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Mézières dans ses collines, vers 1830, gravure de Chevery
extraite de La France pittoresque - Abel Hugo - 1835
(collection personnelle).
Textes extraits de La France pittoresque - Abel Hugo - 1835 Mézières et Charleville étaient des villes séparées jusqu'en 1966. Mézières sur la Meuse, juste en face de Charleville, était alors le Chef-Lieu du Département des Ardennes. Chaque commune possède de ce fait son histoire propre, réunies ici sur la même page, puisque les habitants actuels vivent ensemble.
MÉZIÈRES, ville forte sur la Meuse, chef-lieu de préfecture, à 58 lieues 1/2. N.-E. (Distance légale de Paris, on paie 29 postes 3/4. Population 3,759 habitants. Cette ville, située sur le penchant d'une colline, à l’isthme d’une presqu’île formée par la Meuse, qui la traverse deux fois, est entourée de fortifications considérables et dominée par une bonne citadelle. — C’était Un gouvernement de place du ci-devant Rethélois. C’est aujourd’hui une ville de guerre de 2e classe. L’origine de Mézières remonte au IXe siècle, à l'époque où, en 899, son château fut construit par un seigneur nommé Hellebarde. On prétend que le nom de la ville, en latin Maceriensis, vient d’une statue du dieu Macer, trouvée en creusant les fondations de ce château.
C’est en 1176 que la première église, en l'honneur de saint Pierre, fut construite dans l’intérieur du château. — En 1214, la population reçut un notable accroissement par des Liégeois qui s’y réfugièrent. — Le lieu étant devenu considérable, Hugues III, comte de Rethel, lui accorda, en 1233, le titre de ville. — Le château et l’église collégiale furent détruits, en 1308, par un incendie ; mais le château fut promptement réparé. — On fait re- monter à 1412, rétablissement de l’Hôtel-Dieu. — En 1468, un grand nombre, de Liégeois vinrent encore chercher un refuge à Mézières, — C’est en 1499 qu’eut lieu la première fondation de l’église paroissiale ; la ville ne possédait alors qu’une petite chapelle dédiée à saint Julien, au milieu du cimetière.
Lors de la guerre contre Charles-Quint, en 1521, François Ier, à la suite, d’un conseil de guerre tenu à Reims, allait donner l’ordre de ravager le pays pour l’affamer, et de brûler Mézières, qu’il considérait comme une place trop faible pour soutenir un siège ; on espérait ainsi arrêter la marche de l'armée impériale, qui venait de s’emparer de Mouzon et de ravager le Luxembourg, Bayard s’opposa à l’incendie de Mézières, et offrit de défendre la ville, en disant au Roi : « II n’y a pas de places faibles, quand il y a des gens de bien pour les défendre ». Le Roi accepta ; Bayard se jeta dans Mézières avec 2,000 hommes seulement ; la ville fut aussitôt cernée sur les deux côtés de la Meuse, par 40.000 Autrichiens aux ordres du comte de Nassau et du général de Sickenghem et le siège commença. En 1552, Henri II et Catherine de Médicis visitèrent Mézières.— En 1565, le palais des Tournelles (qui n’existe plus), y fut bâti par Gonzague de Mantoue. La ville fut pavée en 1667. Le mariage de Charles IX avec Elisabeth d’Autriche y fût célébré en l570. — L’érection du la citadelle sur son emplacement actuel remonte à 1591. On détruisit pour l’édifier le faubourg de Berthoncourt. La peste fit, en 1633, de grands ravages ; il mourut 1.1000 personnes. — La reconstitution de l’Hôtel-de-Ville date de 1732, celle de l’Hôtel-Dieu de 1746. — Ce fut en 1750 qu’on y fonda l’école royale du génie.
Trois siècles environ après l’héroïque défense de Mézières, par Bayard, cette ville eut à soutenir un nouveau siège, En 1815, après la bataille de Waterloo, les Prussiens, les Hessois et les Wurtembergeois réunis, cernèrent la place le 29 juin, et la sommèrent de se rendre ; sur le refus des habitants et de la garnison, les préparatifs de siège commencèrent ; l’artillerie servie par les canonniers bourgeois aidés de quelques artilleurs de l’armée, détruisit longtemps les batteries ennemies, à mesure qu’on les établissait, les alliés bombardèrent la ville. L’attaque et la défense soutenue de part et d’autre avec opiniâtreté, durèrent 42 jours, et se terminèrent par une convention honorable pour la garnison ; l’ennemi avait perdu environ 5,000 hommes pendant ce siège. — Ce fut en témoignage de la satisfaction pour la belle conduite des habitants, que Louis XVIII donna pour drapeau à la garde nationale de cette ville, l’étendard même de Bayard, dont il a été question plus haut. Mézières est une ville petite et généralement mal bâtie. Les seuls édifices publics qu’on y remarque sont l’Église paroissiale, la Préfecture et l’Hôtel-Dieu. On y trouve une bibliothèque publique, riche de 4,000 volumes.
CHARLEVILLE, sur la rive gauche de la Meuse, chef-lieu de canton, à 1/4 de lieues au nord. de Mézières. Population 7,773 habitants. Cette jolie ville, autrefois place forte, n’est séparée de Mézières que par une belle chaussée bordée d’arbres.
La fondation de Charleville est toute nouvelle. Le 6 mai 1605, Charles Gonzague, duc de Revers et de Mantoue, en posa la première pierre et lui donna son nom. La ville fut bâtie régulièrement et fortifiée, plutôt, néanmoins disent les auteurs du temps, pour l'ornement que pour en faire une place de défense. Les ducs de Nevers et de Mantoue exerçaient dans cette ville et sur ses dépendances, tous les débits de souveraineté. Il y avait en outre un conseil souverain pour rendre la justice ; ce fut pour tenir cette nouvelle ville en respect que Louis XIII fit en 1639, élever sur le Mont-Olympe, un château fortifié, détruit eu 1689, lorsque le gouvernement de Charleville fut réuni à celui de Mézières. Les fortifications de cette place, jugées inutiles par Louis XIV, furent détruites en 1686 et 1687, et cette destruction devint pour la ville la cause d’un plus grand accroissement et d’une grande prospérité. Elle avait déjà été favorisée par l’établissement d’une manufacture d’armes à feu, fondée en 1680, et qui vient d’être supprimée (~1830). Elle possède en outre un port commode sur la Meuse, qui, lorsque le canal des Ardennes sera terminé, aura une communication peu dispendieuse avec Paris, par la Seine, l’Oise et l'Aisne, et contribuera encore au développement d’un commerce déjà très actif. Les rues de Charleville sont propres, larges et bien alignées ; les maisons à peu près d’une égale hauteur, toutes couvertes d’ardoises, généralement régulières, ont un aspect d’aisance et de gaîté agréable à voir. Il y a quatre rues principales où toutes les àutres viennent aboutir et qui se coupent à angles droits. Au Centre de la ville primitive se trouve une belle place publique entourée d’arcades et décorée d’une superbe fontaine. De cette place dite Ducale, on voyait autrefois les quatre portes de la ville. Charleville possède un hôpital, un Collège Communal, Une salle de spectacle, un cabinet d’histoire naturelle et d’antiquités, et une bibliothèque publique riche de 22.000 volumes. |
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