empereur Napoléon, le maître éphémère de Moscou, ne devait se relever que plus tard, après sa mort.
Pour voir les détails du Kremlin et de la rive de la Moscova,
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