Extrait de L'Atlas de Vuillemin de 1851
Inde Française - Chef-lieu : PONDICHERY. Cochinchine - Chef-lieu : Saïgon.
DIVISION ADMINISTRATIVE
Les établissements français dans l'Inde forment un gouvernement colonial. — Le commandement et la haute administration appartiennent à un Gouverneur, qui a sous ses ordres 4 chefs de service à Chandernagor, Karikal, Mahé et Yanaon ; 1 Ordonnateur (finances et affaires civiles) ; 1 procureur générai (justice) ; 1 inspecteur, chargé de requérir l'exécution des lois et des règlements, et 1 commissaire de la marine, — Conseil d'administration, participant en certains cas aux actes du gouvernement. — Conseil colonial à Pondichéry ; Conseils locaux à Chandernagor, Karikal, Mahé et Yanaon. — Cour d'appel à Pondichéry ; 5 tribunaux de première instance ; 5 justices de paix. — Forces militaires : 400 hommes de troupes y compris les cipayes et l'artillerie ; 60 gend. Le siège religieux du Préfet apostolique est à Pondichéry.
PONDICHERY Abrégé Historique Depuis 1603, diverses tentatives infructueuses avaient été faites pour procurer à la France le commerce de l'Inde. La première fut due à des négociants rouennais ; ce ne fut qu'en 1668, après la reconstitution de la Compagnie des Indes orientales par Colbert, que le premier établissement fut formé. On choisit et l'on perdit tour a tour Surate, Trinquemale et S. -Thomas. Ces revers auraient achevé la ruine de la compagnie, dont les affaires étaient d'ailleurs en mauvais état, si l'un de ses agents, Martin, n'eût recueilli une soixantaine de Français pour en peupler la petite bourgade de Pondichéry, qu'il venait d'acheter au souverain du pays, ainsi que le territoire environnant. Il fortifia la ville nouvelle, qui, grâce à sa bonne administration, s'accrut et donna bientôt les plus belles espérances. En 1693, Pondichéry fut attaqué et pris par les Hollandais. Restitué par le traité de Rys-wick (1697), il devint le chef-lieu de nos possessions dans cette partie du monde et une des plus florissantes colonies européennes ; de nouveaux comptoirs ne tardèrent pas à se former. Dès 1688, Chandernagor avait été cédé par Aurengzeb à la Compagnie française ; en 1727, elle obtint cession de Mahé ; en 1739, elle acheta Karikal du roi du Tanjaour ; et en 1752, Yanaon et Mazulipatam, dont elle s'était déjà emparée de vive force, lui furent définitivement abandonnés. Ce fut sous le gouvernement de Dupleix que notre influence atteignit son plus grand développement. Ainsi Pondichéry avait un territoire de dix lieues de largeur sur une profondeur à peu près égale ; il ne comptait pas moins de 500, 000 hab. Celui de Karikal était à peu près aussi étendu. Mazulipatam commandait au Condovir, à l'île de Divy et aux quatre provinces de Moutfanagar, d'Ellour, de Râjâmandry et de Chicakol, c'est-à-dire un pays de 130 lieues de long sur 15 à 25 de large. Enfin l'île de Seringam, formée par les deux bras du Cavery, était extrêmement précieuse à cause de son heureuse situation et de sa fertilité. Ces différents établissements, qu'une armée nombreuse faisait respecter, donnaient par an un revenu total de 20 millions de livres. Malheureusement, s'ils offraient à notre commerce 200 lieues de côte, il étaient trop éloignés les uns des autres et ne pouvaient se prêter un mutuel secours. En 1758, la guerre se ralluma, et l'Angleterre, jalouse d'étouffer dans l'Inde toute domination rivale, s'acharna après nos possessions ; deux ans lui suffirent pour les réduire toutes. Pondichéry fut pris, démantelé et tous les Français, soldats et colons, renvoyés dans leur patrie (1761). Deux ans après, la paix fit rentrer cette ville et les autres comptoirs en notre pouvoir, mais avec un territoire bien plus restreint. Quinze années de repos et la suppression du privilège exclusif accordé à la Compagnie contribuèrent à rendre une nouvelle prospérité à nos colonies ; elle ne devait pas être de longue durée. Les Anglais y revinrent trois fois en maîtres (1778-1793-1803). Si les victoires navales du bailli de Suffren, les succès du marquis de Russy, les glorieux efforts de Tippoo-Saïb, roi du Mâissour, balancèrent quelque temps la puissance britannique dans l'Inde, ils ne réussirent pas à la renverser. Les traités de paix de 1814 et de 1815 ont restitué définitivement à la France ses établissements de l'Inde, mais réduits aux limites restreintes que leur avait précédemment assignées la paix de 1783. La reprise de possession n'a été effectuée qu'à la fin de 1816.
STATISTIQUES TOPOGRAPHIE. — La colonie française de l'Inde se divise : 1° en Villes et territoires : Pondichéry 11° 55' lat. N. 77°31' long. E. (27,952h.) et Karikal (16,184 h.), sur la côte de Coromandel, au S.-E. ; Yanaon (3,298 h. ), et Mazulipatam, sur la côte d'Orixa, à l'E. ; Chandernagor (942 h. ), dans le Bengale, au N. ; Mahé (585 h. ), sur la côte du Malabar, au S.-O. ; 2° en Loges (Factoreries ou établissem. isolés, comprenant une maison avec un terrain adjacent, où la France a le droit de faire flotter son pavillon et d'établir des comptoirs) : Cassimbazar, Jougdia, Dacca, Balassore, Patna, dans le Bengale, au N., Surate, sur le golfe de Kambaye, au N.-O. ; Calicut, sur la côte de Malabar, à l'O. Ces établissem. sont tous situés dans la presqu'île indienne en deçà du Gange. — La population se compose d'Européens en très-petite minorité ; de métis communément désignés sous le nom de Topas, ou gens à chapeaux, issus d'Européens et de femmes indiennes ; d'Indiens aborigènes et de nègres récemment affranchis. PRODUCTIONS. — Division du sol : cultures, 35,842 hect. ; bois et forêts, 3, 500 hect. ; terres incultes, faute d'eau, 10,255 h. ; friches, 6,408 h. ; dépendances du domaine public, 7,013 h. — Pays entièrement agricole. Les récoltes suffisent à la consommat. et même à une exportation de riz à la Réunion ; les terres basses, où l'on peut conduire les eaux des étangs et celles des sources, sont consacrées aux rizières ; sur les terres hautes, on cultive les menus grains. L'indigo est cultivé dans plus de 40 indigoteries, mais une partie de leurs produits est consommée dans le pays même pour les teintures en bleu. La récolte du fruit du cocotier forme aussi une partie remarquable de l'industrie agricole de Pondichéry et de Mahé. Parmi les cultures accessoires, on peut citer le manioc et le bétel ; plusieurs plantes oléagineuses, telles que le gingely et le palma-christi ; enfin quelques plantes qui fournissent des substances narcotiques, le ganga et le bang. Un grand nombre de plantes médicinales. — Etendue des cultures : nély ou riz de paille, 16,564 h., menus grains, 12,000 h. ; bétel, 65 h., indigo, 658 h. ; légumes, 1,050 h. Valeur totale des produits agricoles, évalués à près de 3,664,393 fr. L'élève, qui se compose surtout de bœufs, moutons et buffles, est estimée environ 800,000 fr. INDUSTRIE ET COMMERCE. — Les seules industries qui aient aujourd'hui quelque importance sont les toiles bleues de Pondichéry, les plus estimées de toute l'Inde pour leur teinture. Karikal possède des chantiers de construction d'où il sort beaucoup de petits bâtiments. — Il existe deux sortes de commerce dans les établissements français de l'Inde : l'un se fait avec l'Inde, l'autre avec l'Europe. On exporte les épices, les soies écrues, la laine de cachemire, l'étain, la laque, le bois de sandal, l'opium, l'indigo, le camphre, le benjoin et les guinées ou toiles bleues. INSTRUCTION PUBLIQUE. — 4 établissements 1 Bibliothèque publique à Pondichéry.
VILLES PRINCIPALES
PONDICHERY, ch.-l., sur la côte de Coromandel, dans la province de Karnatic. V. régulière, qui se divise en deux parties, séparées par un large canal. A l'E. et sur le bord de la mer est la ville blanche, habitée par les Européens, dont le nombre s'élève de 1,500 à 1,600 ; elle renferme 450 maisons environ, la plupart élégantes et bien entretenues. A l'O. est la ville noire, habitée par les indigènes, qui occupent des maisons en briques et quelques cases en terre recouvertes de paille. Les rues se coupent à angles droits, sont presque toutes tirées au cordeau et bordées d'arbres. Peu d'édif. : l'église des Missions, deux pagodes, l'hôtel du Gouvernement, sur une fort belle place ; les bazars du Marché central, le phare, un des plus beaux de l'Inde. Cette ville n'a point de port, mais une rade ouverte où la mer se brise sans cesse et forme une barre qui rend le débarquement difficile. CHANDERNAGOR (22,719 h. ), dans le Bengale, près de Calcutta, sur la rive droite de l'Ougly, au fond d'une belle anse. La ville est grande ; ses rues sont larges et alignées, ses maisons bien bâties. Indigo et sucre. — A 1,600 k. N.-N.-E. de Pondichéry. KARIKAL (92,445 h. ), dans la province de Tanjaour, s. le Caverny dont les 6 branches débordent périodiquement et fertilisent ses terres. Le port reçoit des navires de 150 tonn. Toiles de coton et impressions. — A 104 kil. S. de Pondichéry. MAHé (8,375 h. ), sur la côte du Malabar, à l'embouchure d'une petite riv. navigable, mais difficile d'accès, Export. de poivre et de bois de sandal. — A 400 k. de Pondichéry. YANAON (5,572 h. ), port sur la côte d'Orixa, dans la prov. de Golconde. Sol assez fertile, surtout en riz. — A 500 k. N.-N.-E. de Pondichéry. Des vastes domaines français dont la ville de Mazulipatam était le chef-lieu avant 1769, il ne reste plus aujourd'hui à la France, dans cette ville dont les Anglais sont demeurés maîtres, qu'une loge où demeure un préposé indigène, pour la garde de notre pavillon. Une aidée (village) et deux terrains habités par 300 noirs dépendent de cette loge. Il en est de même pour celles de Calicut, près de Mahé et de Surate ; l'agence française qui gérait cette dernière factorerie, n'a point été occupée depuis 30 ans. Quant aux loges de Balassore, de Dacca, de Cassimbazar, de Patna et de Jougdia situées dans le Bengale, elles consistent chacune en une maison, avec un petit territoire habité par les Indiens ; elles ne sont plus occupées.
Cette version de carte de l'Inde et de Pondichéry est agrandissable par zoom, mais non enregistrable
Cochinchine française (Vietnam du Sud)
La Cochinchine ou empire d'Annam est bornée au N. par la Chine ; à l'O. par le roy. de Siam ; à l'E. et au S. par la mer de Chine. 9° 22' lat. N. 100° 107' long.E. Le gouvernement était monarchique absolu. 2 classes dans la population : noblesse ou mandarins et peuple. A chaque règne le nouveau Souverain envoyait une ambassade à Pékin, comme tributaire du Céleste Empire. Dès le XVIIe siècle, ce pays, au dire des missionnaires, présentait les apparences de la prospérité. Leurs annales remontent à plusieurs siècles avant J. -C. Ce n'est qu'à partir de la fin du XVIe siècle (introduction des Portugais) que l'on arriva à posséder des nouons exactes. En 1787, l'empereur de Cochinchine cédait à la France le Port de Tourane et l'île de Poulo-Condor ; et, en dépit de quelques révoltes, les chrétiens furent respectés ; mais de 1820 à 1841, sous Ming-Mang, puis de 1841 à 1847 sous Thien-tri et Tu-Duc, les Européens et surtout les Chrétiens furent persécutés cruellement. L'Empereur se croyait à l'abri de nos boulets dans sa capitale de Hué, à 15 lieues de Tourane. En 1858, notre pavillon parut devant cette petite ville qui fut prise, et en 1859 notre escadre s'empara de Saïgon, capitale de la basse Cochinchine. A la suite de la prise de Mitho (1862), la France garda les trois provinces de Saïgon, Bien-Hoa et Mytho, territoire égal à 5 ou 6 de nos grands départements, possédant un million de sujets asiatiques. Un nouveau traité fut signé en 1867, procurant 477,000 sujets nouveaux et 128,000 hect. de terres cultivées, et aussi un supplément de revenu évalué à 4,000,000 de francs. Le port de Saïgon jouit de la liberté la plus large ; aussi le mouvement maritime y prend d'année en année un accroissement extraordinaire. Si Saïgon est la capitale administrative, Cholon (Cholen), ville principale de la basse Cochinchine (7 kilom. de Saïgon), est la ville la plus commerçante. |
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