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Bourges vers 1830, gravure de Rauch
extraite du Guide pittoresque du voyageur en France - 1838
(collection personnelle).
Texte extrait du Dictionnaire de toutes les communes de France - éd. 1851 - Augustin Girault de Saint Fargeau
BOURGES, Bituricœ ou Bituria et Biturigum, Bithireix, Avaricum, Bituricum ou Cuborum, grande et très ancienne ville, chef-lieu du département du Cher (Berry). Cour royale d’où ressortissent les départements du Cher, de l’Indre et de la Nièvre. Tribunal de 1ère instance et de commerce. Académie universitaire. Collège royal. Société d’agriculture, sciences et arts. Chef-lieu de la 21e division militaire. Direction d’artillerie. Archevêché. Séminaire diocésain. Gîte d’étape Bureau de Poste. Relais de Poste. Population 22,826 habitants — Terrain jurassique, étage moyen du système oolitique. Autrefois archevêché, capitale du' Berry, parlement de Paris, chef-lieu d’intendance et d’élection, université, collège, bureau des finances, bailliage, présidial et justice royale, juges-consuls, hôtel des monnaies, grenier à sel, maîtrise particulière, 2 chapitres, 2 collégiales, séminaire, collège, 6 abbayes ou couvents. Industrie. Fabriques de draps, couvertures de laine, coutellerie, salpêtre. Brasseries et tanneries. — Commerce de grains, chanvre, laine, couvertures de laine, peaux, bois et arbres fruitiers. — Foires les 3 et 20 mai, 20 et 24 juin, 10 et 24 août, 17 octobre, 2 et 11 novembre, 24 décembre (20 jours), mercredi des Cendres. L’arrondissement de Bourges contient 11 cantons : les Aix-d’Augillon, Baugy, Bourges, Charost, Graçay, Levet, St-Martin-d’Auxigny, Mehun et Vierzon. A 221 km de Paris.
Histoire brève de Bourges L’origine de Bourges remonte à l’antiquité la plus reculée. Cent trente-neuf ans après la fondation de Rome, et six cent quinze ans avant l’ère chrétienne, elle était la capitale de la Gaule celtique, et jouissait du privilège de lui fournir des souverains. A cette époque régnait Ambigat, qui fut contemporain de Tarquin l’Ancien, cinquième roi de Rome ; on sait que les neveux d’Ambigat, Sigovèse et Bellovèse, envahirent, à la tête d’une foule innombrable de Celtes, la Germanie et l’Italie. Depuis ce souverain jusqu’à l’invasion des Gaules par les Romains, les plus épaisses ténèbres enveloppent l’histoire de cette ville. Bourges est célèbre dans l’histoire par le siège qu’elle soutint contre César. Ce conquérant nous apprend que Vercingétorix, après avoir essuyé de grands revers à Vellodunum, à Genabum et à Noviodunum, prit le parti de brûler toutes les places que leur position ou la faiblesse des fortifications ne pouvaient préserver de tout péril, de peur qu’elles ne servissent de refuge aux traîtres, ou que les Romains n’en tirassent des vivres ; plus de vingt villes des Bituriges furent livrées. le même jour aux flammes. Après avoir mis à exécution cette résolution désespérée, on délibérait s’il convenait de brûler Avaricum ou de la défendre, lorsque les Bituriges demandèrent avec instance qu’on ne les forçât pas à brûler de leurs mains une des plus belles villes de la Gaule, l’ornement et le soutien de tout le pays, qui, par sa position au milieu des marais, et entourée presque de toutes parts par une rivière, était facile à défendre. Vercingétorix, cédant aux prières des habitants, épargna cette ville, et en confia la défense à des hommes d’élite. La place fut envahie par César, qui promit des prix à ceux qui, les premiers, escaladeraient la muraille ; les Romains s’élancent aussitôt de tous les points, et remplissent bientôt le rempart. Les assiégés, étonnés de cette attaque, chassés de leurs remparts et de leurs tours, se rangèrent en bataillons carrés sur la place publique, et dans les lieux les plus ouverts, afin de faire face, de quelque côté que vînt l’attaque. Quand ils virent que les Romains, au lieu de descendre dans la place, se répandaient de tous côtés le long des murs, la crainte de se voir fermer toute retraite leur fit jeter leurs armes ; ils fuient et se précipitent vers l’autre extrémité de la ville : là, les portes étant trop étroites, les uns furent massacrés par les soldats ; les autres, déjà en dehors, tombèrent sous les coups de la cavalerie. Irrités par les fatigues du siège et par le souvenir des leurs qui avaient été égorgés à Genabum, les Romains n’épargnèrent ni la vieillesse, ni le sexe, ni l’enfance. D’environ quarante mille, à peine huit cents combattants purent-ils s’échapper. Bourges resta sous la domination romaine jusqu’en 475, époque où cette ville tomba sous celle des Visigoths ; mais, après la bataille que Clovis remporta sur Alaric dans les plaines de Vouillé, elle se soumit volontairement au vainqueur. Après la mort de Clovis, elle fit partie du royaume d’Orléans, qui échut en partage à Clodomir, et, en 614, elle fut réunie à la couronne de France par Clotaire II. L’an 767, au mois d’août, Pépin le Bref, dit Eginhard, tint une assemblée, selon la coutume franque, dans la ville de Bourges, qui était proche de la frontière d’Aquitaine, où Pépin faisait alors au duc Waifer et à ses peuples une guerre d’extermination. On traita du moyen d’achever cette guerre, qui en effet fut terminée l’année suivante, après huit sanglantes campagnes. Les rois de France avaient à Bourges un palais au VIIIe siècle. Cette ville soutint divers sièges, et fut prise et reprise plusieurs fois : en 585, les Poitevins, les Tourangeaux, les Angevins s’en emparèrent et la détruisirent en partie ; en 762, Pépin le Bref la prit après un long siège ; en 878, elle fut prise et pillée par les Normands ; en 1412, elle fut inutilement assiégée par le duc de Bourgogne. En 1594, Bourges fut vendu ainsi qu’Orléans à Henri IV, par M. de la Châtre, pour 898,900 livres. Bourges, pris par les protestants en 1615, fut repris en 1616 par le maréchal de Montigny. En 1651, le prince de Condé, cherchant à exciter une guerre civile, s’y était retiré, et voulait y soutenir un siège ; mais les habitants s’opposèrent à sa résolution, et la même année le roi fit son entrée solennelle dans la ville. C’est alors que, sur la demande des habitants de Bourges, la forteresse dite la Grosse-Tour fut détruite. Bourges a été de tout temps la capitale du Berry. Ses sièges ne sont pas les seuls désastres qu’elle ait éprouvés : elle fut ravagée par divers incendies ; en 1353, elle fut à moitié brûlée ; l’église cathédrale et le palais archiépiscopal échappèrent au désastre ; en 1487, un nouvel incendie détruisit plus de 3,000 maisons. Cet incendie porta au commerce de Bourges, alors florissant, un coup dont il n’a jamais pu se relever ; les fabricants de draps, dont le nombre était considérable, quittèrent la ville et portèrent en d’autres contrées leur industrie ; Lyon, où l’on transféra deux foires qui se tenaient à Bourges, fut une des villes qui tira le plus d’avantages de ce désastre. Il s’est tenu à Bourges sept conciles, et ce fut en cette ville que se tint l’assemblée du clergé convoquée par Charles VII, et que fut faite la pragmatique sanction de 1438. Bourges avait une université dont l’origine remonte, dit-on, jusqu’à saint Louis, et qui a été fort célébré ; Alciat, Rebase et le grand Cujas y professèrent : aussi fut-il un temps où elle était fréquentée par des étrangers de toutes les nations. Les armes de Bourges sont : d’azur à trois moutons passants d’argent, à la bordure engrêlée de gueules ; au chef chargé de trois fleurs de lis d’or.
Situation de Bouges Cette ville est dans une situation agréable, sur les deux versants d’un coteau, à la jonction des rivières d’Auron, d’Yèvre et d’Yévrette. Elle était entourée de remparts détendus par quatre-vingts tours, qui ont été convertis en promenades publiques ; quelques tours sont encore debout, et l’on retrouve en plusieurs endroits les murs de l’enceinte gallo-romaine. L’enceinte de la ville, qui à différentes époques a reçu divers accroissements, peut être d’environ 4 km ; mais la population est loin de répondre à son étendue. Les rues y sont en général assez larges et bien percées, mais tristes et désertes, ce qui tient au peu de population et au genre de construction des maisons, dont plusieurs sont situées entre cour et jardin. L’enceinte de la ville renferme des espaces considérables où on ne trouve aucune construction ; tels sont le pré-Fichau, la partie qui longe le rempart des Pauvres, celles qui bordent les remparts Villeneuve et de St-François, où l’on ne voit également que de vastes jardins. Bourges possède plusieurs promenades agréables, et, sous ce rapport, peu de villes sont aussi bien partagées ; il n’est pas une seule petite place dans son intérieur qui n’ait été utilisée par des plantations. Les plus remarquables sont : la place Séraucourt ; le jardin de l’archevêché ; la place St-Pierre, plantée de tilleuls, sous lesquels se tient le marché aux fleurs dans la belle saison ; le pré-Fichau, planté de très beaux peupliers ; la place Villeneuve, plantée en 1816 ; la jolie promenade du rempart St-Paul ; les remparts d’Auron, St-Louis et des Pauvres, plantés ou embellis sous l’administration de M. de Fussy.
Parmi les édifices et établissements publics de Bourges, on remarque particulièrement : La cathédrale, dédiée à saint Etienne, un des plus beaux monuments d’architecture gothique qui existent en France ; on ignore la date précise de la construction de la première basilique, dont on voit encore des restes dans les catacombes ; l’église actuelle fut commencée au XIIIe siècle. L’église Notre-Dame, bâtie en 1157, détruite par un incendie en 1487, et reconstruite en 1520. L’église St-Bonnet, bâtie en 1250, détruite, ainsi que la précédente, par l’incendie de 1487, et dont la reconstruction a été commencée en 1510. On y remarque plusieurs chapelles décorées de vitraux magnifiques. L’archevêché, remarquable par un beau pavillon contenant le grand escalier, la chapelle et les appartements d’honneur. On admire dans le jardin, dessiné par le Nôtre, une magnifique allée couverte et un monument élevé à la mémoire du duc de Bélhune-Charost, qui contribua si puissamment à l’amélioration des bêtes à laine dans le département du Cher. L’hôtel de la préfecture, autrefois l’intendance, occupe l’emplacement de l’ancien palais des ducs de Berry.
L’hôtel de Ville est l’ancien hôtel que Jacques Cœur, célèbre et infortuné argentier de Charles VII, l’un des plus illustres citoyens dont s’honore la ville de Bourges, fit construire en 1443. « Le plan de cet hôtel, dit M. Mérimée dans son Voyage en Auvergne, est d’une extrême irrégularité. Du côté de la place, la façade se compose de trois tours inégalement espaces, différentes de hauteur et de forme, toutes presque entièrement nues : une seule se distingue par un balcon dont la balustrade est ornée. Au contraire, la façade opposée, qui donne sur une rue, n’a rien de féodal et n’annonce qu’une opulente maison ; elle se compose d’un pavillon flanqué d’une petite tourelle fort ornée de clochetons et de moulures flamboyantes, et à droite et à gauche, de deux corps de bâtiment d’un seul étage, dont tout l’ornement consiste dans les ornements capricieux des chambranles et des balustrades qui garnissent les fenêtres. Celles-ci sont irrégulièrement espacées, et l’on n’en trouverait peut-être pas deux du même diamètre. Deux niches ou tribunes en encorbellement donnant, l’une sur la rue, l’autre sur la cour intérieure, contenaient autrefois des statues équestres de Jacques Cœur et de Charles VII. À droite et à gauche de la première, on voit deux fausses fenêtres avec les statues à mi-corps d’un homme et d’une femme entrouvrant une croisée, et regardant dans la rue d’un air inquiet. Ces figures rappellent, dit-on, la fidélité de deux domestiques qui, feignant d’attendre leur maître, persuadèrent à ses ennemis de faire sentinelle à cette porte pendant qu’il s’échappait par une porte de derrière. Dans la cour intérieure, même insouciance pour la symétrie.... La partie la plus remarquable de la décoration consiste en des bas-reliefs fort bien exécutés, appliqués à l’extérieur des tours prismatiques qui servent de cages d’escaliers, ou bien sur les tympans des portes. Les toits ont conservé quantité d’ornements et de statuettes en plomb exécutées avec beaucoup de soin. On doit noter la forme des tuyaux de cheminée, qui représentent des colonnes en faisceaux avec un chapiteau de feuillages. » A vaillans cœurs rien impossible.
On conserve à la mairie, dans une galerie, les portraits d’une grande partie des hommes qui ont illustré Bourges : on y voit figurer Cujas, Bourdaloue, Jacques Cœur lui-même, et une foule d’autres personnages ; usage d’un bon exemple, et qui mérite d’être imité. La caserne. Ce bel édifice est l’ancien grand séminaire, construit en 1682, par Phelippeaux de la Vrillère, archevêque de Bourges. Dans une partie des jardins, du côté des remparts, se trouvait la grosse tour de Bourges. La maison des Allemands, appelée maison de Louis XI ou des Sœurs-Bleues, délicieuse construction de la renaissance, parfaitement conservée. On remarque encore à Bourges : la bibliothèque publique, renfermant 20,000 volumes, parmi lesquels se trouvent des ouvrages rares ; le collège ; le grand séminaire ; l’hôpital général ; la maison qu’occupait Cujas, dans la rue des Arènes ; la salie de spectacle ; les prisons ; le dépôt, autrefois dépôt de mendicité, maintenant maison de refuge, où on reçoit les aliénés, les incurables, et les filles publiques que l’état de leur santé met dans la nécessité de séquestrer et de traiter ; la fontaine de Fer, source d’eau minérale ferrugineuse, entourée de plantations ; les caves de l’ancien palais du duc Jean, qui ont longtemps servi de Salpêtrière, remarquables par leur grande étendue ; le musée Jacques Cœur, collection récemment formée, mais déjà fort intéressante, d’objets d’art, d’archéologie, d’histoire naturelle et de numismatique.
Biographie.
Bibliographie.
Voir aussi l'Histoire détaillée et anecdotique de Bourges
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