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Texte et gravure Saint-Jean-du-Doigt est l'un des lieux de pèlerinage les plus fréquentés, On y vient de toute la Bretagne et même des départements voisins de cette province. La chapelle, objet de ces nombreuses visites, est située sur une plage délicieuse qui porte dans le pays le nom de Traoun Meriadec, au fond d’une petite anse, où la mer se trouve resserrée entre deux montagnes. Cette chapelle, d’architecture gothique, a été bâtie sur l’emplacement d’une autre église dont il ne reste que le souvenir. C’est réellement un chef-d’œuvre de délicatesse et de bon goût. Sa voûte aérienne est supportée par des faisceaux de colonnes d’une grande légèreté; ses ogives sont très élancées. Le clocher ne dépare point l’église : sa flèche est couverte en plomb ; au-dessous, plusieurs rangées de galeries percées à jour et surmontées d’une balustrade dont les découpures forment un feston de dentelle, permettent à cette partie de l’édifice de s’élever avec grâce et sans pesanteur. On y reconnaît cet art avec lequel les architectes bretons ont toujours su dissimuler les masses. Le duc Jean V en posa la première pierre, en 1440, avec une grande pompe, au milieu de courtisans et de prélats ; mais les travaux furent longtemps interrompus, faute d’argent ; en 1506, la reine Anne les fit reprendre et conduire à bonne fin, dans l’espace de sept années. La même princesse fit de très riches cadeaux à l’église, après un pèlerinage qu’elle accomplit à Saint-Jean-du-Doigt. On y voit encore le calice en vermeil dont elle fit présent. Ce calice a treize pouces de haut, sa coupe a cinq pouces six lignes de diamètre ; sur cette base sont exécutés, dit Cambry, des rameaux réunis par un ange ; la pomme est ornée de huit médaillons des apôtres en émail ; sur la patène, est un enfant Jésus près duquel la Vierge et Saint Joseph sont en adoration ; doux bergers attentifs, sous une arcade, contemplent cette scène. Ce joli morceau est exécuté en émail, sur un fond couleur lie de vin. On remarque un portrait en relief sur la patène, c’est probablement celui de l’un des maris de la reine. On montre à Lann-Feslour le piédestal d’une croix sur lequel est imprimé le pied de la reine Anne ; c’est l’endroit où elle descendit de sa litière en venant à l’église. — Elle avait voulu d’abord se faire apporter le doigt de Saint Jean ; mais les brancards, disent les traditions, s’étaient brisés, et le doigt miraculeux était retourné de lui-même à sa place.
La fontaine que l’on voit dans le cimetière, n’est pas moins intéressante que l’église : elle se compose d’une pyramide élancée, formée par trois bassins superposés, qu’une petite colonne soutient, au milieu d’un vaste réservoir, de la forme d’une coupe placée sur un socle. Ce monument est en pierre de Kersanton, ses figures sont en plomb, chaque bassin est décoré d’une rosace formée de têtes d’anges et de quelques autres ornements du meilleur goût, la statuette qui couronne le monument est celle du Père éternel. Les figures inférieures représentent le baptême de Jésus-Christ. La chapelle et la fontaine de Saint-Jean-du-Doigt sont dans la commune de Plougaznou : les archéologues et les artistes qui vont les visiter, étudieront avec intérêt, dans ce même voyage, l’église de Saint-Melair-de-Lanmeur ; elle est très-ancienne et appartient aux premiers jours du christianisme. Son église souterraine possède une fontaine, probablement c’était l’ancienne fontaine sacrée du pays ; la tradition rapporte, en effet, que Lanmeur se nommait autrefois Kerfuntun, ou Ville de la Fontaine. L’architecture du porche est du Xe siècle; celle de la crypte est antérieure ; cependant, nous ne croyons pas qu’elle soit celtique. A quelques centaines de pas, se trouve l’église de Kemitron, c’est-à-dire du village de Madame ta Vierge, qui appartient à l’architecture romane, et que nous considérons comme postérieure au Xe siècle; le chœur est gothique. Cette partie du Finistère est l’une de celles où l’on a le plus cultivé la poésie : Cambry, Souvestre, Hersart-de-la-Villemarquet, ont publié, dans leurs ouvrages, des traductions intéressantes des chants populaires de cette localité. « On brûlait le corps de Saint-Jean, à Samarie, par ordre de Julien l’Apostat: une pluie miraculeuse permet aux Chrétiens d’en dérober quelques reliques ; un de ses doigts fut envoyé par eux à Philippe-le-Juste, patriarche de Jérusalem. Tècle, vierge normande, le transporte dans sa patrie, fait bâtir une église dans laquelle elle le consacre à la vénération publique. Cambry , Voyage dans le Finistère.
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