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Texte et gravure ci-dessus La ville de Bruges est la capitale de la Flandre occidentale ; la ville est située à quatre lieues de la mer, entre Gand et Ostende ; elle est pour ainsi dire le centre de nombreux canaux, par lesquels elle touche aux plus grandes villes de la Belgique et de la Hollande. Admirable position pour une ville de commerce : ce commerce est très actif, et exercé par trente mille habitants.
Extrait de l'ouvrage "Mélanges d'une très grande bibliothèque La ville de Bruges, qui est la seconde de la Flandre Autrichienne, tire son nom de la grande quantité de ponts qui sont dans son intérieur, et sur lesquels on passe les différents canaux qui la coupent, car il n’y a aucune rivière considérable qui la traverse. Elle est dans un pays bas et marécageux, à deux lieues de la mer, quatre d’Ostende et huit de Gand. Elle est plus vaste que peuplée, ayant une lieue et demie de tour. Son circuit est presque rond, et ses fortifications consistent dans une double enceinte de murailles, garnies de tours de distance en distance ; devant chaque enceinte, est un fossé rempli d’eau. Les principaux canaux sont celui de Gand, celui de Damme, d’où l’on passe à l'écluse ; celui de Blankenberg, qui conduit directement au bourg de ce nom, sur le bord de la mer. Il est fameux par la grande quantité de pêcheurs dont il est habité, et l’excellent poisson que l'on en tire, dont il se fait des envois considérables dans tous les Pays-Bas. Le canal d'Ostende est le plus beau et le plus large. Il y remonte des bâtiments de plus de quatre cents tonneaux de poids, qui pénètrent jusqu'au centre de la ville, dans le principal bassin, que l’on appelle le Komme. Ces bâtiments, pour remonter de la mer dans ces canaux, passent par des écluses, invention due à l’industrie des Flamands. Il est encore plus aisé et plus agréable de se rendre de Gand à Bruges, dans des barques très commodes, qui voiturent doucement et à bon marché, dans une même journée ; l’on peut y passer, si on veut, une partie de son temps à faire bonne chère dans la barque même.
La principale église, actuellement cathédrale, fut fondée, au neuvième siècle, par Baudouin Bras-de-fer, Comte de Flandre, qui la dédia à Saint Donat ou Donatien, un des premiers Archevêques de Reims, dont les reliques furent données à cette église par l’Archevêque Ebbon. Cent ans après, le Comte Arnoud y établit un chapitre collégial, composé d'un Prévôt et de douze Chanoines. Les prébendes furent ensuite augmentées jusqu'au nombre de trente-une, et les dignités portées à six. En 1105, le Comte Robert, dit de Jérusalem, attacha à la dignité de Prévôt celle de Grand-Chancelier de Flandre, et donna à tous les Chanoines le titre de ses chapelains En 1559, le Pape Paul IV et le Roi Philippe II érigèrent un évêché à Bruges, et élevèrent le Prévôt du Chapitre à la dignité épiscopale.
La plus belle place de la ville s’appelle le grand Marché. Au milieu était un grand bâtiment carré, entouré de galeries, que l’on nommait les Halles, et une tour très élevée, au haut de laquelle on montait par cinq cent trente-trois marches. Cette tour était remplie d’une grande quantité de cloches de différentes grandeurs, dont se carillon passait pour très harmonieux dans le pays. Tout cela a été brûlé en 1741. Une autre place de Bruges s’appelle le Marché du Vendredi, et est plantée d’arbres, qui forment une belle promenade. Sur une troisième place, nommée le Bourg, est, d’un côté, la cathédrale et le palais épiscopal, et de l'autre l'hôtel de ville, bâtiment gothique, mais assez somptueux dans son genre, dont la première pierre fut posée par le Comte Louis de Male, en 1376. On voit sur la façade extérieure, les statues de tous les Comtes et Comtesses de Flandre qui ont régné jusqu'à la fin du quatorzième siècle. Près de la cathédrale, est la chapelle que l’on appelle du Saint Sang, parce qu'on y conserve un vase de cristal, rempli d'une partie du précieux Sang de Notre-Seigneur, que le Comte Thierry d’Alsace apporta à son retour de la Terre-Sainte, l'an 1148. C’est un présent de Foulques d'Anjou, Roi de Jérusalem, beau-père du Comte. Indépendamment du Chapitre de la cathédrale, il y a dans la ville deux collégiales, l’une dans l’église de Notre- Dame, fondée, en 1091, par un évêque de Tournai, pour un Prévôt et onze Chanoines : l’autre dans l'église de Saint-Sauveur, pour un Prévôt et dix-huit Chanoines, qui sont assez pauvres. L'église de Notre-Dame est fort belle : elle a un clocher très élevé, que l'on voit de fort loin en mer, et qui guide les marins qui veulent entrer dans le port d'Ostende. On remarque dans cette église deux magnifiques tombeaux ; le premier est celui de Marie, héritière de Bourgogne, femme de l’Archiduc Maximilien, depuis Empereur, morte en 1482. Le trésor de la même église est rempli d’ornements précieux, brodés d’or et de perles, et travaillés de la main même de cette Princesse. Le Second tombeau est celui du dernier Duc de Bourgogne, Charles le Téméraire, tué devant Nancy en 1477. Le Duc de Lorraine l’avait d’abord fait enterrer assez honorablement devant cette ville ; mais Marie, Reine douairière de Hongrie, et Gouvernante des Pays-Bas, son arrière petite-fille, et sœur de l’Empereur Charles-Quint, le fit transporter à Bruges, et lui fit élever ce mausolée en 1550. Il y a dans Bruges cinq paroisses, douze monastères d’hommes, dont deux abbayes ; la première, Saint-Barthélemy, de Chanoines réguliers de l’Ordre de Saint Augustin ; elle fut fondée par Saint Tron en 650 : ayant été ruinée par les Normands, elle fut rétablie au onzième siècle : la seconde, l’abbaye des Dunes, de l’Ordre de Cîteaux, fut bâtie au milieu de ces montagnes de Sable dont elle porte le nom, près de Furnes, en 1138, par S. Bernard même. En 1627, les religieux, troublés par la guerre et menacés par les inondations de la mer, se retirèrent à Bruges, ou ils ont un très beau monastère. Les jésuites avaient été reçus à Bruges dès l’an 1570, dans une maison qu’ils se vantaient que Saint Ignace, leur Fondateur, avait autrefois habitée. Ayant trouvé là comme ailleurs de grands protecteurs, ils y bâtirent une magnifique église, qui n'a été achevée qu'en 1645 ; ils enseignaient les Humanités. J’ignore les dispositions qui ont été faites de leur église et de leur maison. Les autres couvents sont ceux des Dominicains, des Récollets, des Carmes chausses et déchausses, des Augustins, des Capucins, des Frères Alexiens, et enfin des Chartreux. Les monastères de filles consistent en trois abbayes, de Chanoinesses régulières de l’Ordre de Saint Augustin, de Bénédictines réformées, et de Bernardines, et en quatorze autres couvents de différents Ordres, un béguinage assez considérable, deux hôpitaux, et plusieurs maisons de charité pour les pauvres orphelins des deux sexes. L'église de Jérusalem a, dit-on, été bâtie Sur le modèle du temple de cette ville Sainte. Enfin il y a dans Bruges un monastère de Religieuses Chartreuses, qui est unique, du moins pour les Pays-Bas Autrichiens, et qui a des privilèges fort rares et fort remarquables. Il est d'usage que les anciennes Professes de cette maison soient élevées par l’évêque de Bruges au grade, ou, si on veut, à l’Ordre de Diaconesses. Pour cet effet, le Prélat les bénit en cérémonie, leur donne l’anneau, l’étole, le manipule, et le droit de chanter l’épître à la Messe.
C’est à Bruges que Philippe le Bon, Duc de Bourgogne, institua, en 1430, l’Ordre de la Toison d'or. Il créa dans le premier chapitre de cet Ordre vingt-quatre Chevaliers, dont le premier fut Guillaume de Vienne ; les autres, plusieurs grands Seigneurs Flamands, Bourguignons et Français, entre lesquels un Créquy, un Beaufremont, un la Trémouille, un Toulongeon, trois de Lanoy, deux de Luxembourg, et deux de Croy. Deux ans après, le même Duc y tint encore un second chapitre, dans lequel il n’en créa que deux, André de Toulongeon et Jean de Melun, Sire d'Epinay. En 1468, Charles le Téméraire, dernier Duc de Bourgogne, tint un troisième chapitre dans l'église de Notre-Dame de Bruges (les deux premiers s’étaient tenus dans celle de Saint-Donat) ; il y nomma huit Chevaliers, dont le premier fut Edouard IV, Roi d’Angleterre : entre les autres on peut remarquer Jean de Damas, Seigneur de Clessy, Jacques de Bourbon, cousin germain par sa mère du Duc de Bourgogne, Philippe Duc de Savoie, et Claude de Montaigu, cadet de l’ancienne Maison de Bourgogne. Enfin, en 1478, l’Empereur Maximilien tint encore un chapitre dans la collégiale de Saint-Sauveur de Bruges. Il y fit huit Chevaliers des Maisons d’Egmont, de Lalain, de Luxembourg, de Savoie, de Ligne, de Toulongeon, de Liechtenstein, et un bâtard de Bourgogne. Les Hérétiques, rebelles au Roi Philippe II, s’emparèrent de Bruges en 1578, y dominèrent, et y commirent de grands désordres jusqu'en 1584, que le Prince de Parme, Alexandre Farnèse, la remit sous la puissance Espagnole. Pendant la guerre de la Succession, Bruges a suivi à peu près le sort de la ville de Gand.
On appelle Franc de Bruges, le territoire de cette ville, qui est étendu et riche. Ce nom ou titre lui vient de ce que ses habitants ont joui longtemps de certaines franchises, en vertu de privilèges qui leur avaient été accordés en différents temps par les Comtes et Comtesses de Flandre. Le Franc a son administration et la juridiction à part. On y trouve deux abbayes de Bénédictins, celle de Saint-André, fondée au douzième siècle, et celle d’Oudembourg au onzième. Les trois plus gros bourgs sont, celui de Blanckemberg, et celui de Tourhout, très beau et très riche, et Rousselar, qui dépend d’une belle Commanderie de l’Ordre de Malte, dont le Commandeur réside ordinairement à Bruges. La ville de Damme dépend aussi du Franc de Bruges : elle est située à une lieue de cette ville, sur le canal qui conduit à l’écluse dans la Flandre hollandaise. Son nom veut dire en flamand une digue. Effectivement, en 1180, elle avait un port, qui fut détruit par les inondations de la mer, et on fut obligé d'y faire une digue pour sauver la ville. Elle fut entourée de murailles en 1238 ; elle a été depuis mieux fortifiée, et a encore quelques bastions qui enveloppent les écluses du canal de Bruges. Elle est d’ailleurs assez petite, et n'a qu’une paroisse et un couvent de Religieuses Hospitalières. Elle a sSoutenu des sièges ; mais ce n’est qu’au treizième et au quatorzième siècle. Depuis, elle a toujours suivi le sort de la ville de Bruges.
Une autre description de Bruges, extraite du Dictionnaire de Géographie universelle ancienne et moderne d'Ennery et Hirt, édition 1839 BRUGES, Brugœ, v. du roy. de Belgique, chef-lieu du district de ce nom et siège du gouvernement de la Flandre Occidentale, située dans une plaine fertile, sur le canal d’Ostende, à 12 lieues de Bruxelles et à 72 lieues de Paris. Elle est assez bien bâtie et coupée par plusieurs canaux que l’on traverse sur 54 ponts, dont 42 en pierre. Elle possède plusieurs hôpitaux, une bourse, un collège royal, une académie de peinture et de sculpture, une bibliothèque publique, un jardin botanique. Parmi ses édifices, on remarque la belle église de Notre-Dame, dont la tour élevée sert de phare ; celles de St-Sauveur et de Ste-Walburge ; l’hôtel de ville, d’architecture gothique et un beau palais de justice. Cette ville, qui était une des premières places de commerce de l’Europe pendant le treizième et le quatorzième siècle, a beaucoup perdu de son importance ; cependant elle se distingue encore par son industrie étendue : la manufacture de dentelles occupe à elle seule plus de 6000 individus ; elle a de grandes fabriques de draps et autres étoffes de laine, de toiles de coton et de lin ; des filatures et de teintureries, tanneries, faïenceries, fonderies, moulins à huile, distilleries ; elle possède plusieurs chantiers de marine. Les communications ouvertes par le canal d’Ostende font de cette ville l’entrepôt des productions du pays, qui consistent en toiles, blés, graines oléagineuses, huiles, etc. En mai et en octobre il y a des foires très fréquentées. Patrie de Van Eyk, inventeur de la peinture à l’huile, au commencement du quinzième siècle ; du littérateur Pontanus ; mort en 1591 ; de Berghen (Louis de), inventeur de l’art de tailler le diamant ; de Gomar (François), savant théologien (1563-1641), et des deux Oost (Jacques van) dits Oost le père (1600-1671), et Oost le jeune (1637-1713), tous deux grands peintres de l’école flamande ; Philippe-le-Bon, duc de Bourgogne, y institua l’ordre de la Toison-d’Or, en 1430. 42,000 habitants.
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L'univers de Jules Janin,
d'où est tirée la gravure en en-tête
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