Dieppe vers 1840 par Morel-Fatio
in Magasin pittoresque - 1845 - collection personnelle
Brève description et histoire de Dieppe par Abel Hugo,
extrait de "La France pittoresque", édition 1835.
Dieppe, port de mer, sur la Manche, à l’embouchure de la rivière d’Arques, chef-Lieu d’arrondissement, à 14 lieues Nord de Rouen. Pop. 17,079. hab.
Dieppe est assise sur un sol d’alluvion produit de la destruction des côtes voisines, ruinées peu à peu par l’Océan.
Dans l’origine cette ville n’était qu’un chétif assemblage de cabanes de pécheurs, établis à l'embouchure de la rivière pour la commodité de leur profession.
Elle ne commença à figurer dans I’histoire qu’en 1196.
Philippe-Auguste, dans ses querelles avec Richard Cœur-de-Lion, la détruisit de fond en comble et brûla ses navires; mais bientôt les maisons furent rebâties et les désastres réparés.
Sous Charles VII, Dieppe, comme le reste de la Normandie, était au pouvoir des Anglais; elle fut reprise en 1433 par les français. En 1442, Talbot en fit le siège avec une artillerie formidable, mais Dunois se jeta dans la place qui fut bientôt secourue par le dauphin, fils de Charles VII.
Sous François Ier, Dieppe possédait un commerce maritime immense. Ango, le principal de ses armateurs, couvrait la mer de ses navires, envoyait des escadres armées à ses frais pour châtier les rois qui insultaient son pavillon, et traitait d’égal à égal avec leurs ambassadeurs.
Dès 1365, les Dieppois, livrés à leur seul génie et restreints aux ressources uniques de leur ville, avaient fait sur les côtes d’Afrique une expédition qui précéda de plus d’un siècle et qui prépara celle de Vasco de Gamma ; la France leur dut ses premiers établissements au Canada, où ils fondèrent Québec.
A diverses époques ils enrichirent leur pays de nombreuses découvertes géographiques.
Le 17 juillet 1694, une escadre anglaise aux ordres de lord Barclay jeta dans Dieppe 3,000 bombes et 4,000 boulets, un énorme brûlot acheva de détruire cette malheureuse ville ; quelques maisons et trois monuments échappèrent seuls au bombardement, le château et les églises de Saint-Jacques et de Saint-Rémi La ville fut bientôt réédifiée par les soins du gouvernement et prit alors l’aspect uniforme qu’elle a aujourd’hui.
Dieppe est située avantageusement pour le commerce.
Malgré les variations de la température, l’air y est généralement pur et sain, les eaux y sont abondantes et de bonne qualité ; les rues, larges et bien percées, sont bordées de maisons propres et régulières dont la plupart sont construites en briques, couvertes en tuiles et ornées de balcons ; le port, formé par deux belles jetées, défendu par un château-fort et par une citadelle, serait excellent si, depuis quelques années, les vases, en l’encombrant avec rapidité, ne menaçaient de le combler entièrement, malgré les écluses de chasse de l’arrière-port, dont l’effet est malheureusement affaibli par la disposition latérale de la passe.
Le château de Dieppe, qui s'élève de terrasse en terrasse jusqu’à la crête de la falaise dé l’ouest, occupe une position aussi forte que pittoresque; il est muni de hautes murailles, flanqué de tours et de bastions et domine à la fois la ville, la vallée et la mer.
Les chroniques manuscrites comptent trois châteaux successivement construits avant celui qui existe maintenant; ce dernier est d'un plan singulier et de style bizarre; il offre, dans l’élévation de ses tours, les profils de ses murailles et l’austérité imposante de son entrée, une variété d’aspects sévères qui rappellent à la fois des souvenirs d’esclavage et de gloire.
Le château de Dieppe , extrait du Magasin pittoresque de 1844
A une demi-lieue au Nord-Est de Dieppe, au bord de la côte, est un vaste terrain presque inculte, entouré de hauts remparts en terre. Cette enceinte porte le titre de Cité de Limes; elle est plus connue sous le nom de Camp de César. Il est probable que là se trouvait non pas un camp, mais une ville, qu’on voit indiquée, sous le nom d’Olim, sur d’anciennes cartes de la province.
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Un établissement de bains de mer a été formé à Dieppe en 1822. Avant cette époque les baigneurs n’avaient pour abri sur la plage qu’une baraque en mauvais état et quelques tentes mal établies ; le nouvel établissement se compose de deux parties distinctes : les constructions sur la plage, destinées à recevoir les baigneurs qui veulent affronter la lame ; elles forment une galerie de 100 mètres de long, ornée à chaque extrémité de pavillons élégants, et percée au centre par une arcade ouverte ; les tentes placées sur le sable et les bains roulants appartiennent a cette première partie : l’autre consiste en l’hôtel où sont établis les logements particuliers destinés aux étrangers qui fréquentent les bains et dont le nombre s’accroît chaque année.
En face de la salle de spectacle est un autre établissement où l’on prend des bains chauds ou froids, d’eau douce et d’eau de mer, des douches, etc. ; dans l’enceinte de l’édifice se trouvent une magnifique salle de bal, un beau café et un cercle littéraire.
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