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Texte et gravure L'aspect de Vitré a quelque chose de grave et de sombre qui saisit l’imagination : il semble, en entrant dans cette ville, que l'on a reculé d’un siècle, et que les révolutions ont passé sur cette terre sans y laisser leur empreinte. Les rues, les monuments, les habitants eux-mêmes, tout s’harmonise si heureusement que l’on se croirait encore dans une de nos villes féodales. Ici, les vieillards ont longue mémoire ; la plupart connaissent l’histoire de leur ville, et le premier bourgeois venu, s’il a des cheveux blancs, peut vous servir de cicérone. On voit encore dans celle ville la maison de Mme de Sévigné, et à peu de distance se trouve l’habitation si célèbre des Rochers, d’où sont datées les lettres délicieuses qu’elle écrivait à sa fille. Trois hommes très justement célèbres y ont reçu le jour : Landais, D’Argentré, Garengeot ; ce dernier chirurgien du premier ordre, mort en 1759; D’Argentré, jurisconsulte savant et auteur d’une Histoire de Bretagne fort estimée ; le troisième, Landais, plus remarquable encore, fils d’un tailleur et tailleur lui-même, devint, à force de génie, premier ministre et trésorier du dernier des ducs de Bretagne. Longtemps il lutta contre la France et cette tendance à l’unité, qui rattachait invinciblement par mille liens notre province à la grande patrie. Le destin l’emporta, et les rois de France conquirent définitivement, par un mariage politique, une contrée qui pouvait les prendre à revers en cas de guerre avec l’Allemagne ; mais cette conquête avait été préparée par les alliances entre les gentilshommes français et bretons ; par les relations commerciales qui rattachaient le Comté Nantais à toute la vallée de la Loire ; par la suzeraineté spirituelle, longtemps contestée, de l’archevêque de Tours sur les évêques de Bretagne, et par le compagnonnage, dont Nantes était l'une des quatre villes de réception. Tous les ouvriers habiles de la Bretagne appartenaient à cette association puissante ; et, par suite de leurs statuts, tous avaient dû faire le tour de France, appeler frères et pays, pendant plusieurs années, les ouvriers français, jurer avec eux de propager dans le monde les croyances de leur association, conformément aux règles sévères du devoir, que des évêques français avaient réformées, s’ils ne les avaient pas dictées. Autre article sur Vitré du même ouvrage
Pour voir les détails de l'église Notre-Dame de Vitré et de sa chaire de plein-air,
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