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Texte et gravure A peine nous eûmes le temps de voir Vittoria et Burgos, tant la diligence est un mauvais moyen de voyager par curiosité ; mais, d’après l’état actuel des routes, un étranger dans sa voiture serait sûr d’être pillé. Cette ville qui fut longtemps le séjour des rois, est d’un aspect original. Je me souviendrai toujours de ces portes gothiques, tout hérissées de figures sculptées et couvertes d’inscriptions, que le conducteur de la diligence, qu’on appelle en ce pays le mayoral, ne laisse pas à ses victimes le temps de déchiffrer. On voit aussi, près de la rivière, les statues de plusieurs grands hommes, parmi lesquels on distingue le Cid; enfin l’architecture de la cathédrale est frappante. C'est le soir que nous traversâmes Burgos; il faisait beau après de longs jours de pluie glacée connue il n’en tombe qu’en ce pays, toute la ville était réunie sur la promenade; c’est là que j’aperçus les premiers moines. La ville de Burgos est remplie d’ornements et d’églises; la cathédrale est remarquable par la délicatesse de son architecture gothique et par l’élégance de ces nombreuses petites flèches qui, de toutes les parties de l’édifice, s’élèvent les unes au-dessus des autres. Demandez à voir au premier Espagnol flâneur, et ils le sont tous, les restes de la maison du Cid, et il vous les montrera en fredonnant quelques-uns des romanceros. Burgos contient encore, entre autres ruines dignes de respect, l’arc de Fernand Gonzale, et l’arc Sainte-Marie, porte triomphale par laquelle on entre dans la ville en traversant le Rio Arlunzo. Hors des murs, sur une agreste colline, s’élève un vieux château à demi renversé par les boulets français ; là aussi on vous montre le tombeau du Cid et quelques restes du palais d’Alphonse-le-Sage, ce roi philosophe et astronome, l’honneur de l’Espagne policée et savante : mais le moyen de voir en si grande hâte, même des ruines ! Nous passions par Burgos un jour de fête. La cathédrale était remplie de lumières, de prières et d’encens ; je vis la foule saluer quelques religieux, et ceux-ci ne rendaient que rarement le salut qu’on leur faisait. Ils se promenaient dans la ville comme des seigneurs châtelains dans leurs domaines; leur gravité frappante, quand on les compare aux prêtres italiens, ne m’inspirait qu’un respect mêlé de colère ; ce dernier sentiment est obligé. On vient de France, on a entendu parler des abus du jésuitisme, on voit les hommes qui les professent, on ne veut pas être moins généreux qu’un journaliste, on s’indigne par respect humain et par philanthropie. Je m’indignais donc à l’aspect des moines, je pensais à l’ignorance, à la misère des peuples qu’ils sont chargés d’instruire, et dont ils devraient améliorer le sort. Pourtant à de tels maîtres, les sujets s’attachent : c’est que, n’en déplaise aux enfants du siècle, la pauvreté n’est pas le plus grand des maux ; c’est qu’aussi, au temps jadis, l’obéissance religieuse avait été regardée comme le plus noble principe du gouvernement. Nous arrivâmes ainsi au bout de la plaine, et nous devions franchir le lendemain un des défilés de la chaîne de Guadarrama, celui de Somo-Sierra, fameux par les désastres des Français et les cruautés des Espagnols. Le temps était menaçant, et nous avions trente lieues à faire avant d'arriver auprès de ce redoutable passage: il exige toujours trois heures ; mais notre conducteur craignait les dangers et les difficultés qu’on y rencontre ordinairement dans cette saison, les jours de mauvais temps. Nous nous couchâmes avec la perspective d’une journée pire de beaucoup que celle que nous venions de passer ; nous tombions de fatigue, et je dormais assez pour sentir la souffrance du réveil à une heure du matin. Avec la diligence par laquelle nous voyagions, on arrive ordinairement vers dix heures du soir, et l’on se remet en route à minuit, et quel horrible temps ! il neigeait, il grêlait, il ventait depuis le matin ; les éléments paraissaient déchaînés, et je m’enfonçai dans mon manteau en pensant au chemin qu’il me restait à faire. Pour voir le détail des monuments de Burgos vers 1840,
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