POPULATION.    273,301  hab.                                                         SUPERFICIE    431,715  hect. 
        Chef-lieu :  ANNECY, à 646 k. S.-E   de   Paris. 
      DIVISION   ADMINISTRATIVE 
      Avant le traité relatif à la réunion
        de la Savoie et de l'arrondissement de Nice à la France, conclu
        le 24 mars 1860, entre la France et la Sardaigne, ce
        départ. faisait partie de la Savoie. Il se compose des anciennes
        provinces du Chablais. du Faucigny et du Genevois. — Cour
        nationale à l'académie de Chambéry. — 14e
        Corps d'armée (commandement militaire de Lyon). —  33e arrondissement
        forestier. — évêché à Annecy. 
      
        
          4 ARRONDISS  | 
            | 
          28 CANTONS.  | 
          314 COMM.  | 
          POPUL. 
              de l'arrondt.  | 
         
        
           ANNECY          
            10,976  h.  | 
          7  | 
          Alby, Annecy (2), Faverges, Rumilly, Thônes, Thorens. | 
          99    | 
          86,008  | 
         
        
          BONNEVILLE 
            2,247  h. | 
          9  | 
          Bonneville, Chamonix, Cluses, La Roche, Saint-Gervais-les-Bains,  
            Saint-Jeoire, Sallanches,  Samoens, Taninges. | 
          68  | 
          70,215  | 
         
        
          SAINT-JULIEN 
            1,337  h.  | 
          6  | 
          Annemasse, Cruseilles, Frangy, Reignier, Saint-Julien, Seyssel. | 
          76  | 
          54,106  | 
         
        
          THONON        
            5,501 h.  | 
          6  | 
          Abondance, Le Biot, Boège, Douvaine, Evian-les-Bains, Thonon | 
          71  | 
          63,472  | 
         
       
       
        Abrégé Historique 
      Pendant toute la durée de l'Empire, l'histoire de la Savoie (voir
        au dép. de la Savoie pour le commencement) se confondit avec celle
        de la France, à laquelle elle donna ses enfants pour l'aider à triompher
        sur tous les champs de bataille de l'Europe. Mais à la chute de
        Napoléon, en 1814, le roi Victor-Emmanuel 1er s'empressa de quitter
        l'île de Sardaigne et de rentrer dans ses états du Continent.
        autrefois abandonnés par son frère Charles-Emmanuel. Enfin,
        le traité de Vienne, 1815, rendit au royaume Sarde, agrandi de
        la république de Gênes, les frontières et limites
        qu'il avait avant l790, du côté de la France et de la Suisse. 
        Depuis 1814 et 1815, les idées libérales, nées de
        la Révolution de 1789, se sont constamment développées
        parmi les peuples de l'Italie. Le parti qui les représentait voulut,
        en 1821, modifier la forme du gouvernement piérnontais et se faire
        octroyer une constitution semblable à celle que l'Espagne venait
        d'obtenir. Le vieux roi Victor-Emmanuel 1er fut contraint d'abdiquer
        en faveur de son frère Charles-Félix, mais l'intervention
        des Autrichiens, à Novare, 8 avril 1821, arrêta un instant
        le mouvement progressif auquel le voisinage et l'influence de la France
        ne tardèrent pas à donner une nouvelle impulsion. Comprimé en
        1830, il se produisit avec un élan irrésistible après
        la révolution de 1848. Charles-Albert, qui avait succédé,
        en 1831, à son cousin Charles-Félix, dut céder enfin
        aux exigences de son peuple. Il lui accorda une constitution connue sous
        le nom de Statut, et marcha avec son armée au secours
        de la Lombardie révoltée contre l'Autriche. De brillants
        et nombreux succès furent suivis de tristes revers; et après
        la défaite de Novare, 23 mars 1849, Charles-Albert remit volontairement
        le pouvoir aux mains de son fils, Victor-Emmanuel II. 
        De ce nouveau règne, il suffit de rappeler ici le plus important,
        celui qui eut pour résultat imprévu l'annexion de la Savoie à la
        France. Vers la fin de 1858, l'Autriche, plus que jamais inquiète
        du rôle que prenait ouvertement le Piémont, commença
        de grands préparatifs de guerre. Ce fut en vain que les grandes
        puissances européennes essayèrent divers moyens de conciliation.
        Le 22 avril 1859, un ultimatum fut adressé au Cabinet
        de Turin par le Cabinet de Vienne, et, peu de jours après, le
        territoire Piémontais était envahi depuis le Tessin jusqu'à la
        Sésia. Sans doute, en prévision de ces événements,
        le roi Victor-Emmanuel II avait, peu de temps auparavant, conclu, avec
        Napoléon III, un traité d'alliance défensive à l'occasion
        du mariage de la princesse Marie-Clotilde de Savoie avec le prince Napoléon.
        Lorsque l'invincible valeur de nos soldats eut, en moins de deux mois,
        repoussé les Autrichiens au delà de Milan, par Montebello,
        20 mai, Palestro, 31 mai, Turbigo, 3 juin. Magenta, 4 juin, Napoléon
        adressa aux Italiens une proclamation, 8 juin, répétant
        que « le but de cette guerre était de rendre l'Italie à elle-même
        et non de la  faire changer de maître, et qu'il ne la faisait
        point par ambition personnelle ou pour agrandir le territoire. » Les
        faits d'ailleurs vinrent bientôt prouver le désinterrement
        de la France. Après la bataille de Solférino, 24 juin,
        les préliminaires de la paix, arrêtés à Villa-Franca,
        entre les deux empereurs de France et d'Autriche, et confirmés
        depuis par les traités de Zurich, 10 novembre, apprirent à l'Europe
        que la France cédait au Piémont la Lombardie qu'elle venait
        de conquérir. 
        Mais ce n'était pas seulement du côté de la Lombardie
        que le Piémont allait s'agrandir : le Grand-Duché de Toscane,
        les duchés de Parme et de Modène, les Romagnes, elles-mêmes,
        s'étaient soulevés et placés sous la dictature de
        Victor-Emmanuel. La paix conclue, les populations de ces différents états,
        appelées à se prononcer définitivement sur leurs
        destinées futures, réclamèrent leur annexion au
        Piémont; ainsi se constituait, aux portes mêmes de la France,
        un royaume italien d'une importance considérable, que rien ne
        séparait du territoire français, sinon une ligne de frontières,
        ici, naturelles, là, purement fictives. 
      Ces conditions nouvelles déterminèrent la France à demander
        au Piémont la cession de la Savoie et de l'arrondissement de Nice.
        La cour de Turin comprit que cette revendication d'un territoire de peu
        d'étendue  n'avait rien d'alarmant, et que la réclamation
        des versants français des montagnes était uniquement pour
        la défense de nos frontières. En conséquence, elle
        accéda aux propositions qui lui étaient faites par le gouvernement
        français, et, le 24 mars, la Savoie fut cédée à  la
        France, après avoir été déliée solennellement,
        par le roi Victor-Emnanuel, du serinent de fidélité qui les
        attachait a sa personne et à sa dynastie.  
        
      BIOGRAPHIE 
      Parmi les hommes célèbres de ce dép.,
        nous citerons : Berthollet, né à Talloires; ce
        nom, universellement connu, est celui d'un des plus grands chimistes
        et des plus profonds naturalistes que l'Europe ait produits. Chastel (Louis-Claude),
        né à Thonon, eu 1792. Parti comme simple volontaire, à l'âge
        de 17 ans, il acheva sa carrière avec le grade de lieutenant général;
        il fît presque toutes les campagnes, depuis 1792 jusqu'à 1814. Desaix (Joseph-Marie),
        né à Thonon en 1764, fut un grand capitaine, et fit toutes
        les campagnes de Napoléon. Il commanda en chef l'armée des Alpes,
        en 1815, et battit les Autrichiens à Aix, à Aiguebelle, à Meillerie
        et à Bonneville. Decoux, général de division,
        né dans le Genevois. Dupas, né à évian;
        il servit sous Napoléon, et devint lieutenant général. Seyssel (Claude),
        au commencement du XVIe siècle, fut, avant Amyot, un des premiers à faire
        connaître les auteurs grecs par des traductions françaises. Saint
        Bernard de Menthon, fondateur de l'hospice du Saint-Bernard. Saint
        François de Sales, né à Thorens, évêque
        de Genève et d'Annecy, etc. 
       
        STATISTIQUE 
      TOPOGRAPHIE. — Le dép. de la Haute-Savoie est borné au N. et au N. E.
        par le lac de Genève et la Suisse; à l'E., par l'Italie;
        au S., par l'Italie et le dép. de la Savoie; et, à l'O.,
        par la Savoie et par l'Ain. Le sol en est tr.-montagneux. A l'E., se
        trouvent les plus hauts sommets des Alpes. La haut. au Mont-Blanc est
        de 4,810 m. au-dessus du niveau de la mer. Les vallées sont entourées
        de montagnes, excepté les parties voisines des lacs de Genève
        et d'Annecy. On y admire des glaciers, des torrents, des cascades
        et autres merveilles sans nombre. Les principaux cours d'eau sont le
        Chéran, le Fier, l'Arve, le Giffre, la Dranse et le Rhône,
        seul navigable dans une petite partie. Les principaux lacs sont ceux
        d'Annecy et de Genève. 
         
        PRODUCTIONS. — L'agric. est bien dirigée : on récolte
        froment, maïs, sarrasin et autres céréales; les pâturages
        sont excell. Plantes potagères. Essences dominantes dans les forêts
        : mélèzes et sapins. Arbres à fruit : abricotier,
        amandier, cerisier, pommier, etc. Plantes aromatiques et médicinales
        dans toutes les montagnes. Beaucoup d'animaux domestiques : chevaux de
        trait, mulets, moutons et vaches. Animaux sauvages, bouquetins, chamois,
        loups-cerviers, ours, oiseaux de proie, entre autres aigles de toutes
        espèces. Insectes utiles : abeilles, vers à soie. Rivières
        et lacs très-poissonneux. Mines d'antimoine, baryte, cuivre, fer
        et manganèse; argile, bitume, cristal de roche, granit, marbre,
        plâtre et pierres calcaires. Nombreuses sources d'eau thermale
        de principes variés. 
         
        INDUSTRIE ET COMMERCE. — élev. de bestiaux, engraissem.
        de volaille, fabric. de fromage (Gruyère, etc.), miel renommé.
        Vente d'œufs de vers à soie, du bombyx de mûrier et du
        bombyx de chêne. Hauts-fourneaux, forges, fonderies, papeteries, laminoirs,
        fours à chaux, scieries hydrauliques, fabric. d'indiennes et de soieries,
        tanneries et verreries. Le commerce consiste en mulets et bestiaux, bois
        de construction, fromages, beurre, pruneaux, kirsch, châtaignes, noix,
        chanvre, lin et miel. 
         
        INSTRUCTION PUBLIQUE. — 2 collèges, 6 établ. second.
        libres, 1 école norm. d'instit., 3 pensionn. prim.  écoles
        prim. : 257 de garçons, 255 de filles, 150 mixtes. 
         
       
      VILLES   PRINCIPALES 
      ANNECY, ch.-l., ville
        industr., au bord du lac, dont l'eau, s'écoulant
        par deux canaux, fait marcher un gr. nombre d'usines. Au sortir de la
        ville, l'eau entre dans un beau canal qui traverse la route de Chambéry
        et se jette dans le Fier. évêché, séminaire,
        lycée, haras, musée. On y remarque l'ancien château,
        devenu caserne; le palais épiscopal, la cathédrale, l'église
        du couvent de la Visitation, l'hôtel de ville, beau monument de
        constr. moderne; la préfect., une jolie promenade à l'extrémité inférieure
        du lac. Près de là, est Annecy-le-Vieux, où Eugène
        Sue, exilé de France, à la suite des événements
        de 1851, est mort le 5 août 1857, dans un chalet au bord du lac. 
        BONNEVILLE, dans une plaine, à la base méridionale
        du Môle
        (montagne), sur la rive droite de l'Arve. Au centre de la ville, place
        plantée d'arbres, et à laq. about. les quatre gr. rues.
        On remarque le bel hôpit., l'hôtel de ville; à l'extr.
        du pont est érigée une colonne de 22 m. de haut, surmont.
        d'une belle statue du roi Charles-Félix, qui fit commencer les
        travaux de diguement de l'Arve.— A Perrine sont les ruines
        du chat. de Faucigny. 
        SAINT-JULIEN est située près de la frontière de
        la Suisse, sur la route d'Annecy à Genève. Il y a des carrières
        de gypse (plâtre). 
        THONON, v. anc, mal bâtie, sur une éminence, au bord du
        lac de Genève, où se trouve un port. De la pl. du château
        (terrasse plantée d'arbres), on jouit d'une très-belle
        vue sur le lac et la rive suisse. Une source d'eau thermale, de même
        nature que celle d'évian. Promenades et environs pittoresques. 
        Citons encore : Rumilly, Evian, Saint-Gervais-les-Bains, La Caille, commerce
        d'allouzien; connues par leurs eaux miner. Un peu au delà du bel établissement
        de bains de St-Gervais, dans une gorge étroite et hérissée
        de rochers, on voit une belle cascade formée par le Bonnant et
        aussi par les Cheminées des Fées, pyramides de
        terre, rondos, presque cylindriques et coiffées d'énormes
        pierres. Chamonix, au pied du mont Brévent, sur la rive
        droite de l'Arve, dans une vallée fameuse par ses vastes glaciers
        et ses beautés sauvages; il y a de beaux et de vastes hôtels.
        De Chamonix on a une vue admirable du Mont-Blanc et de ses diverses aiguilles,
        etc., etc.  
        
      Variétés 
      SOURCE DE L'AVEYRON.  —  Au sortir de Chamonix, on se dirige
        sur la rive dr. de l'Arve, vers le fond de la vallée. On traverse
        l'Arve, au hameau de Praz, puis, continuant à suivre
        le terre-plein de la vallée, on gagna le hameau des Bois, et,
        un quart d'heure après, on arrive à l'extrémité  inférieure
        de la mer de glace ; c'est là que l'Aveyron sort en bouillonnant
        par une grande arche de glace, haute quelquefois de 25 à 30 m.,
        mais var. de forme, de coul. et de grand. Les gens du pays la nomment Voûte ou Embouchure
        de l'Aveyron, quoique ce soit la source, ou du moins le premier
        endroit où le cours d'eau se montre à découvert.
        Le Mont-Blanc, attribué à tort à la Suisse, est
        situé sur le territoire de Chamonix. 
        HOSPICE DU SAINT-BERNARD.—  L'hospice du St-Bernard, l'habit. la
        plus élevée des Alpes (2,620 m.), est sit. au bord d'un
        petit lac, au sommet d'une gorge resserrée entre de hautes montag.
        (la Chenalette et le Mont-Mort, aucune des
        cimes ne portant le nom de passage) et courant du N.-E, au S.-O. Il est
        habité toute l'année par dix ou douze religieux de l'ordre
        de St-Augustin, dont les fonctions consistent à recevoir,  à loger
        et à nourrir gratuitement toutes les personnes qui traversent
        ce passage fréquenté; ils doivent de plus, pendant les
        sept ou huit mois les plus dangereux de l'année, parcourir journellement
        les chemins, accompagnés de domestiques appelés marronniers,
        et de gros chiens dressés à cet effet, porter aux voyageurs
        qui sont en danger les secours dont ils ont besoin, les sauver et les
        garder dans l'hospice jusqu'à  leur entier rétablissement,
        le tout sans leur demander aucune rétribution. 
        Les gorges du Fier. — A peu de distance de la station de Lovagny,
        vous trouvez cette fameuse crevasse où 
        jusqu'alors personne n'avait pu pénétrer, mais qui, grâce à l'intelligence
        et au progrès du siècle, est enfin devenue accessible,
        par la constr. d'une galerie de 256 m. de long. et plaquée le
        long du roc à une hauteur d'une 
        vingtaine   de m. Cette galerie aboutit  à un vallon
        verdoyant. 
      Adolphe
        GUéRARD. 
         |