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Les villes à travers les documents anciens

Paris : Les Champs-Élysées au 19ème siècle


Les Champs-Élysées au 19ème siècle - gravure reproduite et restaurée numériquement par © Norbert Pousseur
Vue des Champs-Élysées et du Palais de L'Industrieau 19ème siècle
Lithographie Vayron - Edition Agustoni-Frères, 30 rue St Jacques à Paris
Collection personnelle
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  La Cour des Comptes

 

Texte extrait du Dictionnaire de toutes les communes de France - éd. 1851
Augustin Girault de Saint Fargeau - (collection personnelle).

Champs-Élysées.
On nomme ainsi une admirable promenade publique, située au-delà du jardin des Tuileries, dont la grande allée s’aligne avec la longue avenue des Champs-Élysées, et qui n’est séparée de ce jardin que par la place de la Concorde. C’est un vaste terrain planté d’arbres alignés, limité au sud par le Cours-la-Reine, qui longe la rive droite de la Seine, au nord par les jardins du Faubourg St-Honoré, à l’est par la place de la Concorde, et à l’ouest par l’allée des Veuves. C’était autrefois une grande plaine couverte de jardins, de prés, de garennes, de champs, sur laquelle étaient bâties quelques maisons isolées. En 1670, ce terrain fut planté d’arbres formant plusieurs allées, au milieu desquelles on avait ménagé des tapis de verdure, et reçut le nom de promenade du Grand-Cours, pour la distinguer du Cours-la-Reine ; plus tard on donna à cette promenade le nom de Champs-Élysées. En 1764, le surintendant des bâtiments, Marigny, fit arracher tous les arbres, aplanir la hauteur de l’Étoile, exhausser les parties les plus basses, et niveler entièrement le terrain, qui fut replanté dans l’état où nous le voyons aujourd’hui, à l’exception de quelques percements faits en 1819, dans le but d’obtenir des perspectives. La belle direction des allées, la distribution des espaces laissés au milieu des arbres et ornés de belles fontaines, les beaux édifices récemment construits pour des cafés et autres établissements publics, le vaste et beau cirque destiné aux exercices équestres, un majestueux panorama, la belle gerbe d'eau et le bassin du rond-point, et surtout l'admirable avenue terminée par le gigantesque arc de triomphe de l’Etoile, font de cette vaste plantation une des plus belles promenades du monde, et l'entrée la plus magnifique d'une grande capitale. Rien n’égale surtout le coup d’œil qu’offrent le soir la place de la Concorde avec ses fontaines, ses candélabres et ses colonnes rostrales d’où jaillissent des faisceaux de lumière, et surtout la grande avenue de Neuilly, éclairée par un double rang de becs de gaz dans toute sa longueur, depuis la place de la Concorde jusqu’à l’arc de triomphe de l’Etoile.

La convention nationale s’occupa d’embellir les Champs-Élysées ; c’est sur les plans arrêtés par le comité de salut public que l’entrée de cette promenade a été élargie du côté de Paris, et que les chevaux de Marly ont été placés sur des piédestaux construits d’après les dessins de David. La convention avait aussi décrété que la statue de J.-J. Rousseau, en bronze, serait placée aux Champs-Élysées ; ce monument fut mis au concours, mais il ne fut jamais exécuté.

Les Champs-Élysées ont souvent été le théâtre d’événements politiques que l’histoire a enregistrés. C’était là que se réunissaient, au commencement de la révolution, les corps d’artisans pour réclamer l’abolition des entraves au libre exercice des arts et métiers. C’est aux Champs- Élysées que se réunirent, le 5 octobre 1789, ces milliers de femmes du peuple qui, sous la conduite du fameux Maillard, se portèrent à Versailles.
A l’occasion de la fédération générale du 14 juillet 1790, la ville de Paris y donna, le 18 du même mois, une fête brillante aux fédérés de tous les départements.
A l’époque de l’acceptation de la constitution de 1791, la ville de Paris donna aux Champs-Élysées une autre fête pour célébrer cet événement.
Le 30 juillet 1792, une rixe sanglante s’engagea entre le bataillon des fédérés marseillais et les gardes nationaux du bataillon des Filles-St-Thomas, qui furent mis en fuite et dont le commandant fut tué sur la place. Cette affaire fut le prélude de la célèbre journée du 10 août. Ce jour-là, une des fausses patrouilles organisées par la cour et par le commandant Mandat se présenta aux Champs-Élysées, où se trouvait la garde nationale, sur laquelle cette fausse patrouille fit feu. Il en résultat un combat, à la suite duquel plusieurs royalistes furent pris et conduits au corps de garde des Feuillants : six d’entre eux, au nombre desquels était le journaliste Suleau, furent mis à mort par un tribunal populaire.
Après la mort de Marat, les jacobins et les cordeliers lui élevèrent aux Champs-Élysées, en commun avec Lepelletier, un tombeau de verdure qui fut dévasté nuitamment par les royalistes, restauré par un décret de la convention du 11 brumaire an II, et totalement détruit lors de la réaction thermidorienne par la jeunesse dorée.

Sous le règne de Napoléon, les Champs-Élysées furent aussi destinés aux grandes fêtes publiques, Aux mauvais jours de 1814 et 1815, cette promenade devint le bivouac exclusif des Anglais, qui la dévastèrent tellement qu’on fut obligé de la replanter en partie en 1818 et 1819.

C’est aux Champs-Élysées et dans les carrés adjacents à l’avenue de Neuilly qu’ont lieu les réjouissances publiques. Dans tout le cours de l’année c’est le lieu de rendez-vous ou de passage des promeneurs qui parcourent l’avenue dans toute sa longueur ou qui se rendent au bois de Boulogne. Là se montrent en passant, en courant, les amateurs de beaux chevaux et d’élégants équipages. Là se réunissent sur divers points les plus forts joueurs de boule, de ballon, de paume. Les ouvriers y viennent jouer aux quilles et à d’autres jeux les dimanches et les lundis. On y voit en tout temps des cafés, des estaminets, des restaurants, des salles de danses et de concerts, des jeux d’escarpolette, des dynamomètres, des balances, où l’on peut constater les forces de son poignet et le poids de son corps. On y rencontre des escamoteurs, des physiciens, des baladins et des charlatans de toute espèce ; on y entend une musique enragée, des chanteurs français, allemands et italiens.
Par un soleil de printemps, toute l’histoire de Paris passe aux Champs-Élysées sous les yeux de l’observateur. Sur les bas-côtés de la promenade, pendant que la foule plébéienne se presse autour de quelques bateleurs, on voit se promener le grave bourgeois, quelques jeunes femmes malades, quelques vieillards qu’on réchauffe sous cette favorable influence, et les enfants qui se disputent les voitures traînées par les chèvres. Mais sur le milieu de la chaussée, c’est le monde opulent qui court avec une rapidité, image fidèle de ses destinées. D’abord on voit défiler les équipages diplomatiques, que suivent ordinairement ceux de la banque ; puis viennent les attelages fringants, les élégants cavaliers, les antiques et lourds équipages ; les voitures de place numérotées, de toutes les formes et de toutes les dimensions, qui roulent la moyenne propriété, qu’on n’a pas encore déshéritée de sa part du soleil. Dans quelques carrosses vieux et sans valets se promènent des souffrances et des regrets ; Les omnibus, ces tyrans de la voie publique, transportent les individus de toutes les classes que réclament le plaisir, le travail ou les affaires. La charrette ne s’émeut pas du luxe qui l’entoure ; la carriole du campagnard, orgueilleuse comme on l’est au village, ne cède point sa part à la voiture armoriée. Enfin les tilburys, les briskas conduisent le plus joyeusement du monde des jeunes gens, dont les Champs-Élysées et le bois de Boulogne ne sont fort souvent que la première étape du château de leurs pères à la prison de Clichy.

C’est aux Champs-Élysées qu’a lieu la promenade dite de Longchamps, dont l’origine remonte au temps où les Parisiens allaient en foule pendant les mercredi, jeudi et vendredi de la semaine sainte, entendre les chants religieux des filles de l’abbaye de Longchamps. Plus tard, les voix mélodieuses des acteurs et des actrices de l’Opéra, qui venaient chanter aux ténèbres, y attirèrent un concours immense de spectateurs. L’abbaye de Longchamps disparut en 1790, et la promenade fut interrompue pendant tout le cours de la révolution ; mais elle reprit une nouvelle activité à l’avènement au trône de Napoléon ; elle attiré encore de nos jours la foule, selon que le temps est plus ou moins favorable,

Cette belle promenade est pleine de périodes brillantes et de curieuses anecdotes, entre lesquelles nous choisirons la suivante : "Un soir d’une belle journée d’été, Martin de l’Opéra-Comique, Lafont le célèbre violoniste et la belle Mlle B..., après avoir fait plusieurs tours dans la principale allée, s’arrêtèrent devant un pauvre vieil aveugle qui jouait du violon depuis deux heures sans avoir reçu la moindre aumône : les trois artistes prirent en pitié leur infortuné confrère. Lafont lui emprunta son violon et accompagna Martin, qui chanta ses plus beaux airs. La foule accourut, et Mlle B... fit la recette, qui fut assez abondante pour que le vieillard fut à l’abri du besoin pour le reste de ses jours. »

Les Champs-Élysées, qui faisaient autrefois partie du domaine de la couronne, furent réunis au domaine national en 1792. Ils ont été concédés à titre de propriété à la ville de Paris en 1828, ainsi que la place de la Concorde. En 1838 et 1839, la ville y a fait établir cinq fontaines, et a concédé pour trente-six années à plusieurs particuliers dix emplacements, à la charge d’y construire des pavillons qui ont été exécutés d’après les plans fournis par l’administration. Il y a en outre une vaste rotonde construite pour un panorama, et un magnifique cirque occupé pendant l’été par le Cirque olympique.

Gravure avec aquarellage d'origine des frères Rouargue - format d'origine 15x12 cm - collection personnelle

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