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Article, et gravure ci-dessous, tiré de l'ouvrage Voyage dans l'Inde et au Bengale, Le gouverneur général de tous les établissements anglais à l’est du cap de Bonne-Espérance, réside à Calcutta. Son palais n’est point encore bâti, il loge dans un fort bel hôtel situé sur l’esplanade vis-à-vis de la citadelle. Quelque belle que soit cette maison, cependant elle est au-dessous de ce que devrait être la résidence d’un gouverneur de cette importance. Il y a des particuliers dans la ville aussi bien logés que lui. S’il voulait y déployer un grand luxe, le local s’y refuserait. Il s’en faut beaucoup que cet édifice soit aussi somptueux que le palais du gouverneur de Pondichéry.
En entrant dans la ville, on arrive une immense place carrée dont le milieu renferme une grande pièce d’eau, à l’usage du public. Cet étang est entouré d’une pelouse renfermée dans un mur à hauteur d’appui, surmonté d’une claire-voie, dont chaque face a bien à-peu-près deux cent cinquante toises de longueur. Le tour de ce carré est décoré de maisons magnifiques qui rendent Calcutta non-seulement la plus belle ville de l’Asie, mais même une des plus belles du monde. L’une des faces de cette place est remplie par un long bâtiment destiné à loger les officiers civils de la Compagnie, c’est-à-dire ceux qu’elle emploie dans ses bureaux en qualité d'écrivains. La face qui regarde la rivière, est remplie en partie par le vieux fort ; c’est la première citadelle que les Anglais bâtirent au Bengale lorsqu’ils s’y établirent. C’est un mauvais carré, dont les bastions sont extrêmement petits, et dont les flancs percés pour deux petits canons, n’en pourraient monter qu’un tout au plus. Ce petit fort sans fossé, ne sert plus comme fortification, les remparts sont convertis en jardins. On a bâti des maisons sur les bastions et dans l’intérieur, pour les employés du gouvernement. Les douanes surtout y ont leurs bureaux. L’échelle sur laquelle cette pièce fut bâtie, est tellement réduite, que la ligne de défense n’a pas plus de soixante-dix à soixante-quinze toises, et le front tout au plus cent. Quoique ce petit fort fût de beaucoup supérieur à celui que les Anglais avaient construit d’abord à Madras, il ne put cependant les mettre à l’abri de la colère du nabab N.... auquel ils faisaient la guerre : le fort fut pris, les débris de leurs forces se réfugièrent à Cadjery, où on les assiégea encore. Cependant, le vainqueur en s’emparant de leur fort à Calcutta, y fit quelques prisonniers, et les fit amonceler dans un trou hors du fort. Ceux qui étaient au-dessus des autres en réchappèrent les autres y furent étouffés. Pour conserver le souvenir d’une telle inhumanité, les Anglais vainqueurs à leur tour, firent élever un monument que l’on voit aujourd’hui, entre le vieux fort et l’aile droite de la maison des employés de la Compagnie, précisément à l’endroit où se commit cette barbarie. C’est une pyramide tronquée vers le sommet, posée sur un piédestal, représentant sur les quatre faces un petit frontispice recouvrant un tableau sur lequel on a gravé, dans les langues anglaise et maure, une inscription relative au sujet. On compte à Calcutta deux paroisses anglicanes, l’une desquelles est un superbe bâtiment d’architecture régulière, précédé d’un péristyle dorique d’une belle proportion : la corniche et l’architrave simple décorée de ses tri-glyphes, sont d’un très bon goût. En un mot, l’édifice est dans sa totalité un modèle de grâces et d’élégance. La ville Noire est contiguë et au nord de Calcutta : elle est immense, et renferme une population que l’on évaluait, lors de mon dernier voyage, à six cent mille Indiens de tout âge et de tout sexe.
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