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Département des Alpes Maritimes en 1883

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Carte des Alpes Maritimes - gravure reproduite et restaurée numériquement par © Norbert Pousseur
L'Atlas de Vuillemin



POPULATION      203,604 hab.                                                                SUPERFICIE    383,900 hec.
Chef-lieu : NICE, à 88O k. S.-E, de Paris

 

DIVISION   ADMINISTRATIVE.

Avant le traité relatif à la réunion de la SAVOIE et de l'arrondissement de Nice à la FRANCE, conclu le 24 Mars 1860, entre la France et la Sardaigne ce département dépendait en partie de la Savoie et en partie de la France. II a été formé du Circondario sarde de Nice (Savoie), et de l'arrondissement de Grasse, distrait du département du Var (France). — Cour d'Appel et d'Académie d'Aix. — 15e Corps d'armée (Marseille). — 34e arrond. forest. évêché à Nice.

 

3 ARRONDISS
 
25 CANTONS.
152 COMM.
POPUL.
de l'arrondt.

NICE
 
53,397 h 
11
Breil, Contes, L'Escarene, Levens, Menton, Nice ( 2 ),
Saint-Martin-Lantosque, Sospel, Utelle, Villefranche.
44
106,925
GRASSE
13,087 h.
8
Antibes, Saint-Auban, Cannes, Coursegoules,  Grasse, Le Bar,
Saint-Vallier, Vence.
60
73,670
PUGET-THENIERS
1,403 h. 
6
Guillaume, Puget-Theniers, Roquesteron, Saint-Etienne,
Saint-Sauveur,  Villars.
48
23,009

 


Abrégé Historique.

Quand on passe de la Savoie au pays de Nice, on entre dans un monde différent à bien des égards. Le climat est infiniment plus doux, le ciel plus transparent, le sol plus fertile, les sites moins sévères; ce n'est plus la végétation froide et sombre des hautes vallées Alpestres, mais bien la végétation colorée et toute pleine des parfums de nos plages méridionales. C'est la terre de l'oranger, de l'olivier, du citronnier, des beaux arbustes embaumés et fleuris. L'extrémité méridionale de la chaîne des Alpes (les anciens la désignaient déjà sous le nom d'Alpes maritimes) à laquelle le pays de Nice s'adosse, et qui en trace la limite au nord du côté du Piémont, lui forme plutôt un abri qu'elle n'en assombrit l'horizon. Cette partie extrême des Alpes est encore assez élevée pour donner aux sites les aspects d'un pays de montagnes, mais non pas assez pour refroidir, par le voisinage de la neige et des frimas, la douce température de la zone littorale.
Le comté de Nice, c'est le bassin du Var; il présente, dans son ensemble, la forme d'un quadrilatère irrégulier, dont le côté nord est formé par la chaîne des Alpes maritimes ; le côté occidental par le cours du Var ; le côté oriental par le Val Royal ; le côté méridional, qui est de beaucoup plus étroit, par la Côte.
La longueur du Pays, dans sa plus grande dimension, est de 70 à 80 kilomètres. Ses deux rivières principales, après le Var, dont elles sont des affluents, sont la Tinée et la Vesubie.
Nice est la seule ville importante du comté ; c'est le rendez-vous de prédilection de ceux qui, par raison de santé, vont chercher l'air tiède du midi. C'est du reste une ville toute française pour la langue et les habitants.
Son origine est ancienne. C'est une colonie des Grecs-Phocéens, de Massilia ou Marseille, qui lui donnèrent, plusieurs siècles avant notre ère, le nom de Nikaiva (du mot grec qui signifie victoire) en commémoration sans doute de quelque avantage remporté sur les Aborigènes de cette côte. Tombée au pouvoir des Romains dès avant le temps de César, son port fut transféré plus tard à Fréjus (forum Julii). Sous l'Empire, le siège de l'administration provinciale n'était plus à Nice, mais dans un lieu contigü appelé Cemeneleum dont les ruines se voient encore au bourg de Cimiez, qui touche à la ville du côté du nord-ouest. Les Lombards ayant saccagé Cemeneleum, dans la première moitié du VIIIe siècle, 737, les habitants échappés au massacre se réfugièrent à Nice, sous l'abri de la citadelle, et la ville phocéenne reprit dès lors son ancienne prééminence. Elle devint la capitale d'un comté, fief du royaume de Provence. En 1338, elle se donna au comte de Savoie, et, pendant quatre siècles, elle resta associée à la fortune de cette maison princière. Occupée par les Français en 1792, elle fut bientôt annexée à la République, et son territoire forma le département des Alpes-Maritimes. Les mêmes raisons qui firent revenir la Savoie au Piémont, en 1815, lui firent rendre aussi le comté de Nice.

Le pays de Nice n'est pas seulement riche en riants paysages et en sites magnifiques : il suffit de mentionner les défilés du col de Tende, sur la route de Turin, et les points de vue de la Corniche, cette grande route qui longe la côte, audacieusement tracée, sur la crête des rochers à pic. Il offre aussi de nombreux sujets de curiosité et d'étude à l'antiquaire et au voyageur instruit. Outre Cimiez et ses ruines, un autre monument des plus intéressants est celui de la Turbia, non loin de Monaco, reste d'une colonne triomphale élevée par Auguste, pour éterniser le souvenir de ses expéditions victorieuses qui venaient de soumettre à la loi romaine tous les peuples de la chaîne des Alpes, depui3 les confins de la Rhétie jusqu'à la mer. Une longue inscription contenait les noms des peuples vaincus, au nombre de quarante-sept. Cette inscription, doublement précieuse au point de vue de la géographie et de l'histoire, a été mutilée et détruite par les Barbares ; mais, par un singulier bonheur, elle a été citée par Pline dans son Histoire de la nature, et l'ouvrage de l'encyclopédiste latin nous l'a conservée tout entière. C'est par cette inscription que nous connaissons les noms des populations gauloises qui occupaient les vallées des Alpes, depuis le lac Léman jusqu'au Var.

 

BIOGRAPHIE.

Parmi les hommes célèbres de ce département, nous citerons Cassini (J.-Dominique), célèbre astronome, né dans le comté de Nice, en 1625. Il remplaça, dès 1660, Cavalieri, professeur d'astronomie à Bologne, et obtint une réputation telle, que le Sénat de Bologne et le Pape le chargèrent à l'envi de plusieurs missions scientifiques et même politiques. Colbert l'attira en France, en 1669; il s'y fit naturaliser, fut reçu membre de l'Académie des sciences, et mourut à Paris en 1712, à 87 ans. Garibaldi (Giuseppe), né à Nice, le 4 Juillet 1807, près de la maison où était né Masséna.


STATISTIQUE.

TOPOGRAPHIE. — Le département des Alpes-Maritimes est un pays couvert de montagnes coupées par un grand nombre de vallées. Le sol est très-accidenté : montagnes, plateaux, collines, ravins et vallées. Du N.-O. au N.-E., imposante chaîne des Alpes en demi-cercle : au S., le département est baigné par la Méditerranée. Les principaux cours d'eau, rivières ou torrents : le Paillon, la Bevère, la Roja, qui séparent la France du Piémont, la Vesubia, l'Esteron, la Tinea et le Var, dans lequel se jettent ces trois cours d'eau. Le Var seul est flottable pour radeaux, mais seulement à partir d'Entrevaux (Basses-Alpes). Il y a de petits lacs

PRODUCTIONS. — Les terres qui bordent le littoral sont assez bien cultivées, ainsi que la lisière des collines, toutefois la récolte des céréales est très-loin de suffire aux besoins de la consommation. Peu de prairies naturelles, encore moins d'artificielles; mais, sur les plateaux, vastes pâturages où de nombreux troupeaux, surtout les chèvres, trouvent une herbe succulente. — Bons vignobles. — Essences dominantes dans les forêts : pin, sapin et mélèze ; chêne rare. Arbres fruitiers : amandier, citronnier, figuier, grenadier, limonier, olivier, oranger, poirier, pommier, etc. — Flore : une des plus riches de la France. — Animaux domestiques du midi de la France. — Dans les lacs et les rivières, pêche de truites, etc. ; dans le golfe Saint-Hospice, anchois et thons. — Sol généralement fécond en substances métallifères. — Peu de sources d'eaux minérales : on cite toutefois celle de la Guerz, commune de Saint-Sauveur, et celle de Berthemont.

INDUSTRIE ET COMMERCE
. —éducation d'abeilles et de vers à soie, fabriques d'essences et de parfums; distilleries, filatures de soie, moulins à huile, papeteries, savonneries, tabac et toile. — Le commerce consiste en bois de construction, essences, fruits du midi (limons, oranges, etc.), huile d'olives, miel, parfumerie, soie, etc.

INSTRUCTION PUBLIQUE. —1 Lycée. — 3 Coll. — 7 établ. sec. libres. — 1 Ecole normale d'instit. — 1 Pens. prim. — écoles prim. : 127 de garçons, 108 de filles, 103 mixtes.



VILLES   PRINCIPALES.

NICE, ch.-l., grande et belle ville, à l'embouchure du Paillon, et à 6 kil. de l'embouchure du Var, dans la Méditerranée. Délicieuse situation au pied d'un amphithéâtre de collines couvertes de villas (maisons de campagne) entremêlées de jardins et de bosquets d'orangers et de limoniers. Un grand nombre d'étrangers, attirés par la douceur de son climat, y viennent passer l'hiver. Bon port, naguère port franc, qui favorise un commerce assez étendu. Evêché, séminaires (grand et petit), lycée, école normale d'instituteurs. Au N.-O., de la ville, antiquités romaines. Cimiez, cité jadis considérable, saccagée en 737 par les Lombards.
Voir aussi le reportage photographique sur Nice en 2001-2004 sur ce site

GRASSE, jolie ville sur le revers Sud d'une colline très-élevée qui présente un superbe amphithéâtre. Hues étroites, irrégulières, escarpées, mais propres et rafraîchies par plusieurs fontaines ; vue de la plaine, Grasse offre l'aspect le plus pittoresque par ses maisons hautes, blanches ou jaunes, étagées les unes au-dessus des autres. Mille plantes odoriférantes y embaument l'air de parfums délicieux. Elle est renommée pour son commerce de parfumerie. Grasse tire une grande partie des eaux de senteur de l'Italie et de l'Orient; les fleurs des environs de Monaco et de Nice. — Petit séminaire, collège communal. — On y remarque les anciens fondements du palais de la reine Jeanne : une tour romaine et l'ancienne chapelle de Saint-Hilaire ; l'hôpital, la salle de spectacle et la place du marché.

PUGET-THENIERS, petite ville sur la rive gauche du Var; elle est traversée par un torrent nommé le Raudoule. — Eglise des Templiers. — Sur son territoire, source d'eau minérale ferrugineuse. — Manufacture de drap.


Variétés

La petite principauté littorale de Monaco, à 10 kil. à l'est de Nice, est englobée dans le comté. La ville du même nom ne renferme que 1,887 hab.; elle est sur un rocher avançant dans la mer. Sa situation est pittoresque, son air pur et salubre, son climat très-doux. C'est un petit port sur la Méditerranée ; il est sûr mais peu fréquenté.
De la promenade du cours, à Grasse l'œil découvre un paysage enchanté, les Alpes dont la cime neigeuse s'efface dans les nues; vers l' E., une partie des îles de Lérins et les coteaux de Mougins, village construit, dit-on, sur les ruines de l'œgytna des Oseybiens : vers le S., l'embouchure de la Siagne, la rade de la Napoule, le cap Théoulé ; enfin au S. et a l'E. des hameaux, des villages, des villes, entrecoupés de vignes, de prairies, de jardins, où l'oranger, le citronnier, le cédrat, l'héliotrope, la tubéreuse, le jasmin d'Espagne, confondent leurs couleurs et leurs parfums; délicieuse campagne que la mer presse dans la ceinture ondoyante de ses flots, et au delà de laquelle, quand le ciel est parfaitement pur, on aperçoit, à plus de 140 kil. de distance, les montagnes de l'île de Corse. C'est sur un petit tertre en gazon qui couronne le rocher de Ribes, près de Grasse, que Napoléon 1er, à son retour de l'île d'Elbe, en 1815, établit son premier bivouac. C'est de cette position élevée qu'il contempla l'immense et magnifique panorama qui se déroulait à ses yeux, et salua une dernière fois avant de partir pour Paris, la Méditerranée et les montagnes de l'île de Corse, qu'il ne devait plus revoir. 
Adolphe GUBRARD.

 

Gravure de la ville de Nice, en 1883 - gravure reproduite et restaurée numériquement par © Norbert Pousseur
Voir d'autres gravures de Nice au 19ème siècle, sur ce site

 

Cette version de carte des Alpes Maritimes est agrandissable par zoom, mais non enregistrable

 

 

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