POPULATION 304,052
hab. SUPERFICIE 533,992
hect.
Chef-lieu : VESOUL, à 354 k. E.-S.-E. de Paris
DIVISION ADMINISTRATIVE
Avant
1790, ce dép.
faisait partie de la Franche-Comté. — Cour d'Appel
et Académie de Besançon.—7e Corps d'armée
(Besançon).— 32e Conservation forestière. — Diocèse
de l'Archevêché de Besançon ; Eglise consist.
luthérienne à Héricourt ; 3 Synagogues.
|
3
ARRONDISS |
|
28
CANTONS. |
583
COMM. |
POPUL.
de l'arrondt. |
VESOUL
9,206 h. |
10 |
Amance, Combeaufontaine,
Jussey, Montbozon, Noroy-le-Bourg, Port-sur-Saône, Rioz, Scey-sur-Saône,
Vesoul, Vitrey. |
215 |
97,443 |
GRAY
7,404 h. |
8 |
Autrey, Champlitte,
Dampierre-sur-Salon, Fresnes-Saint-Mamès,
Gray, Gy, Marnay, Pesmes. |
165 |
74,655 |
LURE
3,995 h. |
10 |
Champagney,
Fancogney, Héricourt, Lure, Luxeuil, Melisey,
Saint-Loup, Saulx, Vauvillers, Villersexel. |
203 |
131,954 |
Abrégé Historique
L'hist.
de la Franche-Comté n'est
qu'une longue lutte. Habitée par les Sequani, elle se débat
contre Arioviste et les Suèves, succombe avec César,
et est admise à partager avec ses nouveaux maîtres,
les Burgundes. En 534, elle passe sous le joug des Franks qui la
rattachent au royaume d'Orléans, puis à celui d'Austrasie.
Les partages de la deuxième race ne sont pas moins funestes à sa
tranquillité : Pépin la donne à Carloman,
Louis le Débonnaire en fait une dépendance de cet
empire qui s'étendait de la mer du Nord à la Méditerranée,
entre le Rhin et le Rhône, sous le nom de Lorraine. Au Xe
siècle, la féodalité s'organise : chaque seigneur
veut être maître. Un aventurier, Létalde, se
qualifie d'Archicomte et réunit les deux Bourgognes.
En 1156, la Franche-Comté devint allemande : Frédéric
Barberousse s'unit à l'unique héritière de
Renaud III, Béatrix. A sa mort, elle échut à Othon,
son quatrième fils (1190). Né dans le palais impérial,
Othon ajouta à son titre de comte celui de palatin, qu'à son
exemple prirent tous ses successeurs. Quant à la noblesse,
lasse d'avoir l'épée resserrée, elle se croisa
avec enthousiasme à la voix de Foulques de Neuilly et alla
fonder en Roumanie les duchés d'Athènes, de Thèbes,
d'Achaïe, etc. Un moment la Franche-Comté passa dans
la maison de France (1295) ; mais un mariage ne tarda pas à la
rendre à Eudes IV, duc de Bourgogne. Il y eut des mécontents
: la déroute de la Malecombe les ramena suppliants aux pieds
du duc.
La Bourgogne fit au xves. retour à l'Etat ; mais la Franche-Comté n'avait
pas terminé son existence agitée. Elle s'insurgea si
bien contre les troupes de Louis XI, elle rendit tellement impossible
l'exercice de toute administration que ses vainqueurs aimèrent
mieux la restituer à Maximilien d'Autriche. Henri IV, irrité de
l'appui que le chef de la Ligue, Mayenne, avait trouvé chez
les Comtois, envahit leur pays, et ne le rendit à l'Espagne
qu'à la paix de Vervins (1598). Il fallait encore un siècle
de guerres et trois invasions françaises pour le réduire
entièrement. Ce fut en vain que Richelieu l'essaya (1635).
Condé et Bernard de Weymar ensanglantèrent dix ans
la Franche-Comté. La résistance du peuple fut si vigoureuse
que des quatre villes fortifiées de la province, Besançon,
Salins, Gray et Dôle, aucune ne fut prise. La disette produite
par cette longue extermination était telle « qu'on
vint à la chair humaine, premièrement dans l'armée
où les soldats estant occis servoient de pasture aux autres
qui faisoient picorée de chair humaine pour manger. La face
des villes estoit partout la face de la mort. » La paix
des Pyrénées mit un terme à tant d'horreurs.
Cette paix ne donna pas à la Franche-Comté le temps
de réparer ses forces pour soutenir de nouveaux combats. Quand
Louis XIV y entra en 1668, il dut trouver sa conquête singulièrement
facile. « Sire, disait le maire de Gray en remettant au roi
les clefs de la ville, votre conquête serait plus glorieuse,
si elle vous avait été disputée. » Rendue à l'Espagne
quelque temps après, la Franche-Comté fut de nouveau
envahie et occupée en deux mois 1674). Le traité de
Nimègue la réunit à la France qui l'a gardée
depuis ce temps.
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BIOGRAPHIE
Simon
Renard, ambassadeur de Charles-Quint ; Guillaume de Beaujeu, l'un des
plus illustres maîtres du Temple ; les historiens
Gollut, D.Grappin, Mathieu, Balin ; le poëte Gauthier ; F. Richardot,
orateur sacré ; le minéralogiste Rome de Lille ; le jurisconsulte
Vigneron ; l'astronome Beauchamp, l'un des savants de l'expédition
d'Egypte ; les chirurgiens Desault, Percy ;
enfin, Bureaux de Puzy, auquel est dû en grande partie le
travail de la division de la France en départements, et
Toulongeon, qui a joué un rôle à l'Assemblée
constituante.
STATISTIQUE
TOPOGRAPHIE. — Le
départ. de la Saône (Haute-) est méditerrané ;
il est situé à l'E., entre 47° 16' et 48° 2' de
lat. N. Bornes : Vosges, Haute-Marne, Haut-Rhin, Doubs, Jura, Côte-d'Or.
Il tire son nom de sa position physique sur le cours supérieur
de la Saône, rivière qui le traverse du N. au S.-O. — Pays
en général montueux. Il présente cependant deux
zones assez distinctes : celle du S.-O. au N.-O., qui comprend les arrondissements
de Gray et de Vesoul, et celle du S.-E. au N.-E., qui est l'arrondissem.
de Lure. Dans la première, où le sol n'est dominé par
aucune montagne d'une hauteur remarq., ce sont des coteaux couverts de
vignes ou de bois, de vastes prairies et des champs fertiles qui laissent à l'art
peu de chose à faire pour seconder la nature. Dans l'autre zone,
les aspérités des contrées montagneuses, les forêts,
les torrents, les cascades, les vallons agrestes, s'offrent successivem. à la
vue. Points culminants : les vallons de Lure et de Servance, de 12 à 1,300
m. — Bassin du Rhône. Riv. princip. : Saône (navig.) ;
Ognon, Salon, Gourgeonne, Romaine, Lantenne, Amance, Coney, Breuchin. — Climat
variable ; air plus doux, été plus tempéré que
dans les départements voisins. — 5 Routes nat., 18 départ. ;
2,400 chem. vicinaux
PRODUCTIONS. — Sols dominants ; pierreux, riche
terreau, calcaire, différ. sortes, sablonneux, gravier. — Pays
agricole, d'exploitation et manufacturier ; agriculture en progrès.
Céréales, quantité considérable de fourrages,
chanvre, merises, betteraves. Les vins, qui forment une richesse territoriale,
sont de qualité ordinaire ; citons les crus de Gy et de Champlitte.
Kirschwasser très-renommé. Elevage de bœufs du pays
(race femeline comtoise), chevaux d'une espèce faible et petite
; ânes et mulets médiocres ; troupeaux de mérinos ;
beaucoup de porcs. Bon poisson, gibier abondant. — Bois, 154,230
h. ; vignes, 11,769 h. — Exploitation minérale : fer de très-bonne
qualité, houille, tourbe, oxyde de manganèse, terres alumineuses
et vitrioliques, sel gemme, granit, marbre, grès, pierre à aiguiser, à chaux
et de taille, argile. Eaux salines thermales de Luxeuil.
INDUSTRIE ET COMMERCE. —L'Industrie a pour branche
considérable le travail des fers, qui rapporte 14 millions par
an ; puis viennent le verre, la faïence, la poterie commune, les
briques et tuiles, la chaux, le plâtre, l'horlogerie, l'eau-de-vie
de marc et beaucoup de kirschwasser, les toiles de ménage, les
toiles peintes, le fil et les tissus de coton, la tournerie, les fromages
et beurres. — Le Commerce consiste en bestiaux, cuirs, céréales,
vins, cire, miel, sel de Gouhenans, planches de sapin, bois de construction
et produits fabriqués. — 400 Foires.
INSTRUCTION PUBLIQUE. — 3 Col. — 1 établ.
second. libre. — 1 école norm. d'instit. — 3 Pension.
prim. — école prim. : 223 de garçons, 222 de filles,
162 mixtes. — 2 Sém. — 2 Bibl. pub. — 1 Soc.
savante.— 1 Lycée. 3 Collèges. 2 Etablissem.
second. libres. 1 Ecole normal. d'instit. 2 Pensionn. prim. Ecoles prim.
: 386 de garçons, 378 de filles. 251 mixtes. 3 Sém. 8 Biblioth.
publ. 2 Sociétés savantes.
VILLES PRINCIPALES
VESOUL, ch.-l.,
dans un bassin d'une grande fertilité, au pied de
la Motte. Aucun édifice ancien ; le Palais de Justice, l'Hôtel
de Ville et les casernes, sont des constructions du dernier siècle.
Commerce assez étendu de grains, fers, fourrages, chapellerie
et cuirs excellents. — Vesoul (Vesulium) ne paraît pas
remonter au delà du IXe siècle.
GRAY, heureusement
situé sur la Saône. Rues mal alignées et rapides.
C'est un des plus riches entrepôts de l'Est pour les marchandises
du Midi. Le commerce, très-important, consiste surtout en
grains, farines, merrain, fers, vins, tanneries, magnifique moulin à blé,
un des plus beaux établissements de ce genre en Europe, huileries,
chantiers pour la construction des bateaux.
LURE,
s. l'Ognon, dans une belle plaine. Cette ville, qui ne se compose
que d'une longue et large rue, à laquelle aboutissent d'autres
petites rues, était
jadis connue par son abbaye que fonda saint Déicole, s. le
règne de Clotaire II. Le chef de ce monastère prenait
le titre de prince du Saint-Empire.
Citons encore : Luxeuil, célèbre
par l'abbaye fondée par saint Colomban, en 590 On y remarque
l'ancienne maison des baillis, l'élégant hôtel
du cardinal Jouffrov, qui date du XVIe s., et l'établissement
thermal. — Jussey, près duquel on a trouvé des
fondat. de vastes édif., des traces d'anciens fossés
et de voies romaines. — Héricourt, Fougerolles, etc.
Variétés
Le
Frais Puits. — En 1557, une armée allemande, forte
de 10,000 lanskenechts et de 1,200 reistres, se trouvant de passage
près
de Vesoul, se mutina contre son chef, le baron de Polwiller, en demandant à grands
cris et avec menaces son arriéré de solde ou le sac de
la ville. Polwiller, n'ayant pas d'argent à leur donner, dut
en passer par tout ce qu'ils exigeaient. Déjà les échelles étaient
prêtes ; les lanskenechts n'attendaient plus que le signal de
l'assaut, quand une éruption de la source appelée Frais
Puits, causée par une pluie de vingt-quatre heures, inonda
subitement toute la plaine, Frappée de terreur à la vue
d'un tel phénomène, qui semblait tenir du prodige, l'armée
de Polwiller se débande et fuit dans toutes les directions,
abandonnant ses bagages, son artillerie, et, «chose incrédible
entre les Allemands, les bouteilles même et les barils.» — Ces
débordements du Frais Puits sont fréquents.
On remarque à 4
k. de la ville le lit d'un torrent ordinairement à sec ; le
ravin qu'il forme aboutit à un gouffre profond. Ce gouffre,
quand le temps est beau, est vide ; mais, après les pluies abodantes,
il vomit tout à coup, en bouillonant, une masse d'eau qui inonde les prairies
d'alentour jusqu'à la prairie basse de Vesoul, et transforme en un grand
lac les terrains inclinés vers la Saône. Ce phénomène dure quelquefois
trois jours, après lesquels les eaux se retirent, le gouffre se
vide et le torrent cesse de couler. |