POPULATION 221,364 hab. SUPERFICIE 372,016 hect. DIVISION ADMINISTRATIVE Avant 1790, ce dép. faisait partie de la Guienne (Quercy, Agenais, Rouergue), de la Gascogne (Armagnac) et du Languedoc. En 1808, il fut formé aux dépens des départem. voisins : Lot, Lot-et-Garonne, Haute-Garonne, Gers, Aveyron. —Cour d'appel et Académie de Toulouse. — 17e Corps d'armée (Toulouse). — 20e arrond. forest. — Diocèse de l'évêché de Montauban ; églises consist. calvinistes à Montauban, Négrepelisse.
L'histoire du département du Tarn-et-Garonne formé des lambeaux de cinq provinces ne pourra guère se prêter à un travail d'ensemble que lorsque l'histoire particulière de ses villes aura été écrite. Habitée lors de la conquête romaine par les Tasconi, fraction des Volces-Tectosages, les Cadurci, les Rutheni, les Nitiobriges, les Lactorates et les Tolosani, cette région ne possédait d'autre chef-lieu que l'oppidum de l'antique tribu des Tasconi, nommé successivement Tascodunum, Mons-Tureolus, Villa Sancti-Theodardi, et depuis Mons-Albanus (Montauban). Le vieil oppidum reçut ce dernier nom en 1144, lorsque la nécessité de « reconstruire la ville dans une position meilleure et plus sûre », et la lutte engagée entre les habitants de l'abbaye de St-Théodard au sujet des testaments, firent accepter par la bourgeoisie de Montauriol remplacement favorable offert par Alphonse, comte de Toulouse, à trois cents mètres environ des murs de la vieille ville. Quelques années avant l'ère chrétienne, la ville de Montauriol avait reçu de l'empereur Auguste les droits du Latium pour prix du concours que ses milices avaient prêté au peuple romain dans la répression de l'insurrection des Cadurci commandés par Luctérius. L'établissement du régime féodal ne porta aucune atteinte à la liberté civile ni aux institutions municipales qu'elle tenait de la législation romaine et qui passèrent sans altération à la nouvelle ville. Mais ce régime essentiellement aristocratique dut en 1195 faire place à l'élément populaire, et dès lors la ville de Montauban fut administrée par dix capitouls appartenant moitié à la bourgeoisie, moitié à la démocratie, et par un conseil général composé de tous les citoyens sans distinction de classes. Telle fut l'origine de cette petite république dont l'accroissement fut si rapide qu'elle osa deux fois entrer en lutte avec le roi lui-même. Quand on voulut déposséder le comte de Toulouse, sous prétexte d'étouffer l'hérésie albigeoise, Montauban embrassa avec enthousiasme la cause de Raymond V, et ses habitants déclarèrent qu'avant de subir les conditions humiliantes du concile de Latran, «ils mangeraient leurs enfants» (1211). Après avoir emporté les villes de Moissac et de Castel-Sarrasin, Simon de Montfort vint dresser ses tentes sous les murs de Montauban ; mais le valeureux comte de Foix y avait établi son quartier général, et le chef des croisés se retira précipitamment (1212). Lorsque, trois ans après, la ville dut ouvrir ses portes à Simon, celui-ci se hâta d'en raser les fortifications et de donner un libre cours à ses instincts sanguinaires. « Le comte de Toulouse, dit à ce sujet un auteur contemporain, a rendu la Provence, Toulouse et Montauban. Puis ceux qu'il avait rendus ont été livrés aux tortures et à la mort, au pire des ennemis, au pire des hommes, à Simon de Montfort, qui les garrotte et les pend, qui les extermine et les outrage sans pitié. » Pendant le XIVe et le XVe siècle, les guerres anglaises ne cessèrent d'agiter et de troubler le pays. Cédée à l'Angleterre par le traité de Bretigny (1361), la ville de Montauban chassa, au commenc. de juin 1369, sa garnison anglaise, et bloquée pendant quatre-vingt-trois ans par les quatorze forteresses que l'ennemi avait élevées autour de ses remparts, elle aima mieux subir les plus horribles privations que de se soumettre de nouveau aux Anglais. Ses habitants donnèrent en 1432 une preuve terrible de leur héroïque résolution en forçant les consuls à faire coudre dans un sac et jeter dans le Tarn trois religieux jacobins qui avaient comploté de livrer la ville à l'ennemi. Nulle part l'œuvre de Calvin ne se propagea avec plus d'ardeur, nulle part l'aversion contre le clergé n'était aussi invétérée. Dès 1560, quatorze protestants instituèrent cette église destinée à devenir si haute et si célèbre ; deux ans après, l'évêque, dépossédé, guerroyait contre ses diocésains, tous convertis aux doctrines de l'erreur. Plusieurs colloques furent tenus à Montauban et présidés par Condé et Henri de Navarre ; à celui de 1584, on résolut une nouvelle prise d'armes. On n'est donc par surpris de voir cette ville tenir si longtemps tête aux armées royales, lorsqu'en 1620 le rétablissement de la religion catholique en Navarre vint rallumer la guerre civile. Elle se soumit enfin au duc d'épernon, mais la dernière, après Privas, après la Rochelle. Louis XIII lui pardonna, mais Richelieu mit à ce pardon la condition expresse de démolir les remparts (1629). Peut-être se souvenait-il que l'opiniâtre résistance de Montauban avait fait perdre à l'armée de siège plus de quatre mille hommes. Moissac et les bords de la Garonne, au contraire, étaient restés fidèles au parti catholique. — Le département du Tarn-et-Garonne fut créé par décret impérial de 1808.
Parmi les hommes célèbres de ce département, nous citerons saint Théodard, archevêque de Narbonne au IXe siècle ; les troubadours Raymond Jourdain, Raymond et Guillaume de Durfort ; les jurisconsultes Berengarius Fernandus, Corac et Pierre Belloy ; Jean Fournier, poëte historien ; Jean de La Valette-Parizot, 48e grand maître de l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem, qui soutint le célèbre siège de Malte contre Soliman II ; Jacques Dupuy, qui organisa la résistance contre Louis XIII ; Sorbin, prédicateur ; Belmontet, poëte et député ; les littérateurs Massip et Cahuzac ; l'académicien Lefranc de Pompignan, à qui on doit des Odes d'une grande beauté ; le général Raymond, qui se distingua au service de Nizam-Aly, Soubah du Decan ; le célèbre tacticien Guibert ; Olympe de Gouges ; le conventionnel Jean-Bon-Saint-André : Ingres, le Raphaël moderne, etc.
TOPOGRAPHIE. — Le dép. de Tarn-et-Garonne est méditerrané ; il est situé au S., entre 43°48' et 44° 25' de lat. n. Bornes : Lot, Aveyron, Tarn, Haute-Garonne, Gers, Lot-et-Garonne. Il tire son nom du Tarn et de la Garonne, qui s'y réunissent et l'arrosent au S. et à l'O. — Pays montueux, sillonné par plusieurs chaînes de collines, derniers rameaux des Cévennes et des Pyrénées ; plateaux plus ou moins élevés, séparés par des gorges escarpées et des vallées profondes. — Bassin de la Garonne. Rivières principales : Garonne, Tarn, Aveyron (navig. ) ; Gimone, Lambon, Sère, Ayroux, Seonne, Barguelone, Lemboulas, Lère, Viaur, Bonnette, Tescou. — Climat beau et tempéré, mais assez variable. L'autan et le cers, vents d'O. et d'E., dominent. — Canal latéral à la Garonne. 7 Routes nationales, 17 départementales ; 3,400 chemins vicinaux.
MONTAUBAN, ch. -l., grande et belle ville bâtie avec élégance au confluent du Tarn et du Tescou Charmantes promenades aux panoramas splendides. On remarque l'église et le clocher de St-Jacques (milieu du XIIe siècle) ; le pont ogival sur le Tarn (commencement du XVe siècle) ; l'Hôtel de Ville, avec la belle salle d'armes du prince Noir (1366 et 1660) ; la place Royale entourée de deux rangs de galeries voûtées (1616) ; l'église cathédrale (1690-1739), et parmi les constructions modernes, la Halle et le Lycée. La vie industrielle s'éteint, l'activité commerciale se retire. Les flanelles, les cadis, les couvertures, les étoffes de laine de toute espèce, qui séchaient autrefois au soleil, sur tous les quais, et ondoyaient de toutes les mansardes de Ville-Bourbon, en barrant les rues, n'apparaissent encore çà et là sur le parapet de Montmurat ou bien aux fenêtres de quelque grenier, que pour faire éclater plus tristement l'état de décadence de cette industrie jadis si florissante. — Avant 1789, Montauban comptait plus de 40,000 âmes. DEVALS aîné, archiviste du département.
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Montauban 1883
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